Tour d’Europe : de Hambourg (Allemagne) à Autretôt (France, pays de Caux)

Jour 363 / 26 juin 2023

Réveil à 6h30, alors que Clem et moi nous sommes couchés à minuit pour finir l’écriture et la mise en ligne du dernier article de blog. Ça pique un peu. 

Nous remercions chaleureusement nos hôtes, Tracy et son mari. Un accueil 4 étoiles dont nous nous souviendrons. Toutes ces rencontres tout au long de l’année ont jalonné le voyage. Il n’y a jamais eu de mauvaises surprises et beaucoup d’agréables soirées. J’espère que nous reverrons certaines de ces personnes pour leur rendre leur belle hospitalité. 

Nous partons à 8h10, ça risque d’être un peu juste pour le train de 9h15, mais heureusement notre billet permet de le rater et de pouvoir prendre le prochain. Nous roulons le long de l’eau, à l’ombre de grands arbres. Certains ont une envergure impressionnante, d’autres ressemblent à d’immenses parapluies. La verdure donne le sourire et est la bienvenue car le soleil chauffe déjà le mercure à plus de 20 degrés. Nous ne sommes pas les seuls à pédaler ce matin. Nous croisons énormément de cyclistes. Certains nous adressent des pouces, d’autres quelques questions au détour d’un feu tricolore. L’Allemagne est un pays de contrastes, d’un côté il y a tous ces gros SUV et autres berlines aux moteurs qui ronflent bruyamment, et de l’autre des cyclistes dans tous les sens. 

Nous arrivons à la gare à 9h30. Une marque de kiwi fait une promotion de ses produits et distribue des kiwis jaunes. Parfait ! 

Nous embarquons dans notre premier train, pour Brême. Pas de souci pour monter même s’il y a toujours un peu de stress. Il y a beaucoup de monde sur le quai. Je ne comprends pas pourquoi des voyageurs sans vélo s’entêtent à vouloir monter dans le train à la même porte que la douzaine de cyclistes présents. Nous ne trouvons pas de place ensemble, les enfants préfèrent s’asseoir sur un porte-bagages plutôt qu’à côté d’étrangers. Les nombreuses personnes qui occupent deux places nous surprennent. Leur valise est-elle si douillette et délicate qu’elle doit s’asseoir sur une place ?

Nous arrivons à Brême, pour changer de quai, galère ! L’ascenseur pour descendre ok, mais pour remonter sur l’autre quai, il est en panne. Punaise ! Pas le choix, nous enlevons les sacoches et faisons des aller-retours pour tout amener sur le quai. Le deuxième train entre en gare. Un peu moins de bazar pour monter et nous trouvons une banquette. Pas de clim dans ce train, et combinée à notre réveil matinal, la chaleur nous assomme. 

A Osnabrück, encore un changement de train. Il faut faire vite. Petite frayeur car le quai annoncé sur le billet ne dispose pas d’un ascenseur en état de marche mais finalement le train part d’un autre quai. Le grand wagon vélo semble blindé, et d’autres portes ont un sigle vélo. Nous nous séparons. Clem et moi passons les presque deux heures du trajet à côté de nos vélos pour s’assurer de ne pas déranger. Les enfants se sont trouvé une place et écoutent leurs histoires dans le calme. Un cyclo-voyageur allemand parlant français nous tient compagnie. La descente sur le quai à Duisburg est un peu stressante mais finalement nous gérons cela. Nous sommes devenus des maîtres en gestion de train-vélo. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes déjà sur le bon quai ! Il est 15h40. Et nous enchaînons les trains depuis 10h15 ce matin. Il est temps de se restaurer. Nous trouvons des nuggets et des frites (pas par terre hein, nous les achetons). 

Le dernier train est superbe. De la clim, des places vélo accessibles, et de la place pour nous 4. Le trajet dure 2h. Les enfants écoutent encore un peu d’histoires puis activité manuelle pour Arsène et écriture d’une carte pour Maxine. Le paysage nous est familier. Nous retrouvons le Rhin que nous avons tant aimé suivre l’été dernier.

A Coblence, un petit encas et nous pédalons ! Il est 19h30, et nous voulons bivouaquer au bord de la Moselle. Après cette journée de train, cela fait beaucoup de bien de se dégourdir les jambes. C’est un plaisir de retrouver ce fleuve à côté duquel nous vivions il y a 10 ans quand nous travaillions au Luxembourg.  Les enfants pédalent de bon cœur malgré l’heure tardive. Après 7 km, nous trouvons une grande plaine pas trop proche de la ville ou de la grosse route passante pour planter la tente. C’est agréable de faire de nouveau du bivouac, cela nous change des shelters danois ! 

Jour 364 / 27 juin 2023

Réveillés à 7h15, nous quittons notre bivouac à 9h15. En échangeant avec des cyclos via Instagram, ils nous préviennent que les spots bivouacs sont très rares dans la région. Nous nous préparons donc mentalement à la vue des énormes campings à payer pour planter notre tente, même si nous préférerions éviter. 

Les enfants sont en forme et c’est détaché qu’ils pédalent toute la matinée. Ravitaillement et pique-nique à Kobern-Gondorf. Nous prenons notre temps. Les enfants jouent devant l’église où nous nous restaurons. Le village est charmant. 

Nous repartons, et nos yeux sont ravis du paysage qui leur est servi. De chaque côté de la Moselle, des collines recouvertes de végétation. Des forêts feuillues ou des vignes vives et brillantes sous le soleil. L’homme (ou la femme, je sais pas) a taillé dans la roche des terrasses pour la viticulture. Certaines sont étroites et donnent le vertige. Il y a également des installations pour remonter mécaniquement le raisin vendangé ou les vendangeurs sur des petits trains qui doivent donner de sacrés frissons. 

Nous prenons le temps d’une longue pause à Hatzenport. L’église grande ouverte nous permet de faire le plein d’eau et d’électricité. 

Les enfants continuent de rouler détachés, cela fait plus de 26 km quand ils nous demandent de les aider à rouler. C’est le record d’Arsène !

Nous avançons au gré des méandres de la Moselle. Ils sont nombreux ! Tout en roulant, nous nous efforçons de repèrer des endroits où bivouaquer mais la place manque. Il y a la rivière, une bande minuscule de végétation sauvage inaccessible, la piste cyclable, la route, la voie ferrée et les vignes. Ça risque d’être galère. 

Nous faisons une nouvelle Pause a Pommern après plus de 35 km. Les enfants en ont un peu marre du vélo. Nous étudions Google Map. Pas grand-chose pour poser la tente sauvagement. A contre-cœur, nous nous installons au camping. Cela fait le bonheur des enfants qui profitent des jeux et de la piscine !

Jour 365 / 28 juin 2023

Ce matin, je me réveille différemment. Je veux dire qu’au moment où j’ai ouvert les yeux, je pouvais ressentir au plus profond de moi que quelque chose avait changé en moi. Comme une sorte de maturité exquise et inattendu. Ce matin, je me suis réveillé plus sage, plus aguerri, plus vieux que la veille. Ce matin, j’ai 37 ans. 

Nous quittons le camping. Même si c’est pratique, nous n’apprécions pas trop d’être les uns sur les autres, de voir la vie des gens autour de nous. Par exemple, pendant que nous prenions le petit-déjeuner, nous pouvions observer nos voisins : un couple d’environ 60 ans. Lui, est assis dans son van tout confort à table en train de boire un café, tandis que elle ne s’arrête pas de remuer, de nettoyer, de dépoussiérer… 

Pendant que nous rangions, Maxine a sympathisé avec le petit chien d’un couple de Hollandais. 

Nous arrivons à motiver les enfants à pédaler une dizaine de kilomètres jusqu’à Cochem. Nous montons jusqu’au château perché sur un roc d’où il domine toute la vallée de la Moselle. Ses pierres sombres se fondent dans les arbres et la vigne qui l’encerclent. A l’occasion de mon anniversaire, Clem et moi dégustons deux grosses parts de « Forêts noirs ». Il va falloir pédaler après ça ! 

Nous repartons, toujours sur la même rive. Après le ravitaillement et étude minutieuse de l’itinéraire par Clem, nous constatons qu’il est nécessaire d’opérer un demi-tour vers le centre-ville pour rejoindre l’autre rive. Là-bas, nous trouvons une belle piste cyclable, loin de la route, au bord de l’eau, et une superbe vue sur le château.

Nous tirons les enfants. La longue journée d’hier se fait sentir.  Nous évoluons dans des paysages magnifiques et qui se déguste parfaitement à vélo. Le rythme est idéal pour profiter de ces vignes impressionnantes, de ces fissures rocheuses abruptes au milieu de la végétation. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages et ne s’acharne pas trop sur nos épaules. 

Nous alternons pause et dizaine de kilomètres. La journée avance aussi doucement que nous. Les nombreux méandres casse rapidement la monotonie qui pourrait s’installer au bord d’un fleuve. Les nombreux villages et leurs forts en plus ou moins bon état sont l’occasion de lever les yeux de nos roues. 

A partir de 18h30, nous commençons à chercher un bivouac. 

Enchevêtrement de ronces, d’orties et d’autres fleurs sauvages qui ne permettent pas d’envisager un bivouac. L’heure tourne, il faut avancer. Nous changeons à nouveau de rive et arrivons à Neef. Il y a une prairie accueillante mais elle est strictement réservée au camping-car. Pourquoi ont-ils de tels privilèges ? On rumine. Il ne reste plus que 4 km avant Bullay et il faut vraiment trouver avant cette ville sous peine de finir à nouveau entourés de caravanes et de camping-cars. Et pour mon anniversaire, je n’en ai vraiment pas envie ! Alors que la piste s’éloigne de la route et monte au-dessus de la voie de chemin de fer, nous trouvons notre bonheur pour la nuit au bord du sentier. 43 km aujourd’hui. 

Je suis heureux, ce fut un des meilleurs anniversaires de ma vie. Nous nous endormons face à des vignes toujours aussi impressionnantes qui se reflètent dans les eaux sombres de la Moselle.

Jour 366 / 29 juin 2023

C’était un chouette bivouac. Les trains juste en-dessous de nous étaient silencieux. Quelques-uns secouaient la tente mais ça va. 

Nous roulons 53 km aujourd’hui. Dans un superbe décor comme la veille. 

Impossible de trouver un bivouac et c’est encore une fois à contre-cœur que nous nous arrêtons à un camping vers 19h. 

Face à cette impossibilité constante de bivouaquer et à la lassitude des enfants sur leurs vélos, nous décidons de nous arrêter à Trèves. Nous dormirons chez un Warmshowers pour la nuit, puis train pour Metz où nous resterons 3/4 jours en souvenir de notre vie d’avant. 

Ce soir, c’est notre avant dernière nuit sous la tente ?

Jour 367 / 30 juin

1 an ! 1 an que nous avons quitté le petit village d’Autretot en Seine-Maritime pour commencer cette aventure de presque 6000 km. Et ce matin, alors que nous rangeons la tente, nous nous posons exactement les mêmes questions qu’au début du voyage. 

Route très plaisante, entourée de part et d’autre de vignes. 

34 km plus tard, nous avons trouvé un coin où planter la tente au bout d’un champ de vignes. 

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Une journée longue et dure pour tout le monde. Lassitude et fatigue. L’envie d’en finir prend le pas sur l’envie de profiter de nos derniers kilomètres. 

Nous passons une soirée très agréable. Les enfants jouent au Lego longuemment. Nous nous reposons. Nous dinons avant de monter la tente.

Jour 368 / 1 juillet 2023

Au milieu de la nuit, nous contemplons le ciel et la lune au-dessus des vignes et de la Moselle. C’est la dernière fois. Toutes ces dernières pourraient nous rendre nostalgiques ou triste de rentrer, mais c’est avec bonheur que cette aventure arrive à son terme. Nous avons profité, nous avons trimé, nous avons kiffé. Une parenthèse comme celle-ci c’est un privilège et nous en sommes conscient. C’était aussi un risque à prendre et nous en sortons plus fort. Nous ne savons quelle trace ce voyage laissera aux enfants, mais nous en sommes persuadés, la trace sera bénéfique. 

Nous quittons notre bivouac entre vignes et rivière avant 10h. Comme hier matin, mon pneu arrière et sa crevaison lente ont besoin d’air. Depuis le Danemark, notre pompe est HS pour les valves américaines comme les miennes, il faut donc arrêter tous les cyclistes que je croise pour leur demander : « Hello ! Do you have a pump ? » ou dans la langue de Goethe avec mon meilleur accent teutonique « Hallo ! Hast du eine Pumpe? ». Ce n’est qu’au bout d’une dizaine d’usagers de deux roues que j’en trouve une. 

Pour notre dernière vraie journée de pédalage, la météo est pluvieuse avec un petit vent de face qui désespère particulièrement Clem. Si les enfants pédalent un peu au début, Arsène demande rapidement à s’attacher. 

Nous déjeunons un demi-poulet rôti à point et des frites. Ça fait du bien avec ce temps !

De nombreux vélos nous adressent des signes d’encouragement et d’admiration, qui aident un peu face au vent. Au moins, il ne fait pas trop froid. 

Le nombre de kilomètres à parcourir pour rejoindre Trêves diminue très lentement. 

A 10 km de notre destination, nous pédalons dans la zone industrielle pas hyper sympa. Entre les mauvaises odeurs de décharges et autres usines, nos narines sont bien sollicitées. 

Nous arrivons à Trêves a 15h45. Notre hôte nous a donné rendez-vous devant la cathédrale. Nous devons dormir sous la tente que nous planterons dans son jardin. C’est un peu surprenant d’imaginer un jardin en plein centre-ville ! Il doit s’agir d’un hôte riche comme Picsou ! Pourtant, il se présente comme un pèlerin dans son profil sur le site. Lorsque nous le rejoignons chez lui, nous comprenons en voyant le col romain défait sur le col de sa chemise grise. Il s’agit du prêtre de la cathédrale et il nous accueille dans le jardin du presbytère ! 

La pluie est toujours bien présente mais nous décidons de nous balader un peu dans la ville. La porte noire est impressionnante. Les rues piétonnes sont bondées. Nous visitons la cathédrale aux dimensions majestueuses et une crypte séduisante. En expliquant le principe des reliques aux enfants, je ne peux m’empêcher de trouver cela complètement absurde de mettre dans un coffre un tas d’os et de les vénérer. Nous terminons par le jolie cloître et rentrons sous une pluie battante.

C’est l’heure de prendre une douche et de nous préparer pour le barbecue que nous partageons avec Markus notre hôte et sa maman. Les enfants ne tiennent pas en place, mais nous arrivons à maintenir des discussions agréables entre voyageurs. Markus, ou plutôt le père Markus, nous parle de ses nombreux pèlerinages à travers l’Europe, de Trondheim à Saint Jacques de Compostel ou à Rome, tout en nous resservant des verres de Riesling.

Nous nous couchons conscients de nous endormir pour la dernière fois sous cette tente. Elle aura bien tenu le coup ! Les réparations à la MacGyver des piquets cassés ont fait l’affaire. Les rustines sur le double-toit sont toujours étanches. Les déchirures scotchées de la moustiquaire empêchent toujours les moustiques de perturber notre sommeil. Je gonfle et regonfle plusieurs fois mon matelas dans la nuit…Ça, ça ne va pas me manquer ! 

Jour 369 / 2 juillet 2023

Dernier réveil sous la tente. Dernier rangement des duvets et des matelas. Derniers râlages matinaux des enfants… Ah non, sans doute pas les derniers ! 

Nous retrouvons nos hôtes dans le presbytère pour un petit-déjeuner dans l’élégant salon. Ce presbytère est spacieux et immense.

Par chance, le père Markus nous apprend qu’un seul train direct par semaine circule entre Trêves et Metz, et c’est justement le dimanche !

A 10h30, nous montons dans un train. Nous reconnaissons avec une certaine satisfaction le bleu des TER de la SNCF. 

Nous longeons la Moselle, et admirons les paysages que nous aurions pu découvrir à la force de nos mollets. Nous ne manquons pas grand-chose, on a fait le plus beau, pas de regret ! 

Le train aura fait partie intégrante de notre aventure. Dès les premiers jours, nous avons profité des coups de pouces ferroviaires. Le Crotoy, Bruges, Bonn, Ulm, Linz, Trieste, Zagreb, Prague, Copenhague, ou Hambourg sont autant de cités que nous avons atteintes en train. Les trajets ont été plus ou moins stressants, pratiques et confortables. Et plus que jamais, je suis persuadé que ce mode transport est le meilleur qui existe. Il suffirait aux différents gouvernements d’Europe un peu de volonté pour profiter au mieux de l’immense réseau de chemin de fer présent dans chaque pays. L’hégémonie des voitures et camions pourraient être mis en péril avec un peu d’implication dans le transport ferroviaire ou fluvial.

Jour 370 / 3 juillet 2023

Premier supermarché français depuis seulement 5 mois et pourtant c’est un sentiment de malaise vertigineux qui m’étreint alors que je déambule dans les rayons. L’agitation, la surabondance de produits alimentaires, je ne peux m’empêcher d’avoir envie de repartir vite et loin.

Jour 371 / 4 juillet 2023

Ce séjour à Metz est agréable.

Un bon sas de décompression avant notre arrivée finale. On adore cette belle ville. Nous nous baladons avec plaisir dans ces rues que nous avons arpentées dix ans plus tôt dans une autre vie. Dix ans qui se sont écoulés depuis notre mariage civil quand nous vivions dans l’est de la France et que nous travaillions pour des sociétés financières au Luxembourg. Après cela, nous avons déménagé au Rwanda pour prendre du recul sur cette vie professionnelle superficielle. De Kigali, nous avons retrouvé notre Normandie natale pour fonder notre petite famille que nous avons emmené en voyage cette année. 

