Tour d’Europe : semaines 46 à 48 : de Bratislava (Slovaquie) à Prague (Tchéquie) en passant par l’Autriche

Jour 278 / 1 avril 2023

Le jour des bonnes blagues ! 

Superbe journée découverte avec Hedvige de la ville de Bratislava. Nous prenons le bus ce qui nous plaît forcément. 

La rive sud du Danube déborde de barres d’immeubles colorées et en bon état qui fêtent leurs 50 ans aujourd’hui. En approchant du cœur de la ville, nous ne pouvons pas manquer le château entièrement reconstruit à la même période que les barres d’immeubles, dans un style baroque qui manque un peu de charme tout de même mais reste majestueux comme on l’attend d’un tel château. La terrasse autour du château offre une vue assez particulière sur tous ces immeubles d’habitation au sud, et à l’est, derrière la vieille ville, on ne peut louper les gratte-ciels du quartier d’affaire. A l’horizon, une ribambelle impressionnante d’éoliennes qui se trouvent toutes en Autriche. 

Nous descendons ensuite dans le vieux centre, et c’est à ce moment que le charme opère ! De belles rues piétonnes, des couleurs au ton pastel, c’est chouette tout ça ! Bon, les enfants fatiguent un peu, ils ont faim, et ils veulent à tout prix dépenser leurs quelques euros dans des boutiques de souvenirs…

Grâce à l’adresse d’Alix de Neoen Zagreb, on trouve des chouettes petites choses à grignoter avant de rentrer pour un vrai déjeuner d’adulte préparé par Hedvige. Plat national slovaque super bon, qu’est-ce que nous sommes bien reçus !

Après un bon repos d’après-midi, les enfants sortent se défouler dans le parc tout proche, puis la fin de journée arrive déjà. Une chouette journée qui est passé bien vite. 

Avant de nous coucher, nous étudions un peu le trajet de nos prochains jours et la météo. Les températures redescendent en-dessous de zéro mardi et mercredi et les contacts Warmshowers ne répondent pas pour le moment…

Jour 280 / 3 avril 2023

Hier nous avons eu une super journée avec Hedvige. C’était le marathon de Bratislava (le même jour que celui de Paris !), et elle nous a emmenés loin du tumulte de la ville, d’abord à une aire de jeux dans une forêt où nous avons pu faire du feu à l’abri de la pluie, puis au château de Devin. Une très belle ruine, digne des meilleurs châteaux écossais. Le temps était moyen, mais quelques éclaircies ont illuminé la vallée du Danube que domine le château. Hedvige nous a expliqué que pendant l’ère communiste, le Danube servait de frontière avec l’ouest et qu’elle était farouchement gardée par des militaires. Toute personne qui tentait de traverser était abattue ! Les enfants nous ont suivis moyennement puis avec entrain. 

Nous avons ensuite passé le reste de la journée chez Hedvige et fait une petite sortie pour défouler les enfants avant le dodo. 

Ce matin, après avoir rangé, nous avons pu faire une bonne session d’école sur la table de la cuisine. Maxine continue de travailler sur le présent de l’indicatif des verbes du 1er groupe, et Arsène continue d’apprendre les lettres en écriture cursive. 

Hedvige nous a accompagnés ensuite jusqu’à la digue pour nous mettre sur la bonne route. Elle nous aura bien gâtés jusqu’au bout ! Nous avons été accueillis royalement et avec simplicité, elle a été super avec les enfants, elle nous a fait visiter la ville et les alentours et n’a pas arrêté de cuisiner des bons petits plats ! Elle nous a livrés un beau témoignage sur la période du communisme, les évolutions de la société et sur l’amour. C’était dur de partir ! Heureusement, elle vient régulièrement à Rouen rendre visite à ses amis, nous aurons donc le plaisir de la revoir.

Aujourd’hui, nous savions que le vent allait nous compliquer la vie, et il l’a bien fait ! Le soleil était présent, et parvenait à nous chauffer un peu. Nous avons pédalé le long du Danube, admiré la rive nord de Bratislava, le château blanc. Nous sommes passés sous le pont surmonté de sa soucoupe volante, puis nous avons longuement longé une autoroute. Entre le bruit des voitures et le vent du nord, difficile de se parler ! 

« J’ai faim ! Quand est-ce qu’on mange ?

-Mais ! Tu viens de manger deux crêpes juste avant de partir et puis on va pas s’arrêter là ! »

Maxine boude déjà, la journée s’annonce bien dis-donc ! Nous arrivons à la frontière. Nous pédalons en combattant le vent qui arrive sur le côté et nous balaye littéralement. Clem en perd l’équilibre et tombe à vélo une fois. Les rafales à 54 km/h sont costaudes et rendent la progression laborieuse. Nous guettons un abri pour pique-niquer sans trop se refroidir. Nous le trouvons qu’après 16 km de notre départ, un peu avant 13h près de l’église de Wolfstahl. Nous repartons rapidement et trouvons une jolie piste cyclable à l’abri du vent. Dès que nous la quittons, le vent dans le dos nous propulse dans une montée. Nous faisons une bonne pause à Hainburg. Un message d’Hedvige nous apprend que nous avons oublié nos deux couvertures polaires, les boulets ! Purée ! Il fait -1 degré ce soir ! Heureusement, nous sommes à proximité d’un centre commercial. Je trouve deux nouveaux plaids en allant faire le ravitaillement. 

Nous continuons de rouler. L’itinéraire nous emmène dans un dédale de petites rues tranquilles avant de rejoindre une route partagée. Ça monte légèrement et ça descend peu. Le vent ne se fait pas trop sentir. Il nous pousse légèrement. Puis nous arrivons sur un chemin de gravier. Nous alternons les passages face au vent qui démoralise et vide notre énergie avec des moments où le vent nous fait avancer sans pédaler. Il fait tout de même froid. Nous sommes au milieu d’un immense champ d’éoliennes, peu de possibilités de bivouacs.

Maxine et moi apercevons une dizaine de chevreuils détaler devant nous. Leurs petites queues blanches hypnotisent alors qu’elles bondissent dans les champs. Nous arrivons dans le petit village de Scharndorf. Un grand bâtiment ressemblant à une ferme attire notre attention. Il s’agit d’un centre équestre. Maxine et moi trouvons la gérante dans le manège qui nous propose de camper dans un de ses près. Parfait ! Nous emmitouflons les enfants dans les nouvelles couvertures polaires le temps de monter la tente. Nous sommes tous frigorifiés. Les températures descendent rapidement avec la course du soleil vers l’horizon.

Nous avons parcouru 40 km aujourd’hui malgré ce terrible vent. Ce soir, la nuit s’annonce très fraîche. Les gourdes ont été remplies d’eau chaude, et je me prépare à les remplir de nouveau au milieu de la nuit si besoin.

Jour 281 / 4 avril 2023

La journée a commencé comme celle d’hier s’est fini dans le froid et sous le vent. Sous le vent ! Et si tu crois que j’ai eu peur, c’est faux. Je donne des vacances à mon cœur. Un peu de repos ! Et si tu crois que j’ai eu tort, attends. Respire un peu le souffle d’or qui me pousse en avant

Et fais comme si j’avais pris la mer, j’ai sorti la grande voile, et j’ai glissé sous le vent…

Ah Céline et Garou ! 

En vrai, ce n’était pas la nuit la plus froide. Dehors avec le vent, il faisait glacial, mais sous la tente c’était plus qu’acceptable. Les enfants s’étaient bien emmitouflés dans la couverture polaire dans le duvet. Vers 3h30, je ne dormais plus et je commençais à tourner en rond. Plutôt que de m’ennuyer avec mes pensées, je suis allé préparer des bouillottes pour tout le monde. La douce chaleur diffusée dans le duvet au moment de me recoucher m’a bien endormi ! 

Au réveil, il faisait 15 degrés dans la tente, 10 degrés dans l’abside et moins de 5 dehors. Difficile de se motiver à sortir. La session d’école s’est effectuée bien à l’abri du vent. 

Après le départ, nous avons rapidement retrouvé une piste de gravier comme la veille et face au vent. La piste a tourné, le vent nous balayait par la droite. Nous longions une voie de chemin de fer, la route semblait interminable. Le froid était mordant sur le visage et le bout des doigts, et je bouillais à l’intérieur. Après 8 km, nous avons retrouvé un peu de calme dans la ville de Haslau an der Donau et une belle descente vers le Danube. 10,56km au compteur, parfait timing pour une pause bien méritée ! 

« Marc, on a reçu un e-mail d’un Warmshowers !

-Yes ! Youpi ! »

Je saute déjà de joie de bonheur ! Nous vérifions la localisation. Il faudra pédaler 28 km de plus, jusqu’aux portes de Vienne. Un peu dur après la journée de 40 bornes d’hier mais à l’idée de dormir au chaud, je me sens invincible ! 

Il faut d’abord traverser le Danube. Un petit bateau qu’il faut appeler vient nous chercher. La traversée coûte 22€ (ouch), nous n’en avons que 14. 

« Problem ! »

Oui bah, c’est bon ! Tu pourrais prendre la cb purée ! Ou alors juste être sympa, m’indiquer le distributeur le plus proche, ou mieux encore me proposer de m’y emmener en voiture pour m’éviter 5 km pour le plaisir… bref. 

Nous retrouvons la digue du Danube ! Et un vent frais et fort. Mais vraiment fort. Tellement fort qu’il fera encore tomber Clem. Nous avançons, concentrés sur l’objectif et motivés par une nuit au chaud. Maxine entonne des comptines. Les rafales nous épuisent, nous freinent. Arsène encourage Clem. 

« Allez maman ! On est plus fort que le vent ! »

Purée ! Je préfère la pluie, la neige, la grêle au vent : le mur invisible. 

Nous approchons de Vienne, juste après les immenses réservoirs d’essence des raffineries. Un cycliste pédale vers nous, nous sommes heureux de voir arriver Kristian, notre Warmshowers, venu à notre rencontre. Il pédale avec nous jusque chez lui. Il est bavard, et c’est agréable de discuter avec lui. Juste avant d’arriver chez eux, Maxine fonce tout droit dans un poteau sur le trottoir. Heureusement, plus de peur que de mal. 

Plus de 35 km au compteur ! De bonnes crêpes nous attendent dans l’appartement cosy de Kristian et de sa famille. 

Une fois les enfants couchés, nous passons un chouette moment sur le canapé à échanger des souvenirs de voyage à vélo. Nous rigolons bien, c’est très agréable. Une journée dure qui se finit bien, c’est l’assurance d’une bonne nuit de sommeil pour tout le monde ! Kristian nous a concocté pour demain un itinéraire à travers Vienne adapté aux vélos, sur des pistes cyclables sécurisées, il est vraiment cool !

Jour 282 / 5 avril 2023

Nous nous réveillons alors que nos hôtes ont quitté leur appartement pour aller travailler. C’est tout de même merveilleux cette confiance envers nous alors que l’on ne se connaît pas. C’est admirable. 

Les enfants profitent des nombreux jouets et prennent une douche pendant que je fais le plein de course. Depuis notre reprise, les prix ne cessent de grimper dis-donc ! Mais pour le moment, grâce aux nombreux bivouacs et Warmshowers, nous dépensons environ 25 euros par jour.

Après le petit déjeuner, nous avons plaisir à faire l’école installés à une table plutôt que par terre dans la tente ! 

La traversée de Vienne est longue, 20 kilomètres de notre Warmshowers à la sortie de la ville. Nous avons le plaisir de découvrir par endroit la ville mais aussi de reconnaitre certains bâtiments déjà aperçus lors de notre venue en septembre. Cet air de déjà-vu est très chouette. La circulation à vélo est fluide et l’itinéraire de Kristian est parfait. A la sortie de la ville, il prend de nos nouvelles et nous propose de nous retrouver à la prochaine ville. En effet, nous avons oublié le beau casque Kask de Clem, ainsi que ses gants. Vraiment sympa Kristian ! 

Pas trop de vent aujourd’hui, cela fait vraiment du bien ! 

Nous trouvons un spot bivouac vers 18h sur une île boisée. Comme d’habitude, je ne suis pas trop rassuré mais les enfants sont contents de pouvoir jouer dans les bois et nous ne dérangeons personne sur notre petit carré d’herbe à l’orée de la forêt. 

Maxine se plaint à nouveau de douleur à l’estomac. Demain, un coup de fil à notre copain médecin sera nécessaire.

Jour 282 / 6 avril 2023

Nuit glaciale et mouvementée. Réveil en sursaut au milieu de la nuit.

« J’ai envie de vomir ! »

Clem a des réflexes de ninja et attrape la casserole mise près de Maxine par précaution et place la tête d’Arsène au-dessus en quelques secondes à peine. Car oui, c’est Maxine qui nous dit qu’elle a mal au ventre et c’est Arsène qui rend son repas… Moi j’ai galéré à sortir de mon sommeil où j’étais si bien, puis de mon duvet complètement hermétique. 

Ce matin au réveil, il faisait trois degrés dans la tente. Les enfants n’ont pas eu très faim pour le petit-déjeuner et avant la fin de celui-ci, Arsène s’est endormi dans mon duvet. Maxine a fait une leçon d’anglais sur Pâques avec Clem, pendant que je continuais de manger mes tartines. Le matin, j’ai beaucoup d’appétit, d’autant plus que Hedvige nous a donné un pot de confiture de cassis… Un véritable délice ! 

Nous avons attendu qu’il fasse 6 degrés pour habiller les enfants et les sortir afin de finaliser le rangement. Départ à 11h30 après un coup de fil au meilleur médecin que je connaisse qui m’a rassuré sur l’état des enfants. Vu le froid, c’est normal que la digestion soit un peu houleuse, donc pas de panique.

Nous quittons notre bivouac. Au bout de 500 mètres, Maxine constate qu’elle n’a plus ses gants enlevés 300 mètres plus tôt. Retour en arrière. Les gants se sont volatilisés, sans doute ramassés par un promeneur. Nous allons les ajouter à la liste des pertes. 

Nous roulons quelques temps sur des petites routes paisibles puis nous retrouvons la digue du Danube et son vent du nord. Il est 13h, pas de magasin et pas grand-chose à manger dans les sacoches et nous sommes en train de combattre le vent. Je ne vais pas m’éterniser sur ce passage qui nous a causé souffrance, démoralisation, et énervement. Le pique-nique après ravitaillement n’a pas été satisfaisant pour les adultes. Nous étions à nouveau à une aire de jeux et on commence sérieusement à saturer. En plus les enfants ne prennent pas la peine de se reposer ou de s’apaiser lors des pauses : ils s’excitent ! Résultat au moment de repartir, ils font la moue et n’ont pas beaucoup de motivation, en particulier Maxine. Nous arrivons à Tulln après de nouveaux kilomètres face au vent. Je me sens vide. Je n’en peux plus de tirer Maxine. 

Nous trouvons de l’eau, ce qui ramène une certaine bonne humeur générale mais fragile. Clem analyse le trajet, de potentiels bons spots de bivouac à 17 km de là, alors que nous en avons déjà 23 dans les guiboles et qu’il est 16h45. La bonne idée motivation vient de Maxine qui demande à écouter Céline Dion. La voix de la star québécoise nous porte et nous emporte. L’itinéraire s’écarte du Danube et du vent, enfin ! Enfin ! Enfin, nous reprenons plaisir à rouler ! 

Nous retrouvons le Danube dans une réserve naturelle, loin de la civilisation. Au bout quelques minutes, nous dégotons un chouette endroit pour déplier la tente au bord du Danube, au-dessus d’une jolie petite plage de galet. Il y a une cabane à moitié construite, les enfants sont ravis et revivent ! 

Une bonne journée de 40 km au final mais en grande partie dans le froid et la douleur. 

Jour 283 / 7 avril 2023 

Grasse matinée aujourd’hui ! Réveil à 8h ! Wouhou ! Nuit vraiment pas fraîche, à la limite de la chaleur, mais un petit 7 degrés au réveil. 

Nous faisons l’école au bord du Danube. Le décor est merveilleux. Le vent est absent ce matin. La journée s’annonce agréable. Un bateau de police passe sur le fleuve… La tente est déjà démontée, ouf ! 

Nous partons vers 12h15. Nous retrouvons le bord du Danube et un vent de face bien plus léger qu’hier et avant-hier. Maxine est bien motivée pour rouler et joue avec son petit frère. Au loin, nous devinons que le fleuve s’engouffre entre les montagnes, ça va être grandiose ! 

Nous déjeunons rapidement sur la digue. Petit sandwich, gaufres et fruits en dessert !

Après cela, Maxine prend longuement son petit frère derrière elle sur son vélo. Nous approchons de plus en plus des montagnes. Elles sont magnifiques. 

« Oui, c’est vrai qu’elles sont belles, me dit Maxine. 

-Ah bon ! Tu les trouves jolies ? demandais-je surpris.

-Moi je m’en fiche mais je sais que vous trouvez ça joli ! »

Nous trouvons un chouette coin de bivouac, sur une petite île, discret et loin de la route.

Nous entendons de nombreux ploufs dans la nuit. Sans doute des castors à en croire les nombreux troncs taillés à coups de dent.

Jour 284 / 8 avril 2023

Nous prenons le temps ce matin. Le temps est pluvieux. Nous entendons des cavaliers passer sur le chemin derrière, puis une voiture. Les enfants tournent en rond dans la tente et sortent malgré la météo. Nous les envoyons en autonomie avec leurs vélos aux jeux plus loin. 

Quand nous retrouvons les enfants après avoir tout plié, ceux-ci ont eu la bonne idée de mouiller leurs gants. Il fait un froid de canard, et leurs moufles sont trempées. Bravo, super idée. Résultat, au bout de quelques kilomètres, Arsène gémit, puis pleure tellement il a froid aux mains. Nous nous arrêtons, il colle ses mains glacées contre mon cou bien chaud sous mon tour de cou mérinos Ogarun. Un gros câlin plus tard, et mes sous gants trop grands aux mains et le voilà bien mieux. Nous pédalons au milieu d’un bien joli décor encore. Le temps est gris, anthracite mais les collines sont belles. Sculptées en terrasse par la main de l’homme pour accueillir des vignobles, où recouvertes d’arbres feuillus ou épineux aux feuilles sombres. Notre rive est plus sauvage que l’autre, nous n’y trouvons aucun supermarché pour un ravitaillement avant Pâque. 

Vers 13h, après avoir passé une station essence sans boutique et constaté que les restos sont hors budget, nous stoppons. Je sors le réchaud et prépare une bonne purée bien assaisonnée. C’est un peu chiche mais c’est chaud et cela fait du bien au corps. 

Nous faisons une petite halte pour admirer le château de Schloss Schönbühel. Quelques photos de groupe et nous voilà prêts à remonter en selle, quand la sagacité d’Arsène parle : « Vous avez vu les animaux là-haut ? ». Au pied du château, sur les rochers verticaux se baladent des chèvres. Intrigant ! 

Nous avons un peu de relief dis donc aujourd’hui ! Nous montons même une petite côte a 10% ! Nous arrivons en vue de Melk. Jolie petite ville. J’abandonne Clem et les enfants dans un salon de thé et file faire des courses. Nous sommes samedi et avec le lundi de Pâque, il nous faut trois jours de complets de provisions.

Clem a repéré à proximité de la ville des coins de verdure. Nous partons les explorer à la fermeture du salon de thé, il est 18h. Nous sentons que les enfants sont bien fatigués. Maxine a super bien roulé aujourd’hui et n’a jamais réclamé la sangle. Elle a gardé une bonne humeur qui fait plaisir, et j’étais content de parler de tous les cadeaux de Noel et d’Anniversaire qu’elle veut. 

Après quelques hésitations sur notre spot dodo, nous découvrons une grande plaine au milieu des arbres et bien cachée de la piste, parfait ! Nous y plantons la tente sereinement, prêts à affronter la nuit pluvieuse annoncée.

Jour 285 / 9 avril 2023

Le plic-ploc de la pluie a bien accompagné mon insomnie. Reloud. Au moins, personne n’a eu froid cette nuit. Les températures sont légèrement remontées par rapport au froid glacial du début de semaine.

Des centaines de limaces de toutes les tailles ont trouvé refuge sur la toile de la tente. Maxine se réjouit de la météo. 

« Je vais trouver des escargots ! Arsène ! Tu viens chercher des escargots ? »

C’est rare que les enfants soient autant motivés. La pluie s’est arrêtée, nous avons même un peu de lumière. 

Nous quittons Melk et cette petite région réputée pour son vin blanc. Il fait froid. Le vent souffle. Je tire Maxine. 

Nous stoppons pour le dej et en profitons pour faire une petite chasse aux œufs. Malgré ces réjouissances, la reprise est un peu dure. Toujours aussi froid et humide. J’ai clairement un bon coup de mou, alors que Clem carbure devant. Je lance une playlist de musique à notre gout pour changer un peu des chansons Disney entêtantes. Cela me motive et me réveille petit à petit. Wouhou !

Nous arrivons à Ybbs, sous la pluie. Tout est fermé sauf… le musée des vélos ! PARFAIT ! Le musée est trop chouette. Nous revivons la folle histoire de la petite reine. Les enfants peuvent monter, ou plutôt escalader un vélo avec l’immense roue devant et minuscule derrière ! Après cette bonne pause, nous pédalons 4 km en arrière pour trouver notre Warmshowers. Alors la shower est certes warm, mais la salle de bain est très froide ! Je serai le seul à me laver ce soir, les enfants et Clem attendront le prochain Warmshowers après-demain !

Jour 286 / 10 avril 2023

Objectif de la journée : 50 km ! En effet, nous sommes à 83 km de Linz, et la météo des prochains jours est vraiment bof. Plus vite nous rallions notre dernière ville autrichienne, mieux ce sera ! Est-ce que nous allons réussir ? Suspense…

Le Danube est calme, limpide ce matin, semblable à une mer d’huile. Signe d’absence totale de vent, youpi. Il fait frisquet mais en principe pas de pluie. Le haut des collines baigne dans la brume.

Soudain, au détour d’un méandre, nous réalisons que nous apercevons enfin le sommet des collines. Le ciel se dégage, des espaces se créent. La lumière du soleil devient plus chaleureuse. Le bleu arrive et nous éblouit. La journée commence vraiment. 

Nous quittons la piste cyclable et sommes sur une route partagée au bord du Danube. Plus de digue ici, le Danube est à quelques mètres de nous. Les grosses berlines allemandes qui foncent aussi. C’est fou, encore une fois, plus la voiture coûte cher, plus son conducteur se sent obligé de foncer. Résultat, grimace et nous nous installons au milieu de notre voie pour les forcer à ralentir. On doit l’avouer, on supporte mal ces comportements et on ne se prive pas de le montrer, ça défoule !

Pique-nique au soleil. Purée ! Ça fait du bien ! Au pied des collines qui ont souvent de jolies formations rocheuses qui donnent envie de grimper. Avec ce ciel sans nuage, le Danube devient enfin bleu. Le voilà le beau Danube bleu !

Petite pause au milieu des bois à escalader dans les feuilles mortes près d’un ruisseau à la recherche d’une curiosité repérée sur Google Map. Nous ne la trouverons pas, mais on s’offre quelques émotions et on admire une belle salamandre noire à tâche orange. 

Vent dans le dos à partir de 14h, c’est ouf !  Nous filons ! Déjà plus de 25 km au compteur. Nous sommes éloignés du Danube et sillonnons la campagne autrichienne.

La journée est douce et bonne. Les enfants de bonne humeur. Maxine est de nouveau dans un trip d’élevage d’escargots et reprend ses acrobaties à nous faire frissonner sur le vélo. Arsène est un peu plus dur à gérer par moment. Il roule moins seul en ce moment, il y a peut-être de ça.

Vers 17h, bingo ! Nous atteignons les 50 km ! Wouhou ! Il nous reste plus qu’à trouver un endroit où dormir. Nous nous mettons aux aguets. Nous observons les maisons autour de nous. Je demande à une première personne, je reçois un « Nein » (ce qui veut dire non en allemand). Pourtant, sa maison était entourée de prairies… Un deuxième non plus tard, on se dit qu’on va arrêter de demander et se poser dans un coin discret. Nous retrouvons la digue et le Danube. Au pied de celui-ci, un terrain de foot à moitié abandonné. Ça nous donne bien envie mais nous ne sommes pas très à l’aise. Une maison pas loin, des habitants qui nous confirment qu’on peut se poser, et hourra ! Dernier bivouac autrichien ! (Si notre Warmshowers est toujours ok pour nous accueillir demain soir à Linz…)

Résultat de la journée : 59,54 km, record absolu !

Jour 287 / 11 avril 2023

Émotion aujourd’hui : notre dernier jour à pédaler en Autriche ! Si tout va bien, demain nous prendrons le train pour Prague et nous saluerons une dernière fois le Danube ! 

Pour le petit-déjeuner, je fais cuire les petits pains préparés hier soir. Grâce à mon super niveau d’allemand acquis au fil de mes 9 années d’apprentissage de la langue de Goethe, j’ai acheté de la farine complète au lieu de la farine toute simple… Mais, on se régale tout de même avec ces petits pains à la poêle. 

Il n’a pas plu de la nuit, il se met à pleuvoir juste avant le rangement. ALUMINIUM ! (C’est comme nickel mais avec un autre métal) (j’ai hésité avec cuivre, étain ou encore bronze, mais aluminium sonnait mieux). Nous arrivons à gérer une session d’école sous la tente avant de sortir les sacoches et les enfants. En sortant prendre l’air, j’aperçois un paysage majestueux au loin qui ne se devinait pas le moins du monde hier soir : les Alpes se dressent au sud. Recouvertes d’un magnifique manteau blanc aux reflets légèrement rosés grâce aux premiers rayons du soleil qui s’estompent déjà. Les pics s’élancent vers le ciel comme des flèches tirées depuis le centre de la terre. C’est beau ! Des étoiles dans les yeux, je cours à la tente et Clem sors à son tour immortaliser la scène.

Pendant son absence, un tracteur avec une herse arrive sur le terrain de foot où nous avons planté la tente. Il ne tique absolument pas devant elle et se met à ratisser le terrain sous les yeux enchantés d’Arsène. Au bout de deux tours à se faire épier par un petit garçon, le chauffeur propose à Arsène et Clem de monter dans la cabine. Un rêve de réaliser pour Arsène ! Bon Maxine a une petite crise de jalousie, mais elle passe. 

Notre Warmshowers de ce soir nous confirme qu’il peut nous accueillir et nous conseille d’éviter la zone industrielle en allant sur la rive nord. OK ! 

Nous partons et suivons les indications pour Linz. Le moral des troupes est bon malgré le froid et la pluie. Rien à voir avec hier. Heureusement que nous n’avons que 29 km. Après un ravitaillement, nous arrivons à Enss. Et là, on se demande pourquoi nous sommes toujours sur la rive sud… Quelques vérifications plus tard, nous réalisons que nous avons loupé le pont pour traverser le Danube ! Il faut repartir en arrière sur 5 km, soit au total 10 km de plus que prévu. Grrr. Toujours sous la pluie. Les vêtements dégoulinent. Les gants sont froids et humides. Le moral est un peu attaqué. Heureusement qu’une belle éclaircie s’installe dans le ciel. 

Nous trouvons le fameux pont et traversons, pédalons plusieurs kilomètres éloignés du Danube, puis le retrouvons vers 15h30. Plus que 14 km nous séparent de Linz. Nous retrouvons alors celui que nous avions rencontré lors de notre premier jour en Autriche : le vent de face. Il ne nous avait pas vraiment manqué. C’était une journée qui s’annonçait simple mais comme quoi, rien n’est couru d’avance.

Nous arrivons à notre Warmshowers vers 17h45. Presque 40 km, nous sommes bien vannés et arrosés. Daniel nous accueille très chaleureusement, sa gentillesse nous fait beaucoup de bien. Nous discutons de voyage et d’accueil de voyageur autour d’un excellent thé et milkshake. Son appartement est spacieux, nous disposons d’une chambre pour Clem et moi et les enfants dormiront dans le salon. C’est chouette. Il doit nous quitter pour une soirée karaté avec des amis, nous le recroiserons peut-être demain matin même s’il prévoit de partir tôt… 

Au final, une bonne dernière journée à vélo en Autriche, même si on aimerait bien revenir voir ce pays quand il fait beau plus d’une journée !

Jour 288 / 12 avril 2023

Nous commençons la matinée au calme chez Daniel, notre Warmshowers autrichien. Il est parti travailler à 7h15 en nous laissant une clef pour profiter de son appartement comme si c’était le nôtre. Encore une fois une belle preuve de confiance, en toute simplicité ! Nous essayons d’en profiter pour une bonne session d’école mais les enfants, surtout Maxine, ont un peu de mal à se concentrer ce matin. Heureusement que nous serons bien posés dans les prochains jours pour rattraper ça ! 

Nous prenons un bus pour une petite excursion dans le centre ville. Le temps d’une petite marche dans les jolies rues piétonnes pavées de Linz, au pieds de ces nombreuses façades colorées de douces couleurs pâles. Un sandwich et une glace plus tard, nous voilà dans le bus du retour. Clem et Maxine partent à la découverte de grandes oeuvres de street art au port non loin de l’appartement. Je rentre avec Arsène qui rechigne à marcher.

Nous préparons les sacoches, les enfants dessinent et partons direction la gare !  En arrivant, tout se passe très bien. La gare est équipé d’ascenseur, le train est déjà sur sa voie. Un vrai wagon vélo nous attend, bonheur. Nous avons juste à enlever toutes nos sacoches et à nous installer. Il est 15h54 quand le train part, dans 4h nous serons à Prague ! C’est la première fois qu’un trajet en train ou en transport en commun est si simple, si apaisé. Les enfants jouent tranquillement puis regarde un dessin animé. Nous dévorons le paysage : collines et forêts au programme.  

Nous entrons en Tchéquie. Wouhou un nouveau pays. Ce trajet est vraiment top. Un peu trop parfait dis-donc… Est-ce que ce n’est pas quand c’est trop bien quand il arrive des merdouilles dans les films ou les livres? Si, si… Oh purée !

Le train stoppe. Le contrôleur nous avertit qu’un arbre est sur la voie et qu’il nous empêche d’avancer, mais pas d’inquiétude, il nous tient au courant. Hum, ok ! 20 minutes plus tard, nous voyons des gens descendre précipitamment du train. Ça sent pas bon… Le contrôleur revient : « Guys, you have to leave the train, a bus will be there in 5 minutes. »

MERDE ! Tu pouvais pas le dire plus tôt ?

Branle-bas de combat ! Nous rangeons les nombreuses affaires éparpillées nécessaires à tenir nos enfants occupés pendant un trajet de 4 h. Nous sortons les vélos, les bagages et les enfants. Il est plus de 18h. Un jeune papa nous file un coup de main, et nous rejoignons, en bon dernier, la file qui attend le bus. Celui-ci arrive rapidement. Tout le monde s’engouffre dedans. Tout le monde ? Hé hé ! Non ! Un petit groupe d’irréductibles français cyclo-voyageurs ne peut embarquer ! Pas de place pour nous et nos vélos. Nous restons seuls, et un peu dans l’incompréhension. Cela est-il si évident de laisser une famille avec de jeunes enfants sur le bord de la route ? Bah apparemment oui. Heureusement, nous nous laissons pas abattre. Un autre bus sera là dans 20 minutes. J’installe les enfants sur un rackpack et il regarde un dessin animé. Il fait froid. Nous sommes déboussolés par l’enchaînement des événements. 

« Mon cœur, dans le pire des cas, on s’en fout ! On plante la tente juste là et on attrape le premier train pour Prague demain ! »

Le bus arrive. Il est vide. Personne ne parle  anglais, mais nous arrivons à comprendre. Les vélos des enfants et nos sacoches vont en soute, nos vélos sont chargés direct dans le bus. 

Un trajet d’une trentaine de minutes et nous arrivons à České Budėjovice. Il est 19h10. Le train que nous devons prendre part à 20h09 et arrive à Prague à 22h12. Sachant que pour se rendre chez notre ami Dan, il faudra pédaler 6 km, ça va être sport. Bien sûr, pour faciliter les opérations, pas d’ascenseur dans la gare. Nous montons sur le quai les vélos un par un avec leurs chargements. C’est lourd. Le train est déjà là, et toujours avec son wagon spécial vélo. Nous enlevons à nouveau les sacoches des vélos pour la quatrième fois de la journée… Et nous nous installons. Un peu saoulés mais soulagés. Mis à part une contrôleuse hautement désagréable, le trajet se passe bien. Arsène s’endort vers 21h, Maxine 21h30. Dan m’envoie un texto, il nous rejoint après sa soirée ciné à sa librairie. OUF ! Merci Dan ! 

Le train arrive en gare. Rebelote. Nous rangeons notre bazar, nous sortons les sacoches, les enfants et les vélos, puis nous raccrochons les sacoches aux vélos, et quittons la gare. Dans le hall, un barbu de bonne allure et grisonnant nous adresse un signe amical, c’est Dan ! Dan est un ami américain de la famille depuis de nombreuses années. Il a vécu chez moi à Rouen pendant 1 an alors qu’il était étudiant quand j’avais 7 ans. Il a épousé Pavlina, une tchèque rencontrée cette année là en France et ils vivent à Prague. La dernière fois que je l’ai vu, c’était 10 ans plus tôt au mariage de mon frère Guillaume. Il nous propose d’emprunter le métro plutôt que de pédaler. Cela nous convient parfaitement ! Même si descendre puis remonter nos vélos chargés dans les escalators nous provoque quelques frissons.

Nous arrivons chez Dan à 23h passé. Sa femme et son fils sont toujours réveillés et nous profitons d’une soupe et d’une bonne heure de discussion avant de nous coucher, éreintés par toutes ces émotions mais rassurés d’être ici et entourés.

Tour d’Europe : semaines 44 à 45 : de Harta (Hongrie) à Bratislava (Slovaquie)

Jour 261 / 16 mars 2023

Nuit glaciale. 

Les enfants ont super apprécié leurs soupes hier, nous sommes fiers d’eux. 

Est-ce que nous nous débarrasserons un jour de cette goutte au nez que nous avons constamment ?

Les enfants passent leur matinée à construire une cabane après une bonne session d’école bien à l’abri du froid sous la tente. 

Il est midi, le soleil brille mais la fraîcheur est toujours bien présente.

Nous roulons quelques kilomètres avec le vent de face bien fatigant. Toujours cette main qui nous retient. Pénible. La piste est jolie, elle serpente plus ou moins loin du Danube. Nous passons sous les arbres et écoutons Oldelaf. La préférée de Maxine est « C’est Michel »

Alors que nous arrivons en vue de Solt, l’itinéraire nous emmène sur une route passante. Les camions nous doublent, les voitures aussi sans vraiment ralentir. C’est toujours un stress important d’emprunter une route partagée après plusieurs journées de piste cyclable. 

Après Solt, nous connaissons notre première côte ! Maxine nous confie : « Ah mais j’avais oublié ce que ça fait une montée ! »

La fatigue arrive, emmenant avec elle irritation et énervement. Il est 16h30, nous sommes loin du Danube et de ses possibilités aisées de bivouac. Nous ne le retrouverons pas avant une dizaine de kilomètres, trop pour nous. Nous arpentons les rues de Dunaegyháza à la recherche d’une bonne âme, mais rien, ni personne ne nous inspire. En sortant de la ville, nous empruntons un chemin agricole. Nous hésitons sur une grange abandonnée mais préférons finalement la quiétude des arbres entres deux champs. Nous entendons un peu les voitures circuler sur la route pas si lointaine… Eh bien oui ! On ne peut pas toujours avoir des bivouacs de rêve ! Il fait 4 degrés dans la tente au moment où j’écris. Ça va encore piquer cette nuit !

Jour 262 / 17 mars 2023

Journée très dure. 

Le vent s’est adouci mais l’itinéraire suit une piste herbeuse très jolie mais bien fatigante. 

Toujours sans batterie de téléphone, nous suivons les indications de l’EV6 sans trop réfléchir. Nous prenons garde à rester sur la rive Nord lorsque nous avons le choix entre les deux. Pour le déjeuner, nous nous posons à un kanu kamp au bord du Danube avec de belles tables de pique-nique et des jeux en bois. Le soleil est toujours bien présent, sans vent. Nous faisons une super partie de cache-cache après le déjeuner. 

Sur la piste d’herbe, les enfants s’amusent à dévaler les versants de la digue et s’éclatent comme des fous. Ils s’épuisent aussi. Nous les tirons sur la fin de la journée. Nous espérions trouver un petit supermarché à Tassi-Zsilip (6 slips ?!) mais rien. Le petit-déjeuner sera léger demain matin… La piste en herbe laissant place à une route partagée, nous préférons faire demi-tour et bivouaquer au pied de la digue près de la piste herbeuse. Les températures chutent rapidement.

Jour 263 / 18 mars 2023

Nuit la plus froide ! 

Au moment de la bouillotte nocturne, l’intérieur de l’abside brillait, étincelait de 1000 cristaux de glace. Donc, des températures inférieures à 0 degré.

Première fois que les enfants sont un peu gênés par le froid, mais après une bouillotte chacun, ils se sont très bien rendormis. Plus dur pour nous. 

Petit déjeuner à base de riz au lait et de pommes. Arsène fait la grimace et se contente de pommes et de cuillères de pâte à tartiner. Nous sommes un peu inquiets, car sans téléphone ce n’est pas facile de se rassurer sur la distance nécessaire à parcourir pour être lundi à Budapest. 

Heureusement, nous avons la chance de trouver à deux reprises des prises de courant pour recharger nos téléphones. Et finalement, on est carrément large pour être lundi à Budapest !

Nous pédalons au bord du petit Danube. Plein de maisons de vacances trop mignonnes. La rue n’est pas large, mais on ne croise pas trop de véhicule. Malheureusement, le peu qu’on croise a quasi-systématiquement le pied lourd sur l’accélérateur. Relou. 

La météo est vraiment bonne aujourd’hui. Un peu de vent ce matin, mais cet aprèm c’est que du plaisir ! Soleil, soleil et soleil ! 