Jour 373 / 6 juillet 2023

Le son strident retentit. Une voix douce et féminine nous souhaite la bienvenue à la gare d’Yvetot. Arsène presse le bouton vert et les portes s’écartent pour nous laisser sortir du train. Ça y est, nous y sommes. Après le TGV entre Metz et Paris, 3 kilomètres à pédaler dans notre belle capitale bien aménagée pour les vélos (merci Anne Hidalgo).

Au bout du quai, j’aperçois la main de mon père qui nous salue, puis derrière des cyclistes débarquent. Je reconnais mes beaux-parents, ma tante, puis ma mère.

Je regarde Clémence. Je sais que nous éprouvons un tourbillon d’émotions contradictoires. Nous sommes tiraillés entre la joie de ces retrouvailles, la fierté à l’égard de nos enfants, et la mélancolie de la fin de l’aventure. Tout ça remue un peu le ventre.

Dorénavant s’ouvre le temps de l’adaptation, de la réadaptation. Nous devons reprendre pied, nous reconnecter à un quotidien répétitif parfois agressif et sédentaire. Nous rentrons la tête pleine de souvenirs et l’esprit animé par de nombreux projets d’aventure.

« Un petit tour à 4 » est fini. Merci à tous ceux et celles qui ont pris le temps de lire nos récits. Merci pour vos encouragements. Merci, merci, merci.

L’aventure est finie, mais elle fera toujours partie de nous et elle reviendra nous saisir à chaque occasion 🙂

Tour d’Europe : de Oslo (Norvège) à Hambourg (Allemagne)

Jour 329 / 23 mai 2023

Visite du FRAM. Ce musée abrite le bateau éponyme de Nansen qui a participé à trois importantes expéditions aux confins du monde connus à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Magnifique musée rempli d’une galerie de personnages inspirants. 

Les enfants ont aussi beaucoup apprécié, surtout grâce à la visite immersive des bateaux. 

Un très bon moment en famille. 

Ce matin, Mathilde a proposé de s’occuper de l’école de Maxine, et ça s’est très bien passé ! Son passé d’institutrice et de professeur lui permet sans doute d’être plus patiente que nous. Nous allons en profiter encore dans les prochains jours ! 

Demain, on visitera un petit musée zoologique et le fameux parc Vigeland.

Jour 334 / 28 mai 2023

L’effervescence du mariage se dissipe peu à peu. La famille s’est dispersée, les parents en pérégrination en Norvège, Guillaume et sa famille de retour en France, Virginie est dans l’avion pour rentrer dans le Cotentin, Dan et Pavlina sont rentrés à Prague. Il ne reste plus que nous et notre envie de repartir et pédaler qui grandit de jour en jour. Notre ferry part le 1er juin. Il arrivera à 1h du matin à Frederikshavn ! C’est pas idéal comme horaire mais on fera avec ! Le shelter le plus proche est ensuite à 3,6 km. Pas énorme mais ça risque de piquer un peu…

Jour 338 / 1 juin 2023

Départ d’Oslo ! 

Nous avons bien profité de cette ville ! 

À l’arrivée à Oslo, nous avons réalisé le chemin parcouru… C’est une étape symbolique pour nous puisque c’est le point le plus septentrional de notre voyage. 

Ce fût une belle pause et l’occasion de retrouvailles. Nous avons eu la chance d’être accueillis par Mathilde et Sarah qui nous ont supportés pendant ces deux semaines et grâce à qui nous avons pu profiter à fond et apprécier ce temps ensemble et à nous 4. 

Au programme : du repos, du soleil, des balades en ville, en mer et au vert, des visites, une journée de baignade, une autre de grimpette dans les arbres et bien sûr un magnifique mariage !

Art et culture, nature, architecture et ouverture, Oslo est une superbe ville. Nous avons adoré l’explorer. Il y a tout pour les enfants et pour les grands. 

Grâce à ce beau et long séjour, nous ne ressentons plus aucune frustration de ne pas aller plus haut. Le temps et le budget s’écoulent… Et puis, il faut bien se garder des projets pour plus tard !

Maintenant, il nous tarde de remonter sur nos selles ! Back to Denmark ! Nous sommes à bord d’un ferry en direction du Danemark. Nous n’allons pas profiter complètement de nos cabines puisqu’il faudra les quitter au milieu de la nuit pour débarquer à Frederikshavn à 1h du matin !

Jour 339 / 2 juin 2023

J’éteins mon réveil à minuit et me lève en sursaut ! Est-ce que nous sommes déjà proches du port ? Je réveille Clem aussi doucement que possible et sort de la cabine en chaussette. Je prends le couloir à gauche. J’entends des rires gras d’hommes qui profitent de leur soirée pour s’aviner. Dehors, il fait bien frais. Nous sommes encore loin du port. La nuit n’est pas si sombre, un long trait orange se dessine à l’horizon. L’obscurité totale n’existe pas. 

Dans la cabine, Clem s’est levée et range nos affaires. Je la rejoins. J’allume la lumière de la salle de bain pour baigner la cabine d’une lueur apaisante pour aider le réveil des enfants. C’est dur de les extirper de leurs rêves, en particulier pour Maxine. Le téléphone de la cabine sonne, une voix nous prévient que nous arrivons bientôt et devons être à nos vélos dans 20 minutes. 

La sortie du bateau se fait après une longue attente pendant laquelle nous nous retenons de nous endormir debout à coté de nos vélos. La fraîcheur extérieure achève de nous réveiller et les 3,5 km se font dans la nuit et dans la bonne humeur. Nous arrivons au shelter à 1h30. Celui-ci est occupé par un cyclo que nous réveillons malgré nous. Il parle français et prend le ferry demain matin pour Göteborg. Il nous conseille de nous installer au-dessus de lui dans la mezzanine. L’espace est réduit, je m’installe sur la terrasse car c’est un peu juste pour ma taille. 

La nuit est fraîche et je m’aperçois que nous avons inversé nos duvets avec Clem, je suis donc un peu à l’étroit ! Les épisodes d’insomnie sont récompensés par de jolis éclairages du lever de soleil. 

Nous nous réveillons vers 9h. Un petit-déjeuner frugal et nous rangeons nos affaires. Le départ se fait à 11h. 

Nous roulons le long d’une route assez fréquentée sur une piste cyclable. Nous nous en échappons pour rejoindre le village de Strandby pour déjeuner au bord de la mer Baltique, les pieds dans le sable doux et chaud. 

Nous continuons de rouler à côté de cette route fréquentée. De nombreux camions passent. Heureusement que nous sommes sur une piste cyclable. Le vent de face est léger, mais il est… de face ! Rhooo. Pour une reprise, c’est un peu fatigant. Je tire Maxine. Le shelter de Skagen sur pointe nord du Danemark est encore bien loin, 20 km. Nous décidons pendant une pause à Aalbek, de couper vers l’ouest directement. L’aller-retour vers la pointe nous semble inutile. Cela nous redonne une énergie nouvelle, qui est elle bien utile pour les trois kilomètres de piste de gravier assez désagréables. Nous roulons ensuite sur des routes secondaires calmes et peu fréquentée. Nous croisons un très grand nombre de cyclistes qui semblent participer à une sorte de rassemblement ou rallye.

Nous retrouvons ensuite une jolie piste sous les arbres dans une forêt de conifères qui amènent un peu de fraîcheur et nous protège du vent.

A l’arrivée au shelter du jour, nous ne sommes pas seuls. Deux des trois abris sont occupés par un important groupe d’homme qui n’ont rien de cyclos prêts à se reposer mais plutôt de bons vieux males blancs assoifés et prêts à s’amuser. Nous décidons d’aller nous installer plus loin au tenting site. Nous sommes plus proches de la plage et pouvons malgré tout profiter de ce très joli endroit. Nous passerons du temps sur la plage et les enfants jouent avec délectation dans les dunes et le sable chaud.

Près de la tente, des nuées de petits moucherons nous asticotent. Arsène semble même faire une petite réaction allergique. Nous décidons de dîner à l’abri dans l’ancienne étable réhabilitée en une sorte de musée pédagogique. 

Il est 22h, nous sommes dans nos duvets. Il fait encore complètement jour, un peu dur pour Arsène de s’endormir. 

« J’arrive pas à dormir ! »

Il se met à nous raconter une histoire de cowboy. C’est bien le moment…

Jour 340 / 3 juin 2023

Début de journée dans les bois après une bonne session d’école puis de plage (où Arsène a miraculeusement retrouvé le gilet oublié la veille… Grrr). Les sous-bois sont tapissés de mousse au pied des différentes sortes de conifères. Clem a eu la chance de voir une biche à quelques mètres d’elle lors de son pipi du matin. 

Nous retrouvons la civilisation pile poil à temps pour le ravitaillement et un bon pique-nique, puis nous voilà à nouveau au milieu de la forêt. Nous arrivons à un premier shelter, il y a du monde et ce ne sont pas des cyclos, mais plutôt des occupants du week-end. On ne trouve pas l’endroit super, nous préférons rouler encore un peu pour trouver mieux. Après 3 km, nous tombons sur un shelter isolé, face à une grande prairie. Il est 16h, nous avons roulé 16 km aujourd’hui, il est temps de s’arrêter ! Il faut dire que les 38 km de la veille nécessitent un peu de repos. 

Petite balade dans les bois, puis jeux de mimes tous ensemble, puis un bon dîner. Et au dodo ! 

Jour 341 / 4 juin 2023

Grosse grasse matinée ! Réveil à 10h ! 

Après un bon petit déjeuner, nous partons à midi. 

Rapidement nous arrivons à la ville de Hirtshals. Nous n’y restons pas longtemps mais je me fais la promesse de revenir ici en vélo avant mes 45 ans. En effet, de ce port, partent les ferrys pour les Îles Féroé et pour l’Islande. Trois jours de ferry pour aller voir des geysers à vélo (et souffrir du vent peut-être). 

Nous nous arrêtons pour déjeuner au phare et à son ensemble de bunkers. La vue du phare est belle. La mer du Nord nous livre de sacrés couleurs sous ce magnifique ciel bleu. Oui, comme tous les jours ou presque que nous passons au Danemark, le temps est superbe.

Petit arrêt près de jeunes chevaux pour le plus grand bonheur de Maxine. 

Nous traversons ensuite un immense ensemble de maisons de vacances proches de la mer. C’est urbanisé mais tout de même très discret par rapport à ce que l’on connait.

Nous arrivons à notre coin bivouac vers 19h, après de chouettes chemins dans la forêt qui ravissent petits et grands. Une fois le camp installé, nous prenons la direction de la dune et gravissons cette impressionnante masse de sable doux et fin, haut de près de 90 mètres. Les enfants sont ravis de tout ce sable. Clem et moi avons l’impression d’être sur une autre planète (Arrakis pour ma part) tellement le paysage est surprenant. A droite, trône le vieux phare, impassible dans cette mer de sable. 

On salue papi et mamie qui son en pleine navigation en Ecosse de l’autre coté de la mer !

J’essaie de filmer le coucher du soleil, mais une bande de nuage masque l’horizon et gâche les belles images que je voulais. Dégouté.

Jour 342 / 5 juin 2023

Après l’école où j’ai fait découvrir la géométrie avec plaisir à Maxine, nous laissons les enfants retourner sur la dune le temps de replier la tente et de boucler les sacoches. Nous décollons à 11h30. 

Nous roulons 12 km jusqu’à la ville de Loken, et y déjeunons au bord de la plage. Nous laissons les enfants jouer longtemps dans le sable, et essayons de nous reposer un peu. Le soleil tape fort aujourd’hui et Clem est maquillée de crème solaire ce qui lui donne un teint particulier. Son visage est bien protégé, c’est sûr et certain !

Nous roulons ensuite à nouveau une douzaine de kilomètres, sur une piste cyclable au bord d’une route fréquentée, droite et monotone. Le peu de relief ne parvient à rendre le trajet intéressant. Nous arrivons à Saltum, et trouvons notre shelter. Nous rencontrons deux sœurs françaises en voyage à vélo au Danemark. C’est un plaisir de discuter et d’échanger. Elles arrivent de Hambourg, notre destination. 

Les enfants profitent de la grande aire de jeux près du shelter et de la mare où ils découvrent des centaines de têtards. Il y a également une salle ouvertes avec des tables, de l’eau et de l’électricité ! 

Après le dîner, les enfants invitent nos compatriotes à partager des chamallows grillés au-dessus des flammes. Nous avons d’agréables discussions sur beaucoup de sujets variés. C’est toujours aussi fascinant de voir à quelle vitesse nous sommes capables d’échanger autant en si peu de temps. Elles vivent dans les Alpes, on aime partager nos modes de vie avec leurs avantages et inconvénients.

Une bonne toilette et au dodo ! 

Il est 23h15, le soleil est couché mais l’obscurité est loin d’être présente.

Jour 343 / 6 juin 2023

Nous ouvrons les yeux un peu avant 9h. Nos voisines cyclos sont déjà en train de plier leur tente. Nous ne sommes pas au même rythme. 

Le temps semble se déliter, s’ébranler, détruisant nos repères. Ce soleil qui se couche si tard et se lève si tôt perturbe nos habitudes. Il est haut et chaud quand nous sommes prêts et nous préférons pique-niquer sur place avant de partir. 

Nous roulons 4 km et arrivons devant une immense plage plate de sable. La route ne s’arrête pas là. Elle continue, sur le sable ! Les voitures vont et viennent. Nous avançons à notre tour. Nos montures surchargées s’enfoncent dès que celui-ci devient trop sec. Nous nous approchons de l’eau pour nous assurer plus de stabilité et de facilité. C’est un décor merveilleux pour rouler. A gauche, des dunes moyennes recouvertes d’herbes folles que je devine piquante à leur extrémité, à droite, la mer du Nord s’agite de vaguelettes qui viennent lécher le sable sous nos pneus, et au milieu de tout cela, une immense bande sur laquelle se croise quelques piétons, quelques nudistes, un peu de cyclistes et des vans. Tous profitent de cet ensoleillement exceptionnel. Les enfants verront ici le premier dauphin de leur vie. Malheureusement, blessé, mort et échoué. Cela nous attriste. Clem est à l’arrière, je sais qu’elle vit mal ce moment… A notre tour, nous stoppons notre avancée pour nous découvrir et sentir la chaleur nous envelopper d’un drap fin. Les enfants s’amusent dans le sable. Clem brave la morsure du froid et se baigne. Seule la crainte des méduses l’empêche de profiter plus longuement de la fraîcheur des eaux bleus.

Nous profitons longtemps de cette pause. La plage est tellement immense que nous avons l’impression d’être seuls au monde, et sans les voitures qui passent, coutume étrange, nous aurions pu y rester à jamais. 

Nous repartons à 16h et atteignons la ville de Blokkus. Nous y dégustons une glace bien méritée (caramel beurre salé pour Maxine, straciatela pour Arsène, nougat pour Clem et Daim pour moi). Nous retrouvons l’eurovélo 12 et suivons un chemin de gravier à travers la forêt. Clem est pleine d’énergie après son bain revigorant et mène notre convoi à un bon rythme entre les arbres. Je peine un peu plus, et le premier shelter que nous croisons me décourage de rouler plus longtemps. Nous y posons donc nos sacoches après une courte journée de 22km mais riche en relaxation et en apaisement. 

Maxine m’aide à cuisiner, Clem et Arsène jouent aux Legos. Nous profitons de la roulotte-salle à manger pour dîner au chaud car la soirée est fraîche. Nous y sommes également protégés des moucherons et autres moustiques qui sont nombreux ce soir. 

Nous bricolons un rideau avec une couverture pour rendre notre shelter moins lumineux et nous prémunir des satanées moustiques. Cela nous permet de coucher les enfants plus tôt, même si le sommeil est un peu long à venir. Difficile de se défaire de l’habitude de se coucher à 22h.

Jour 344 / 7 juin 2023

Le rideau installé sur notre shelter nous a permis de mieux dormir et de bénéficier d’un peu plus d’obscurité. Et il nous a également protégés des moustiques. 

Nous décollons sans nous presser à 12h. Nous retrouvons le chemin de gravier. Ce n’est pas vraiment une partie de plaisir. Je tire Maxine avec la sangle car elle ne se sent pas à l’aise sur ce type de terrain. Je la comprends, il faut être vigilant sans arrêt, garder un bon rythme pour ne pas s’enfoncer et perdre l’équilibre tout en prenant garde aux quelques passages sableux. Après 3 km de piste, nous retrouvons une route bétonnée au milieu de la nature, de grands espaces autour de nous, puis nous retrouvons la piste de gravier.  Encore. Ce matin, c’est la voix et les jolies mélodies de Calogero qui nous accompagnent. Au bout de 8 km, alors que Maxine me demande de rouler seule, je constate qu’elle ne porte pas de casque. 

« Max ! Il est où le casque de maman? (elle le porte depuis quelques jours). 

-Heu… je sais pas. »

Et zut ! Il est resté au shelter. Je me sens assez en forme et je ne veux pas abandonner ce chouette casque de la marque Kask que j’ai offert à Clem. Je laisse Clem avec le pique-nique et opère un demi-tour vers le shelter. Pour me motiver, je me mets une playlist plus entraînante. 

Je pédale à un bon rythme, loin de la (trop) douce cadence imposée par les enfants. Je me sens porté. Je rêvasse à des voyages solitaires dans des contrées inhospitalières qui me mettraient à rude épreuve. J’ai 37 ans dans quelques jours, il me reste du temps mais je ne dois pas repousser ces agréables dingueries trop loin de moi. 

Je fais l’aller-retour en 1h, et nous repartons. Toujours sur des graviers. Toujours en tirant Maxine, toujours dans une agréable nature. Un passage de quelques kilomètres en route partagée permet aux enfants de rouler un peu seuls mais le retour des graviers nous imposent de les tirer. Certains passages sont particulièrement ardus avec notre chargement et nous maudissons la personne qui a décidé de remblayer avec tant de gravier la piste.

Nous arrivons dans un nouveau shelter a 18h, après 33 km (et 16 de plus pour moi). 