Nous prenons le temps de faire une bonne pause en face de la ville de Ráckeve. On se permet même de mettre les pieds dans l’eau. Bon, on ne va pas se mentir, elle est glaciale, mais ça fait du bien ! Il faut dire que notre dernière douche date un peu… Vivement Budapest et le luxe d’un appartement. 

Nous reprenons la route, changeons de rive, et après une longue piste cyclable pour sortir de la ville, nous nous retrouvons sur une route partagée très passante et sur laquelle les voitures sont bien trop rapides pour nous. 

Nous essayons donc d’en sortir une première fois pour nous en éloigner et se rapprocher du petit Danube, puis une seconde fois, sans succès… La troisième sera la bonne ! Nous circulons alors à travers une série de petites maisons de bord de fleuve, toutes plus atypiques les unes que les autres. Le PLU doit être assez laxiste car il y en a pour tous les goûts.

Au bout de plusieurs kilomètres, un grand parc nous tente pour planter la tente. Nous explorons un peu. Il y a un peu de passage et des promeneurs. Raté pour la discrétion. Clem va demander à un gérant d’une sorte de plage/camping fermé si on peut s’installer. Pas de soucis pour lui ! Youpi !

Les enfants passent la fin de journée à ramasser d’abord des sortes de fruits de platanes plein de pollen, puis des noix, plein de bonnes noix que nous pourrons manger plus tard. 

Pour le dîner, entre purée et soupe, les enfants choisissent la soupe ! Il ne me restait qu’un sachet individuel de soupe au poulet Knorr, j’y ai ajouté une boîte de petit pois-carotte, des flocons de purée, la fin de la boîte de saint Moret local et des petites pâtes coquillage. Tout le monde s’est régalé ! 

Ce soir, il fait 12 degrés ! Pourvu que ça dure ! Que c’est agréable d’être capable de rester hors de son duvet après le coucher du soleil.

Jour 264 / 19 mars 2023

La nuit a été bonne. 8 degrés vers 23 h, puis 4 degrés plus tard dans la nuit. Mais ce matin, plus de 14 degrés à 7h ! A cause de la liseuse, au moment du réveil, nous pensons qu’il est 8h24. En conséquence, nous ne traînons pas dans nos duvets. Les enfants trouvent rapidement la motivation de sortir et nous de plier les affaires. Une fois la tente pliée, et alors que nous sommes sur le point de partir : « Ça va, on est bien ! Il est 8h45 ! » me dit Clem. Ouh la ! 20 minutes pour tout ranger et prendre le petit déjeuner ? Hum ! En fait, à cause d’un petit décalage de la liseuse, on s’est trompé d’une heure. Le réveil était donc bien à 7h ce matin ! 

La journée commence par une piste d’herbe pas trop dur mais pas non plus très agréable, avant de retrouver la grosse route partagée de la veille. Au moment de la rejoindre, nous avons une petite frayeur : il y a un portail verrouillé entre la piste d’herbe et la route ! Heureusement, le grillage est troué par endroit et nous permet de passer. 

La route est longue, ennuyeuse et très fréquentée. Avec Maxine, nous comptons les voitures par couleur, elle me bat sur les voitures noires, grises et bleues. J’ai ma revanche sur les voitures blanches. Nous arrivons à Tököl pour le déjeuner. Une église toute proche offre toilettes et prise de courant, royal ! 

Nous arpentons, zigzaguons dans les rues résidentielles de la ville jusqu’à retrouver le petit Danube et ses rangées ininterrompues de maisons de vacances plus ou moins mignonnes. Pratiquement toutes les maisons ont des chiens dans leur jardin et c’est un concert continu d’aboiements qui nous accompagne quand nous roulons. Et quand ça se calme un peu, Maxine prend le relais… Wouaf !

Il est 14h, nous ne sommes plus qu’à une vingtaine de kilomètres du centre de Budapest. Trop éloigné pour un éventuel Warmshowers, et trop proches pour trouver un coin de campagne où bivouaquer. Je sens une inquiétude monter en moi sur ce sujet, et mon humeur se dégrade au fur et à mesure que l’heure tourne. C’est Clem, grâce à Park4night, l’application des van lifers qui nous indique un spot. Un grand parc avec une aire de jeux. 

Il est 17h45, nous attendons patiemment que l’aire de jeux se vide pour monter la tente, mais pour le moment, il reste encore 5 familles ! Punaise ! Rentrez chez vous et couchez vos enfants !

Cette nuit, la température minimale devrait être 9 degrés, un vrai plaisir.

Nous montons la tente à 18h15. Il ne reste plus que des promeneurs de chiens dans le parc mais ils sont nombreux, tant pis ! Ce n’est pas toujours facile de bivouaquer et d’autant plus si ce n’est pas vraiment autorisé… Surtout pour moi chez qui l’honnêteté confine à la bêtise, comme cette fois où j’avais oublié de payer un cd à la Fnac et que j’y étais retourné pour le payer. Tout ça pour un cd deux titres de Will Smith pour le film Wild Wild West, une vraie daube. 

19h45, nous nous glissons dans les duvets. Arsène est bavard. Deux jeunes adolescents flirtent dans l’aire de jeux. De nombreux chiens aboient. Nous sommes bien loin de la quiétude si agréable des bois, mais demain soir nous dormons dans des lits et nous nous lavons !

Jour 265 / 20 mars 2023

23h20. Clem et moi sommes réveillés en sursaut par les aboiements, très proches, d’un chien. Nous entendons son ou sa maître l’appelait. Qui était-ce ? Sans doute un brave hongrois le jour, et un milicien à la solde de Victor Orban la nuit qui traque les migrants et sacrifient leurs enfants sur un autel de messe diabolique à la gloire de Belzébuth !!! Ou alors juste un promeneur. Les deux sont possibles.

Réveillés dès 6h du matin, nous ne traînons pas. A 7h, nous commençons à sortir les sacoches de la tente et les enfants toujours emmitouflés dans leurs duvets. A 8h, la tente est pliée, la plupart des sacoches bouclées et installées sur les vélos.

Après le petit-déjeuner et un temps de récréation, nous prenons le temps d’une bonne session d’école. Pour Maxine c’est dictée, multiplication en ligne et problème de maths avec addition. Pour Arsène écriture cursive de la lettre o, et apprentissage de la lecture. Nous avons emmené de nombreux supports pour l’école et même si leur poids est conséquent, nous sommes contents d’avoir des outils complets, complémentaires et permettant d’alterner suffisamment pour garder un intérêt pour les enfants. 

Nous décollons vers 10h, et partons pour les 17 km qui nous séparent du centre-ville et de notre logement. La quasi-intégralité du parcours se fera en piste cyclable. Les entrées dans les grandes agglomérations sont toujours un peu spéciales. Après les banlieues résidentielles toutes mignonnes d’hier, place aux tours d’immeuble en plus ou moins bon état. 

Nous longeons une longue route périphérique droite. Il y a au centre deux lignes de train de banlieue, puis de chaque côté, 2 ou 3 voies pour les voitures, et pour nous, une piste cyclable neuve et bien séparées de la route. 

Plus nous nous rapprochons du centre, plus le charme de la ville se laisse découvrir. Nous apercevons d’abord le musée d’art moderne au bord du Danube, moderne (logique) et imposant. Puis, un bâtiment impérial au toit flamboyant vert et jaune. Les tramways, petits comme à Belgrade et Sofia, circulent au milieu du tumulte des voitures. Nous circulons sur la voie de bus/vélo, qui sert régulièrement à des voitures pour se garer en double-file (grrr).  Un taxi frôle Clem et Arsène et se prend une flopée d’injures digne du Capitaine Haddock… Les passants nous regardent pédaler. Tantôt indifférents, tantôt amusés par Arsène affalé sur le follow-me. Dans l’ensemble, c’était une arrivée dans la capitale sereine et bien agréable.

Nous attendons patiemment 15h pour pouvoir accéder à notre logement. Pique-nique et observation/admiration des skateurs dans le skate-park (il faudra que mon frère Fred donne un cours particulier de skate aux enfants, ils sont mûrs !). 

Un jeune cyclo et ses parents nous ont repéré et viennent discuter. C’est toujours agréable. En post bac, il est allé d’Espagne en Ukraine où il est volontaire cette année. Beau projet !

A 15h, nous retrouvons le luxe d’un appartement : douche, eau potable à volonté, lave-linge et toilettes (même si ce n’est pas les toilettes qui nous manquent le plus en vrai !). 

Après un bon décrassage, et le dîner, nous sortons pour découvrir Budapest de nuit. Il fait bon dehors, loin des températures glaciales de la semaine dernière. Nous découvrons un passage illuminé qui abrite des restaurants, l’opéra magnifiquement éclairé et le parlement. C’est beau, on se régale ! Les enfants accusent un peu le coup sur la fin. A cette heure-ci, ils sont habitués à être déjà couchés. Gourmands après notre balade, on déguste la spécialité, le kurtoskalac ! Une brioche cuite à la broche, au sucre ou à la cannelle… Hummmmm ! Nous nous sommes plus que régalés ! Un véritable ravissement des papilles, un shoot de pur sucre ! Un bon dodo dans un lit douillet nous attend ! 

Jour 266 / 21 mars 2023

Alors qu’ils auraient dû faire la grasse matinée, les enfants ont eu l’idée saugrenue et originale de se réveiller à 6h du matin… Au moins, s’ils font pareil demain, le check out à 10h sera peinard ! 

Nous commençons la journée par une longue balade vers le Danube et le parlement. Nous croisons la route d’un monument particulier évoquant la Hongrie victime des nazis. Ce monument est entouré de photos et de témoignages. En effet, la Hongrie a été un des premiers alliés du IIIème reich. Ce monument s’inscrit dans une tentative du gouvernement de réécrire le roman national, et il est vivement critiqué et décrié par les spécialistes. Des Hongrois y ont parsemé des témoignages, photos et objets rappelant la triste réalité.

La promenade est un peu dure pour Arsène qui fatigue rapidement.

Nous rentrons pour un bon repos et ne repartons en bus que vers 15h en direction d’un immense parc où se trouve la plus grande aire de jeux de la ville. Incroyable. Des toboggans, des trampolines, des balançoires, des parcours… Tout ça en accès libre et en très bon état ! Les enfants se sont régalés. Le soleil était encore de la partie, pourvu que ça dure ! 

Nous rentrons en métro et ne manquons pas d’acheter de nouveaux Kurtoskalacs pour le gouter, délicieux. 

Fin de journée dans l’appartement. Recharge des différentes batteries. Demain soir, dodo chez un Warmshowers près de Budapest, ce qui nous évitera un nouveau bivouac urbain en banlieue !

Jour 268 / 22 mars 2023

C’est l’anniversaire de ma maman ! Maman, je t’aime ! 

Les enfants se réveillent à 5h40 ce matin. Je préfère quand on dort sous la tente et qu’il fait 3 degrés, ils se réveillent plus tard.

Nous rangeons, mangeons, enseignons, rangeons encore. Clem envoie sa candidature à une formation. C’était bien d’être logé pour cela aussi.

Nous décollons et pédalons quelques kilomètres jusqu’à une île au milieu du Danube qui abrite un beau parc arboré. Nous y restons jusqu’à 15h, puis nous partons vers notre Warmshowers, à 7 km de là. 

Nous y sommes super bien accueillis par Tomas et un gentil chien que Maxine câline pendant près de 2 heures ! Dîner à 18h30, dodo à 19h30, nous sommes tous crevés ! 

Jour 269 / 23 mars 2023

Réveil matinal d’Arsène pour changer un peu… En même temps, on se couche avant 20h !

Rangement puis école chez notre Warmshowers à l’extérieur. Trop bien ! 

Nous partons, traversons le Danube en direction de Szentendre. Alors que le début du chemin est plutôt prometteur (revêtement bien lisse et tout neuf), mais non, il est fermé au bout de 500 mètres, nous obligeant à faire demi-tour. Nous retrouvons un chemin malgré tout agréable, puis nous nous rapprochons d’une autoroute. Une autoroute ? Oui !  Mais sur une piste cyclable ! Nous enchaînons les zones industrielles et commerciales au son des voitures qui passent à proximité. Difficile de s’entendre et de se parler dans ces moments là.

La ville de Szentendre est charmante. De jolies rues piétonnes colorées. Nous dévorons des glaces, il fait super beau. Nous ne résistons pas à un petit Kurtoskalacs avant de reprendre la route. Nous sommes en teeshirt, les arbres fleurissent, les oiseaux chantent, aucun doute ! C’est le printemps ! 

Nous roulons longtemps au bord du Danube. Le compteur indique déjà 30 km pour aujourd’hui. L’itinéraire emprunte une route partagée. Rhoooo. Toute une journée sur des pistes cyclables et on finit avec les voitures. Relou. Clem remarque sur Google un bon spot potentiel au bord du Danube. Nous empruntons un pont qui nous amène à une île, juste avant la ville de Vác. Nous quittons l’itinéraire et au pied de grands champs nous trouvons LE spot bivouac parfait. Un peu à l’écart de la ville. Nous entendons peu les voitures des routes autour. Nous avons une petite plage rien que pour nous. Des arbres. C’est nickel ! Merci Clem ! Les enfants sont ravis et partent explorer les alentours immédiatement. Il y a quelques promeneurs de chiens, mais ils ne s’étonnent pas trop de notre présence. 

Nous montons la tente vers 18h. Le soleil se couche tranquillement sur le Danube et nous offre de beaux reflets dorés et roses. 

Nous allumons un feu dans notre réchaud à bois pour faire chauffer l’eau de nos soupes. Nous y restons longuement à nous chauffer les mains et à profiter de la douceur des flammes. Cet endroit est vraiment apaisant, et c’est aussi pour ce genre de moment que nous sommes heureux de voyager à vélo.

Jour 270 / 24 mars 2023

Des chiens ont aboyé toute la nuit, l’enfer ! Mais ce bivouac restera dans notre top 10, c’est certain !

Au réveil, il faisait plus de 10 degrés, nous avons pu prendre le petit déjeuner dehors ! Le soleil chauffait de plus en plus. Trop bien.

Nous avons refait du feu dans le réchaud à bois pour avoir de l’eau chaude pour une petite toilette, la vaisselle et un peu de lessives. Les enfants ont longtemps écouté des histoires tranquillement avant de s’énerver et de partir explorer les environs avec leurs bâtons, l’accessoire incontournable. Nous avons pu prendre notre temps pour ranger et plier.

Après un peu de shopping, le remplissage des gourdes et de la poche à eau, nous avons traversé l’île pour rejoindre l’embarcadère du bac qui nous a emmenés à Vác.

Tout en pédalant, nous apercevons les montagnes qui entourent les premiers méandres du Danube depuis Novi Sad. Bientôt, nous ne roulerons plus vers le nord mais vers l’ouest ! La silhouette des montagnes découpe le ciel et nous promet de beaux paysages dans les prochains jours. Comme il faisait beau et chaud, et que nous n’avions pas encore fait les 10 km réglementaires pour mériter la première pause, nous avons donc choisi de rouler encore un peu. A la sortie de la ville, une côte nous a cueillis et bien chauffés les mollets et les cuisses. Heureusement, nous avons eu le plaisir d’une longue descente sur une belle piste cyclable avant de retourner près de la route passante. Nous avons roulé encore 3 km avant de déjeuner à une aire de jeux neuve et entourée de sable tout doux et tout chaud dont les enfants ont bien profité. 

Après cela, encore 6/7 km avant de tomber par hasard sur un « Nomad Camp » avec plein d’animaux. Il est 15 h, nous décidons d’y faire une pause. Il y a des chevaux, des poules, des chèvres, des moutons, des cochons et bébés cochons, des canards, un furet, des lapins, etc. Le paradis de Maxine. La propriétaire nous emmène voir des chevreaux nés deux jours plus tôt. Nous fondons. Maxine a le privilège d’en prendre un dans ses bras. Leur propriété est charmante. Au-delà de la ferme, il y a un petit camping, et un bar au bord du Danube qui fonctionne à plein régime en haute-saison. Tout est fait dans un esprit de récup, d’harmonie avec la nature environnante, et ça nous plait bien ! Voire même ça nous fait rêver d’idées ! 

Les enfants, surtout Maxine sympathise avec la petite fille sauvage de 4 ans. Le propriétaire me propose un café, avec du lait de chèvre trait pour nos tasses et me pose des questions sur notre voyage. Rapidement, il me propose de planter la tente ici. Nous hésitons un peu… Il est tôt, nous pourrions encore rouler au moins dix kilomètres. 

« Marco, si on ne profite pas de ce voyage pour s’arrêter dans ce genre d’endroit quand on a la chance de tomber dessus, c’est dommage ! »

Nous décidons de rester pour la nuit. En plus, il y a de l’eau et de l’électricité. Les enfants sont fous de joie. 

La fin de la journée est paisible. Arsène est un peu exclu des jeux entre Maxine et la petite hongroise. Il reste un peu avec nous pendant que nous raccommodons nos sacs à viande en soie. Nous arrivons à prolonger la vie de pas mal de trucs ! 

Clem prépare ensuite le brasero autour duquel nous allons dîner, et prolonger un peu la soirée entre adultes pour éviter les insomnies nocturnes. 

Il fait 14 degrés au moment où nous nous glissons dans nos duvets. 

« C’est seulement 15 degrés de plus que notre nuit la plus fraîche ! s’exclame Clem. »

Un petit vent frais annonciateur d’une belle ondée se lève. Parfait ! Je voulais justement vérifier que la nouvelle rustine de la tente est bien étanche !

Jour 271 / 25 mars 2023

« Le Roi, il a été roi qu’une minute ! »

Arsène continue de s’agiter et de parler la nuit…

Un bon dodo c’est un dodo où on n’a pas froid, mais ni chaud ! Eh bien figurez-vous que cette nuit, on a eu trop chaud ! Enfin presque. Bref, après notre presque longue veillée près du feu hier soir, la nuit a été bonne. 

Dès le réveil, les enfants se sont baladés dans la ferme et ont assisté à la délivrance qui suivait la naissance d’un petit chevreau. Un nouveau café offert par le propriétaire des lieux. Cette fois-ci je fais l’impasse sur le lait de chèvre fraîchement pressé, pas Clem !

Nous quittons ce chouette lieu vers 10h, et prenons la route de Szob. La route est longue et dure, mais bien bonne. Quelques reliefs bien senti qui nous font suer de bon matin. 

A Szob, le bac que nous voulions prendre est hors service d’octobre à avril. Grrrr.

Nous sommes donc obligés de faire un détour par la rive nord et la Slovaquie pour rejoindre Esztergom. Détour qui nous rajoute presque 20 km, loin du Danube, au milieu des collines. Oh pétard, il va y avoir des montées ! Heureusement, Clem est d’une humeur guerrière aujourd’hui et rien ne l’arrête. Elle est impressionnante de force, de courage et de calme alors que je suis sur le fil. Elle transmet ses bonnes ondes et nous arrivons en Slovaquie fatigués mais en pleine forme. Nous décidons donc de pousser jusqu’à Esztergom, comme initialement prevu. Une longue côte de plusieurs kilomètres se dresse devant nous. Maxine est sanglée à moi. Dès les premiers coups de pédale, c’est dur. La vue est splendide, la lumière qui inonde les champs verts est belle. 

« On dirait que c’est tout doux l’herbe là-bas ! Alors qu’en fait c’est que de la terre et de l’herbe. »

Maxine est bavarde dans la montée mais ne manque pas de m’encourager ou de me distraire. Une chose à faire, regarder à un mètre de la roue avant, penser à chaque coup de pédale qui fait avancer efficacement et respirer. Certains regards vers l’avant encourage, d’autres moins. Nous avançons doucement mais venons finalement à bout du mur. Les kilomètres suivants, descente et plat, seront easy. Nouveau pays, nouveau style de conduite des automobilistes. Le Slovaque aime bien frôler quand il double. Pour les obliger à se décaler un peu plus de Maxine, Clem et Arsène devant moi, je roule légèrement au milieu de la voie. Hé hé ! Pas con le Marco !

Petite pause photo en face de l’impressionnante église dressée sur son mont avant de traverser le Danube et de retourner en Hongrie. Il est 17h45, il est temps de se poser. Juste avant de se rapprocher de la forêt, Arsène nous fait une sacrée frayeur : il tombe de son vélo en follow-me sur la route ! Heureusement nous étions derrière et pas de voiture trop proche derrière nous et il avait comme d’habitude son casque ! 

Nous bivouaquons sous les arbres à la sortie de la ville au bord du Danube, face à la Slovaquie. Une belle journée de 45 km !

Jour 272 / 26 mars 2023

Bien fatigués après la grosse journée de la veille et grâce au changement d’heure, nous émergeons de notre sommeil à 8h15. 

Nous rangeons pendant que les enfants jouent dans les bois. Ce lieu de bivouac au bord des eaux paisibles du Danube, à deux pas de la ville était vraiment parfait : paisible et discret. 

Nous profitons de cette jolie ville pour nous payer le luxe d’une piscine. L’occasion de bien s’amuser et aussi de bien se décrasser ! Les toboggans, le bassin avec du courant, et même un mur d’escalade au-dessus de l’eau. Tout cela nous ravis ! Nous pique-niquons ensuite près d’une pumptrack pour le plus grand plaisir des enfants. Entre nos courbatures et ces activités, nous ne prévoyons pas une grosse journée ! Clem a repéré un spot bivouac près de la ville de Tát, à 17 km de là. 

La route commence par une départementale assez passante. Quelques tocards qui nous frôlent sans vergogne. Ce sont souvent les voitures qui coûtent le plus cher qui nous respecte le moins. C’est logique, plus tu dépenses pour ta caisse, plus tu dois estimer que la route t’appartient… 

A 7 km de Tát, nous avons une piste cyclable qui longe la départementale. Le vent est à moitié de face. C’est dur. La musique nous motive pour nos derniers kilomètres. 

Nous arrivons à un chouette écrin de nature, arbres, plages, parfait pour le dodo ! 

Il est tôt, les enfants jouent, Clem et moi préparons des crêpes pour le goûter. 

Le temps est bon, le ciel est bleu avec quelques nuages. 

Les enfants se construisent une nouvelle cabane et jouent aux ninjas bergers dedans. Nous faisons un feu dans le réchaud à bois pour faire la vaisselle, puis chauffer de l’eau pour une toilette et une bouillotte avant d’y préparer la soupe.

Jour 273 / 27 mars 2023

Nous sentons bien que les températures diminuent à nouveau, et cela n’est pas sans nous inquiéter un peu. Ce matin, après une nuit rythmée par le sommeil agitée d’Arsène et nos traditionnels épisodes d’insomnies, c’est le tintement des gouttes de pluie sur la toile de tente qui nous réveille. Puis Arsène qui se réveille beaucoup trop tôt et qui est déjà prêt à râler. 

Nous patientons sous la tente : de petit-déjeuner, jeux, histoire de la Comtesse de Ségur, école, rangement. La pluie se calmant, nous sortons enfin de notre refuge qui commençait à présenter quelques faiblesses d’étanchéité (si nous n’avons pas besoin de racheter une tente avant la fin du voyage, ce sera un miracle !). 

Le vent et le froid sont bien là. Nous rallumons un feu pour faire la vaisselle. Nous découvrons avec stupeur que les gants de Clem et le bonnet d’Arsène ont passé la nuit dehors et sont trempés. Nous tentons de les sécher près du feu, en vain. 

Le départ est tardif : 13h15. Après ravitaillement d’eau au cimetière, nous retrouvons la piste cyclable. Le vent souffle, direction nord-ouest, environ 30 km/h avec des rafales à 75. Nous parvenons dans la douleur à pédaler 5 km jusqu’au Spar. Il nous a fallu 45 minutes. Je suis trempé de sueur et frigorifié en même temps. Nous faisons le plein de nourriture plaisir, nous allons en avoir besoin. Nous repartons après un repas sur le pouce. D’ailleurs, Clem ne cesse de lever le sien, de pouce, dans l’espoir qu’un camion, ou qu’un de ces nombreux pickups nous emmène avec lui loin de ce vent diabolique. C’est l’ennemi invisible parfait. Il nous use. Je vois Clem se faire balayer par les rafales avant de me faire moi-même balayer quelques secondes plus tard. Après 5 nouveaux kilomètres, alors que la piste a laissé place à un maigre trottoir, nous marchons et poussons nos vélos. Les mélodies du « Soldat Rose 2 » maintiennent les enfants dans un bon état. 

« C’est pas du vélo plaisir là ! C’est l’aventure, ok, mais ce n’est pas kiffant purée ! »

Nous stoppons à Lábatlan. Nous trouvons un bel espace d’herbe près du Danube en centre-ville. Il semble qu’il s’agisse d’une zone de camping, donc on s’y installe sans scrupule. En plus, bonne surprise ! Des prises de courant ! Nous montons rapidement la tente. Il est 16h30. Les enfants peuvent jouer pendant que Clem et moi nous remettons de l’effort et des émotions en buvant une bonne soupe. 

Demain, un petit peu moins de vent mais il fera plus froid et encore plus après-demain. Nous allons tenter de rallier Almasfuzitos pour y prendre un train pour Györ, pour rattraper le temps perdu et se rapprocher de Bratislava où nous aimerions passer le week-end.

Jour 274 / 28 mars 2023

Une sacrée journée ! 

Je préfère prévenir le lecteur, ça va être haletant. Ça va faire peur, ça va faire froid dans le dos, et peut-être même qu’une petite larme d’émotion sincère va perler au coin de l’œil. 

La vie est simple en voyage. Elle se contente de petits bonheurs. Hier, c’était celui de trouver un refuge contre le vent glacial venu du nord sous notre bonne vieille tente. Cette nuit, c’était cette récompense céleste au-dessus des yeux alors que je suis sorti affronter le froid pour pisser. Les eaux du Danube toujours agitées par le vent résonnaient. Les étoiles étincelaient au milieu de ce bleu noir et profond. La lune brillait, timide mais bien présente diffusant cette douce blancheur rassurante. Je suis retourné m’enfoncer au fond de mon duvet avec le sourire aux lèvres tant cette intimité étoilée était plaisante. Cette bonne humeur ne s’était pas dissipée au réveil ce matin. Il était 8h15. Hormis un sommeil plein de rêves d’Arsène qui l’agite, et un petit cauchemar provoqué par le bruit d’un train matinal pour moi, cette nuit était revigorante. Le soleil brillait au milieu de quelques beaux nuages blancs. Le vent avait pratiquement disparu. J’ai eu un moment d’optimisme sur la journée à venir. 

Le froid ne s’était pas encore manifesté. Il semblait attendre, tapis dans un recoin de l’atmosphère, le bon moment pour fondre sur nous. Ce moment, c’était celui où nous avons motivé les enfants à sortir de la tente. En quelques minutes la température a dégringolé, réduisant à néant l’envie des enfants de jouer à l’extérieur. Le temps que nous finissions de ranger nos affaires et quittions notre bivouac urbain, les nuages avaient avalé les dernières traces de ciel azur, pour laisser grogner un gris grandiose. Le vent soulevait des particules dans l’air frais. Au début, j’ai cru qu’il s’agissait de petite fleurs blanche balayée par le vent. La mine réjouie et surprise de ma fille disait autre chose. 

« Papa ! Maman ! Il neige ! cria-t-elle. 

-Mais c’est bizarre, répondit son petit frère enveloppé dans mon bonnet et sa capuche, c’est pas l’hiver, c’est l’été ! »

Ces petits flocons qui flottaient dans l’air prêtaient à sourire. Ils étaient presque anecdotiques et ridicules, mais ils étaient bel et bien là, synonyme d’une météo peu rassurante. 

Il n’y avait pas que la météo d’inquiétante au moment de notre départ, la route l’était également. Nous roulions sur une route partagée. Le partage s’effectuait principalement avec des semi-remorques de plusieurs dizaines de tonnes lancés à 80 kilomètres à l’heure. Fort heureusement, les conducteurs hongrois faisaient systématiquement l’effort de se décaler de plus d’un mètre pour nous doubler. 

« C’est quand même dommage tous ces camions sur la route alors que le Danube est juste là ! regrettait Clem. »

La neige est revenue. Le vent nous épargnait, stoppé par les arbres autour de nous. Il créait tout de même de jolie tourbillons de neige sur la route, semblables à des centaines de billes de polystyrène qui danseraient sur la route. Un ballet qui motivait Maxine à pédaler sans se plaindre. 

La pause déjeuner permit de remplir les panses et de vider la sacoche « Miam ! Miam ! ». Un troquet, deux cafés et une poche à eaux remplie d’une eau potable mais a l’odeur nauséabonde. Une odeur de soufre. Une odeur d’œuf pourri qui reste en bouche après une minuscule gorgée. 

La route reprend. Une belle piste nous attend sous un ciel clément qui a retrouvé son éclat et ses couleurs de printemps. 

« C’est nul ! râle Maxine, j’aimais bien la neige ! Est-ce qu’il va neiger à nouveau papa ? 

-J’en doute ma puce, répondis-je avec une autorité scientifique indue, il fait trop beau maintenant… Nous n’aurons pas de tempête de neige aujourd’hui ! »

La piste cyclable était parfaite et adaptée à l’écoute d’un podcast sur la création de la Terre. Elle permettait également d’avancer à un bon rythme et nous étions sur le point de dépasser les 20 kilomètres et d’atteindre la gare d’Almásfüzitö felsö, où nous espérions attraper un train pour la ville de Györ, quand elle laissa place à un trottoir étroit et cabossé. Au même moment, l’ennemi invisible du cycliste se dressa sur notre route. Il était déterminé à ralentir notre progression et s’était trouvé un allié qui avait amusé les enfants le matin : la neige. Pas la neige toute mignonne qui choient lentement comme le ralenti d’une chute dans un film. Non. Oh non. Ici, point de belles étoiles aux formes géométriques uniques et parfaites. Non. Oh non. Ici, nulle météo grisante qui provoque l’envie soudaine de courir sous la neige en ouvrant la bouche pour gober des flocons. Les nuages sont devenus noirs et menaçants. La neige s’est mise à tomber à gros flocon. Elle ne tombait pas vraiment, puisqu’avec la force du vent du nord-ouest, elle jaillissait de la droite et fonçait vers la gauche, accompagnée de rafales à plusieurs dizaines de kilomètres à l’heure. Le bonheur des enfants s’est transformé en grimace. Il nous restait encore trois kilomètres à parcourir pour atteindre la gare et la chaleur réconfortante du train. Trois kilomètres à faire en trente minute pour grimper dans le train de 14h45. Il nous a fallu 25 minutes. Chaque coup de pédale était une bataille contre les éléments. Le froid mordait chaque parcelle de notre visage laissée nue. Les extrémités de nos mains et de nos pieds se vidaient de leur sang et les transformer en glaçon douloureux sous les gants ou les chaussettes. Soudain, la météo, face à notre inénarrable volonté d’avancer, a baissé les armes. Les nuages se sont dissipés, le vent s’est allégé, et les flocons se sont remis tomber verticalement au lieu d’horizontalement. 

Les épreuves n’étaient pas finies. Il restait le train. Nous n’avons pas eu le temps de nous en inquiéter trop. A peine avions-nous posé nos pneus sur le quai que le train entrait dans la gare. Pas le temps pour les billets, ni pour paniquer. Nous montons sous le nez de la contrôleuse surprise de notre équipement. Le billet à bord coûte le même prix que sur le quai et moins de 6€ en tout. 

Après cela, le train a permis de retrouver une douce sérénité. La sortie de la gare, pourtant physique n’est pas venu entacher la bonne humeur malgré l’absence déplaisante de rampes ou d’ascenseurs. Nous avons trouvé un logement bon marché dans le centre de cette charmante ville de Györ, pour éviter de dormir sous la tente quand le mercure devait descendre sous le fatidique 0 degré annoncé. 

Petit tour dans cette charmante ville, bon dîner, bonne douche et nous voilà au lit heureux et en pleine forme pour continuer. Plus que trois jours avant Bratislava et la fin de nos pérégrinations hongroises. A nous la Slovaquie !

Jour 275 / 29 mars 2023

La nuit dans notre appartement de Györ fut chaude et reposante. Je suis sorti à 7h15 pour acheter des pâtisseries à la boulangerie française juste en face de chez nous. Mais malheur ! Elle n’ouvrait qu’à 8h ! C’est quoi ces boulangeries qui n’ouvrent pas à 6h30 ? 

Après un peu d’école, nous sommes partis vers 10h. Les enfants étaient en pleine forme et pédalaient dans la ville avec joie et énergie. 

La journée s’est déroulée dans la tranquillité et sur la quiétude d’une piste cyclable le long des 37 kilomètres que nous avons parcourus.

De nombreuses musiques et podcasts nous ont accompagnés, les enfants étaient bien motivés, c’était chouette. Une belle pause déjeuner sur un ponton sur une rivière et ce soir un bivouac dans les bois ! 

« Viens Arsène ! On va explorer ! »

Cette phrase suffit à justifier notre voyage. Je suis tellement fier de mes enfants quand ils sont indépendants comme ça. 

Après la soupe, j’improvise des petits pains à la poêle qui ressemble à des croustillons ! Voici la recette : 

  • 2 mugs de farine
  • 1,5 mugs d’eau chaude
  • 2 sachets de sucre vanillé 
  • 2 sachets de sucre (pour l’enrobage)
  • 1 càc de sel
  • 2 càc de beurre pour la cuisson
  • 1 sachet de levure boulangère

Mélanger la farine avec le sel, le sucre vanillé, la levure puis ajouter l’eau et pétrir jusqu’à obtenir une pâte homogène. Former des petites boules et laisser reposer 10/15 minutes. Les cuire à la poêle dans du beurre en les écrasant plus ou moins en fonction de la cuisson désirée. 

Une fois bien dorés de chaque côté, les réserver dans une assiette et saupoudrer de sucre avant de se régaler ! Bonne appétit ! 

Maxine se plaint de maux de ventre encore ce soir. Elle s’en est déjà plainte cet après-midi, espérons que ça passe ! 

22h38 : je suis réveillé par Maxine.

« Papa, j’ai envie de vomir…

-Clem ! Vite ! Ouvre la tente ! »

Une fois le zip ouvert, je m’extirpe le plus vite possible de mon duvet pour attraper la casserole. Trop tard. La pauvre Maxine a vomi dans son duvet. Pire scénario possible ? Oui ! Arsène ne bouge pas malgré la remue-ménage et la lumière. Je nettoie les dégâts, installe des serviettes et ma polaire sur la zone sinistrée pour que Maxine puisse se recoucher. Elle nous fait un dernier reflux dans la poêle, qui la soulage bien et elle se rendort directement. Clem repère avant de se rendormir un lavomatique à 3 kilomètres de nous sur l’itinéraire. Nous ne savons pas exactement ce qui a pu causer cela, mais nous estimons que trop de friandises ces derniers jours, un coup de froid, une petite deshydratation, ont pu causer cette indigestion.

Jour 276 / 30 mars 2023

Après l’épisode mouvementé du début de la nuit, nous nous sommes rendormis à poing fermé. 

Ce matin, après le petit déjeuner (très léger pour Maxine qui va beaucoup mieux), les enfants sont partis dans leurs jeux bucoliques tandis que nous rangions tout. 

Première étape de 5 km jusqu’à Mosonmagyaróvár (à vos souhaits), j’abandonne Clem et les enfants à un parc et file au lavomatique. Les enfants ont faim et s’impatientent avec Clem et lui en font un peu baver. Des conducteurs hongrois sur le trajet des courses et des réflexions incompréhensibles mais clairement pas sympa n’arrangent rien. Heureusement, le pique-nique permet d’apaiser les esprits et de remplir les panses. 

Après cela, nous retrouvons l’euro vélo 6, puis la perdons et opérons un demi-tour pour la retrouver en prenant la direction de Rajka. Une longue piste cyclable longe la route 150 assez passante. Le temps est à la grisaille. Légèrement frais dès qu’on s’arrête et légèrement chaud quand on pédale. 

A la sortie de Rajka, nous tombons sur un petit lac, parfait pour notre dernier bivouac hongrois ! Les enfants se mettent rapidement à jouer dans la terre avec de l’herbe et des bâtons. Nous rassemblons du bois. Clem aimerait faire un grand feu, je suis un peu timoré face à cette idée et préfère utiliser simplement le réchaud à bois. Nous chauffons une casserole rapidement pour une petite toilette, puis, une fois la tente montée et installée, nous utilisons le réchaud à bois pour cuisiner. Nous connaissons quelques épisodes pluvieux, mais ça va.

Alors que tout le monde termine son dîner sous la tente, je suis près du réchaud à entretenir le feu pour nous préparer une soupe à l’ail et au persil. Une voiture, de type berline Mercedes grise, vient de garer tout près de nous. Un homme massif en sort et vient vers moi d’un pas décidé en parlant hongrois. Je le salue en anglais avec mon plus beau sourire et m’excuse de ne pas le comprendre. Il se rapproche. 

« No fire ! »

Il voit alors qu’il s’agit d’un réchaud à bois et lance « Ok no problem ! Ciao ! » et repart. Nous poussons tous un ouf de soulagement, inquiets à l’idée de se faire dégager. Le camping sauvage est interdit officiellement ici mais officieusement toléré. Heureusement qu’on a pas fait un grand feu ! 

Plus tard, vers 20h, alors que les enfants dorment et que nous sommes sur nos téléphones, une moto ou mobylette s’approche. Les phares éclairent la pénombre de la tente. Des pas s’approchent, une lumière de téléphone portable éclaire la tente et inspecte ses alentours, puis elle repart. Sans un mot. Pas vraiment rassurant !

Jour 277 / 31 mars 2023

« Ouf ! pensais-je en me réveillant ce matin, personne n’est venu nous virer au milieu de la nuit ! »

Sachant que nous avons une petite étape aujourd’hui pour rejoindre Edvige, l’amie des amis des parents de Clem qui habite au sud de Bratislava et qui nous accueille pour deux dodos, nous prenons tout notre temps pour ranger la tente. Nous attendons même qu’elle soit sèche pour la plier ! Si le temps est doux toute la matinée, avec un soleil bienfaisant, cela se refroidit pendant la session d’école et joue sur la concentration de Maxine pendant son exercice de français. Arsène a réussi à être plus sérieux et appliqué pour l’apprentissage de l’écriture et de la lecture. 