Jour 345 / 8 juin 2023

Ce matin, une école est en visite à l’aire de jeux du shelter. Il s’agit d’enfants du même âge qu’Arsène et Maxine. Ces derniers sont très curieux et veulent se faire des copains malgré la barrière de la langue. Et ils y arrivent très bien ! Au moment de partir, les câlins fusent. 

Nous roulons sous un agréable soleil, très peu de vent mais énormément de graviers. Que des chemins en gravier. Nous avons par moment de courts répits sur de l’asphalte mais nous retrouvons rapidement ces cailloux sur la piste prêts à nous déséquilibrer à la moindre inattention. Nous devons également faire face à de nombreux petits dénivelés qui cassent les jambes. 

Nous déjeunons à Bulbjerg. Un rocher sur lequel a été construit un imposant blockhaus du mur de l’Atlantique à l’époque où les Allemands craignaient un débarquement au Danemark. Le vent du Nord souffle fort et nous refroidit, nous sortons polaires et manteaux. D’ici, la vue est superbe.

Nous vidons le fond des sacoches pour le déjeuner. Tartine de miel, noix, parmesan, cornflakes, et chocolat. Le prochain point de ravitaillement est à 20 km, là où nous espérons dormir ce soir. 

Nous continuons de rouler dans les graviers. Je tire Maxine depuis notre départ ou presque et je commence à le sentir dans mes muscles et les articulations. Clem qui tracte Arsène avance à une bonne allure et j’ai du mal à suivre sa cadence. Nous faisons une longue pause près d’une église. 

A partir du moment où nous partons de notre pause ensoleillée, le temps change. Le vent se lève, se dresse face à nous. Froid. Le ciel bleu disparaît au profit d’une épaisse couverture grise. Les chemins de graviers n’en finissent pas et nous épuisent autant qu’ils nous découragent. Ces chemins nous permettent de ne pas croiser de voitures de la journée, de traverser des étendues sauvages mais bon sang que c’est dur quand on est aussi chargé ! Le shelter paraît inatteignable et c’est après 43 km que nous y arrivons finalement ! 

Jour 346 / 9 juin 2023

Journée de pause, nous décidons de rester une nuit de plus dans ce chouette endroit. Les enfants, sont plus que ravis. 

Nous faisons un chouette cache-cache ensemble dans l’après-midi. 

Je répare mon pneu après le dîner à la station service. 

Et une petite balade du soir pour admirer le coucher du soleil.

Jour 347 / 10 juin 2023

Encore un matin où nous émergeons à 9h. Je commence à m’habituer à dormir sur mon matelas dégonflé. 

Mauvaise surprise quand on s’installe pour le petit-déjeuner, notre baguette de pain a disparu. Déception et suspicion, est-ce un animal, un promeneur ou nos voisins les voleurs ? Nous ne le saurons pas mais passons à autre chose pour profiter du déjeuner. 

Après être allés guetter leurs escargots, Maxine et Arsène s’installent sous le shelter pour un atelier dessin pendant qu’on entame le rangement. Je m’attèle également à la réparation du pneu arrière de Clem qui faiblit après avoir été éventré à plusieurs reprises. J’ajoute du scotch épais pour le solidifier de l’intérieur car la chambre à air a tendance à sortir des trous. On verra ce que ça donne et pour combien de temps. Après les réparations, je poursuis le rangement pendant que Clem passe à l’atelier chant avec les enfants. J’aime les entendre pendant que je range. 

Nous commençons à pédaler après un frugal déjeuner, et décollons à 13h30. 

Les enfants sont détachés et s’imaginent dans une course de Mario Kart comme dans le jeu vidéo chez Sarah et Mathilde à Oslo. Nous les rejoignons avec plaisir dans leur jeu, et devenons également Mario, Luigi, Bowser, Yoshi et bien d’autres. Nous lançons des peaux de bananes et des carapaces de tortue tout en pédalant. Le vent dans le dos nous pousse, nous envole à toute vitesse vers Klitmøller à une quinzaine de kilomètres de là. Ce sont de moments précieux et agréables. La piste cyclable le long de la route 181 s’y prête bien. La route enchaîne les petites montées et les petites descentes qui nous servent d’accélérateur comme les champignons dans Mario. 

A Klitmøller, nous faisons une pause près de l’église. Au Danemark, à côté de toutes les églises, il y a des toilettes. Pratique pour refaire le plein d’eau, pour recharger nos téléphones et pour aller aux toilettes bien sur. Les enfants profitent de l’aire de jeux de l’école en face. Le week-end au Danemark, les cours d’école sont accessibles. Il fait toujours aussi beau et chaud. Ça sent l’été et les vacances. 

Nous roulons de nouveau mais avec les enfants attachés. Le vent n’est plus complètement dans le dos. La route est un peu moins bonne. Nous prenons une pause glace à Vorupør, et marchons jusqu’au bout de la jetée. Pourquoi ? Parce qu’il y a une jetée pardi ! 

Nous arrivons à notre shelter à 18h passée, après une journée de 42 kilomètres. Le shelter est occupé, mais ses occupants nous accueillent chaleureusement (ils nous offrent du pain, de la brioche et des bonbons!). Ils ont un chien. Et il y a également deux jeunes femmes présentes que pour le dîner avec leurs deux chiens. Le paradis pour Maxine… 

Jour 348 / 11 juin 2023

Ce matin, en regardant l’application « Shelter » qui indique où se trouve les différents shelters et autres spot de bivouac autorisé au Danemark, nous constatons que le nôtre se trouve à une douzaine de kilomètres. Chouette une courte journée en perspective ! Nous prenons un peu notre temps pour ranger et décollons après un rapide déjeuner quand le soleil est déjà bien haut dans le ciel bleu azur. 

Nous commençons sur le sentier en gravier qui devient vite herbeux et sommes rapidement saisi d’un doute que l’appli « Mappy.cz » (application très utile qui répertorie les routes vélos en Europe) vient confirmer : nous sommes sur un sentier pédestre, pas sur l’EV12. Celle-ci se trouve plus à l’Est. Si nous l’empruntons, le trajet se rallonge de 7 km. Les enfants réclament d’emprunter le chemin le plus court. 

« Le chemin le plus court n’est pas forcément le plus rapide ! » leur fait remarquer Clem. 

Nous décidons malgré nos appréhensions de continuer loin de l’EV12. Ce chemin va nous en faire voir de toutes les couleurs.  Nous voilà donc à rouler dans l’herbe verte avec de temps à autre des passages de sable blanc profond qui nous forcent à descendre de vélo. Nous arrivons dans une zone marécageuse, et une flaque d’eau impressionnante nous barre la route. L’eau arbore une couleur rouge comme le sang. Je me déchausse et passe avec mon vélo. L’eau n’est pas loin des sacoches mais ça ne touche pas. Nous traversons tous. Nous avons parcouru à peine 3 kilomètres.

Le soleil orange brûle sur nos épaules qui deviennent rose petit à petit. Maxine décide de rester pied nue. Nous remontons en selle et avançons. Nous retrouvons pour un temps un sentier de gravier gris et jaune plus roulant qui nous permet de bien avancer. La poussière noircit les pieds de Maxine et le visage d’Arsène qui ressemble de plus en plus au mistigri. 

Après un village, le GPS nous envoie sur un sentier interdit aux vélos… Qui faut-il écouter ? Notre téléphone ou un panneau de signalisation ? Nous faisons confiance aux traces de pneu dans la boue et empruntons ce sentier.

La progression est lente et hachée par de nombreux arrêts qui nous rendent vert de rage. Il faut pousser les vélos à travers des bancs de sables. Les enfants se découragent et se raccrochent à nos muscles. La difficulté nous arrache quelques larmes et des cris au milieu de ces dunes vertes jaunâtres illuminées ici et là de fleurs sauvages pétillantes. 

Les derniers kilomètres sont les plus durs mais l’arrivée est plus que satisfaisante. Il fait super beau au pied de ce phare imposant et magnifique. Nous décidons de planter la tente plutôt que de tenter le shelter, la gestion des moustiques y étant plus facile. 

Le site est vraiment top. Perdu au milieu des dunes. Il y a une maison au pied du phare en libre accès avec électricité et atelier de dessin. 

Nous essayons de trouver une plage pour nous baigner, mais après une heure à arpenter les dunes, nous ne trouvons pas d’accès permettant de descendre les falaises sableuses de la côte. 

Après un bon dîner, nous faisons atelier dessin en famille au calme. Chacun de nous réveille son imagination et s’applique sur ses coups de crayons. 

Maxine aura passé quasiment toute la journée pied nue ! 

Jour 349 / 12 juin 2023

Le soleil chauffe dès le réveil à 8h30. Il n’a pas plu depuis plusieurs jours dans la région, alors qu’il s’agit habituellement d’une saison pluvieuse. Quel heureux hasard ! 

Nous profitons de la chouette salle où nous avions dessiné hier soir pour faire une session d’école complétée par la visite du phare et de son exposition. Les enfants ont particulièrement aimé les animaux empaillés qu’ils avaient le droit de caresser (blaireau, renard, rayon-laveur, belette ou hermine). Des animaux trouvés de la parc national de Thy. L’exposition présente et rend hommage aux nombreux oiseaux qui se heurtent au phare.

Nous partons après un petit en-cas gourmand au café du phare de Lodjberg. Cet endroit géré par des volontaires est décidément vraiment très agréable et accueillant. Aujourd’hui nous suivons la véloroute, pas d’alternative galère comme hier ! Et c’est une piste bien agréable que nous découvrons. Entre la mer et un immense lac, nous progressons entre les digues sableuses de part et d’autre de la route. Le vent nous pousse dans un premier temps avant de se retourner contre nous alors que nous longeons la route vers le bac pour Thybøren. 

Une fois débarqué, nous faisons un ravitaillement (le plus cher depuis le début du voyage : 752 kr, soit environ 100€). Puis nous pédalons vers le shelter le plus proche. Aïe ! Il est occupé par une sorte de hippie en caddie, nous roulons donc deux kilomètres de plus pour découvrir un bunker qui sert de shelter. La plage juste de l’autre côté de la dune en contient de nombreux. Ils sont en bon état et pas trop vandalisé, ce qui permet d’envisager une nuit dedans assez sereinement mais dans le sable.

Munis de lampe de poche nous explorons le bunker avec les enfants. C’est inquiétant, il faut prendre garde au plafond très bas (enfin surtout pour moi, pas de problème pour Arsène). Nous empruntons d’abord un long et étroit corridor qui nous ramène à l’entrée, puis nous explorons une petite pièce, puis empruntons une succession de pièces qui ramène vers l’entrée à condition de ramper dans le sable froid. Si Arsène n’hésite pas, Maxine préfère rebrousser chemin. 

Nous dînons de crêpes salées et sucrées près de l’aire de jeux, puis admirons la curiosité de la ville : une maison décorée de milliers de coquillages patiemment construite pendant 25 ans par son propriétaire Alfred pour son épouse peu enthousiaste à l’idée de venir s’installer dans cette ville. Voilà un beau lot de consolation dis donc !

A 20h30, les enfants se glissent dans leur duvets et m’écoutent lire le Seigneur des Anneaux.

Jour 350 / 13 juin 2023

Nuit fraîche et agréable dans le bunker. Je m’inquiétais un peu au moment du coucher que le plafond en métal rouillé ne s’effrite par morceaux dans la nuit, mais il a tenu bon. Alors que nos réveils sous la tente depuis quelques jours étaient chauds comme au cœur de l’été, il règne sous ces épais murs de béton toujours la même température : 13 degrés. 

Nous prenons le petit-déjeuner sur le toit du bunker au soleil. Nous avons vraiment adoré ce shelter plus qu’atypique. Nous espérons que les enfants se souviendrons de cette nuit quand ils étudieront la seconde guerre mondiale et le Mur de l’Atlantique. Nous décollons vers 11h. Nous roulons sous un soleil de plomb, avec le vent dans le dos et des podcasts de France Inter dans les oreilles. Au menu aujourd’hui : « Bestioles ! » sur les méduses. 

Après une pause près d’un ponton, le chemin devient ardu. Le sable fait son retour et nous devons pousser nos vélos à plusieurs reprises dans cette mélasse. Avec le poids de nos sacoches, c’est un calvaire. Clem m’impressionne. Elle pousse, et repousse encore son vélo et celui d’Arsène sans aucune aide. Je l’entends râler derrière mon dos sur le chemin, je l’entends se décourager, mais jamais je ne la vois hésiter ou faillir. 

Nous faisons une pause près d’un shelter. En repartant, nous avons enfin de nouveau une piste roulante, puis une route bitumée qui fait du bien. Enfin du bien, c’est relatif, puisque la route monte vers la falaise de Bovbjerg. Le Danemark n’est pas un pays plat. Il n’y a pas de montagne mais ce n’est pas plat pour autant ! 

Nous arrivons au shelter de Fjaltring Strande. Les deux abris sont déjà occupés mais ils sont assez grands pour être partagé. Un allemand et un belge ont sympathisé et discute vélo. Puis ils discutent barbecue, et le cliché de l’homme qui s’extasit devant un morceau de viande sur une grille devient un sketch. Les gémissements sont un peu ridicules. Sandrine Rousseau avait bien fait de relever le symbole viriliste du barbecue…

Clem et moi nous baignons, profitant de l’absence de méduse dans l’eau. Elle est sacrément fraîche mais ça fait du bien ! 

Après le dîner, Maxine profite du chien du jeune allemand puis nous allons nous promener sur la plage. Après quelques hésitations, Arsène, puis Maxine se mettent à patauger et à jouer dans l’eau froide. Ils font plaisir à voir nos deux zigotos qui courent le long de la plage, puis dans l’eau, au soleil couchant.

Jour 351 / 14 juin 2023

Départ tardif du shelter. Bonne session d’école avec notamment de l’anglais pour les enfants, et de la géométrie pour Maxine, qui raffole de ça mais pas facile d’intégrer toutes ces nouvelles notions ! Nous faisons aussi une bonne leçon sur les synonymes et les homonymes, parfait a revoir en roulant ! 

Petite pause à une église bien sympa. 

Nous roulons sur des routes partagées tranquilles avec le vent dans le dos. Maxine est en forme et ne réclame pas une seule fois la sangle, c’est la première fois depuis presque un mois ! 

A la fin de la journée, Arsène pédale tout seul pendant longtemps, c’est chouette. 

Ce soir les enfants décident de dormir tout seul dans le shelter pendant que Clem et moi dormons sous la tente. Il y a pas mal de moustiques sous les arbres, je bricole une moustiquaire à base de couverture polaire. 

La nuit commence bien, mais le réveil nocturne est casse-pieds quand il faut sortir de la tente pour aller rassurer les enfants après un cauchemar et les frayeurs nocturnes. Il fallait tester !

Jour 352 / 15 juin 2023

Les enfants ont la bonne idée de se lever très tôt. Merci à eux. Dès le réveil, ils chahutent et crient, un peu dur avant 7h. 

Ce réveil matinal nous permet de décoller avant 10 heures. 

Nous roulons à l’ombre sur une route de gravier. 

Puis une route de gravier très pénible au soleil, mais qui voilà? Des nuages ! Cela faisait plus d’une semaine que nous n’en avions pas vu ! Incroyable, ils existent toujours. 

La progression est lente sur ces chemins peu roulants. 

Après le ravitaillement, nous évoluons sur une piste de fin gravier un peu sableuse qui nous permet d’avancer plus vite. 

Nous arrivons Hvide sande en fin d’aprem

Jour 353 / 16 juin 2023

Encore du soleil ! Encore et encore ! Tous les jardins que nous croisons ont un superbe gazon tondu. Trop bien tondu, mais marron jaunâtre tellement il est sec. Mais il est hyper bien tondu, rien qui dépasse. Pourtant, il est important de tondre le moins possible pour la biodiversité, mais bon la biodiversité hein qu’est-ce qu’on en a à faire…

Aujourd’hui, nous avons de nouveau des pistes de graviers sableuses. Plus de vingt kilomètres là-dedans, c’est l’horreur. Heureusement que nous avons quelques moments de bitumes pour nous soulager. Je reçois un appel de mon ancienne entreprise qui m’offre un nouveau poste. Wouhou ! J’ai trouvé un boulot ! 

A partir de Nymindegab, nous bifurquons vers l’Est ! Fini la côte ! Nous prenons la direction de Billund pour s’échapper à Legoland. Cela nous permet de finir la journée en roulant sur des petites routes partagées très peu fréquentées. 

Nous arrivons à Sønder Bork dans un shelter très cool. Une immense aire de loisir et de nature et un kiosque sous lequel sont disposés 8 hamacs pour les voyageurs. Pas besoin de gonfler les matelas ce soir. En me couchant, je pense à mon papa qui fait une sieste dans son hamac tous les jours pendant l’été. Il aurait été content ici avec nous !

Les enfants profitent bien des lieux et des installations. Ils sympathisent avec des enfants danois de leurs âges. Clem et moi sommes fiers et fascinés de les voir dépasser la barrière de la langue pour jouer avec d’autres enfants. 

Nous profitons des toilettes de l’église pour une toilette de la tête au pied pour tout le monde. Nous commencions à en avoir bien besoin ! 

Je voile bêtement ma roue avant en allant rechercher avant le dodo la batterie laissée à charger dans les toilettes. Espérons que ça tiendra le coup jusqu’à la fin du voyage. 

Jour 354 / 17 juin 2023

La nuit en hamac était confortable mais fraîche ! Nous avons ressorti les draps de soie pour nous et les couvertures polaires pour les enfants. Dès qu’on remue, ça tangue, ça balance, ça berce ! 

Les enfants profitent bien encore une fois de l’aire de loisir et de nature, et nous de l’électricité et des toilettes de l’église. Il fait déjà sacrément chaud, le soleil tape. Chaque rayon nous assène de violent coup sur la nuque. Il fait trop chaud pour faire l’école. Ça commence à être compliqué. Nous allons nous rattraper cet été quand nous serons dans de bonnes conditions. 