Nous décollons vers 12h, sans provisions spécifiques pour le pique-nique mais ça va le faire ! Non ?

Au bout de 2,5 kilomètres nous entrons en Slovaquie, et tout de suite un petit changement : des tas de cyclistes ! Il faut dire que nous sommes sur une magnifique piste cyclable sur une digue, alors ça doit donner envie. En plus, tous ces cyclistes nous saluent où nous adressent des pouces levés, ça fait toujours plaisir et je crois que ça me manquait un peu. 

Nous arrivons à Petržalka, quartier de hautes barres d’immeubles colorés et en bon état où nous retrouvons Edvige, slovaque mariée pendant 15 ans à un rouennais. Elle nous accueille dans appartement et nous a préparés 2 chambres. Un bon repas copieux nous attend, avec de la bière tchèque. Je ne résiste pas et j’en sors rassasié pour la journée. Après une bonne douche et un peu de télévision française pour les enfants, nous partons nous balader autour du lac tout proche. Au retour, bain et dîner. Edvige nous prépare des frites comme demandés par Maxine ! 

Demain, nous irons à la découverte de la capitale avec notre hôte. Au dodo bien au chaud et dans un lit douillet. Wouhou !

Tour d’Europe : semaines 40 à 43 : de Zagreb (Croatie) à Harta (Hongrie), en passant par la Serbie

Jour 242 / 25 février 2023

Wouhou ! 

On the road again ! 

Après 2 mois et demi de pause hivernale bien au chaud au cœur du célèbre microclimat normand, me voici dans un bus en direction de Zagreb. 

Il fait nuit, nous roulons depuis presque 3h, il ne reste plus que 17h de trajet, et on va enfin faire une pause punaise ! Il était temps. 

00h30 : nous venons de passer la frontière allemande. Des Turques avec un visa expiré se sont fait sortir du car. Je les plains. Il fait froid dehors, 2 degrés. Bien loin de la vague de chaleur hivernale.

01h15 : Karlsruhe. La fatigue est bel et bien arrivée. Je ne vais jamais m’endormir pourtant. Le sommeil profond et réconfortant attendra demain. Cette nuit, c’est somnolence et filet de bave intermittent. Sans parler des réguliers réveils à venir (Stuggart, Munich, Ljubljana). Youpi ! 

2h10 : Stuggart. Nous roulons avec 1h de retard, c’est impossible de s’assoupir. Des gens continuent de monter. Comment est-ce possible. A quel moment tu te dis : « Je vais me prendre un bus à deux heures du matin, tiens ! Ce sera sympa ! ». Ma voisine vient de descendre. Elle était montée à Karlsruhe. Mon siège grince à chaque instant. Je commence à être dans cet état hagard qui submerge tout. Je kiffe un peu tout de même ! Ne plus entendre les gens parler français, les panneaux dans une autre langue, l’inconfort de la route, c’est malgré tout super réjouissant. L’aventure revient, elle recommence, et j’ai envie de dire avec mon plus bel accent « I’m coming baby, fuck yeah ! »

Le monsieur qui s’installe au milieu semble avoir pris une dizaine de café avant de monter. Il s’agite dans tous les sens. Et il est assez costaud. 110 kilos qui remuent sans cesse, ça va vite être reloud. En parlant de reloud, j’ai craqué, je ne tenais plus : j’ai retiré mes pompes. Pourvu que l’agression olfactive n’empêche personne de dormir. 

3h13 : à proximité de Ulm. J’ai dormi presque 1h ! Wouhou ! Il y a de la neige dehors, je ne m’y attendais pas complètement. Nous étions ici à vélo il y a quelques mois seulement, il faisait plus chaud ! Les toilettes de l’aire d’autoroute sont payantes, purée ! 

5h12 : nous quittons les rues enneigées de Munich. Les premiers tramways circulent, la vie reprend, une nouvelle journée commence. 

7h : Salzbourg. La dernière fois que j’ai vu autant de neige, c’était au ski (en 2018).

11h : Ljubljana. Après de jolies montagnes immaculées de blanc, nous sommes de retour en ville.

12h40 : ZAGREB !!! Tout blanc encore punaise ! 

Jour 245 / 28 février 2023

Ici à Zagreb tout roule. Dimanche à mon arrivée Hugo qui a hébergé nos vélos et affaires, m’a accueilli à la gare routière, nous sommes allés chez Neoen juste à côté pour déposer mon sac et voir les vélos des enfants et les sacoches qu’il avait déjà amenés. Ensuite, nous sommes allés chez lui pour ramener à vélo mon vélo et celui de Clem. Hier matin, je me suis acheté un nouveau vélo à Décathlon (264€). J’ai ensuite passé la journée à préparer les vélos (changement de pneu, récupération du guidon, selle, garde-boue, porte bagage, etc…). 

Aujourd’hui je me suis occupé du renvoi à Autretot de la carriole et de quelques bricoles. J’avais peur de devoir me galérer à porter ça jusqu’à la poste et j’étais même pas sur qu’ils puissent le prendre en charge… bref, je flippais un peu! Et à 50 mètres du bureau de Hugo, je vois une entreprise qui a l’air de s’occuper de colis 📦

Je demande et bingo ! C’est bon ! C’est envoyé et ça m’a coûté 53,38€ ! Gros soulagement. Ça m’a fait ma journée ! 

A midi, je vais voir à la gare routière si le bus que nous prenons demain pourra accepter nos vélos. J’ai du mal à croire qu’ils puissent les refuser mais on ne sait jamais. Ce serait bien de pouvoir confirmer cela.

Je n’ai plus qu’à préparer les sacoches et je serais prêt à accueillir Clem et les enfants demain matin. Leur train arrive à 10h40, et nous prenons le bus à 12h pour Novi Sad, nous y arriverons à 18h, et logeons chez une famille trouvée via Warmshowers. Bref, c’est bien parti !

Jour 247 / 2 mars 2023

Hier matin, après avoir installé les sacoches sur les vélos, j’ai remercié une dernière fois Hugo de Neoen pour son aide. Deux de ses collègues m’ont accompagné à la gare routière avec les vélos et nous les avons attachés. C’était étrange de revoir ces montures chargées de sacoches à Zagreb, là où nous avions donné nos derniers coups de pédales en octobre 2022. Alors que je marchais vers la gare ferroviaire pour accueillir Clem et les enfants, j’enfouissais mes mains dans les poches à la recherche d’un peu de chaleur. Le manteau blanc qui recouvrait la capitale de la Croatie à mon arrivée avait complètement disparu mais la morsure du froid était toujours aussi intense. Je regrettais de ne pas porter mon corsaire en laine mérinos sous mon pantalon et d’avoir laissé mes gants dans ma sacoche avant. 

Une fois les embrassades terminées, j’ai repris pour la dernière fois l’itinéraire entre la gare ferroviaire et la gare routière, mais cette fois en tenant la main de mes enfants (et du coup en marchant beaucoup moins vite). Je crois que je peux affirmer bien connaître le secteur après l’avoir arpenté pendant quatre jours. La joie de retrouver Clem et les enfants s’est vite fait avaler par la petite angoisse qui précède les trajets en bus ou train avec des vélos. 

Le bus est arrivé 20 min avant le départ. Le chauffeur après avoir vu la montagne de sacoche et nos vélos nous a fait patienter. Les passagers et leurs énormes valises défilaient devant nous et les soutes se remplissaient dangereusement. Finalement, point d’inquiétude, nous avons trouvé de la place. Heureusement que nous avions anticipé le démontage des roues avant. Nous sommes maintenant, tous les quatre, en route pour Novi Sad (Serbie). Le trajet s’est bien passé. Nous avons perdu du temps car un passager a été oublié sur une aire d’autoroute et il a fallu faire demi-tour pour le récupérer ! Petite surprise à Mitrovska, on devait changer de bus… Nous arrivons avec presque une heure de retard sur l’horaire prévu. Autre petite surprise sur nos téléphones, en Serbie, nous n’avons pas accès à internet (mais nos opérateurs nous indiquent que nous avons déjà fait 60€ de hors forfait sans les utiliser ou presque… 10,24€/Mo ça va vite !). Et bien entendu, je n’ai pas eu la présence d’esprit de pré-enregistrer l’itinéraire pour nous rendre chez nos hôtes Warmshowers. Heureusement qu’un spot de wifi gratuit me permet de faire une capture d’écran pour nous guider à bon port. Nous arrivons de nuit. Il faut remonter les roues avants, charger les vélos et se rouler dans cette ville que l’on découvre. Une belle piste cyclable nous permet de rouler sereinement. Un peu avant notre arrivée, une voiture s’arrête et le conducteur nous demande si nous avons besoin d’aide et si nous allons chez Ivana et Endre ! Bonne pioche ! Il nous guide dans les dernières rues jusqu’à nos hôtes. Une bonne soupe, un bon gratin de pâte et cochon, des discussions en français (ils ont vécus un an à Grenoble) et parfois en anglais. Nos hôtes sont charmants et très accueillants. Ils nous expliquent entre autres qu’ils bénéficient pour leur troisième enfant d’un congé parental de deux ans payés à 100% (pour les deux premiers enfants, ce n’était « que » 1 an).  Cela nous aurait plu… Ils font beaucoup de vélos aussi, à la ville et en vacances. Ils ont d’ailleurs le même cargo que nous. Malgré la fatigue et la timidité, les enfants finissent par jouer avec ceux de nos hôtes. Il est 22h30 quand nous fermons les yeux dans le salon où nous pourrons rester deux nuits. 

Ce matin, nous avons commencé le grand rangement des sacoches. Un peu de tri et préparation d’un nouveau colis à destination d’Autretot pour renvoyer le sac à dos avec lequel Clem a fait le trajet. Heureusement qu’Endre m’aide pour la Poste car c’est pas hyper clair ! Petit truc marrant : les formulaires sont à la fois en serbe et en français ! Endre m’explique que lors de la création de la Yougoslavie, l’administration française a servi d’exemple et qu’ils ont tout fait comme en France ! Bon pas sûr que ce soit le meilleur exemple mais les formulaires sont lisibles pour moi au moins. 

Après un peu de jeu et alors que l’énervement montait doucement chez les enfants, nous avons enfourché nos vélos à vide pour explorer Novi Sad. Une très jolie ville, très piste-cyclée ! Complètement plate et des automobilistes qui te laissent passer systématiquement ! Nous retrouvons le Danube que nous avions aperçu pour la dernière fois à Belgrade après l’avoir quitté en Autriche. Je réalise que le voyage reprend, et cette sensation est grisante. Je redoutais que cette pause ne m’ait ôté l’envie de continuer cette aventure familiale, mais non ! La soif de découverte en famille et la joie de ces paysages inédits est bel et bien là ! 

Demain, presque une semaine après avoir quitté le pays de Caux, le voyage à vélo interrompu en octobre recommence !

Jour 248 / 3 mars 2023

Réveil matinal vers 7h. Un dernier coucou aux enfants de Endre et Ivana qui partent à l’école (en Serbie l’école commence très tôt mais ils prennent le petit dej là-bas). 

Arsène, comme hier, n’en fait qu’à sa tête. Il épuise nos nerfs. Dès le matin, il chahute, crie, grogne. Nous arrivons à sortir rapidement de la maison pour installer les sacoches et des petites décorations sur les vélos des enfants. 

Nous finissons par décoller vers 10h après avoir remercié encore une fois chaleureusement nos hôtes qui nous font reprendre confiance en Warmshowers. Ils accueillent sans cesse des cyclistes des 4 coins du monde chez eux depuis plus de 8 ans. Il faut dire qu’ils sont les seuls à Novi Sad à le faire alors que la ville est sur le tracé de l’EV6. Leur projet de mini camping à l’arrière du jardin nous fait rêver. 

Nous rejoignons le Danube ? Oui ! Et c’est parti pour une journée de piste cyclable ! Nous croisons régulièrement des chiens plus ou moins errants. Certains nous effraient, d’autres nous attendrissent. Le temps est gris, couvert. La terre des champs est noir. Les arbres nus. Mais les sourires et les saluts des personnes croisées nous réchauffent. Notre premier pique-nique hivernal est rapide. Quand il fait froid, les pauses ne s’éternisent pas. Il fait 10 degrés d’après le thermomètre que nous avons embarqué. 

Les enfants jouent en roulant. Maxine retrouve ses positions acrobatiques qu’elle maîtrise malgré le poids de ses deux sacoches arrière. Arsène profite de la piste cyclable pour rouler seul. 

La piste laisse place à une route plus importante. Nous essayons de l’éviter mais il semble que cela nous éloigne trop du Danube… Nous sommes réticents à l’idée de s’aventurer sur cette route passante, cela nous rappelle les mauvais souvenirs de Croatie après Barbant. Nous avons déjà roulé 30 km, mais impossible de planter la tente ici. Nous décidons de nous y aventurer. Les Serbes ont une conduite sportive mais respectent plutôt bien notre présence. Maxine fatigue, je sors la nouvelle sangle pour la soulager. Au bout de 6 km, un chemin sur la gauche file vers le Danube à travers les arbres d’une jeune forêt. Nous y roulons encore quelques centaines de mètres à zigzaguer entre les flaques d’eau avant de sortir la tente. 

Nous sommes tous heureux de retrouver ce cocon, et c’est avec plaisir que nous installons le campement tous ensemble. Pendant que Maxine fait un problème de maths, qu’Arsène et Clem s’occupe et que le dîner chauffe, je change les zips de la tente. Hourra ! Ça marche parfaitement ! Pourvu que ça tienne dans la durée. 

Il est 20h, nous sommes bien au chaud dans nos duvets. Cette journée de reprise a été riche, vraiment chouette même si Arsène a beaucoup de mal à nous écouter en ce moment…

Jour 249 / 4 mars 2023

Nuit un peu longue avec réveils fréquents d’Arsène. C’était frais mais le pic était de 7 degrés, donc ça passe. Les enfants ont bien travaillé pendant que je repliais la tente. Le séjour de celle-ci dans le rackpack fermé pendant 3 mois avec un peu d’humidité a rongé les piquets… 

Nous décollons de notre forêt à 11 heures, et avançons en direction de Baska Palanska sur des chemins de terre sableuse. Le ciel bleu pointe à travers des branches des arbres, la journée s’annonce douce. Nous croisons une voiture qui s’arrête à mon niveau (les Serbes sont un peu machos, il n’y a qu’à moi qu’ils ne s’adressent !). Il me parle, je ne comprends rien mais je sens qu’il essaie de m’expliquer quelque chose à propos de la route. Il descend de sa voiture, et trace un chemin dans la terre pour m’indiquer comment rejoindre la route. Ils sont super cools les Serbes ! Depuis hier, c’est ce sentiment qui prédomine, on sent de la gentillesse et de la bienveillance. Des saluts de la main réguliers ou des Klaxons pour adresser un signe de sympathie. C’est surprenant et agréable ! Le chemin indiqué permet d’éviter une immense décharge, merci !

Nous rejoignons la ville, après des courses, nous sommes contents de retrouver des indications mais celles-ci nous éloignent carrément du Danube ! Nous sommes obligés d’opérer un demi-tour et d’improviser. Sans internet, avec juste notre instinct et une carte Google map préalablement téléchargée. Nous retrouvons la digue du Danube et son chemin de terre sableuse. C’est roulant mais pas efficace. La terre s’agglutine sous les garde boues qui, étonnamment, gardent la boue. Arrivés à un embranchement qui nous éloigne du fleuve, nous stoppons. Une petite étape de 20 km (contre 37 hier). Les enfants jouent à rouler sur la pente douce de la berge. Le soleil qui ne nous a pas quitté de la journée entame déjà sa descente. Nous montons la tente. Un piquet cède au moment de le tendre- Oups – Les zips sont réparés, les piquets pètent ! Un peu de scotch, la forme de la tente est moins belle mais ça a l’air de tenir. Combien de temps ? 

A la fin du dîner, la température a atteint 3 degrés. J’ai préparé des bouillottes pour réchauffer les duvets et nous nous couchons avec les chaussettes au pied, les polaires sur le dos et les bonnets sur la tête !

Jour 250 / 5 mars 2023

250 jours depuis notre départ, comment ça claque ! 

La nuit a été froide, très froide. Jusqu’à un peu moins de zéro. Herbe givrée et tout. Maxine n’a pas eu froid du tout de la nuit, Arsène non plus. Nous avions mis la couverture polaire sous leurs duvets pour les isoler du froid qui vient par en-dessous. Nous n’avions pas ce luxe, du coup la nuit a été fraîche pour nous. Heureusement, la petite bouillotte de 1h du matin a fait du bien. Il n’empêche que le sommeil a été un peu haché. Au matin, la fraîcheur nocturne ne s’était pas totalement dissipée. 

Nous replions la tente et décollons tranquillement vers 11h. Nous commençons par rejoindre un petit village. Rouler sur l’asphalte est plus que plaisant après les quelques kilomètres de la veille dans la piste de terre sableuse ponctuée de flaque. Nous déjeunons à une aire de jeux serbe. Nous commençons à avoir une collection d’aire de jeux à notre actif. Les serbes se montrent toujours autant intrigués par notre cargaison et notre présence. 

Nous retrouvons ensuite la digue du bord de Danube. De nombreux serbes l’empruntent en voiture pour faire le plein de bois. Ils ne manquent jamais de nous saluer. Alors que nous avons pédalé 20 km, l’asphalte disparaît et laisse place à la piste de terre sableuse. Trop dur pour Maxine qui s’arrime à moi avec la sangle shotgun. Arsène est un peu plus en forme, il a réussi à piquer un somme sur le follow-me. Nous pédalons 4/5 km dans cette mouise. Les roues accrochent le sol et rendent l’effort conséquent. Nous sommes en nage et supprimons nos couches. Les images de la nuit frigorifiées se superposent à celles de la journée en train de suer. C’est dommage que la chaleur ne se stocke pas.

Nous installons la tente au bord du Danube dans un camping désaffecté et plutôt propre. Les enfants profitent du terrain de beach-volley pour jouer dans le sable. Clem se rend compte qu’elle a perdu son super bonnet Cotel. Dégoûtée ! Nous faisons un petit feu dans le réchaud à bois en vue d’une session de lavage des corps. Deux familles serbes viennent se balader et discuter avec nous. Ils nous offrent leur sachet de bonbons. 

La toilette est rude mais l’eau est chaude. Les enfants font un peu la grimace, mais même en voyage un minimum d’hygiène corporel est indispensable ! Ils sont récompensés par le désormais traditionnel dessin animé du samedi soir, pendant que nous préparons le repas. La nuit tombe. Juste avant de rentrer sous la tente, deux hommes avec des lampes de poche nous interpellent, en allemand. Il s’agit de policiers serbes qui font des rondes pour s’assurer de l’absence de migrants clandestins et de passeurs. Maintenant que la Croatie a rejoint l’espace Schengen la frontière va devenir l’objet de convoitise de nombreuses personnes qui cherchent à fuir la guerre ou la misère. Ils nous assurent qu’il n’y a aucun problème pour rester ici, et qu’on peut même rester 1 mois si ça nous chante. Privilège de riche ? En tout cas, ça fait de sacrées différences avec les pays précédents où nous flippions lors de nos bivouacs. Troisième nuit d’affilée et tout roule ! 