Nous décollons et retrouvons les petites routes de campagne. Les Danois qui nous doublent prennent la peine de bien s’écarter mais ils roulent bien bien vite. Et ceux qui arrive en face ne font pas de manière et nous ne comptons plus le nombre de grosses berlines allemandes qui foncent à grande vitesse. Systématiquement des hommes d’ailleurs. Sans doute un petit besoin de compenser quelque chose… Il fait aussi chaud qu’en plein mois d’août. Le thermomètre indique 28 degrés. 

Nous faisons une longue pause à l’ombre d’un arbre juste à côté d’une église où est célébré un mariage. Les enfants écoutent des histoires, nous essayons de rattraper un peu de sommeil et de profiter de la fraîcheur de l’ombre. 

Nous repartons à 15h30. Le soleil est toujours présent, mais nous roulons droit vers des nuages de plus en plus gris. Le ciel s’assombrit et s’illumine vivement par endroit. Le tonnerre gronde. Le peu de soleil baigne les champs verts dans un halo de lumière éclatante. Les feuilles des arbres bruissent et se meuvent. Les tiges des blés ondulent en grandes vagues. Le vent se lève de plus en plus fort. L’orage se rapproche. Nous nous abritons sous des arbres (pas les plus hauts du coin), et laissons passer la tempête. La pluie se met à tomber à grosse goutte. L’averse déverse un flot continue d’eau sur nos épaules. Les agriculteurs doivent être soulagés. Déjà plus de 15 jours que nous sommes au Danemark et ce sont les premières gouttes de pluie que nous avons. 

Nous repartons pour notre shelter à Ølgod. Nous arrivons pendant une bonne accalmie. Les abris sont agréables. Le temps de se poser un peu et je file faire des courses et acheter des pizzas que nous dégusterons devant un dessin animé (« Minuscules » ce soir).

Jour 355 / 18 juin 2023

Au milieu de la nuit des adolescentes ont débarqué pour dormir dans un shelter. Si leurs chuchotements et les éclats de rire ne m’ont pas empêché de dormir, ce n’est pas le cas pour Clem mais cela n’a pas duré longtemps.

Ce matin au réveil, les enfants jouent longuement aux Lego. Nous décollons tranquillement à 11h30. Nous continuons de rouler sur des petites routes agréables sous un soleil de plomb qui assomme. Oui un peu comme hier. Espérons qu’on ne se reprenne pas un orage ! 

Petite pause pour le pique-nique à Urup, dans le joli cimetière d’une église. 

Nous repartons et arrivons 10 kilomètres plus tard à Grindsted. Une fontaine et un grand bac à sable tendent les bras aux enfants. Clem se rend compte qu’elle n’a plus son téléphone… Il a été oublié dans le cimetière. Zut zut zut ! Je défais les sacoches de mon vélo et file en arrière. Le vent est de face, et des nuages menaçants s’amoncellent sur la droite. J’arrive à l’église, le téléphone est posé sur le banc et n’a pas bougé d’un millimètre pendant notre absence. Ouf ! Je repars, je sens des petites gouttes qui deviennent rapidement de nombreuses grosses gouttes. Je profite de cette douche inopinée pour me frotter tout en roulant. Le temps d’arriver jusqu’à Clem et les enfants, je me reprends deux bonnes averses supplémentaires. 

Les enfants ont bien profité du bain de fontaine pendant 1 heure car ici il n’a pas encore plu. Nous repartons pour une dizaine de kilomètres jusqu’au shelter, dont 4 sur une grosse route fréquentée. Nous nous apercevons en la quittant qu’une piste cyclable parallèle était dissimulée par des arbres. Nous sommes dégoûtés que le GPS ne la connaisse pas. 

Les derniers kilomètres sont durs, et le shelter tarde à être trouvé. Heureusement, en arrivant c’est un joli endroit qui nous attend : nous dominons une vaste prairie. 

Un bon petit dîner, des coloriages et au dodo ! Demain, nous avons rendez-vous avec les Lego !

Jour 356 / 19 juin 2023

Le réveil sonne à 7h30. Et pour une fois, nous avons la motivation de sortir rapidement de nos duvets. Petit-déjeuner, rangement. Les enfants s’échauffent pour leur journée de Lego en jouant… au Lego. Nous décollons avant 9h30, et empruntons une piste agréable au milieu de la nature. Des jeunes sapins, du sable, des herbes sèches. Nous retrouvons la route, il ne reste plus 4 kilomètres. Nous sommes sur une piste cyclable, parfait. Alors lors qu’il ne reste plus que 2 kilomètres : 

« Marc ! Tu peux regarder mon pneu arrière ?

-Ah, il a l’air dégonflé… »

Purée ! Depuis sa première crevaison à cause d’une béquille en bois, le pneu arrière de Clem a des déchirures de 1 à 2 centimètres à plusieurs endroits sur le flanc. J’ai beau avoir tenté de réparer à plusieurs reprises les trous avec du scotch et des morceaux de chambre à air, rien à faire. Clem décide de pousser son vélo plutôt que de tenter une énième réparation sur le bord de la route.

Lorsque nous nous retrouvons, je file au magasin de vélo le plus proche. Et hop ! Un nouveau pneu et une chambre à air toute neuve ! Il est 11h30 quand j’ai fini, direction la « Lego House » ! 

Une chouette journée de jeu et de création en famille ! 

Nous en repartons à 17h et pédalons vers notre shelter, 6 kilomètres plus loin. Nous sommes sous la pluie. Une pluie plus ou moins fine qui mouille, mais qui mouille bien bien bien. 

L’arrivée au shelter et l’allumage du feu qui va avec fait du bien à tout le monde. Nous tâchons de nous coucher tôt pour être en forme pour une nouvelle journée consacrée au Lego demain. 

Jour 357 / 20 juin 2023

Legoland, rires et sensations !

Jour 358 / 21 juin 2023

A 5h du matin, nous sommes réveillés par une grosse averse. 

Nuit reposante pour moi, un peu moins pour Clem qui est à bout et au bout du rouleau. Trop de fatigue accumulée ces derniers jours. Nous hésitons à rester une nuit de plus ici, finalement nous préférons rouler un peu et aller au shelter 10 km plus loin. 

Petite journée de vélo, mais longue après-midi posée. Les enfants jouent longuement ensemble, nous faisons une bonne petite session d’école, puis à nouveau leurs jeux, un parcours, puis un atelier dessin juste avant le dîner.

Jour 359 / 22 juin 2023 

Réveil à 8h30, Clem ne dort déjà plus depuis 6h30. Il fait déjà une chaleur étouffante au soleil. 

Nous tentons une petite session d’école, ça marche plus ou moins. 

Nous partons en direction d’un shelter proche de Kolding en suivant le GPS. Les enfants pédalent chacun détaché. Après 1 km de chemin en gravier, nous arrivons à un carrefour et Google nous dit d’emprunter la route passante. Après vérification de l’itinéraire, nous constatons que la majeure partie des 20 kilomètres prévues risquent d’être sur de la grosse route partagée. Pas terrible. Nous changeons rapidement nos plans et décidons de suivre l’Eurovelo 3 jusqu’à Vejen, d’où nous pourrons prendre un train pour Kolding. Le shelter prévu étant un peu trop à l’extérieur de la ville, nous allons suivre le conseil d’un Warmshowers indisponible et camper à proximité d’une plage (en espérant que ce ne soit pas trop la fiesta). 

Nos kilomètres sont agréables. Quelques longues montées et longues descentes sur de la piste de cyclable que les enfants gèrent très bien. Cela nous fait vraiment plaisir de les voir pédaler tous les deux, car ces derniers jours on ne faisait que les tirer. 

Nous arrivons à Vejen pour la pause dej. Nous sommes fiers de nos enfants. Après un rapide pique-nique, glace pour tout le monde. Bon, elles n’étaient pas terribles pour Clem et moi mais les enfants sont satisfaits. Un petit achat de sandales pour Arsène qui commençait à avoir trop chaud dans ses chaussures de randonnée. 

Nous prenons le train à 14h52. L’embarquement est un peu stressant. D’abord, il a fallu monter les vélos sur le quai car l’ascenseur était en panne. Et en suite, le train était super haut. Trois marches assez raides à monter avec nos vélos bien chargés. La descente du train est tout aussi éprouvante. Heureusement que nous sommes aidés par certaines passagères. Ouf, à Kolding, l’ascenseur n’est pas hors service ! Nous pédalons 4 km pour rejoindre la plage où il est autorisé de camper. C’est un bel endroit, mais la pollution y est légion. Mégot de cigarette à gogo, canette, bouteilles et sachets plastiques…

Maxine pêche des crabes, enfin les nourrit plus exactement, Arsène joue dans le sable et se baigne à moitié. Une belle fin d’aprem. Il y a de plus en plus de jeunes sur la plage alors que la journée touche à sa fin. Certains transportent avec eux des énormes enceintes qui n’augurent rien de bon pour notre nuit sous la tente.

Entre-temps, d’autres cycles se sont installés. C’est sympa de constater qu’on a les mêmes filons.

23h. La musique est forte mais n’a pas empêché les enfants de s’endormir. La sélection n’est pas trop mal pour une soirée de jeunes. Beaucoup de musique des années 80. Un peu de Queen, Michael Jackson, A-ha, INXS, etc…

00h. Clem entend que les rangs des fêtards s’éclaircissent quelque peu, et en entend quelques un qui repartent. 

1h. Je suis réveillé par un changement de rythme. Je tente une sortie pipi. C’est de la musique plutôt techno, et des cris des jeunes qui continuent de se baigner. La pénombre comme d’habitude n’est pas totale, et on peut encore distinguer les lumières chatoyantes du coucher de soleil.  Avant de me rendormir, j’assiste ou plutôt j’entends la fin de la fête. Soit leur enceinte n’a plus de batterie, soit la fête est fini. Les deux options me plaisent et me permettent de me rendormir sereinement.

Jour 360 / 23 juin 2023

Réveil un peu dur avec le sommeil haché par la soirée et le regonflage régulier de mon matelas. 

Nous décollons après une dernière pêche aux crabes et un rangement minutieux et habituel de nos affaires. 

Les enfants partent avec plaisir. 

« Après un an de voyage, les enfants apprécient enfin de pédaler ! s’exclame Clem. »

Nous arrivons à la gare après 4 petits kilomètres. Après plusieurs tentatives infructueuses, nous comprenons que les trains directs pour Hambourg sont tous complets pour les deux prochaines semaines. Aïe aïe. Reloud. Je demande alors au vendeur de snack qui fait aussi office de vendeur de billet de train, une solution. Il nous propose un train le lendemain à 7h pour la ville frontière. A partir de là nous pourrons prendre un train régional pour Hambourg. 

Nous pique-niquons devant la gare. Reste à déterminer où dormir. Pas de Warmshowers dans le coin. C’est vendredi soir, la plage où nous étions hier sera sans doute prise d’assaut et d’enceintes, et c’est tout de même beaucoup de logistique à gérer un démontage de tente à l’aube. Pareil pour les shelters, ils sont éloignés, sans doute bien occupés comme c’est systématiquement le cas le week-end, et trop de logistique à l’aube. Clem envisage de dormir sur le parvis de la gare. Si ce serait envisageable en amoureux, avec nos jeunes aventuriers nous préférons l’éviter. Nous optons pour la solution la plus confortable avec l’hôtel de la gare. Il nous permet de nous laver, et c’est fou ce que ça nous fait du bien après plus de 3 semaines ! Nous attendons de pouvoir faire notre check in dans la majestueuse bibliothèque. Un endroit accueillant où nous nous sentons bien immédiatement.

Une fin de journée agréable à nous balader autour du lac de Kolding en famille.

Jour 361 / 24 Juin 2023

Réveil à 6h du matin. Train pour Flensbourg, puis pour Hambourg. C’est un vrai plaisir de retrouver l’Allemagne, de payer en euro et de voir des prix raisonnables.

Nous prenons notre temps pour rejoindre la maison et le jardin de Tracy où nous camperons pendant deux nuits. Tracy est une amie de maman qui vit à Hambourg depuis 15 ans.

Agréable fin d’après-midi. Les enfants jouent dans le jardin. Nous sommes très bien accueillis. C’est sympa de discuter du voyage alors qu’il touche bientôt à sa fin.

Jour 362 / 25 Juin 2023

Visite de Hambourg en compagnie de Tracy.

Tour d’Europe : de Gedser (Danemark) à Oslo (Norvège)

Jour 314 / 8 mai 2023

Premier réveil au Danemark ! Et le soleil se lève plus tôt qu’avant. À 4h du matin, l’aurore commence à pointer le bout de son nez…

Puisqu’il fait beau et chaud, nous prenons le temps de faire une longue session d’école avant le départ. 

Nous avons déterminé qu’aujourd’hui serait une petite journée, moins de 20 bornes d’après Google avant le prochain shelter et demain soir un Warmshowers pourra nous accueillir. 

Nous roulons avec joie dans la campagne danoise. Des éoliennes au loin tournent, les champs de colza rayonnent et le vent nous pousse légèrement. Nous sommes ravis des petites maisons qui semblent douillettes. 

Nous déjeunons après une dizaine de kilomètres au soleil après un mini plein de courses qui nous coûte 30€… Purée ! Je sens qu’on va manger des pâtes tous les jours ! 

Nous reprenons la route, et commençons à comprendre que nos prévisions Google étaient un chemin plus directes que l’itinéraire réel. Les kilomètres s’enchaînent et nous sommes encore loin de notre destination du jour. La traversée d’une ville et de ses carrefours complexes nous provoquent quelques sueurs froides. La fatigue des enfants est tangible et se traduit par une excitation difficilement maitrisable. 

Nous faisons une pause à 29 km pour le goûter. Les enfants ont du mal à comprendre que le principe d’une pause, c’est de se poser… Tant pis ! Un cyclo passe près de nous. Il arrive de Copenhague où il a assisté au mariage de son fils, un peu comme nous. Il nous indique que le ferry pour changer d’île demain est hors service pour quelques jours… Argh ! Cela pourrait changer les plan si nous devons faire un détour. Nous prévenons notre hôte Warmshowers du lendemain et nous aviserons sur place. 

Il nous reste encore 10 kilomètres pour arriver. Le vent est maintenant face à nous. Je sors la sangle pour Maxine. Arsène s’est calmé derrière Clem. Nous avançons sans nous ménager, pressés d’arriver. C’est à 17h que nous posons nos sacoches sur l’herbe fraîchement tondue de notre shelter au bord de la mer. Nous sommes bien à l’abri du vent derrière d’épaisse haies qui nous séparent d’une plage de sable fin sans fin. Comme hier, nous pourrons cuisiner au feu de bois. C’est parfait. 

Les enfants jouent et profitent du lieu, nous aussi. Ils jouent longuement sur l’herbe avant d’aller découvrir et jouer sur la plage. Le soleil est toujours doux et chaud sur nos nuques. Cela efface les difficiles derniers kilomètres de ces 40 bornes du jour.

Jour 315 / 9 mai 2023

Enfin des nuits chaudes ! 

École plutôt bien. Les enfants profitent à nouveau de cette incroyable plage de sable blanc et fin. La mer Baltique est décidément très belle.

Départ à 11h30. Nous roulons dans la forêt au bord de la mer, sous un ciel complètement bleu et un soleil agréable. 

Notre Warmshowers nous a proposé de nous retrouver au Burger King de Norre Aslev pour nous emmener en voiture chez lui avec nos vélos. Il faut juste qu’on soit à l’heure au rendez-vous… Plus de 30 km nous séparent. Nous sommes confiants, on en est capable ! La proposition est trop bonne pour la louper.

Nous pédalons sous les feuilles fraîches et éclatantes des arbres avec vue sur les eaux calmes. Nous alternons entre piste de gravier, asphalte et chemin de terre. 

Nous nous arrêtons pour pique-niquer au bord de la mer Baltique. Nous sommes seuls au monde. Les enfants explorent et jouent dans les rochers. Clem ne résiste pas à la tentation de mettre les pieds dans l’eau.

Bon, elle est encore un peu fraîche. Nous n’avons pas fait de ravitaillement mais grâce au pain cuisiné hier soir, nous avons été économe ce matin et il nous reste du pain de mie, un peu de jambon, du Philadelphia, deux mini concombres, des tomates cerises, des fruits secs… Tout en petite quantité mais cela suffit largement à notre bonheur ! 

A 13h30, nous reprenons la route. Il nous reste encore 23 km. Nous décidons de quitter l’itinéraire pour une route plus directe, mais aussi plus fréquentée. Qu’importe, avec ce ciel bleu sur nos épaules et le vent dans le dos, nos jambes sont surprenantes et nos vélos filent à vive allure. Une petite pointe à 26 km/h. Tranquille. 

Ça monte légèrement et ça descend en douceur. Les champs de colza s’étendent à perte de vue. 

Nous arrivons au point de rendez-vous et nous octroyons le plaisir d’une glace. Troels, notre hôte, arrive et nous faisons tout rentrer dans sa voiture et sur son porte-vélo. Il lui arrive régulièrement de venir chercher des cyclo-voyageurs ici lorsque le ferry ne fonctionne pas encore, ou quand il est cassé comme en ce moment. Nous roulons une bonne vingtaine de minutes jusqu’à sa ferme. C’est toujours intéressant de parcourir en voiture des kilomètres que nous aurions dû pédaler. Ici, point de regret car nous évitons une portion mal équipé. 

L’arrivée à la ferme enchante les enfants. Nous sommes immédiatement invités à nourrir les 3 cochons de pissenlits. Maxine est aux anges. Il y a également des chats, et des vaches. A l’intérieur, les enfants peuvent jouer aux Lego et avec un parcours de billes comme chez Granny. Nous avons une grande chambre pour nous. Nos hôtes sont très sympas, et c’est un plaisir de partager un bon dîner après de bonnes douches. 

En dessert, ils nous régalent d’une sorte de soupe au lait caillé sucré et à la vanille dans laquelle nous émiettons des biscuits. Ils nous indiquent également les coins sympas où il est préférable de s’attarder. Nous qui voulions ralentir le temps d’une journée, c’est planifié ! Demain soir et après-demain nous dormons au même endroit, près des falaises et du point culminant du pays : une colline de 143 mètres !

Jour 316 / 10 mai 2023

Réveil matinal des enfants dans notre chambre douillette chez nos hôtes Troels et Lene. Les enfants partent rapidement jouer aux Lego et aux autres jouets dans le salon. Nous traînons un peu, puis descendons prendre le petit déjeuner avec Lene. Heureusement qu’elle nous offre un bon premier repas de la journée, nous étions un peu light dans nos provisions. 

Nous sommes seuls dans la maison quand nous commençons l’école. Chacun avec un enfant dans une pièce différente. Il n’y a pas à dire, ça aide à la concentration ! Arsène écrit avec Clem une carte pour les copains de l’école d’Autretot et Maxine et moi travaillons bien différents sujets. Je finis le montage de l’étape 7 (disponible gratuitement ici). 

Nous partons après un dernier au revoir aux mignons petits cochons. Le vent du sud souffle fort. Maxine est découragée rapidement et nous sortons la sangle. Nous pédalons encore dans de jolies routes de campagne, cernés de toute part par des champs de colza fleuris. Les tracteurs travaillent. Nous pédalons, nous nous épuisons face au vent. 

Nous arrivons à Stegge pour y faire un ravitaillement important afin d’avoir suffisamment de provisions pour nos deux nuits au shelter près des falaises. Nous repartons après un petit pique-nique en centre-ville. Il est calme et désert. Les maisons danoises depuis notre arrivée nous séduisent par leurs petites proportions. 

Nous retrouvons l’itinéraire sur une fine piste au bord d’une route passante. Nous enchaînons les faux-plats. Le vent nous empêche de prendre de l’élan lors des menues descentes. La fatigue est là, et il faut pourtant avancer. Après 12 kilomètres, nous faisons une courte pause. Encore 11 km jusqu’à notre point dodo. Nous nous éloignons enfin de la route principale. Les champs de colza s’étendent toujours à perte de vue et se marient harmonieusement avec le bleu du ciel. La route est vallonnée. Encore une fois le vent n’est pas notre ami. 

Dans un virage, alors que je suis Clem, Arsène me montre qu’il manque un verre à ses nouvelles lunettes de soleil (quatrième paire du voyage). Dans la précipitation, je freine brusquement sans en avertir Maxine qui ne peut m’éviter. Elle me percute et tombe. Elle pleure. De la peur et de belles égratignures sur les doigts. Des cyclistes s’arrêtent, deux adolescentes s’approchent. Tous proposent leur aide pour Maxine qui se sent tourner de l’œil à cause de la frayeur et de la douleur. Une dame âgée arrive à son tour, transportant une mallette de premier secours. Je retrouve le verre des lunettes d’Arsène. 

Nous repartons après cet épisode, pressés de nous poser mais il reste encore 6 km. Et ça monte. Et ça descend mais on ne s’en rend pas compte à cause du vent. Et ça remonte, encore. Nous peinons quelque peu. Après 1.5 km, nous passons près d’un enclos avec de jeunes chèvres. Une dame nous fait signe. C’est la sauveteuse de Maxine ! Elle nous invite à pénétrer dans l’enclos ce qui ravit les enfants. 

Les derniers kilomètres jusqu’au shelter sont costauds. Un enchaînement incessant de petits murs face au vent. A chaque fois que nous en finissons un, nous en découvrons un nouveau après un tournant. Maxine, bien qu’attachée est bien utile dans ces moments et ne ménage pas ses efforts. Arsène également qui suit plus ou moins bien les indications de Clem et descend quand c’est nécessaire. Alors qu’il reste 1km, principalement de montée, il demande à pédaler tout seul et il nous montre beaucoup de vaillance qui nous encourage tous pour les derniers coups de pédales. La récompense est au rendez-vous : des abris en bois, disposés en cercle avec chacun son cercle de pierre pour allumer du feu. L’endroit est désert, sous les arbres. Parfait. Merci le Danemark de mettre gratuitement à disposition de tels endroits ! 

Clem et Maxine partent en balade près de la falaise. Arsène reste avec moi pour jouer et ramasser du bois. 

Pendant le dîner, nous apercevons deux biches courir sous les arbres non loin de nous. La nuit devrait être fraîche, mais nous serons bien au chaud dans nos duvets sous l’abri.

Jour 317 / 11 mai 2023

Mon réveil sonne à 5h du matin. Je l’avais mis pour photographier et filmer l’aurore mais le soleil était déjà trop haut. Tant pis ! Je me suis vite rendormi. 

Après un bon petit déjeuner, nous filons vers les falaises. Nous marchons vers le sud. La vue est époustouflante de là-haut.  

Nous empruntons un grand escalier de bois qui nous mène au pied des falaises de craie. Cela nous rappelle un peu chez nous. La mer est toujours trop froide pour se baigner mais nous rafraîchissons nos pieds avec plaisir. 

Nous avons pris avec nous quelques provisions. Nous marchons vers le nord sur la plage entre les falaises et la mer. Tout est si beau. Le bleu turquoise de l’eau, le blanc éclatant de la craie, le vert émeraude des feuilles des arbres. Cette palette de couleurs se mélange et ravit nos yeux. Même les enfants admettent que c’est beau. 

L’escalier pour remonter est aussi impressionnant que celui pour descendre. Pourtant les enfants ne rechignent pas devant l’effort et grimpent sans râler. Le temps d’une pause au « Géo Center », j’enlève une tique sur le bras de Maxine, puis nous continuons notre journée de randonnée vers le nord.

Malgré quelques signes de fatigue des enfants qui nous font douter sur l’effort à fournir pour cette journée de randonnée, nous arrivons au terme de notre marche à Liselund. Nous prenons le temps de profiter du parc, de voir les canards, poules d’eau et autre paon. Nous essayons de couper toutes les petites pointes et points de vue qui nous ont régalés à l’aller pour gagner du temps sur le retour.

Nous croisons la route d’un serpent dans les feuilles mortes, et voilà Maxine qui ne veut plus jouer dedans. Étrange… Nous croisons également un joli faisan qui saute dans les herbes. Nous arrivons vers 18h au shelter après une belle dizaine de km. Toutes nos affaires sont encore là. Nous resterons seuls sur les lieux pendants ces deux jours.

Les enfants s’activent sur des dessins puis sur une soupe à la craie, tandis que nous préparons des frites à cuire au feu de bois (on ne le refera sans doute pas, c’est très bon mais très long). 

Demain, nous quittons cet île. Il faudra repasser par la route vallonnée qui nous avait bien épuisés en arrivant. Pourvu qu’on soit en pleine forme demain matin !

Jour 318 / 12 mai 2023

Plus que 14 jours avant le mariage de ma sœur ! 

Je me réveille à 4h30. L’horizon est déjà en train de s’illuminer. Je me motive pour sortir de la chaleur de mon duvet et m’habille en vitesse pour aller admirer le spectacle matinal du soleil. En chemin, j’aperçois deux hiboux posés sur une branche. Même si je foire mes images, rien que pour voir ces deux noctambules, ça valait le coup de se lever ! 

J’assiste à un magnifique lever du soleil. J’ai froid, mais c’est vraiment beau. Je retourne me coucher, et ce n’est que vers 9h que nous nous éveillons aux sons de la forêt. 

Nous prenons le temps d’un bon petit déjeuner : yaourt, muesli, céréales, tartines, et pommes. Un bon plein d’énergie ! L’école se passe bien pour Arsène, un peu moins bien pour Maxine. Il faudra se rattraper demain. 

Nous déjeunons sur place, œufs dur, tartines et pâtes. Nous partons à 13h, avec l’objectif de quitter l’île de Møn. 

Dès le départ nous enchaînons de bonnes descentes et très rapidement nous retrouvons des montées. Ayant envie d’avancer aujourd’hui et me sentant dans une forme olympique, je tracte Maxine. Nous avalons tous ces reliefs qui nous avaient semblé si durs en venant ici. Le vent nous pousse, c’est vraiment agréable. La météo est très bonne, ciel bleu sans aucun nuage, et soleil. Grand soleil.

Première pause après 20 km. Il est 15h. Nous commençons à regarder les prochains shelters. Celui qui nous intéresse est à Sandvig, à 26 km. C’est faisable ? Mais ouiiiii. 

Le paysage n’a pas beaucoup changé, toujours autant de champs de colza autour nous et la mer. Des montées et des descentes douces pour nos mollets légèrement courbaturés à la suite de la randonnée de la veille. Et oui, la marche ne sollicite pas les mêmes muscles à priori !

Nous arrivons à Kolster, et empruntons le pont pour rejoindre l’île de Copenhague. Plus que quelques jours et nous y serons. 

Les 10 derniers kilomètres jusqu’à Sandvig sont éreintant et nous sentons que le rythme n’est pas le même qu’au début de la journée. Les enfants commencent à saturer et les muscles de nos cuisses aussi. 

Le shelter de Sandvig est au top. Gratuit. Coin feu. Orienté plein est. Au bord de la mer. Je prévois dès notre arrivée de me réveiller à nouveau à 4h30 pour capturer le lever du soleil. 

Clem nous prépare des super bons pop-corn sucrés, un délice. Il y a du vent mais sous l’abri, nous serons bien.

Jour 319 / 13 mai 2023

J’ouvre les yeux à 4h30. L’horizon est légèrement voilé. Mon envie de dormir est plus forte que celle de photographier le lever du soleil. 

Nous nous réveillons vers 8h. 

Départ à 12h30. Nos provisions sont vides, prochain supermarché dans 12 kilomètres. Départ laborieux. Heureusement, Clem motive les troupes avec un jeu d’alphabet, « J’aime mon ami.e ». 

Après le ravitaillement à Prætø, nous déjeunons. La vie est vraiment chère ici mais on arrive à se limiter entre 25€ et 30€ par jour. En Serbie, nous étions à moins de 20€… Mais bon, il n’y avait pas de shelter.

Nous roulons, Arsène se détache. Il roule 2/3 kilomètres. Nous cherchons des noms de chat pour chaque lettre de l’alphabet. Clem et Maxine cherchent des rimes de mots. Elles avancent bien vite et Arsène fatigant, je l’attache avec la sangle. Nous sommes salués par un motard arrêté sur le côté. Il nous demande s’il peut nous prendre en photo. Il est admiratif de notre équipée. Nous discutons un peu. Il est roumain mais vit au Danemark. Il rêve de faire un voyage à vélo avec ses deux enfants de 1 et 6 ans entre le Danemark et la Roumanie. Il nous propose de dormir chez lui si nous passons par sa ville (Orslev), il faudra vérifier si c’est notre itinéraire ! 

Nous arrivons en vue de la presqu’île de l’autre côté du fjord de Prætø, là où nous avons repéré un shelter sur une barge. 

Nous pénétrons sur la presqu’île. Clem repère un panneau indiquant un shelter sur la gauche, mais nous suivons l’itinéraire menant à celui que j’ai repéré. Plus nous approchons, plus un malaise s’installe en nous. Des caravanes, des camping-cars par dizaines. Nous sommes au beau milieu d’un immense camping. Depuis notre reprise, nous n’en avons pas vu. Le dernier c’était en Croatie, et nous n’avions pas eu d’autres choix que d’y dormir. Il n’est pas envisageable que cela se répète. Nous cafouillons un peu pour rejoindre le shelter, mais au bout d’une allée d’herbe, nous l’apercevons. Malheur. Désespoir. La barge est loin du rivage. Le ponton qui y mène en piteux état. Nous ne pourrons pas y dormir. Nous décidons de jeter un œil au shelter payant a 200 mètres de là, mais il est complet et un groupe de jeunes hommes y semblent prêts à faire la fête… Nous reprenons nos vélos. Nous sommes en rade de batterie, mais j’arrive à checker l’application et le prochain shelter qui n’est pas un camping est dans 28 km ! En sortant de la presqu’île, je me souviens du panneau aperçu par Clem, et je vais jeter un œil à ce shelter qui n’est pas présent dans l’application. L’endroit est parfait ! Un shelter, isolé, au bord de la mer et gratuit. Wouhou !!

Nous nous posons enfin. Cette journée qui devait être petite est finalement longue. Cela fait plusieurs fois qu’on fait le coup, il va falloir penser à arrêter ça ! Encore une fois. 34 km, et nous nous arrêtons à 17h45. Je me motive à essayer de faire des cookies avec les enfants. La pâte est excellente mais la cuisson au feu de bois est un fiasco, tout comme le dîner avec ces pommes de terre congelés pas pré-cuites.

Veillée au feu de bois en amoureux à discuter de notre (difficile) rôle de parents. Nous parlons de la suite, l’itinéraire du retour, quelle route prendre (sujet favori depuis notre départ). Nous envisageons la fin de notre aventure et de peut-être s’arrêtera à Hambourg après avoir redescendu le Danemark. Nous prendrions un bus ou un train pour rentrer à Paris. Ou pousser jusqu’au bout, à voir !

Jour 320 / 14 mai 2023

Départ à 11h de notre shelter. Ce fut vraiment une bien belle surprise. Une nuit au calme, bercés par le bruit des vagues et réveillés par la lumière du soleil à 8h40. 

Nous pédalons jusqu’à la ville de Faxe. Les enfants réussissent à nous convaincre de nous arrêter à l’aire de jeux à côté du port. Merci à eux ! En effet, le responsable de la capitainerie nous donne gracieusement accès aux douches ! Wouhou ! On va pouvoir se laver dans une belle salle de bain et avec de l’eau chaude. 

Après cela, un petit pique-nique et une glace. La reprise est laborieuse. La glace ne donne pas vraiment beaucoup d’énergie et le plaisir qu’elle apporte fond comme elle au soleil. Toujours entourés des champs de colza qui sentent bon et sous le ciel bleu, nous pensons sans cesse au drapeau ukrainien. 

Nous arrivons vers 16h30 à Rødvig. Notre shelter n’est plus qu’à 2km à peine, quand je sens mon pneu arrière soudainement très rebondissant. Cette instabilité s’explique par une crevaison ! Rhaaa ! Je tente de regonfler, en vain. Nous marchons un peu, c’est désespérément. Clem part en éclaireur au shelter, je reste bien installé avec les enfants à réparer ma roue. Ils jouent tranquillement à cueillir des fleurs pour préparer des potions magiques dignes de Panoramix. Je galère avec mon pneu. Cyclable Strasbourg m’a vendu une chambre à air de vélo de course. Les boulets. Je sors les rustines. Pas de soucis pour la réparation, mais impossible de gonfler la chambre à air. Ma pompe semble dégonfler le pneu… Clem est bien arrivé au shelter et y reste car deux cyclos sont arrivés aussi donc il ne faudrait pas perdre le notre au cas où d’autres arriveraient. Je roule jusque-là bas avec mon pneu à plat, et le couple de jeunes allemands en route pour le Cap Nord me prête leur pompe. Ouf ! Encore une journée qu’on espérait finir à 17h et qui se termine à 19h…

Ce lieu est improbable ! Après le dîner, balade dans la carrière de calcaire où nous campons puis au bord de la mer avec vue sur des belles falaises de craies. Le passage pour descendre sur la plage se fait à l’aide d’une corde, sensations garanties pour les enfants. Nous passons un bon moment au soleil couchant.

Jour 321 / 15 mai 2023

Encore un joli lever de soleil solitaire. C’est frais, mais c’est un bon kif. J’espère que les vidéos rendront bien sur l’ordi. 

Je reviens et me rendors sur mon matelas crevé. Décidément entre mon pneu et mon matelas, tout part à vol d’oiseau ou à vau-l’eau, je ne sais plus. Sans parler de tous ces zips qui ne zippent plus. 

L’école finie, Clem et Maxine vont une dernière fois sur la plage. Arsène et moi chargeons les vélos et allons jouer au Frisbee (trouvé hier en arrivant au Shelter) sous la pyramide. L’intérieur est éclairé grâce aux quelques trous dans la toiture. Ce bâtiment aux dimensions titanesques servait à entreposer le calcaire extrait de la carrière le temps qu’il sèche, avant d’être emporté et répandu dans les champs. 

Nous partons après un bref pique-nique, du jeu et des photos sur les rochers. 

Nous pédalons tranquillement la dizaine de kilomètres jusqu’au prochain shelter. Nous croisons en chemin deux bisons qui semblent un peu misérable dans leur petit enclos, des vaches écossaises noires, blanches, marron et leurs jeunes veaux, et enfin bien sûr de nombreux faisans. Nous roulons une fois de plus entourés de champs de… De… Ha ! Ha ! Ha ! Vous ne le savez pas ? Hé oui ! Des champs de colza ! 

Le shelter se trouve en haut de falaise de craie, sur un ancien site militaire. Jusqu’en 1983, il s’agissait d’une station de surveillance du bloc soviétique. Les abris sont flambant neuf ! Des toilettes avec une porte et l’eau courante. Et même dans un bâtiment sous le radar en forme de ballon de foot, une prise de courant ! Wouhou ! 

Comme il est tôt, nous profitons bien des lieux. Les enfants jouent. Clem se lance dans une lessive et profiter du beau soleil. Je prépare une chasse au trésor pour les enfants. Le trésor à trouver est un paquet de chamallow à griller au-dessus des flammes. Pour l’apéro, Clem nous prépare de bons pop-corn. Pour le dîner, pour compléter la boîte de petit-pois et carottes, je prépare des galettes aux flocons de purée. Hormis Arsène, tout le monde se régale ! 

Petite marche avant le dodo. Nous croisons deux cyclos en route pour Copenhague depuis Berlin. Ils sont partis samedi dernier. Nous ne roulons pas au même rythme ! 