Il fait moins froid qu’hier, pourvu que ça dure !

Jour 251 / 6 mars 2023

Encore une nuit bien froide. Les petits loups sont résistants ou mieux équipés, mais ils n’ont pas eu froid du tout. Un poil plus dur pour Clem, enrhumée et qui était heureuse d’avoir une bouillotte bien chaude un peu avant 6h quand il faisait 2 degrés dans la tente. Le ciel était incroyable : à droite la lune ambrée glissait vers le Danube, à gauche une douce lumière orangé apparaissait avec les premiers rayons du soleil. 

Le vent nous a cueilli à 8h à notre réveil. Après un bon petit déjeuner, au travail les enfants ! Session d’école bien à l’abri sous la tente.

Le vent souffle et il y a du soleil. Nous prenons le temps de faire un peu de lessive avant le départ, et décollons vers midi. Dès que nous sommes sur nos vélos, le vent se calme et nous profitons du soleil. Nous passons un commerce, fermé. Tant pis, il y en aura bien d’autres sur la route, non ? 

Nous roulons plus d’une heure et demie et ne croisons que très peu de personne et zéro commerce. Le déjeuner sera frugal ! 

Nous passons l’après-midi à pédaler sans voir âme qui vive. Le soleil chauffe notre dos. Arsène roule plus de 10 km en autonomie, impressionnant ! Il parvient ensuite à se reposer sur le follow-me. Au début, nous étions un peu aux aguets de la moindre chute mais il a bien trouvé la stabilité. 

Alors que nous venons de passer la ville de Ziva (ville où le verlan fut inventé en 1987, lorsqu’un touriste français a crié « Vas-y, on est à Ziva ! C’est chelou, c’est pareil ! »), nous constatons que la notion de ville peut-être 5 maisons/bâtiments agricoles dont 4 abandonnés. Un petit chien noir errant et bien costaud s’approche et se met à nous suivre. Il ne grogne pas, et n’aboie pas non plus mais on se méfie. Il se met à nous suivre, et pendant longtemps ! Maxine panique un peu mais garde bien la cadence. Il finit par abandonner au bout de 500 mètres. C’est un peu dur. D’un côté on sent que ces chiens errants veulent retrouver une présence humaine et en même temps, il faut rester méfiant. Les nuages s’amoncellent au-dessus de nos têtes. Nous voyons se déployer autour de nous d’immenses rideaux de pluie qui dansent dans le ciel gris. Des bourrasques annoncent l’imminence d’une averse. Nous accélérons. Les premières gouttes tombent. Froides. Nous approchons d’un village vide et à moitié abandonné alors que le ciel se déverse sur nous. Nous arrivons à nous abriter avant d’être complètement trempé. Nous envisageons un instant de dormir dans cette ferme à l’abandon, mais cela n’inspire pas vraiment confiance. Nous avons encore un peu d’énergie et nous nous remettons en selle aussitôt que la pluie cesse. Quelques kilomètres plus tard nous voilà de nouveau sur notre digue au bord du Danube, nous roulons encore un peu, le temps de trouver notre spot pour la nuit : ce sera au milieu des arbres. Nous montons la tente dans la nuit tombante pendant que les enfants jouent avec des morceaux de bois pour faire un pont pour les vélos. La pluie se remet à tomber une fois la tente montée, ouf ! On est au sec ! Prêts pour une nouvelle nuit !

Jour 252 / 7 mars 2023

Nuit presque chaude dis donc ! Il a fait un peu moins de 10 degrés, autant dire que c’était un sauna ! De nombreuses ondées nous ont arrosés. Malgré la déformation de la tente, pas de dégât à déplorer. Par contre, le petit déjeuner était ultra light, un peu dur. 

Il est 9h15, nous attendons que la pluie se calme pour sortir de la tente. Je suis allé faire la vaisselle au bord du Danube, je me demandais un peu ce que je faisais là et pourquoi j’avais emmené ma famille dans cette galère ! 

La pluie cesse, nous en profitons aussitôt. Les enfants partent consolider le pont construit la veille.

Départ à 10h45. Moins de 5 minutes plus tard : « Papa, j’ai mal aux jambes… ». Maxine, le voyage à vélo, ce n’est pas son truc. Pourtant si elle savait à quel point je suis fier d’elle. 

De nombreuses ruches multicolores jalonnent notre route. Il est 11h30, nous quittons les rives du Danube en direction de Karakuvo, 7 km. Nos réserves de nourritures sont à sec, l’eau est à un niveau sacrément bas aussi. Cela nous force à puiser notre énergie assez loin. Maxine joue sur son vélo et s’imagine en voyage à cheval ou en monitrice équestre. Arsène est en mode repos derrière Clem. La ligne droite est déserte, seuls les bruits des animaux nous rappellent que nous ne sommes pas le lendemain de l’apocalypse. Les champs de terre noir s’étalent à perte de vue. C’est ici le plat pays, pas en Belgique ! Juste avant le pont qui nous fait entrer en ville, un élevage de sanglier distrait les enfants qui se font un plaisir de les nourrir ! 

Nous retrouvons la civilisation et ses mini supermarchés indispensables à la survie des cyclo-voyageurs. Un bon repas qui permet de bien recharger les batteries avant d’attaquer les 10 km de route partagée. Le partage est surtout avec des camions, car la route mène à la frontière croate. Il fait beau et chaud, on se découvre. C’est vraiment très agréable. Il n’y a pas tant de circulation et les Serbes prennent vraiment la peine de bien s’écarter quand ils doublent. Ils ne ralentissent pas, mais ils s’éloignent. Après la frontière, nous retrouvons notre piste cyclable sur la digue au bord du Danube. Elle forme de larges tournants qui nous font serpenter dans un parc naturel. Les enfants se détachent et pédalent seuls. Le soleil est toujours là dans notre dos. 

Alors que la fatigue nous rattrape assez soudainement, nous approchons d’un camping franchement pas accueillant et la piste d’asphalte se transforme en piste de terre & herbe. Nous décidons de pousser les vélos jusqu’à ce que nous trouvions un bon spot bivouac. Au bout de 200 mètres, c’est calme et tranquille. Un endroit un peu jonché de crottes d’animaux sauvages.

Les enfants sont un peu excités et c’est difficile de les calmer. Au lieu de nous aider à installer le campement, ils préfèrent chahuter dans le versant de la digue à rouler dans l’herbe… Nous arrivons à les ramener à la raison, et faisons un petit feu tous ensemble dans le réchaud à bois. Au menu ce soir : sardine, carotte et riz. Le meilleur repas pour Arsène qui se régale. Maxine aussi mais pas fan du riz. Et maintenant c’est l’heure de la bouillotte et au dodo après cette superbe nouvelle journée en Serbie.

Jour 253 / 8 mars 2023

Les animaux de la ferme de Maxine : 

  • 2 chevaux
  • 1 âne
  • 4 moutons (2 femelles, 2 mâles)
  • 4 chèvres
  • 10 lapins nains comme Coco
  • 10 lapins comme Édouard
  • 10 cochons d’Inde
  • 6 cochons
  • 1 chat
  • 1 Golden Retriever
  • 1 rat
  • 2 souris
  • 4 canards
  • 2 cygnes

Eh bien ! Ça va en faire des bouches à nourrir ! Nouvelle nuit fraîche mais pas trop. Des enfants qui s’endorment très vite et qui n’ont pas froid de la nuit, et des parents qui s’endorment à 20h30 maximum. 

La nuit a été rythmée par les micros réveils d’Arsène, les mini-ronflements de Marco et à chaque fois nous nous sommes rendormis bercés par les bruits nocturnes : le hululement d’une chouette, les toc-toc-toc des pics verts, les hurlements des chiens, et d’autres sons non identifiés. 

Le réveil est toujours un peu dur. Le moment où il faut glisser la tête hors de son duvet est une petite épreuve. 

Clem s’occupe de l’école pendant que je finis de plier la tente et de boucler les sacoches. Arsène n’a pas trop envie d’écrire, Maxine s’applique pour la dictée et l’apprentissage des tables de multiplication. 

La reprise est moyenne. Un chemin d’herbe, puis un chemin de terre qui rend la progression laborieuse. J’embarque Arsène derrière moi, assis sur le rackpack. Il est content comme tout ! Nous retrouvons un chemin en dur, nous sommes déjà bien fatigués alors que l’on vient de partir. 

L’itinéraire nous éloigne du Danube et nous embarque sur une petite route tranquille en direction d’Apatin. Encore une fois, nos réserves de nourriture sont épuisées, et nous nous partageons une banane et quelques carrés de chocolat à mi-route. Le dénivelé est toujours égal à zéro. C’est impeccable pour notre reprise. Le soleil nous chauffe et nous oblige à retirer plusieurs couches de vêtements. Maxine est avec moi devant et veut discuter. Ses sujets de prédilection : le cheval, le chat que nous pourrions adopter à notre retour, et tous les animaux qu’elle aura dans sa ferme (voir plus haut). 

A l’arrivée, on sent que chacun mobilise ses dernières ressources pour continuer à avancer. Heureusement la ville est jolie et dispose d’une large allée piétonne accueillante où nous repérons une petite pizzeria alléchante. On ne s’y est pas trompé, nous nous sommes régalés. Premier déjeuner chaud depuis 1 semaine, ça fait du bien. Pour la nuit, nous aimerions trouver une chambre d’hôtel ou autre à un prix abordable. Nous sommes en train d’y réfléchir quand un homme nous aborde en anglais. 

« Bonjour ! Je vous ai vu hier, alors je voulais vous parler. Ça va ? Vous venez d’où ? »

Nous lui expliquons notre projet. Il est impressionné. 

« Et pour dormir, vous faites comment ?

-Nous dormons sous la tente la plupart du temps, à l’exception de ce soir où nous aimerions bien une nuit en dur pour prendre une douche et recharger nos appareils…

-Ok, j’ai une maison de vacances à deux pas d’ici mais je sais pas si ça peut vous intéresser ? »

Tu m’étonnes que ça peut nous intéresser ! Victor m’emmène en voiture jusqu’à la maison, il me parle de la Serbie, du malheur des années 90, de la nostalgie de l’époque de Tito et de la Yougoslavie, il me confie les clefs et me ramène. Il est 16h45. Nous pédalons jusqu’à notre maison rien que pour nous. Les enfants sont ravis, les parents aussi ! Nous pouvons tous nous laver, faire la lessive et la vaisselle. Un bon dîner de pomme de terre sautées, et au lit. Un poêle chauffe la maison un peu fraîche. Les enfants s’endorment après une histoire de la comtesse de Ségur. 

Encore une belle journée serbe avec une rencontre inopinée qui nous a épargné une nuit d’hôtel. Quel plaisir de se coucher dans une pièce où il fait 15 degrés !

Jour 254 / 9 mars 2023

La nuit a été froide malgré le dodo en dur. Je me rend compte que tous mes résumés de journées commencent par le mot froid en ce moment ! 

Après un bon petit déjeuner avec tartines toastées, on s’active pour le rangement et pour faire sécher les derniers vêtements humides. Je file ensuite à vélo rendre les clefs à notre hôte qui est en ville pendant que Clem s’occupe de l’école. J’en profite pour compléter le ravitaillement. Quand je retrouve mon vélo, j’ai l’impression que ma sacoche de guidon de merdouilles a été visitée et mon pneu arrière est à plat. Pas sûr qu’il s’agisse d’un acte de malveillance mais ça y ressemble un peu. Obligé de regonfler à deux reprises mon pneu sur le court trajet jusqu’à la maison. Je change la chambre à air et en moins de 5 minutes c’est plié. Nous pique-niquons sur place et rejoignons notre itinéraire avant 13h. 

Nous sommes loin du Danube aujourd’hui. Il faut dire qu’ici, la frontière avec la Croatie est un peu incertaine, certains territoires faisant encore l’objet de contestations. Au milieu de ce bazar, un juriste tchèque a établi un pays indépendant sur un territoire que personne ne voulait et l’a appelé « Liberland ». Chaque année, un festival y est organisé et des visiteurs du monde entier s’y rendent. 

Au bout de quelques kilomètres nous croisons un chien errant tout gentil qui se met à nous suivre pour le plus grand bonheur de Maxine qui s’imagine déjà l’adopter. Elle le baptise « Beau » en clin d’œil à « Belle et Sébastien ». Nous alternons route de terre et de boue avec les routes en meilleur état. Beau ne nous quitte pas d’une semelle et trotte à nos côtés toute la journée. 

Arsène se débrouille très bien dans les chemins de terre et il est tout fier de pédaler. Il ne cesse de nous réclamer à manger à longueur de journée, alors que pourtant on le nourrit ! 

Il fait super bon aujourd’hui, nous pédalons sans nos manteaux et sans nos polaires ! 

Nous trouvons un bon spot pour le dodo à l’orée d’un bois en bordure d’un champ labouré. Beau reste à côté de nous et s’installe comme pour monter la garde. Nous ne sommes plus qu’à 12 km de la Hongrie et il faudra laisser ce gentil chien en Serbie. J’appréhende le gros chagrin de Maxine au moment il faudra que ce chien nous laisse. L’idéal serait qu’il parte pendant la nuit, mais pour le moment, il ne bouge pas.

La nuit est belle et étoilée, sortir pisser offre un joli spectacle.

Jour 255 / 10 mars 2023

Beaucoup de bruit d’animaux cette nuit ! Des hurlements de chiens réguliers, des oiseaux qui s’énervent, et d’autres sons non identifiés. 

Au réveil, Beau était parti. Maxine était un peu déçue mais nous lui avons expliqué que c’était la meilleure façon de lui dire au revoir. Il est parti de son propre chef. Cela aurait été plus compliqué à la frontière…

Un bon petit déjeuner et la journée commence ! Les enfants s’installent sur le tapis, nous nous apprêtons à replier la tente. Ah tiens non ! Il pleut ! Retour sous la tente… Clem gère l’école des enfants au top. Arsène travaille avec les alphas et Maxine sur des problèmes de maths. La tente tient toujours le coup malgré ce piquet cassé. 

Nous partons et commençons la journée en roulant 2 km dans un chemin de terre. Nous nous sommes éloignés de l’asphalte et du balisage de l’Eurovélo 6 pour trouver un endroit pour le dodo. Cela nous aurait paru infaisable il y a 8 mois, aujourd’hui nous n’hésitons pas à le faire en Serbie.

Pique-nique dans la ville de Bezdan (non aucun mauvais jeu de mot ici). Il ne reste plus que 8 km avant la Hongrie. Nous roulons sur une route en voie partagé, mais on ne la partage pas tant que ça. J’ai (enfin) installé les drapeaux sur nos vélos, nous sommes bien visibles. Il est temps de dire au revoir à ce beau pays à la mauvaise réputation. Nous y avons été super bien accueillis. Les habitants étaient chaleureux. Seule ombre au tableau : la quantité de déchets dans la nature.

Passage de la frontière, tampon dans les passeports et nous voici de nouveau dans l’espace Schengen. Nous retrouvons du réseau, et même si cette déconnexion nous a fait du bien, c’est un peu utile internet. 

Nous nous arrêtons à une aire de jeux après la frontière. Les enfants sont excités. Une mamie arrive avec deux petites brioches pour eux. Elle nous parle spontanément en allemand.

Nous repartons, les enfants montrent des signes de fatigue. Cela fait 1 semaine que nous pédalons tous les jours. Nous roulons près de la frontière. Elle est impressionnante : un grillage surmonté d’une énorme quantité de fil barbelé. A mon avis, il y a des passeurs en train de creuser des tunnels un peu partout ! A moins que ce ne soit le business des échelles qui prennent son essor. Bref, les murs n’ont jamais empêché les migrants de passer mais ça doit satisfaire une partie de l’électorat de Victor Orban. 

Une aire de pique-nique nous tend les bras. Nous savons que le bivouac n’est pas ou peu autorisé en Hongrie. Les patrouilles de police sont régulières. Une d’elle passe. Je vais à leur rencontre pour leur demander si nous pouvons dormir une nuit ici. Ils parlent à leurs collègues au téléphone et c’est ok ! On s’installe sereinement.

Clem et Maxine se lancent dans un Scrabble. J’essaie d’alterner les moments avec Arsène et la préparation du bivouac. 

A 20h, les enfants roupillent !

Jour 256 / 11 mars 2023

Premier dodo en Hongrie ! Et bien on dort aussi bien en Hongrie qu’en Serbie. Maxine s’est endormie avec la bouillotte aux pieds et n’a plus bougé de la nuit. Arsène remue toujours un peu plus et accepte d’enfiler son bonnet au milieu de la nuit et il se rendort aussi sec. Clem et moi alternons les moments de sommeil profond et les micro-insomnies. Le plus dur, c’est le réveil. C’est ce moment où il faut quitter son cocon, mais il me semble en avoir déjà parlé plu haut. 

Ce matin, il fait froid et humide et il pleut. Nous restons longtemps dans la tente avant de pouvoir sortir. La session d’école se passe sur les tables de pique-nique mais dans le froid, c’est plus dur de se concentrer. 

Le retour dans l’UE nous permet de nouveau de profiter des histoires de France Inter. Nous rejoignons le Danube et cette digue que nous connaissons bien. Derrière nous, des fils barbelés et des grillages, c’est la frontière avec la Serbie et la Croatie. Nous roulons droit vers le nord, vers Budapest. 

Nous nous arrêtons un peu pour nourrir des chèvres et des moutons. Un peu plus loin, Clem et Maxine aperçoivent des ombres dans la forêt. Nous nous approchons un peu avec Maxine, pas sûr qu’il s’agisse de sangliers, on dirait plutôt trois petits cochons sauvages noirs. 

Un vent frais souffle fort. Il est presque face à nous, légèrement de côté. Et c’est dur. C’est froid. Glacial. On peine un peu. Une bonne pause sur un des versants de la digue nous permet de s’abriter du vent le temps de manger. Le soleil pointe le bout de son nez et nous chauffe. Clem et moi piquons un petit somme, les enfants roulent boulent dans la descente. 

Nous arrivons près de la ville de Mohacs. Nous prenons un bac pour rejoindre la ville et faire des courses. Les Hongrois nous paraissent un peu moins sympathiques que les Serbes qui nous saluaient si souvent. 

Le ravitaillement dans les sacoches, nous reprenons le bac dans l’autre sens et retrouvons la digue et ses multiples possibilités de bivouacs. Nous trouvons notre bonheur vers 17h, dans les arbres en espérant que ceux-ci nous permettent de garder un peu de chaleur. Il devrait faire 0 degré ce soir.

Jour 257 / 12 mars 2023

La nuit a bien été froide. Une bouillotte de minuit a été nécessaire pour rester confortable et c’est bien passé. 

Pendant que nous rangeons la tente, les enfants jouent dans les arbres autour de nous. Ils sont trop contents de se construire une cabane.