Jour 322 / 16 mai 2023

Encore une nuit douce et agréable sous le toit d’un shelter. Déjà plus d’une semaine que nous sommes au Danemark, et nous n’avons déplié la tente qu’une seule fois, sans dépenser 1 seule couronne (hormis la toute première nuit). De ce côté-là, le Danemark est super cool ! La vie est chère quand on fait le ravitaillement, et il parait que c’est pire en Norvège…

Nous partons après une petite session d’école de ce superbe site, et prenons la direction d’une ancienne carrière pour faire la chasse aux fossiles ! Pour se mettre dans le bain, nous avons commencé la journée en écoutant l’odyssée de Mary Anning, la première chasseuse de fossiles !

Nous rentrons presque bredouille avec un fossile trouvé, mais nous avons passé un bon moment sur la plage et dans la carrière. 

Nous repartons vers 13h. Nos sacoches miam-miam sont à sec, et la prochaine épicerie est à 15 km de là. La météo s’est franchement détériorée par rapport aux derniers jours. Le soleil et le ciel bleu ont laissé la place à la grisaille et au vent en pleine face. Nous nous motivons en écoutant de la musique. Dans nos oreilles aujourd’hui nous avons mis : Benjamin Biolay, Raphaël, et Radiohead. 

Après le ravitaillement, nous préférons patienter jusqu’au shelter pour déjeuner / goûter. Il y a trop de vent. Nous peinons dans les derniers kilomètres mais encore une fois la récompense est au rendez-vous. Un shelter tout simple avec coin feu, dans une zone résidentielle, et juste à côté d’une aire de jeux. Les enfants peuvent même grimper aux arbres !

Jour 323 / 17 mai 2023

Dernière dodo en shelter au Danemark avant Copenhague. A 4h, nous sommes agréablement réveillés par les chants d’un oiseau en pleine conversation juste au-dessus de nous !

Nous partons à 11h de notre shelter. Nous roulons 7 km, face à un vent froid de 30 km/h, sur une piste cyclable le long d’une route très fréquentée. Ce n’était pas vraiment le meilleur moment de ces derniers jours.  Nous arrivons à la gare de Køge, et montons presqu’aussitôt dans un train de banlieue pour Copenhague. Le train possède deux très spacieux espaces pour les vélos. Pas un, mais deux ! SNCF, s’il te plait, prend exemple sur tes voisins ! 

A Copenhague, c’est un plaisir. Plaisir de rouler dans une ville où le vélo est reine. Des pistes cyclables partout, des automobilistes qui respectent les priorités aux vélos, des vélos qui respectent la signalisation mise en place pour eux. Bref c’est top. Et en plus la ville est jolie ! Nous prévoyons de l’explorer demain ou après-demain avant le ferry, sans nos sacoches. Nous faisons un petit saut à la boutique Lego, puis nous prenons la direction d’un grand parc. Espace apprentissage de la signalisation à vélo et aire de jeux xxl. 

Ce soir et demain soir nous dormons chez un Warmshowers et après-demain, nous prenons un ferry pour Oslo !

Jour 325 / 19 mai 2023

Hier, nous nous sommes baladés dans un vaste parc dans lequel nous avons pu admirer de nombreux cerfs, biches et faons. Il y avait également une fête foraine, les enfants ont bien appréciés. Une belle session de plage ensuite, même s’il fait un peu froid malgré le beau soleil.

Aujourd’hui, après deux nuits à Copenhague superbement accueillis par nos hôtes, nous quittons le Danemark et prenons un ferry pour la Norvège. Plus quelques heures avant d’arriver au terme de notre voyage. L’aventure ne sera pas finie pour autant, puisqu’il faudra encore rentrer chez nous après.

Nos hôtes étaient parfaits ! Ils parlaient français, et Arsène était content d’avoir un public pour ses longues réflexions débitées à toute vitesse. Ils se sont très bien occupés de nous, nous ont mitonné de bons petits plats (que les enfants ont un peu boudé, merci à eux). Deux nuits reposantes. Et nous avons même eu droit à un pot de miel provenant des ruches du jardin.

Après quelques coups de pédales à travers la ville, l’inévitable stop à la petite sirène, nous embarquons sur l’immense ferry et trouvons un peu de calme dans notre cabine (avant d’y arriver nous avons dû patienter assez longtemps debout au milieu d’une foule compacte de touristes). Les enfants ont bien profité du ferry, piscine, animations et autres activités.

Magnifique coucher du soleil depuis le pont 11. C’est un rendez-vous incontournable pour beaucoup de passagers qui viennent admirer le spectacle de ces couleurs chaudes qui vont et viennent. Le soleil prend son temps pour descendre. Il se pare d’un habit en or qui rougit comme une pointe en fer dans les braises. Des amoureux se prennent en photos chacun leur tour avec leur téléphone. Pause sérieuse, regards qui porte au loin. C’est d’une tristesse absolue ces photos pour les réseaux sociaux. Nous en faisons également beaucoup, mais je n’ai pas l’impression que nous nous prenions tant au sérieux. Trois jeunes se prennent en photo. Grands sourires qui font plaisir, ça rassure ! Une fois le disque flamboyant disparu, les passagers désertent le pont. Ils manquent les derniers reflets du soleil dans les fins nuages au-dessus des eaux calmes et limpides de la mer Baltique.

Jour 326 / 20 mai 2023

Nombreux réveils d’Arsene dans la nuit. Reloud. Mer super calme.

Belle arrivée dans le fjord d’Oslo. 

Ma soeur Mathilde nous rejoint sur le port. Il fait super beau.

Après avoir déposé nos affaires dans son appartement et pris un encas, nous prenons la direction d’un parc proche, en passant par les serres du jardin botanique. L’atmosphère y est un peu étouffante, mais c’est chouette.

Nous sommes bien contents d’être arrivés dans cette capitale à taille humaine et d’avoir retrouvés ma soeur (et Maxine les chiens).

Tour d’Europe : de Fürstenberg (Allemagne) à Gedser (Danemark)

Jour 307 / 1er mai 2023

Nuit fraîche alors qu’on a cru que ça se réchauffait… 

Il fait beau et nous roulons dans une très belle campagne ! Verte et bien vallonnée, j’en ai plein les genoux.  Je sens mes articulations qui me font souffrir. Trop de kilomètres avec Maxine tirée en sangle. La mise en jambe est longue, très longue. Le décor autour de nous est réjouissant. Ce parcours depuis Berlin est impeccable. Nous le recommandons vivement à toute personne à la recherche d’un itinéraire facile en Europe. 

Après le déjeuner, nous longeons des petits lacs. Nous arrivons à Spreewalde. Nous espérons y trouver une glace mais en ce 1er mai, tout est fermé. Nous trouvons néanmoins de l’eau et Maxine sympathise avec une petite fille et son chien. 

Après cette halte, nous trouvons enfin un bon rythme. Maxine est bavarde et devant avec moi. Nous sommes entourés de champs verdoyants ou de forêt d’immenses pins. 

Arrivés à Wesenberg, nous cafouillons un peu mais trouvons finalement la voie verte. Un mini-goûter près d’un pré peuplé d’alpagas. Maxine est bien évidemment trop contente de s’en approcher et de leur donner de l’herbe. 

Nous trouvons un bon spot bivouac au bord de l’eau. Clem en profite pour se baigner et se laver. Je fais de même après le dîner. L’eau est glaciale.

Jour 308 / 2 mai 2023

Nuit fraîche mais reposante pour tous. 

Encore une belle journée au milieu de la campagne vallonnée. Nos guiboles souffrent mais nous sommes récompensés par ces jolis paysages. Il a fait vraiment bien froid jusqu’à 15h30, et soudain le soleil a percé à travers l’épaisse couverture de nuages. 

Nous nous arrêtons à 16h30 près d’une petite ruine où il est autorisé de faire de faire du feu. Nous avons roulé 30 km. Nous hésitons un peu. Ce n’est pas un endroit très discret mais au moins nous ne sommes pas dans le Parc National où le camping est strictement interdit. Les enfants s’amusent bien. Clem et moi sentons qu’ils ont besoin de s’arrêter tôt aujourd’hui. Cela fait plusieurs jours que nous roulons beaucoup, il est temps de ralentir ! 

Nous attendons 19h pour monter la tente (je pète un nouveau piquet…) et faire du feu. Nous dînons une bonne soupe autour du feu. 

Après le dîner, Clem et les enfants partent en balade vers le lac proche, puis nous chantons des chansons au chaud au coin du feu.

Jour 309 / 3 mai 2023

Après la veillée au coin du feu hier soir, nous avons tous super bien dormi. Nous nous sommes réveillés au son des nombreux oiseaux autour de nous. Tous ces cris différents sont fascinants. Nous reconnaissons aisément le cri perçant des aigles, la mélodie entêtante du coucou et bien sûr le tintamarre du pic-vert ou épeiche sur les troncs morts. Ce bruit là, ça fait sacrément longtemps qu’on l’entend tous les soirs et matins ! 

Nous profitons du soleil pour prendre le petit déjeuner et faire l’école sur le tapis dehors.

Départ à 11h30. Pas de sangle aujourd’hui pour Maxine, mes genoux commencent à trop souffrir !

Arrivés à Wendorf après 6 km, nous nous séparons pour que je parte 3,4 km plus loin pour un plein de course. Clem continue 1 ou 2 km avec les enfants pour trouver un endroit agréable pour attendre et déjeuner. 

Impressionnant champ de colza autour de nous.

Pause remplissage d’eau au cimetière à Gross Dratow.

« Heureusement qu’il y a les morts ! » glisse Maxine. En effet, ils nous permettent régulièrement de faire le plein d’eau.

Arsène prépare une potion magique, et se met à ramasser de nombreuses fleurs.

Chemin agricole charmant. Des chevaux galopent dans leur pré alors que nous passons juste à côté d’eux. Ça monte sec régulièrement. C’est un sacré changement par rapport à l’Eurovelo 6, mais pour le moment nos jambes et notre moral tiennent bons. 

On se couvre et se découvre au gré des nuages. On a chaud, on a froid. La sueur nous glace le dos régulièrement. 

Nous arrivons en fin d’aprem à Warren. Nous y trouvons enfin la glace dont nous rêvions depuis trois jours, ouf ! 

Après cette bonne pause, nous pédalons 7 km à travers les bois pour sortir de cette ville balnéaire. Nous trouvons notre bonheur dans un pré près de la route vélo. 

Plus que trois dodos en Allemagne en principe ! (avant d’y retourner en rentrant de Norvège bien entendu !)

Jour 310 / 4 mai 2023

Après plus de 5 jours de bivouac, toutes nos batteries sont à plat ! Mais nous, nous regorgeons d’énergie. 

Encore une belle journée allemande. 

Nous avons vu à deux reprises des biches traverser la route de la forêt dans laquelle nous roulions. 

Nous trouvons un bivouac sous les arbres après une bonne journée de 40 kilomètres.

Jour 311 / 5 mai 2023

Une nouvelle nuit douce sous les arbres. 

Nous pédalons jusqu’à Krakow am See et déjeunons dans une boulangerie afin de recharger un peu nos téléphones et entre autres pour confirmer notre Warmshowers du soir. 

Nous pédalons toute une belle journée dans la campagne et les forêts vallonnées. 

Après 30 kilomètres, nous commençons à souffrir dans les montées et c’est avec joie que nous stoppons à Kirch Rosin pour la nuit. Nous y sommes accueillis chaleureusement par Inès et sa famille. Ils ont des Légos pour la grande joie des enfants. Nous avons l’occasion de nous laver, et après une semaine de bivouac, ça fait sacrément du bien ! 

Inès nous cuisine de délicieuses pizzas pour le dîner, et en a préparé une de plus pour notre pique-nique de demain midi. Top ! 

Jour 312 / 6 mai 2023

Au réveil, il pleut des cordes à l’extérieur. Nous sommes bien heureux d’avoir dormi en dur ! 

Ce matin, nous prenons le temps de s’appliquer pour l’école comme à chaque fois que nous avons l’occasion de le faire assis à une table. 

Nos hôtes partent en week-end pêche et nous laisse la maison pour plier tranquillement. Encore une belle preuve de confiance. 

Nous partons vers 12h. Nous pédalons sous les arbres. Arsène est sur le porte-bagage de Maxine. La route est légèrement vallonnée comme hier. Dans les montées, les deux enfants descendent du vélo et le poussent ensemble. Ils continuent ainsi jusqu’à Güstow, soit pendant 8,4 km. Nous faisons une pause déjeuner à une chouette aire de jeux au bord de la rivière. Nous n’en profitons pas très longtemps, le froid a fait son retour ! Un froid humide qui vous prend et vous emmène avec lui vers le nord. Maxine donne sans le faire exprès sa part de pizza aux canards !

Nous sortons de la ville en longeant un joli canal. Encore une fois, nous sommes sur des axes paisibles, peu de circulation et de la nature. Nous apercevons des biches et des faons au loin dans un champ, des grues, des hérons, des faisans. 

A Bütsow, nous complétons nos provisions pour tenir jusqu’à lundi matin. 

Nous roulons toute la fin d’après-midi dans une campagne agréable, entourés d’éolienne et de champs qui sentent bon le colza et dont la couleur éclaire un peu la grisaille qui couve au-dessus de nos casques. Les kilomètres s’enchaînent, nous avons dépassé les 35 km. Nous trouvons un endroit où dormir en arrivant en forêt. 

Demain, nous essaierons de rallier Rostock afin de dormir au Danemark la prochaine nuit.

Jour 313 / 7 mai 2023

Dernier jour en Allemagne avant un bon mois. J’ai mis un réveil pour nous lever tôt mais c’est dur de sortir de son duvet quand on est bercé par la douce mélodie du chant des oiseaux. Tous ces sifflements se mélangent harmonieusement avec les craquements des arbres et le bruissement des feuilles. Dormir en forêt est une expérience apaisante. 

Bonne humeur et Julien Doré pour motiver les enfants à quitter la tente. Il fait beau, nous sommes motivés pour pédaler comme jamais. Le rangement se finit dans la joie et en dansant. 

Nous décollons de notre dernier bivouac allemand à 9h45. Au menu : du soleil et l’album/histoire « Bête et méchant » de Odelaf. Nous évoluons sur des petites pistes cyclables vallonnées. Il faut prendre garde aux cyclistes du dimanche qui filent comme des fusées sur leurs vélos en carbone, lunettes de soleil profilées, combinaisons moulantes, et mollets ultra-musclés.

Nous arrivons à Rostock à 12h30 après 24 km. Il nous reste encore une dizaine de kilomètres pour rejoindre le port. C’est une très jolie ville que nous explorons un petit peu. Des maisons colorées, des fontaines avec des statues intéressantes et une cathédrale qui ne manque pas d’originalité. 

Crevaison. Purée ! Encore et toujours le pneu arrière de Clem. Le flanc étant troué, ce n’est pas surprenant. Il faudrait en racheter dans l’idéal. Nous réparons et repartons. Nous sommes en principe à moins de 6 km du terminal, mais dans la précipitation du départ nous loupons une indication. Nous roulons dans la mauvaise direction sans nous en rendre compte… Pris d’un doute face à la fin de la piste cyclable, nous constatons que nous sommes encore à 5 km du port alors qu’on vient de faire 7 km. Nous devons alors traverser la zone industrielle qui jouxte le port. Nous voilà au milieu d’usines fabriquant d’immenses tuyau en métal. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit des tubes des éoliennes. Les dimensions hors normes sont impressionnantes. Nous approchons finalement du port. Nous prenons le temps de passer aux toilettes puis allons nous renseigner à l’accueil sur le prochain départ… Il est dans 10 minutes ! Pas de temps à perdre, une fois les billets en poche, nous pédalons vers le ferry. Nous embarquons en tout dernier. Les portes se referment juste derrière nous. Le ferry est bondé. Le coin enfant est infernal, plein de cri et de pleurs. Pourtant les enfants arrivent à y rester après la pause pique-nique sur le pont. 

Une fois au milieu de l’eau, entourés de nombreuses personnes parlant autre chose que la douce langue de Goeth, je réalise que nous avons quitté l’Allemagne après plus de 15 jours passés à y pédaler et à y bivouaquer. L’Allemagne de l’Est est une belle région qui mérite le déplacement. Nous avons été charmés par toutes ces forêts, et par l’accueil des nombreux Warmshowers. Jamais nous n’avons eu de mal à trouver un endroit sympa pour bivouaquer. 

Au Danemark, nous n’aurons plus à chercher des spots bivouac, le pays a installé de nombreux « shelters » où il est possible de camper. Il y en a tous les 10 ou 15 km le long des itinéraires cyclables. Certains sont payants (5/6€ par personne), d’autres et la plupart sont mis à disposition gratuitement. Nous avons hâte de découvrir tout cela. 300 km kilomètres nous séparent de Copenhague où nous prendrons un ferry pour Oslo pour le mariage de ma sœur. 300 km, soit environ 10 jours. 

A peine débarqué à Gedser, il est 18h passé, nous découvrons notre premier shelter ! Il est super agréable : au bord de la mer, une belle place pour faire du feu, une petite cuisine. Nous acceptons de faire plaisir aux enfants et utilisons un abri en dur plutôt que de planter la tente. Cela nous coûte 90 couronnes, soit environ 12€. 

Pour le dîner, je fais des crêpes au feu de bois ! Des salées puis des sucrées. Tout le monde se régale bien avant le dodo et le froid qui arrive. La nuit étoilée promet une belle journée demain.

Tour d’Europe : de Prague (Tchéquie) à Fürstenberg (Allemagne) 

Jour 289 / 13 avril 2023

Journée relaxante chez Dan. 

Arsène se réveille à 6h30 malgré le coucher ultra tardif de la veille… Heureusement, il se rendort dès qu’il est dans notre lit. 

Quand on s’arrête plus d’une nuit, la fatigue est assommante. Nous profitons de l’appartement. Lessive, jeux, école, trampolines. Le repos est bon et la journée passe vite. 

Pavlina prépare à son retour des pâtes à pizza et accueille avec plaisir les enfants dans la cuisine pour l’aider. 