Nous prenons notre temps comme d’habitude et décollons vers 11h45. Le chemin est simple. Toujours le même. Loin d’être lassant, ce chemin est rassurant. On peut laisser les enfants expérimenter : Maxine adore avoir son petit frère derrière elle sur son porte bagage. Ils essaient aussi la sangle shotgun entre le vélo de Maxine et celui d’Arsène. Heureusement, la route n’est pas trop fréquentée. Nous nous arrêtons le temps d’un déjeuner juste à côté d’un match de foot amateur. Nous profitons du vestiaire pour faire le plein d’eau. 

Nous repartons. Le vent souffle bien moins fort qu’hier. Il fait super beau. Le soleil nous chauffe le dos. 

Nous atteignons la ville Szrelem. Les magasins sont fermés. Nous hésitons. Il est 15h, est-ce que nous arrêtons pour aujourd’hui ? Hum. Il y a encore une quinzaine de kilomètres jusqu’à Baja et son Lidl qui nous permettrait d’avoir un bon petit déjeuner demain. Nous sommes motivés et nous pédalons. Je tire Maxine qui fatigue. Cela nous permet d’avoir un bon rythme jusqu’à la ville. Le temps de faire les courses, il est déjà 17h15. Nous cafouillons à la sortie de la ville. L’Ev6 est indiquée dans le sens contraire de celui que nous suivons. Gros doute et un peu de stress alors que le soleil a entamé sa course finale. Nous retrouvons la signalisation en faisant confiance à notre instinct. OUF ! Maintenant, quittons cette ville pour trouver un bivouac. Nous roulons, encore et encore. Il y a de nombreuses résidences de bord de Danube. Pas beaucoup de spots pour nous. La lumière diminue. L’obscurité envahit la route. Nous nous décidons pour le creux de la digue côté Danube. Tant pis pour la discrétion. Il fait nuit noire et nous montons la tente à la lueur de nos lampes frontales. 

Une bonne soupe, une histoire de la comtesse de Ségur et au lit ! 

Nombre de kilomètres parcouru : 45,5 km ! Nouveau record !

Jour 258 / 13 mars 2023

Le vent dans le dos, le soleil dans le dos aussi, le ciel bleu au-dessus de nous, la nature en éveil autour de nous. C’est une bonne journée ! 

Ravitaillement en eau à 14h30 dans la ville de Fajsz. J’arrive à demander grâce à Google Trad si l’eau du cimetière est potable. Les habitants me répondent positivement. Hourra ! Ah, les robinets sont à sec. Zut, zut, zut ! Je me mets en quête d’une personne dans son jardin pour demander quand Clem m’interpelle. Un vieux couple parlant relativement bien anglais pour un bled aussi paumé nous offre de l’eau. Quelqu’un lui a indiqué que nous en cherchions. Trop cool ! 

Nous continuons de rouler, il fait beau. Le moral est vraiment bon. C’est chouette. 

Vers 15h30 après trois kilomètres sur une piste sableuse, où je tire Maxine, nous avisons une piste qui part vers le Danube. Nous avons déjà roulé 26 kilomètres, c’est fini pour aujourd’hui ! Nous avons une jolie petite plage pour nous. Il y a un peu de pollution, mais c’est acceptable. Les enfants se jettent sur le sable et s’occupent bien. Clem et moi en profitons pour nous préparer une douche presque chaude. C’est un peu dur de se déshabiller, mais après 4 jours, ça fait du bien ! 

La soirée tombe, le soleil diminue. Nous montons la tente et au dodo.

Jour 259 / 14 mars 2023

Le Danube est immense ! Large ! Il a même des reflets bleus quand il fait un temps magnifique comme aujourd’hui.

Réveil tranquille et ensoleillé au bord de l’eau. La nuit a été bien plus douce que la précédente. Nous avons bien dormi encore une fois. Après le petit déjeuner, les enfants sont partis sur la plage pour jouer au bord de l’eau pendant que nous rangions. Une fois le rangement fait, Nous nous sommes installés avec eux pour faire une petite session d’école avant de repartir. Il fait très beaux et très chaud, crème solaire pour tout le monde ! 

Nous roulons, il fait beau, c’est chouette de rouler sans gant pour les uns et en teeshirt pour Maxine. Dans le petit village de Fokto, alors que nous sommes à la recherche d’un magasin pour le ravitaillement, deux cyclistes hongrois nous interpellent. En comprenant que nous sommes français, la femme s’exclame dans un français impeccable : « Bonjour ! Comment allez-vous ? ». Elle s’appelle Anett. Elle est professeur de d’histoire et nous invite à boire un café chez elle dans la ville à 5 km de là. Nous acceptons avec joie. Il est trop tôt pour accepter son invitation à dormir chez eux, mais nous sommes bien reçus. Les enfants jouent avec le petit chat, ils sont aux anges. Anett et son mari nous donne de précieux conseils pour la suite de notre voyage et nous envoie vers un lac pour la fin de la journée plutôt qu’au bord du Danube. Nous suivons le conseil !

Toute la sortie de la ville de Kalocsa est bien piste-cyclée, c’est chouette ! 

Après 15 km de routes partagée à travers les villages de Szakmár, puis Újtelek, nous arrivons au lac de Szelidi. Nous demandons à un restaurant pour camper devant chez eux, ils acceptent ! Hourra ! Les enfants se défoulent sur l’aire de jeux toute proche et nous montons la tente. Je déchire la toile de celle-ci sur 4 cm. Parfait ! Pile-poil le jour où une grosse pluie est annoncée ! Chapeau l’artiste ! Nous essaierons de récupérer de quoi la réparer à Budapest ou Bratislava. 

Demain, c’est le jour de la fête nationale, tout sera fermé.  Heureusement Anett nous a prévenu et nous avons fait le ravitaillement en conséquence.

Jour 260 / 15 mars 2023

Il est 1h45 du matin. Impossible de trouver le sommeil pour Clem et moi. La pluie et le vent pèse sur la tente et sur mon esprit. Le bruit de la toile qui claque car impossible à tendre tends mes nerfs. Les enfants, comme à leur habitude dorment profondément.

`« Allez, on met la musique ! »

Arsène parle et gémit un peu dans sommeil, il nous assure ne pas avoir froid. Le nouveau plaid polaire de chez Tesco placé entre les duvets et les tapis de sol assure une bonne barrière contre le froid qui vient du sol.

Pas de fuite dans la tente, notre réparation de fortune du toit a bien marché. La nuit, pleine d’insomnie, nous permis de réfléchir à une réparation de notre piquet.

Nous réussissons à pédaler 12 kilomètres aujourd’hui. C’est presque un exploit compte tenu du vent de face à 28 km/h avec des rafales à 48 km/h et le froid. Un froid humide qui vous pénètre au plus profond. Maxine a froid aux doigts quand nous trouvons une chouette plage au bord du Danube où nous décidons de planter la tente à 12h. En attendant, nous installons les enfants à l’abri sous la terrasse abritée d’un restaurant fermé.

Pour réparer le piquet, je coupe l’élastique qui les relie tous, et je déplace les deux piquets malades vers le début où il y a moins de courbe et tension. Je consolide avec une tige en plastique dure de drapeau dont nous ne nous servons pas, et le tour est joué ! On va peut-être réussir à l’emmener jusqu’à la Norvège cette tente finalement !

Je fais des bonnes crêpes pour accompagner un dessin animé bien à l’abri sous la tente. Il y a une sorte de cuisine avec électricité, parfait !

Tour d’Europe : semaines 18 à 19 : de Rab (Croatie) à Patras (Grèce), en passant par Zagreb, Belgrade et Sofia

Bilan global : On en a pris plein les yeux et plein les mollets ! Nous avons pris la décision de faire notre trève hivernal de bicyclette. Une décision difficile à prendre mais bien persuadés que c’est la bonne.

Journal de bord

Jour 107 / 13 octobre 2022

Dès le réveil, je file me renseigner sur les possibilités de rejoindre la prochaine île, Pag. Le ferry qui peut embarquer les vélos part demain à 12h. Nous devons donc rester une journée et une nuit de plus ici. Ce n’est vraiment pas le pire endroit pour patienter. Cette petite ville est très jolie, pleine de caché et calme. Pas de souci pour rester dans le Airbnb qui nous fait même une ristourne. En buvant mon café sous le doux soleil de la terrasse, après une bonne session d’école, j’avoue me projeter assez facilement à une vie ici ! 

Après le déjeuner, nous partons en direction de la mer. Au pieds de la vieille ville, nous posons nos serviettes sur de beaux et gros rochers blanc. L’eau est absolument transparente et pas trop fraîche. Clem ne résiste pas longtemps à la tentation du bain. J’attends encore un peu que le soleil me chauffe. Des petits poissons nagent au bord de l’eau. Des bernard l’ermite habitent les coquillages de bigorneaux. Les enfants se mettent à la recherche de petits trésors pour agrandir la collection du « musée des petites choses » dont Maxine en est la directrice. Morceaux de verres polis par l’eau et coquillage brillants. Nous passons une belle après-midi.

Après un belle session farniente, un bobo d’Arsène à la main en pratiquant de l’escalade donne le top départ de l’endroit idyllique. Nous repartons par entre les arbres dans le grand parc de la ville. Pendant que les enfants jouent dans un bac à sable, nous repérons un couple de cyclo qui a l’air en difficulté sur leur itinéraire. Sans nos vélos, on n’est pas reconnaissable, c’est frustrant. Nous allons a eu car devinons que comme nous, ils se demandent comment quitter l’île. Ils veulent se rendre sur la même île que nous, nous leur indiquons la solution et discutons. Ils viennent d’Espagne, ont traversé la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et sont ensuite allés à Vienne via Berlin. C’est chouette de partager nos aventures. Sans enfants, ce n’est pas la même, on en est presque envieux ! Quelle facilité de pédaler de longues et éprouvantes étapes, planter sa tente dès qu’on veut. On en serait presque jaloux ! 

Nous rentrons un peu à l’appartement avant de ressortir pour un bon petit resto. La bonne humeur est bien présente, la soirée est douce, c’est chouette. Les enfants courent dans la rue en rentrant. L’ambiance de cette vieille ville est vraiment sympa. Toutes ces rues piétonnes partout, c’est top ! Une petite partie de carte et au dodo. 

Avant de se coucher, Clem et moi étudions le parcours jusqu’à Zadar. L’île de Pag s’annonce difficile à son tour, il faut s’y préparer, ça devrait le faire. Pas de montées d’une dizaine de kilomètres comme à Cres en tour cas. Après Zadar, c’est une autre histoire. Au moment de construire notre itinéraire, Maxine devait pouvoir s’accrocher à nous avec le follow-me, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Nous remettons en question la direction immédiate de la Grèce, les montagnes du Monténégro, d’Albanie et de Grèce ne sont plus envisageables. 

L’idée serait de prendre un train pour Zagreb, de Salit peut-être puis un autre vers Belgrade en Serbie. Et de là, et bah on verra ! Vélo ? Sac-à-dos ?

Jour 108 / 14 octobre 2022

Le bateau pour Pag est minuscule. C’est assez intéressant car celui qui ne prend pas les vélos est bien plus grand. Allez comprendre ! Un peu angoissant mais à la tête du capitaine cela n’a pas l’air de poser problème.

Nous retrouvons les cyclos espagnols croisés la veille, et c’est cool de s’entraider pour monter les vélos et les bagages à bord. La traversée est agréable, les paysages splendides. Derrière l’île de Rab se dessinent les hautes montagnes de la côte croate dans une brume claire. Elles sont imposantes et nous sommes bien heureux de ne pas pédaler dessus. 

« C’est rigolo, ça tangue ! sourit Maxine. J’aime bien quand ça bouge. »

Le débarquement dans le port se fait par l’avant du bateau, c’est un poil plus périlleux mais personne ne tombe à l’eau, ni aucun bagage. Ça reste tout de même plus facile qu’en train ! 

La journée commence par 1 km de montée, dont la toute première portion est à 20% selon un panneau un poil décourageant. Une fois ce mur passé, nous alternerons entre courte montée et longues descentes douces. Maxine n’a pas beaucoup de motivation mais chaque descente illumine son visage. Nous sentons que la pause à Rab a bien plu à nos deux petits aventuriers et qu’ils auraient bien aimé faire durer un peu plus longtemps cette jolie parenthèse. 

Le paysage de Pag est beau. Différent de Cres, Krk ou Rab. Ici, point de forêt. Le paysage est découpé en parcelle par des murs de pierres blanches qui délimitent les enclos des moutons. Je ne sais pas comment se nourrissent les bêtes, il n’y a que de la roche dans leurs prairies. La recherche d’un bivouac sur de l’herbe moelleuse va être compliquée ! 

Vers 16h, nous quittons la route principale pour essayer de trouver un bord de mer qui jouxte un camping. Impossible d’y accéder à moins de traverser le camping fermé et désert. Il est tentant de s’y installer pour la nuit. Deux personnes sont dans un mobile home proche du camping, nous leur demandons si nous pouvons y planter la tente pour la nuit. Une première réponse négative, puis une positive. Hourra ! Les enfants sont déjà dans les jeux du camping. Une nuit au camping gratos ! Le temps qu’on aille chercher les vélos, la dame qui nous a dit oui nous réclame 15€. Ce n’est pas cher payé mais ça ne nous met pas vraiment en confiance car on ne sait pas qui elle est. Nous préférons mettre les voiles. Nous avançons encore un peu. En haut d’une côte, nous stoppons près d’une chapelle et inspectons les alentours. Rien. Nada. Que des cailloux et des rochers. J’aperçois une maison avec une voiture dont le coffre est ouvert. Je m’approche avec Arsène sur les épaules. La présence d’un enfant amène généralement l’interlocuteur à accepter notre demande… Généralement… Dans le jardin, une femme et sans doute son père et son petit bébé cueille des olives. 

« Hello ! Do you speak English ?

-Yes ! »

Je lui explique notre situation et notre recherche et, non, elle ne peut pas nous aider et en plus son mari n’est pas là, et c’est lui l’homme. Une cyclo croate plus âgée nous avait justement informé quelques heures auparavant que c’était assez macho en Croatie. Nous le constatons ! C’est de bonne guerre car apparemment nous, français, sommes arrogants !

Nous pédalons encore un peu. Nous nous rapprochons de Novalja, ville de taille moyenne. Pas le meilleur endroit pour trouver un bivouac. Un chemin sur la droite nous permet de nous arrêter pour regarder le soleil entamer sa course finale. J’explore immédiatement les alentours. Plusieurs maisons en chantier, certaines à l’abandon et un petit carré d’herbe pas vraiment caché mais qui pourrait très bien nous accueillir pour une nuit. Nous attendons que l’obscurité s’installe pour dresser la tente. Les enfants jouent aux ninjas (depuis legoland c’est leur grand jeu).

Une voiture passe et ne semble pas tiquer sur notre présence ou alors elle ne nous a pas aperçus. Nous faisons un campement ultra light et mettons un réveil pour plier à l’aube demain matin.

Jour 109 / 15 octobre 2022

Il est important de se souvenir ce que nous faisons ici. Ce que nous avons imaginé, les moyens mis en œuvre pour faire aboutir une idée qui a germé puis grandit pendant 5 ans. Cette idée, c’était à l’origine de passer plus de temps en famille, dans notre cocon. Nous ne sommes pas des professionnels du voyage, ni des baroudeurs de l’extrême. Nous avons nos années d’expérience aux Scouts de France, quelques voyages à notre actif, une petite année au Rwanda et notre motivation. Nous avons des convictions et des principes qui sont solidement attachés à nous. C’est avec tout ça que nous avons embarqué dans cette formidable aventure. 

En partant, nous avons fait un pari, pris un risque. mesuré soit mais un risque quand même.

En choisissant de voyager à vélo avec de jeunes enfants. Un risque en dévoilant sur notre blog un itinéraire ambitieux que nous n’étions pas sûr de tenir. Un risque en partageant régulièrement nos coups de pédales, nos coups de mou, et nos éclats de joie. Nous avons pris le risque de devoir un jour renoncer.

Aujourd’hui, c’était notre dernier jour de voyage à vélo avant la fin de l’hiver. Et c’était une journée riche en émotion, en paysage époustouflant, en fatigue, en nervosité, en larme, en bonheur. Un sacré final !

Depuis les premiers jours, nous avons questionné notre choix du vélo. C’est un mode de voyage extraordinaire. Il nous emmène dans des endroits inaccessibles en voiture et nous permet de parcourir beaucoup de kilomètres à un rythme raisonné. Il déclenche sympathie et curiosité autour de nous. Il permet de prendre le temps d’admirer et d’apprécier un paysage sans s’en lasser pour autant. Le vélo c’est la liberté, le vélo c’est l’avenir ! Dès les premiers jours, nous l’avons remis en question car nous ne voyageons pas entre adultes amoureux, sportifs et déterminés. Nous avons embarqué nos deux petits ninjas avec nous. Oui, nous avions imaginé rouler plus de kilomètres chaque jour, oui nous pensions qu’un peu de dénivelé serait possible sans épuiser le moral des troupes, oui nous nous sentions capable de côtoyer les motorisés sans paniquer. Tout cela sur le papier était de l’ordre du possible. Nous nous confrontons à la réalité qui est un peu plus compliqué. Voyager à vélo avec des enfants c’est possible et génial, mais un break après presque 4 mois de chemin parcouru va faire du bien. Pour notre bien être, on va lâcher nos deux roues chéris pour un temps.

La journée a commencé à l’aube (c’est logique), après une nuit (ça me semble cohérent) ponctuée de réveils inopinés en fonction des bruits environnants. Des bruits humains ou pas. A chaque fois, nous retenons notre souffle pour l’analyser, connaître son origine et sa distance. En sortant de la tente, j’aperçois d’abord la mer. Elle est calme et silencieuse et baigne encore dans une brume fantomatique. Nous plions rapidement. Une, puis deux voitures passent. Pas de soucis ! Deuxième bivouac vraiment sauvage de Croatie et on a toujours un peu peur que cela soit mal accueilli mais ça passe. Nous démarrons notre trajet par une longue descente jusqu’à Novalja. Nous y faisons un petit arrêt course et aire de jeux. Un peu de dénivelé nous attend, je fais le plein de fruits, barres de céréales et de friandise pour maintenir tout le monde au top. A la sortie de la ville, une longue montée de 1 kilomètres chasse la bonne humeur de Maxine. C’est le début d’une longue journée passée à la motiver, la pousser pour qu’elle daigne avancer. Même sur du plat, elle rechigne à pédaler et semble vouloir tout faire pour ralentir notre progression. Au bout de 5 km, nous quittons la route principale et les véhicules bruyants et effrayants et roulons sur une route secondaire qui se transforme bientôt en piste. Le paysage est magnifique et plus nous allons avancer sur cette piste, et plus le paysage sera époustouflant. Nous avons l’impression d’avoir été transporté sur une autre planète. Je pense à Arrakis en voyant ces monts secs et arides de l’autre côté de l’eau. 