Soirée pizza festive avec Dan et Pavlina. Quatre bouteilles à 4, purée ! 

Nous allons nous coucher après l’arrivée du fils aîné, laissant les parents profiter de leur fils qui habite à Berlin et qu’ils ne voient qu’une fois tous les 2 ou 3 mois. 

Pavlina vient d’obtenir une bourse et passera l’an prochain 2 mois consécutifs à Paris. L’invitation pour Rouen ou Autretot est déjà lancée !

Jour 292 / 16 avril 2023

Dernier jour chez Dan. 

Hier midi, nous avons été invités au restaurant. Un repas partagé encore très agréable. Pendant le dej, Dan nous a proposé de s’occuper des enfants le soir-même afin que Clem et moi puissions sortir nous balader en amoureux. Nous n’osions pas en rêver ! Merci…

Après la visite de la belle librairie de Dan, nous passons l’aprem à nous balader près du château. Les enfants sont plus courageux et en forme que la veille, ça fait plaisir ! La météo aide bien aussi. 

La promenade en amoureux est salvatrice, c’est un beau moment à deux. Nous marchons longtemps dans Prague et finissons la soirée à boire une bière dans un bar. 

Aujourd’hui, nous refaisons des lessives, je vais essayer de réparer les vélos (les freins des enfants ont besoin d’une bonne révision). 

Demain, départ vers 10h, en compagnie de Dan !

Jour 293 / 17 avril 2023

A partir de 1h50, impossible de dormir. Nous nous rendormons vers 4h30. Le premier réveil d’Arsène vers 6h avec l’aube a sacrément piqué. On est plus très habitué à l’alcool et ses effets sur le sommeil ! 

Nous rangeons notre chambre, vers 10h nous sommes prêts à partir. Dan nous accompagne et nous guide, c’est chouette ! Par chance, ils habitent très près de l’Eurovelo 7, la nouvelle EV que nous suivons dorénavant. Elle part du Cap Nord en Norvège, et descend jusqu’à la pointe de l’Italie et à Malte. Nous sommes sur une sacrée belle piste cyclable au bord de la rivière dont le niveau est inhabituellement élevé, nous nous éloignons rapidement de la ville, et pédalons dans la bonne humeur. Dan reste avec nous pendant 10 km, et nous nous disons au-revoir chaleureusement avant une montée bien costaude. Clem arrive à pédaler jusqu’à son sommet, je marche avec Maxine qui ne veut pas de la sangle. Pique-nique au sommet de la colline et pensons à poster nos cartes. 

Après la pause, un peu de montée, puis du plat montant dans la campagne au milieu des champs, puis du plat et ensuite, une longue descente au milieu des arbres dans la forêt. Nous retrouvons la Vltava (prononcer Voltava). Nous avançons bien aujourd’hui, déjà 19 km ! Et il est à peine 13h ! 

Nous roulons jusqu’à la ville de Kraloupy and Vltavou. Une nouvelle pause. Les enfants sont aux jeux. Le soleil chauffe timidement mais il chauffe ! 

Après la pause, nous retrouvons la Vltava sur un chemin de terre vraiment distrayant. Les enfants pédalent bien. Arsène évite une chute dans une descente. Heureusement que j’ai bien réglé ses freins et qu’il a de bons réflexes ! Maxine est contente, car une dame lui confie son chien et l’aide à pousser son vélo dans une montée. 

Nous faisons une nouvelle pause après 35 km. Il est 16h20. Maxine est un peu fatiguée pour pédaler mais a de l’énergie pour explorer une ruine près de la forêt où nous sommes installés. Après quelques moments de réflexions, nous décidons que nous camperons ici dans les champs, partiellement dissimulés par les arbres.

Jour 294 / 18 avril 2023

Il est 19h33. Les enfants sont dans leurs duvets mais pas encore prêts à s’endormir. Clem s’occupe de sélectionner des photos pour une story Insta, et moi j’écris mon résumé. Il fait encore bien jour. Nous sommes posés dans un camping qui est fermé, et donc gratuit ! Youpi ! 

Ce matin, nous avons commencé par ranger et plier les affaires et la tente avant le petit-déjeuner. Nous le prenons sur la table de pique-nique proche du champ où nous avons bivouaquer. Il fait trop frais pour l’école, ce sera pour demain matin. Nous partons donc de bonne heure, dans le vent et la bonne humeur. 

Nous retrouvons rapidement une jolie petite piste cyclable. Nous arrivons à Melnik. La ville a l’air très jolie, mais perchée sur une petite colline trop haute pour nos mollets. Le vent de face use déjà bien nos forces, alors pas question de se fatiguer encore plus ! 

Le niveau de l’eau est toujours aussi haut. Nous pédalons au ras de l’eau. Maxine est impressionnée par tous les arbres qui sont entourés d’eau.  Nous arrivons bientôt à une section complètement inondée. La route disparaît sous l’eau qui recouvre la piste. J’y vais en éclaireur et nettoie les branches qui obstruent le passage. Nous ne sommes pas rassurés mais c’est amusant tout de même. 

« Tu crois qu’il y aura encore une inondation papa ? Moi j’aime bien rouler dans l’eau ! »

Nous avalons les kilomètres. Il est à peine 14h quand nous passons la barre des 30 km. Cette véloroute est très agréable. Elle est peu fréquentée, nous sommes seuls sur notre piste la plupart du temps. Le vent est toujours face à nous, toujours aussi pénible ! On veut le mistral qui vient du sud qui nous pousse, pas celui qui nous ralentit ! Zut ! 

Après une nouvelle pause goûter, nous avons à nouveau la surprise de voir la route disparaître sous l’eau. Cette fois, nous avons vraiment l’impression que la piste est complètement impraticable mais non, ça passe en vrai ! Nous passons la barre des 45 km. Je commence à bien le sentir dans les jambes. Nous arrivons à Roudnice nad Labem, hé oui nous roulons maintenant au bord de l’Elbe. Nous traversons, et au pied du pont nous trouvons ce camping fermé. Il est 17h15, nous venons de passer la barre des 50 km, il est temps de s’arrêter ! Le lieu risque d’être bien bruyant avec la ville si proche mais pas grave, avec autant de bornes dans les pattes, on dort toujours bien ! 

Jour 295 / 19 avril 2023

La journée commence mal. On bataille un peu pour l’école, et Clem crève son pneu au moment de partir ! Le bâton qui servait de béquille s’est enfoncé dans le flanc du pneu. Je n’ai pas de chambre à air de 26 pouces, ni de rustines. Je découpe une chambre à air usée et utilise des morceaux pour faire une rustine. Nous perdons un temps fou. Il n’y a qu’une chose à faire pour chasser ces sentiments houleux : rouler ! 

La pause déjeuner se fait dès que nous trouvons un magasin, après moins de 5 km. C’est minant de si peu avancer. 

Le vent de face est franchement démoralisant. 

15h : J’ai une bonne énergie qui me permet de filer malgré le vent et la charge de Maxine, sans doute toutes ces mauvaises ondes à évacuer.

Après une bonne pause jeux & goûter, la bonne humeur est de retour, mais c’est fragile. Il fait très beau, un peu frais, le paysage se transforme et les collines et les montagnes lointaines se rapprochent. Un nouveau passage d’Elbe inondé nous amuse. Arsène, accroché, irrite Clem a freiner alors qu’elle peine a rouler, ça l’épuise.

Vers 17h, à 27,5 km, nous sommes sur une piste cyclable tranquille au bord de l’Elbe, à droite la voie de chemin de fer. Nous hésitons un instant sur un carré d’herbe pour bivouaquer mais préférons pousser un peu loin. Au bout de quelques mètres, la végétation est moins dense et nous apercevons un ciel sombre, gris, menaçant de se mouvoir vers nous. Nous stoppons, les enfants enfilent leurs pantalons kway, tant pis pour les nôtres, pas le temps de chercher ! 

L’averse tombe, c’est humide, mais pas trop mouillante finalement. Nous gardons le moral. La pluie cesse, la piste s’écarte du fleuve et nous fait monter, monter, et encore monter ! Purée ! C’est chouette de pouvoir se servir un peu de mes forces si incroyables. 

Nous finissons par trouver un bout de berge accueillant même si proche de la route et des rails. La nuit s’annonce bruyante et fraîche avec des températures inférieures à 2 degrés. La chance ! Je n’ai tellement pas hâte d’avoir chaud dans mon duvet ou de ne plus dormir habillé. En effet, l’avantage c’est que le matin, il suffit de sortir du duvet et hop on est déjà prêt ! Trop cool le froid !

Jour 296 / 20 avril 2023

Nous avons passé la barre des 4000 km aujourd’hui ! Wouhou ! C’est ouf ! Sachant que nous étions à moins de 3000 quand nous avons repris en mars, ça veut dire qu’on a pédalé plus de 1000 km en 2023 déjà ! Je suis fier de nous. Fier de Clem qui est courageuse malgré le froid et l’humidité qu’elle déteste, qui est vaillante dans les efforts et a toujours de l’énergie pour divertir les enfants. Fier de Maxine qui continue de pédaler alors qu’elle nous a clairement expliqué qu’elle n’aimait pas vraiment voyager à vélo. Fier d’Arsène qui a toujours envie de nous faire rire, même quand on s’endort dans une tente où il fait moins de 5 degrés. Je suis tellement fier de la force de mes enfants et de les voir toujours avec le sourire même dans les situations les plus délicates. Maxine a dit l’autre jour alors qu’on crapahutait dans les bois : « On est des Decaen, on peut tout faire ! » (la citation aurait été aussi belle avec Rauch-Decaen comme nom de famille mais on n’y a pas pensé à l’état civil). Et bien sûr, je suis super fier de moi aussi !

Encore une nuit froide, ça faisait longtemps et ça ne nous avait pas vraiment manqué. 

« Bien dormi les enfants ?

-J’ai été gêné par les trains… »

Tu m’étonnes Maxine ! Le fret ferroviaire marche très bien dans ce pays dis-donc !

Nous avons pris le temps d’une bonne session d’école. Maxine bloque un peu sur les soustractions, il faut qu’on s’entraîne davantage. Arsène lit de mieux en mieux, c’est impressionnant mais il rechigne un peu à l’écriture cursive. 

Nous pédalons toujours dans de magnifiques paysages aujourd’hui. Des hautes collines autour de nous. De la verdure. Des roches sombres tachetées de fleurs jaunes. Tiens là-bas il y a un château qui a l’air chouette sur la butte !

« On y va ? »

L’enthousiasme est général. Nous montons un peu à vélo, un peu en poussant les vélos qu’on attache rapidement contre un mur et montons à pied. Étant donné qu’on n’a pas pu se ravitailler, ce midi on s’offre le restaurant. C’est la fête ! En même temps, on passe les 4000 aujourd’hui ! 

Le château de Strekov est vraiment agréable à visiter. Les enfants s’immergent bien dans l’ambiance moyenâgeuse, et deviennent des chevaliers le temps de la visite. La vue du haut des tours et terrasses sur l’Elbe est saisissante. D’autant plus avec le niveau élevé de celle-ci et cette couleur marron foncé de l’eau. Juste avant d’enfourcher nos vélos, nous recevons une réponse d’un hôte Warmshowers à Decin. Ce soir, nous dormons au sec et au chaud ! 

Nous sillonnons la piste cyclable parfaite au bord de l’eau. Le paysage est toujours aussi plaisant. Les montagnes sont parsemées de pointes jaunes merveilleuses. Maxine a de l’énergie. Le beau temps n’est pas loin. Elle s’imagine en train de chevaucher « Folie ». Un bout de la piste est encore inondé. Clem nous avertit que c’est trop profond et qu’il faut couper à travers champs en suivant la trace des nombreux autres cyclistes. Je fais mon fier à bras et m’aventure malgré tout dans l’eau. Je me rends compte rapidement que j’aurais mieux fait de l’écouter. Je m’en sors qu’avec un seul pied trempé mais c’était très con de ma part d’y aller ! 

Nous continuons d’avancer. Les derniers kilomètres sont un peu durs. Chaque mini côte nous peine. 

La traversée de la ville est franchement désagréable. Après plusieurs jours sur de belles pistes cyclables, se retrouver sur des 3 voies au milieu des voitures est flippant, d’autant plus après plus de 30 km au compteur.

Nous sommes heureusement très bien reçus par Miku dans sa maison communautaire qu’il a acheté avec une dizaine d’amis sous forme d’une coopérative. La maison est une ancienne fabrique de chocolat du 18ème siècle, reconvertie ensuite en logement pour ouvriers d’une autre usine de chocolat, devenu par la suite un centre médico-social psy, puis pendant quelques temps la propriété d’un marchand de sommeil peu scrupuleux. La maison n’est pas chauffée, l’énergie étant trop chère. Au moins ça ne nous changera pas de la tente ! Mais c’est une belle demeure dans laquelle on se sent bien immédiatement. Nous apprécions l’idée et l’esprit communautaire qui y règne. Nous avons une grande chambre pour nous et deux grands matelas. C’est royal ! 

Le froid dans la salle de bain est vraiment hard mais l’eau est bien chaude.

Jour 297 / 21 avril 2023

Réveil vers 8h dans cette grande chambre froide. Nous avons bien dormi. 

Après le petit-déjeuner, nous laissons jouer un peu les enfants puis école. La session se passe bien. Maxine a bien compris le futur de l’indicatif, et les soustractions commencent à être maîtrisées. Nous les laissons continuer leurs jeux pendant que nous gérons la logistique quotidienne. Nos hôtes nous invitent à déjeuner, nous acceptons avec plaisir. 

Nous quittons nos hôtes et cette ville pas vraiment vélo-friendly. Nous retrouvons l’EV7 et à moins d’un kilomètre de la ville, le spectacle commence. Nous pédalons au milieu de formations rocheuses impressionnantes. Des falaises abruptes s’élèvent autour de nous. Noir, surmonté de de grands sapins. La piste est agréable et fréquentée.

Nous faisons une pause goûter. Une femme d’une soixantaine d’année voyageant à vélo s’arrête. Elle a fait pas mal de voyage et rentre d’un voyage de plusieurs semaines dans les Balkans. Elle habite à 35 km de là, et nous propose de venir chez elle demain soir si cela colle bien pour nous. Nous repartons. Je me sens déjà fatigué de cette courte journée alors qu’il n’est que 17h et que nous avons roulé une vingtaine de kilomètres. Nous commençons à guetter. L’Allemagne est très urbanisé et les bivouacs en bord de rivière risquent d’être compliqués. Nous trouvons un pré accueillant, un peu cabossé mais ça ira. Il fait encore beau et chaud. Nous faisons un dîner pique-nique avant de monter la tente. Sur la rive en face de nous, plus d’une trentaine de hérons sont rassemblés. Nous les observons avec nos jumelles.

Jour 298 / 22 avril 2023

Nous sommes bel et bien en Allemagne, nombreux sont ceux qui se boivent une bière au soleil à 10h !

11h : Sauvetage de taupe ! Maxine repère le comportement d’un chat et s’arrête et ramasse une taupe légèrement blessée et complètement désorientée. Nous lui creusons un petit trou et lui donnons des vers de terre.

Visite de Bastion Bridge. On fait la queue pour prendre la navette qui nous permet de gagner la rive du site. Nous gravissons un beau chemin de forêt d’arbres puis de roches et atteignons les sommets et le vieux ponts. C’est tout de même très joli, impressionnant et bondé ! On baigne dans le tourisme de masse. Cela nous a permis de faire une agréable randonnée et de quitter un peu la rive en s’élevant tout là-haut.

Une bonne glace et on reprend la route. Il fait chaud ! 

Beaucoup de monde, tous les types de cyclistes sont présents.

Nous arrivons à Dresden, où nous avons trouvé un hébergement warmshowers. Magdalena & Peter, très sympathiques même s’ils parlent peu anglais. Nous sommes en Allemagne de l’Est, et à l’époque du communisme, la seconde langue vivante enseignée était le Russe. C’est toujours touchant d’avoir ces partages de souvenirs de cette époque que nous n’avons pas connu.

Jour 299 / 23 avril 2023

Départ du Warmshowers vers 10h45. 

Traversée du centre-ville de Dresde, capitale de la Saxe. Le centre nous surprend par ses beaux bâtiments anciens surmontés de statues ou de fresques. Des mimes amusent les enfants. Il y a un peu de touristes mais ça passe ! Nous traversons l’Elbe et lui disons aurevoir. A partir de maintenant et jusqu’à Berlin, fini les Eurovélo et les bords de fleuve, nous suivons désormais une voie verte entre Dresden et Berlin. L’occasion de s’enfoncer un peu plus dans la campagne et de s’éloigner des zones fréquentées par les cyclistes en tout genre. 

12h15 : « J’en ai marre des pavés ! s’écrie Maxine. »

Je lui donne entièrement raison. La sortie de la ville est quelque peu pénible à cause de cela. Nous avançons sur une montée douce mais qui pourrait décourager. Contrairement aux itinéraires où l’on suit tranquillement un fleuve, ici il faut rester vigilants et fréquemment regarder son téléphone pour s’assurer de la direction à prendre. 

Après le déjeuner, nous sommes définitivement hors de Dresde et de sa banlieue. Nous roulons dans une campagne verdoyante. Les différents champs offrent chacun une nuance de nature. De l’émeraude au turquoise, une sacrée palette ! Nous traversons de jolies petits villages bien tenus.

Une pause goûter dans la ville de Radbourg. Je commence déjà à en avoir marre de tous les regards systématiquement braqués sur nous. Cela me rappelle que déjà lors de nos premiers coups de pédales en Allemagne, cette impression d’être épiés nous avait dérangés. Il va falloir s’y habituer. 

Nous longeons une autoroute mais sommes sur une route paisible sous les arbres. Nous arrivons ensuite sur une longue route qui coupe un lac en deux. C’est beau, on se réjouit de ce changement de paysage. Au bout de celle-ci, un beau spot bivouac nous tend les bras. Il 16h45, nous avons parcouru 35 km. Parfait, on s’arrête là ! 

Les enfants sont ravis, et jouent dans les bois. Clem et moi profitons du soleil face à nous et de la vue sur le lac. L’endroit est idyllique. Trop sympa. 

Nous ne sommes pas très loin de la route mais les voitures qui passent sur la route ne sont pas trop curieuses. Espérons qu’on ne soit pas dérangé. De toute façon, dès qu’il fera nuit, nous ne serons plus visibles.

Nous dînons avant de monter la tente. C’est agréable cette douceur en admirant le soleil qui se couche. 

La tente est montée à 19h30. Presque trop tôt. Nous sommes bercés par les sons creux des becs de pic-verts et/ou pic épeiches sur les arbres morts. Les moustiques font leur retour avec le beau temps, il va falloir se réhabituer. 

Jour 300 / 24 avril 2023

Le réveil sonne à 6h30. C’est tôt mais nous voulons être discret ce matin. Et c’est aussi un réveil au son du clapotis de l’eau sur la berge au pied de la tente. Le ciel est dégagé et se reflète dans le lac. Les oiseaux volent au loin. Le vent agite tranquillement les feuilles des arbres. L’air frais s’invite avec régal dans nos poumons. Nous commençons par plier la tente et ranger les affaires avant de nous poser pour un petit-déjeuner dans un chouette décor. 

École en extérieur. Maxine bloque toujours un peu sur les soustractions mais ça va venir. Arsène a hâte de finir pour retourner jouer dans leur cabane. 

Nous partons à 10h. Nous avons une belle route devant nous. 

Biches, buses, cigognes, moutons chelou, vaches Angus, oies sauvages. Tous les jours nous observons la faune avec le même émerveillement. 

Le vent du sud-ouest nous pousse, et nous filons. La route est vallonnée dans la campagne. Nous descendons et montons des reliefs apaisés et abordables pour les petites gambettes courageuses de Maxine. Chaque montée, donne lieu à de longues descentes qui nous offre le frisson grisant de la vitesse et fait gagner rapidement des kilomètres au compteur. Si nous continuons à cette allure, nous arriverons trop tôt chez notre Warmshowers ! 

Longue traversée d’une forêt tapissée de mousse. Impressionnante collection d’arbres autour de nous. Nous sommes seuls au monde et enchantés par ce décor. L’odeur puissante des pins résonne autour de nous. 

Après un ravitaillement, nous prenons le temps d’une longue pause au pied des arbres avant de parcourir les quelques derniers kilomètres jusqu’à notre Warmshowers. Nous y sommes accueillis par les deux ados de la famille qui nous offre à boire. Anna, la maman arrive peu de temps après et propose aux enfants d’aller aux jeux tout proche accompagnés par les ados. Parfait ! Cela est un bon test pour tout le monde ! Nous avons le temps de monter la tente dans le jardin, leur appartement ne pouvant nous accueillir. Cela nous convient parfaitement ! Nous partageons un dîner bien agréable sur la terrasse. Nous couchons les enfants dans la tente puis continuons la soirée entre adulte autour de (trop nombreux) verres de vin. Martin et Anne nous montre l’album d’un voyage de deux mois à moto réalisé 10  ans plus tôt avec leurs ados âgés de 3&5 ans bien installés dans un side-car. Ils ont sillonné la côte de la mer Noire, de l’Ukraine à la Géorgie, en passant par l’Arménie, puis la Turquie ! Sacré périple avec des magnifiques bivouacs qui donnent envie. Ils nous racontent leurs aventures à vélos aussi, comme cet épisode où ils ont dû gérer la crise d’appendicite d’un de leurs enfants entre l’Autriche et l’Italie.

Ils nous abreuvent de conseils sur l’itinéraire à suivre et nous donne même l’adresse d’une collègue de Martin qui pourrait nous héberger demain soir !

Jour 301 / 25 avril 2023

Ouh, petite gueule de bois ! Cette deuxième partie du voyage est moins sobre que la première dis-donc ! En même temps, nous sommes beaucoup plus accueillis, et en Europe l’alcool fait partie des coutumes pour accueillir. 

Nos hôtes sont partis à 7h et comme d’habitude, nous avons une clef du logement. Cette confiance nous permet de prendre un petit-déjeuner au chaud et de faire une très bonne session d’école. Maxine cartonne tous ses exercices sur les soustractions, je suis super fier d’elle. 

Il fait beaucoup moins chaud que la veille. Un vent frais du nord s’engouffre dans le moindre recoin de nos manteaux et c’est moyennement cool. Nous déjeunons sur le pouce sur la place de Seftenberg. Martin nous a préparé un itinéraire sur Komoot pour rejoindre la maison de sa collègue Yvonne à Missen. Au moins, aucun risque de se perdre ! 

A la sortie de la ville, nous longeons d’immenses lacs artificiels. Il s’agit d’anciennes mines de charbon qui ont été noyées dans les années 90. Le relief autour de ces mines à ciel ouvert est encore reconnaissable aujourd’hui avec ces berges en escalier. Le vent souffle, et nous décourage un peu. 

La fin de journée est plus agréable que le début. Une bonne énergie circule entre nous et de la musique apaisante accompagne nos derniers coups de pédale. 

Yvonne nous accueille chaleureusement et nous a préparé une petite chambre coquette à l’écart de leur maison. Un poêle chauffe, nous avons un chouette lit et même des toilettes. Le luxe absolu ! En plus, ils nous invitent à partager leur dîner, pizza pour tout le monde ! Wouhou ! 

Nos hôtes ne maîtrisent pas complètement l’anglais, heureusement leur fils de 14 ans a installé une application qui permet de traduire nos conversations. Cela occasionne de bons fous rires ! Maxine et leur fille de 10 ans s’entendent à merveille et jouent aux Schleich. Il y aura même des larmes et un gros câlin au moment de se quitter pour la nuit.

Jour 302 / 26 avril 2023

Une journée qui commence presque au chaud ! Le temps de raviver le feu dans le poêle, notamment à l’aide de charbon (le vrai, celui qu’on trouve dans les mines, pas celui pour les barbecues). Un bon petit-déjeuner, et c’est parti pour l’école ! 

Nous prenons notre temps ce matin pour permettre à Maxine et Arsène de revoir Antonia et jouer avec elle à son retour de l’école à 11h30. 

Nous partons après le déjeuner, vers 14h. Nous roulons 30 kilomètres sans faire de pauses ! Nous atteignons la jolie ville de Lubbau et nous profitons d’une superbe aire de jeux dessinée par Anne, notre Warmshowers de l’avant veille ! 

Nous pédalons encore 6 kilomètres. Nous sommes au milieu de la nature, sur des petites routes. C’est carrément le pied ! Nous décidons de laisser les vélos là où nous comptons planter la tente et partons explorer à pied les alentours. Les enfants s’amusent sur des bottes de foin abandonnées. Au retour de cette balade, Clem part marcher tranquillement tandis que les enfants traînent et reviennent vers les vélos avec moi. Je commence à monter la tente, quand soudain : 

Le spot de Clem est parfait, bien discret et à l’abri des regards. Nous entendons la nature s’éveillait autour de nous. Les oiseaux poussent des cris plus surprenants les uns que les autres en ce début de nuit. Nous admirons un coucher du soleil splendide sur la campagne. Nous montons la tente après 20h !

Demain, nous prendrons un train pour Berlin ! 

Jour 303 / 27 avril 2023

L’avantage d’un bivouac discret, c’est qu’il n’y a pas besoin de lever tôt pour le ranger ! En plus, avec des enfants qui se sont couchés tard, c’est grasse-matinée, réveil à 8h15 ! Les enfants repartent en exploration pendant le rangement. 

Nous partons à 10h. L’école s’est résumée à de la lecture pour Maxine. Le début du chemin est chouette et bucolique. Mais très vite, BAM ! Un escalier sur une piste vélo pour enjamber une petite rivière. MERCI ! 

Nous rejoignons rapidement la ville de Lubben. C’est joli comme tout avec plein de canaux mais nous sommes frigorifiés. Il fait à peine 10 degrés. Nous optons pour un dej luxueux et local : bratwurst avec des frites. Nous prenons ensuite la direction de la gare et un train pour Berlin. Départ 13h02, arrivée 14h20. Le trajet se passe super bien ! Oui, vous avez bien lu, c’est possible. Cependant, l’arrivée sur un quai bondé à Berlin et avec une marche pour sortir du train et personne qui t’aide sauf UNE jeune fille reste un moment pénible. Nous galérons un peu à sortir de la gare et à retrouver le niveau de la sortie. Arsène est épuisé et donc surexcité. 

Nous pédalons vers le Reichtag, et la porte de Brandebourg, puis vers le Gendarmenmarkt mais il est en travaux. Heureux et impressionnées d’être à Berlin mais on commence déjà à saturer de l’oppression de la ville et prenons la direction de notre Warmshowers. Et là, pffff. Ce son qui ne plait à aucun cycliste. Le pneu arrière de Clem se dégonfle complètement en quelques secondes. Aussitôt, je me dis que ma réparation de l’autre jour a sauté. Nous trouvons un café/vendeur de vélo. J’achète une chambre à air. Nous défaisons les sacoches, retournons le vélo, démontons la roue, le pneu, ôtons la chambre à air. Et merde ! Au moment de mettre la nouvelle, je m’aperçois que la valve n’est pas bonne. Je retourne dans la boutique pour échanger, remerde ! Ils n’ont pas celle qu’il me faut. Je rachète des rustines et me coltine la réparation. Je constate que la crevaison est due à une punaise et non pas ma rustine précédente qui aurait lâchée. Purée, mais qui laisse traîner des punaises par terre ! Je bouche le trou, je remets la chambre à air dans le pneu, je remonte la roue sur le vélo, je gonfle. Pfffff. Encore un satané sifflement ! Et c’est reparti ! Je démonte la roue, le pneu, etc… la punaise était tellement piquante qu’elle a percé la chambre à air des deux côtés ! Nouvelle rustine. Mon impatience me fait foirer ma réparation. Tant pis, ça tiendra ! Je remonte tout et on file. Il est déjà 17h et nous avons 15 km de ville à traverser. Dur. Au bout de 7 km, le pneu de Clem est à plat. J’ai beau le regonfler, il se dégonfle en moins de 1 km, puis en moins de 500 mètres. A 4,5 km de notre arrivée, on stoppe. Nous décrochons les sacoches, démontons la roue, ôtons le pneu, et cette fois, je m’applique vraiment pour coller cette rustine. Ça tient ! C’est reparti ! Nous arrivons à 19h chez notre Mark et Katia, nos hôtes warmshowers. Soulagement ! 

Demain, nous prenons la direction de Copenhague !

Jour 304 / 28 avril 2023

Certaines journées sont sans histoires. Celle-ci a bien failli l’être, mais non… 

Je suis réveillé à 5h du matin. Du haut du 11ème étage où nous dormons chez notre Warmshowers, j’assiste à un beau spectacle. Le soleil se lève sur Berlin. La ville est encore dans le noir, juste au-dessus d’elle, une immense ligne de feu s’étire de l’est à l’ouest. Le bleu clair obscur de la nuit se dissipe mais quelques étoiles sont toujours visibles. C’est magnifique, mais en l’absence de volet, l’aurore rime avec insomnie matinale. Rhooo. 

Arsène s’éveille à 7h pile. Nous prenons le petit-déjeuner puis enchaînons avec l’école à table. 

Nous partons de là vers 11h, le temps d’acheter une chambre à air (en anglais ça se dit « inner tube » pour ceux qui se posaient la question) avec Arsène, qui se fait offrir un doudou dragon au passage, pendant que Clem et Maxine gère le ravitaillement, et nous voilà sur la route pour Copenhague ! 630 km à parcourir avant la capitale du Danemark. En principe, une vingtaine de jours. 

La route est belle au milieu des arbres. Arsène est en super forme aujourd’hui. Il pédale 9 km tout seul avant le déjeuner. Après, il demande à continuer de pédaler tout seul. Il raconte des histoires à Maxine. Les enfants nous font comprendre qu’ils veulent être à distance de nous pour profiter de leur imagination. Nous en profitons pour pédaler en amoureux. 

Après un total de 17km en autonomie pour Arsène, nous attachons les enfants. Nous avons un peu perdu l’itinéraire mais nous le retrouvons. L’avantage d’attacher les enfants, c’est qu’on avance ! Rapidement nous arrivons à 34 km. Nous passons près d’un panneau qui indique un spot de bivouac ? Parfait ! Au bord de l’eau, sous les arbres, directement sur l’itinéraire ! Nickel. Il est 17h. C’est idéal. Les enfants partent explorer. Il y a un petit kiosque où nous pourrons nous abriter s’il pleut demain pendant qu’on range. Bref, c’est bien chouette tout ça. Nous finissons d’installer le campement quand arrive 5 jeunes ados. Deux filles et trois garçons. Ils nous demandent s’ils peuvent chiller. Clem sent le traquenard. Elle a bien raison. Ils ont leur grosse enceinte et mettent un peu de musique de merde – Hmm – Nous partons faire une balade dans les bois. A notre retour, nous les apercevons avec leurs pétards. Ça nous fait doucement rigoler mais aussi un peu chier. Le son de la musique augmente sérieusement. Clem y va une première fois pour leur demander de baisser. Ils le font à peine. Moins de 5 minutes plus tard, ça augmente encore. Je tente de les dégouter à mon tour, en vain. Nous perdons patience et après quelques rappels des bonnes manières à ces sales gosses (purée, je suis vieux !), nous décidons de décamper.

(oui, c’est ça l’histoire dont je parlais en préambule. Ils nous ont bien gavé ! Mais nos enfants ont eu de très bonnes réactions et ce fût finalement une bonne leçon de vie) 

Nous plions un peu à l’arrache, et pédalons 4 km avant de nous trouver un spot plus sauvage et bien tranquille entre forêt et clairière.

Jour 305 / 29 avril 2023

Après avoir connu des nuits à un peu moins de zéro degré, dormir quand le mercure en affiche une petit dizaine, c’est exquis ! La nuit a été bonne pour tout le monde. Clem et moi nous sommes réveillés alors que les enfants dormaient toujours. Ils se sont réveillés à 8h30 alors que la tente baignait depuis déjà longtemps dans la lumière du matin. Ils avaient bien besoin de repos, surtout Arsène après ses 17 km tout seul hier !

Malgré la douce nuit, nous sommes partis dans le froid et l’humidité vers 11h. Nous avons retrouvé la route au milieu des arbres laissée hier soir.  Un faux plat montant, mais je ne sais pas si c’est le revêtement du sol qui était tout doux ou les muscles de nos cuisses qui sont devenus surpuissants, en tout cas, les kilomètres défilent dans ce décor magique et majestueux. Cela dure 9 kilomètres ! Du pur bonheur ! 

Nous faisons un gros ravitaillement dès que possible, lundi étant férié. Le moral des troupes est bon. Nous roulons le long d’un canal. Aujourd’hui Maxine ne veut faire que de la sangle, je dormirais bien ce soir ! 

A 16h30, nous faisons une longue pause à une ancienne briqueterie. Les enfants jouent dans un vieux train. Nous nous sentons encore en pleine forme et décidons de rouler encore au moins 1h. 

Au bout de 5 km, nous apercevons de l’autre côté de l’eau un espace de camping orné d’une banderole « free camper ». Cela semble prometteur mais nécessite d’opérer un demi-tour pour trouver un pont… Pas besoin de ça, nous préférons nous trouver un bivouac plus tard. Malheureusement, nous restons longtemps sur une route partagée, et nous commençons à sentir la fatigue pointer le bout de son nez chez tout le monde…

Nous restons vaillants. Un bon soleil nous accompagne en cette fin de journée. L’itinéraire prend une impasse et rejoint les arbres. Au détour d’un chemin, après la traversée d’un petit cours d’eau, nous sommes seuls au monde au milieu des arbres. Nous montons la tente sur un beau tapis de feuilles mortes orangées et ocres. Les enfants jouent sur les troncs des arbres abattus. C’est top ! 

Jour 306 / 30 avril 2023

Relax ce matin. École sous les arbres au soleil même s’il fait frais. Les enfants jouent pendant qu’on range. Grosse chute de Maxine qui grimpait sur des branches d’arbres tombées. Plus de peur que de mal. 

Départ à 12h. On roule tranquille, très tranquille. Sous les arbres puis dans une campagne légèrement vallonnée. 

Pause dej après seulement 4 km. A 15h30, pause goûter, nous n’avons pas fait plus de 15km. 

Nous roulons en direction de Fürstenverg/Havel. Nous longeons longuement un camp de concentration. Cela fait froid dans le dos. 

Au bout d’une longue route pavée, nous suivons les petites flèches vertes qui indiquent les itinéraires vélo. Nous ne prenons pas garde au fait que celles-ci ne sont pas accompagnées de l’habituel logo de la véloroute Berlin-Copenhague, et nous nous engageons sur une route très passante. Nous la quittons au bout de deux kilomètres en suivant une nouvelle flèche sans notre logo. Au bout de 3 km, une nouvelle flèche sans logo. Nous avons un léger doute, mais nous roulons en direction du nord, du coup cela nous semble logique. Trois kilomètres de plus, nous arrivons à un village. Le doute prend trop de place. Google nous confirme que nous avons roulé au milieu de la forêt sur une route vallonnée pendant 8 kilomètres dans la mauvaise direction. Pas le choix, demi-tour. 

Nous retrouvons la ville de Fürstenberg. Il est 17h passée, nous sommes bien fatigués. Nous tirons les enfants depuis plus de 15 km sans relâche. Nous décidons de guetter un spot pour le bivouac dés la sortie de la ville. Nous le trouvons après 4 km de bonnes petites montées et descentes. Nous sommes au milieu des arbres, peu visibles depuis la route vélo et invisible depuis celle des voitures. Les enfants jouent dans les bois, nous montons le bivouac. 42 kilomètres aujourd’hui, dont 16 pour rien.