« Il faut combien de jours maman pour le traverser le désert là bas? »

La piste monte, descend, nous faisons de même. Nous enfourchons nos vélos et descendons de nos selles au même rythme. Le sable et les fins graviers nous font déraper. Que nous poussions ou pédalions, nous glissons. Les enfants profitent de chaque instant de pause pour se recouvrir de poussière. Nous suons à enchaîner les allers retours dans les côtes pour emmener en haut nos vélos, puis ceux des enfants, et enfin les enfants. Il n’y a rien autour de nous. Les seuls signes de la civilisation sont les déchets malheureusement très nombreux par endroit. Ils n’amoindrissent pas pour autant notre grand plaisir à évoluer ici. L’eau n’est pas loin et nous la devinons transparente et turquoise. Nous nous y rafraîchissons dans l’après-midi, sans même prendre le temps de chercher nos maillots dans les sacoches. C’est bien plus agréable de toute façon.

Nous arrivons à Pag, heureux et fier de nous. 38 kilomètres en deux jours, c’est vraiment pas mal vu la difficulté. 

Nous ne perdons pas de temps à Pag, il faut organiser la suite. Nous trouvons tant bien que mal un taxi pour nous emmener jusqu’à Zadar, et réservons dans la foulée un appartement. Le gros taxi n’étant pas dispo, c’est deux voitures qui arrivent. Nous démontons les roues avant et croisons les doigts pour que tout rentre… Oui ? Oui ! OUF ! Nous parcourons la cinquantaine de kilomètres en moins d’une heure alors qu’il nous aurait fallu sans doute trois jours à vélo. La route est très fréquentée, sacrément vallonnée avec une grosse côte à 9%, et absolument aucun aménagement cyclable. Nous ne regrettons absolument pas de ne pas pédaler ce tronçon. On a bien géré finalement. 

Nous restons 3 nuits à Zadar. Pour découvrir cette ville, tenter de faire réparer et réviser nos vélos, et aussi pour préparer un peu la suite de notre voyage que nous ferons sans nos vélos à partir de maintenant. Maxine et Arsène n’en ont plus la volonté et nous ne pouvons pas obliger Maxine à pédaler. Nous craignons de la dégoûter. Ce voyage doit être une parenthèse de bonheur familial dans une vie pressée que nous ne voulions plus, pas une compétition. La sagesse du renoncement est une réussite en soi, hauts les coeurs !

Retour au vélo dans 4 mois et on a déjà hâte !

Jour 110 / 16 octobre 2022

A la découverte de Zadar ! Nous partons en fin de matinée découvrir la vieille ville de Zadar. Elle est charmante bien que touristique. Nous ne retrouvons pas le même charme que dans la vieille ville de Rab, mais la cité est agréable. Nous zigzaguons dans les rues piétonnes. Une boulangerie nous fournit un bon repas que nous avalons dans le parc. Une bonne glace italienne en dessert. Nous retournons à notre appartement. Nous essayons de nous reposer, les enfants jouent aux Lego. 

Après le goûter, je pars au musée des illusions avec les enfants. Nous nous amusons bien à découvrir toutes les supercheries de l’esprit. Les enfants apprécient particulièrement les casse-têtes. 

Nous profitons d’avoir une cuisine pour nous mitonner des bonnes pommes de terre sautées. Hummm ! Miam ! (et oui au réchaud, les pat, c’est non).

Les enfants écrivent une carte postale pour leur grands-parents paternels.

Jour 111 / 17 octobre 2022

La vie entre 4 murs est compliquée. Le retour de flamme est violent pour les vagabonds que nous sommes. Nous avons hâte de partir en vadrouille.

Jour 112 / 18 octobre 2022

Comme une impression de renoncer à moi-même. Au volant de notre voiture de location, je me sens un peu amer, comme si je me trahissais. C’est la réalité d’un voyage à vélo quand on arrête le vélo. 

Nous avons pu laisser nos vélos chez Mare, notre hôte. Nous reviendrons vendredi les récupérer avant de prendre un flixbus pour Zagreb pour imaginer la suite de l’aventure. 

La route n’est pas désagréable, la conduite des croates pas trop sportive mais c’est un peu trop comme chez nous. Nous sommes passés faire le plein de gaz chez Decathlon. Nous en avons assez pour au moins 6 semaines et d’avance pour le retour à vélo. 

Nous roulons jusqu’à Kuterevo, un refuge pour ours. Nous sommes dans une jolie vallée ou les couleurs de l’automne ont gagné les feuilles des arbres, cela nous change de la côte et de ses palmiers et pins verts. L’endroit est agréable et accueille des scouts l’été. Nous aurions bien aimé faire un camp ici dis-donc ! Nous sommes accueillis par un volontaire français. Au moment de partir, nous demandons si nous pouvons planter la tente… Oui ! Bingo ! 

Après plusieurs nuits en dur, quel plaisir de retrouver notre habitat favori. Il fait beaucoup plus froid que sur la côte, cela nous rappelle nos nuits autrichiennes, mais avec le froid, pas de moustique!

Jour 113 / 19 octobre 2022

Réveil tout doux, largement après 8h. Vu qu’on s’est couché à 20h, ça fait une bonne nuit de 12h ! Hé oui ! Les dodos sous la tente, c’est vraiment bon pour le sommeil ! 

Après un bon petit déjeuner sous la tente, les enfants vont voir les ours avec Clem.

« Maman, je vais voir les ours avec les vieux ! »

Les « vieux » en question sont un couple de français qui comprennent très bien ce que tu dis Arsène…

Nous courons un peu après les enfants ce matin, entre Maxine qui veut voir les ours et les poneys, et Arsène qui veut présenter ses jouets à tous les Français qu’ils croisent. 

Nous prenons la route dans notre voiture de location, pas nos vélos pour ceux du fond qui ne suivent pas, en direction de Plitvice. Nous y arrivons à 14h30, et c’est parti pour une randonnée de 3 – 4 h. Nous embarquons dans un bateau pour rejoindre le début de la balade. Les arbres ont revêtu leurs parures d’automne. Leurs feuilles oscillent entre le jaune doré et le rouge. Les lacs sont limpides et leur couleur d’un bleu éclatant. Les roches karstiques sont blanches et légèrement tachées de gris. Le tout s’entremêle et se reflète dans les eaux. Nous marchons sur de petits sentiers au bord du lac. Ici, les arbres poussent penchés en direction de l’eau. Le site est propre. La basse-saison permet à plusieurs reprises de se sentir seuls au monde dans ce décor paradisiaque. Nous imaginons sans mal la foule de la haute saison piétiner les uns derrière les autres pour prendre leur selfie pour Instagram… Alors que nous, on peut le faire peinard ! Les enfants suivent de bon cœur, appréciant la majestueuse dernière chute d’eau haute de plusieurs dizaines de mètres. 

Nous sommes de retour à la voiture à 18h. Nous avisons un petit camping au milieu de la forêt de logement de tourisme de masse, le « Camp Vivi ».  Vivi est une mamie qui nous accueille un peu surprise d’avoir des clients en tente. Elle nous propose alors de dormir dans la salle commune, où nous installons nos duvets et matelas. Nous y sommes bien pour dîner, les enfants dessinent. Le dodo s’annonce plutôt confortable !

Jour 114 / 20 octobre 2022

Réveil frais dans la grande pièce à vivre qui a un peu effrayé Maxine dans la nuit. Au petit matin, les campeurs en van se succèdent pour venir utiliser les toilettes. Ils ont tous le même regard gêné quand ils comprennent qu’on dort ici. Nous profitons de la pièce pour une bonne session d’école : maths pour Maxine avec maman et lecture pour Arsène avec papa. Les progrès d’Arsène sont impressionnants en lecture. 

Nous prenons la route en direction du parc de Paklenica. Nous roulons comme hier dans de beaux paysages, même s’ils défilent trop vite et qu’il est compliqué de les admirer tout en étant concentrés sur la route. Vraiment, le vélo c’est mieux ! 

« Oui, mais tout ça on n’aurait pas pu le faire à vélo ! »

Oui ! Mais quand même ! 

Nous quittons les forêts feuillues et retrouvons les montagnes désertiques de la côte et son soleil. Nous pique-niquons au pied des voies d’escalade à Starigrad. 

« Papa ! Ça me donne envie de grimper ! 

-Moi aussi mon Arsène ! On reviendra ici avec tonton Sylvain ! »

Nous commençons notre randonnée de 2h qui doit nous emmener jusqu’à un refuge, nous redescendrons demain matin. Nous sommes entourés de hautes falaises blanches et grises. Un lit de rivière asséché longe notre chemin. De nombreux figuiers sauvages poussent autour de nous. Le chemin n’est pas trop exigeant mais pas non plus ennuyeux pour nous. Nous portons sur nous pas mal d’affaires et ne sommes pas bien équipés pour les porter. Clem a sur elle deux tote bag avec la nourriture, la glacière et son appareil photo. Elle est impressionnante. Les sacs doivent lui scier les épaules mais elle n’en montre rien. Elle avance, toujours en tête, toujours le pas léger. Je porte de mon côté le sac-à-dos, le rackpack dans lequel nous avons mis tous les duvets. Les enfants sont tout heureux au départ de grimper sur tous les rochers qui le leur permettent. La fin de la randonnée est un poil plus dur. C’est un peu long pour nos enfants qui commencent à traîner des pieds. Heureusement, ils se transforment en ninja, et les voilà reparti pour les derniers kilomètres. Nous arrivons vers 16h45 au refuge. L’hôte nous informe qu’un refuge 5 minutes plus loin permet d’avoir une chambre privative pour le même prix. Clem va voir. Il y a une très belle vue mais la chambre est à 120€ la nuit, contre 7€/nuit/pers au premier refuge. Et puis, les lits y sont faits la-bas, on a porté nos duvets, on veut dormir dedans ! 

« If you understand what I mean ? »

Bah oui, je comprends ce que tu dis, il faut arrêter de me parler comme si j’étais complètement teubé purée ! Il est gentil l’hôte, mais un peu lourd. J’ai l’impression qu’il aurait préféré qu’on dorme ailleurs. Pourtant les enfants sont plutôt calmes. Ils jouent au Uno avec Clem pendant que je cuisine. La pièce à vivre est bien chaude, chauffée par un poêle à bois.

Il est 19h45, Clem lit un conte aux enfants, et pour le moment nous sommes seuls dans notre dortoir de 8 personnes. Ce serait assez surprenant que d’autres randonneurs arrivent maintenant, il fait nuit noire. 

Une bonne nuit s’annonce !

Jour 115 / 21 octobre 2022

C’est l’anniversaire de mon papa ! 70 ans punaise ! 

Après la bonne nuit au refuge et un bon petit-déjeuner, nous reprenons le même chemin de randonnée qu’hier. Il est tôt, nous avançons tranquillement, sans la pression de devoir arriver au refuge avant la nuit et le froid ! Parcourir le sentier en sens inverse permet de s’enrichir du paysage auquel nous tournions le dos hier. Et c’est pas mal du tout dans ce sens-là aussi. Les montagnes sont impressionnantes, de part et d’autre de notre chemin, elles sont remplies de grimpeurs dont nous entendons les éclats de voix. 

Nous faisons de petites haltes sur le bord de la rivière. Clem et moi profitons d’une cascade pour une douche fraîche et rafraîchissante, mais vraiment très rafraîchissante. 

Le retour à Zadar ressemble à un retour à la maison. Nous retrouvons le même appartement. Nos vélos sont toujours là, tout roule. Je file rendre la voiture de location, et ensuite douche pour tout le monde et repos.

Mon frère Guillaume me donne le contact d’un collègue vivant à Zagreb. Je l’appelle, et trop cool, il nous propose de garder nos vélos chez lui, de déjeuner ensemble et même de dormir chez lui demain soir ! Ça fait un paquet de bonnes nouvelles ! Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’embarquement des vélos dans le flixbus demain se passe sans accroc, et vu notre dernière expérience (racontée ici), ce n’est pas gagné…

Jour 116 / 22 octobre 2022

Bus de Zadar à Zagreb. 

Nous mettons sans aucun problème tous nos vélos et bagages dans le bus pour 300 kuna.

Le trajet se passe très bien. Les enfants écoutent des histoires. Nous somnolons et dormons un peu.

A l’arrivée, après avoir remonté nos vélos, nous roulons nos derniers kilomètres à vélo de 2022. Nous avons droit à un peu de piste cyclable, un peu de trottoir, un peu de connards sur la route. Heureusement que la fin, dans le parc, est plus roulante que les boulevards flippants du centre-ville.

Zagreb est une ville pleine de tramway !

Nous retrouvons Hugo à la sortie de la ville. Il habite en haut d’une côte bien costaud. Nous poussons nos vélos. C’est en arrivant en haut que je réalise que je n’ai pas mon téléphone. Il est resté sur le banc des jeux ou nous l’attendions en bas. Hugo y retourne rapidement en voiture en vain. Il a eu le temps de se volatiliser…

Nous finissons de mettre nos sacoches et les vélos à l’abri dans l’appartement d’ami juste avant la pluie.

Soirée agréable et ma foi bien alcoolisée !

Jour 123 / 29 octobre 2022

Après Zagreb et Belgrade, nous voilà à Sofia ! 3 capitales en une semaine c’est impressionnant et ça nous change. Nous prenons du plaisir à les découvrir.

A Sofia, nous passons nos deux premières nuits dans une chouette et grande chambre de l’auberge de jeunesse Hostel Mostel. Une vraie auberge de jeunesse, pas une usine de jeunesse comme à Vienne. Le premier jour nous a permis de bien exploré cette belle capitale. Le deuxième jour, nous nous sommes évadés dans la nature avec une bonne randonnée sur la montagne Vitosha toute proche de la ville. C’est la seule capitale au monde avec une montagne si proche, il est même possible d’y faire du ski l’hiver. Nous avons marché sous les arbres et leurs habits orange, jaune et rouge. Les enfants étaient heureux de voir toutes les feuilles tomber des branches.

“Maman, il neige des feuilles !” s’écrie Maxine avec enthousiasme.

La montée est longue et dure. Plusieurs passages nécessitent d’utiliser ses mains. Certains sont vertigineux si on regarde un peu trop sur la droite. Nous rejoignons puis suivons une cascade. 

Nous ne nous attardons pas trop au point culminant de la randonnée. Il faut redescendre. L’énergie d’Arsène diminue malgré les bananes et les gâteaux. “Papa, là, je suis vraiment crevé hein !”. Il marchera néanmoins comme un grand jusqu’à la fin. La nuit tombe déjà doucement. Nous sommes de retour en ville, nous passons prendre nos sac-à-dos à la réception de l’auberge de jeunesse et reprenons un tramway pour l’appartement de notre dernière nuit bulgare. En effet, notre bus ne circulant pas le vendredi, nous restons une journée de plus ici et plus de place dans l’auberge de jeunesse. Nous sommes proches du centre-ville, mais dans un quartier plus populaire. Les rues mal éclairées s’ajoutent à la saleté des halles d’un marché et nous voilà pas trop rassuré. Nous sommes un peu perdus au niveau de l’heure, car nous avons découvert ce matin qu’il y avait un décalage horaire d’une heure ici.

L’appartement est spacieux, mais glacial. 

Notre dernière journée à Sofia est enrichissante. Nous déposons nos sacs dans un casier et filons au musée archéologique. Les enfants se montrent curieux face à tous ces trésors du passé. La première salle expose les vestiges des premières années de l’humanité. Impressionnant de contempler tous ces objets qui ont traversé les millénaires. Arsène est enthousiaste, il s’approche d’un vase…

“Don’t touch ! You just look !”

Une gardienne qui devait nous suivre depuis notre arrivée dans la salle lui est tombé dessus. Sa voix trop autoritaire pour un petit garçon qui n’a rien fait me gonfle.

“He didn’t touch hein ! We know. Don’t worry.”

Je lui lance des regards noirs. Sérieusement, s’ils ne veulent pas d’enfant dans les musées, il faut le dire avant. Punaise, nous sommes avec des enfants curieux, heureux d’être là, ce n’est pas en le engueulant (injustement, j’insiste) que ça va les aider. 

Dans une salle dédiée aux guerriers Trace (comme Spartacus !), nous avons un avant-goût de la Grèce. Casques, boucliers, lances, torques, jambières, c’est très intéressant. Nous apprenons un mot anglais “spurs” qui désigne les éperons. Un gentils gardien cette fois vient nous expliqué plein de choses intéressantes en plus.

Après ce musée, un petit restaurant stylé, puis nous marchons vers la cathédrale. Moins belle que celle de Belgrade. Plus sombre à l’intérieur.

Nous enchainons avec le musée d’histoire naturel. Une collection impressionnante d’animaux empaillés qui plait aux enfants, et un paquet de pierres plus ou moins précieuses. Je retiens l’invraisemblable bismuth, Arsène l’or des fous et Maxine à peu près tout ce qui brille.

Nous prenons la direction de la gare routière. La nuit tombe. Nous marchons avec nos sacs récupérés. En montant dans le bus, nous disons aurevoir à cette capitale attachante. Et nous voilà en route pour 14h de bus ! Demain à 11h nous serons à Patras.

Il est 23h25, nous sommes en Grèce !

Tour d’Europe : semaines 15 à 17, de Linz (Autriche) à Rab (Croatie)

Bilan global

Nous sommes ravis d’avoir changé d’ambiance, même si nous regrettons un peu la facilité de suivre un fleuve. Le climat méditerranéen est clément à cette période de l’année, mais ce changement s’est accompagné de quelques difficultés face au relief de la Croatie et au manque d’aménagement cyclable. Côté paysage, nous en prenons plein les yeux !

Journal de bord

Jour 88 / 24 septembre 2022

Encore une nuit froide. Pour notre dernière nuit en tente avant 3 jours, il a fait sacrément froid encore une fois ! Il ne dépassait de mon duvet que le bout de mon nez. Même si il est conseillé d’éviter les couches pour laisser la chaleur se faire, on dort couvert !

Les enfants passent leur matinée à jouer dans la salle de jeu, ce qui nous laisse bien le temps de ranger et plier les affaires. La tente sèche au soleil avant d’être rangée. 

Nous retrouvons l’itinéraire à la sortie du camping. D’abord un chemin vélo dans la forêt qui nous ramène jusqu’au Danube en zigzaguant à travers les arbres. Nous rejoignons la rive nord et suivons une route très passante sur une piste cyclable. Pas vraiment le plan idyllique, mais voyager à vélo c’est également ça. Un jour nous pédalons dans la nature, seuls, isolés, et le jour suivant nous sommes au bord d’une route nationale. 

Nous arrivons à Linz par une large piste cyclable en contrebas de la nationale, beaucoup plus pratique pour discuter. Nous traversons la ville en direction de la gare. 

Le train pour Vienne a 15 minutes de retard. Sur le quai nous reconnaissons un couple de cyclo germanophone avec leurs vélos. Espérons que le wagon vélo soit suffisamment grand ! En principe oui, puisque nos vélos ont des emplacements réservés. Le train arrive, et, oh misère ! C’est un vieux train, bien haut comme nos vieux intercités de la SNCF. On s’entraide pour monter les vélos. Punaise ! Une poussette stationne sur les emplacements vélos ! On arrive tant bien que mal à tout fourrer dans le wagon. Le contrôleur tique légèrement mais il n’a pas l’air de vouloir parler anglais et repart sans souci. 

A l’arrivée à Vienne, la descente est un peu chaotique, et, dans la précipitation, on oublie le toit de la carriole. On tentera les objets trouvés demain. Nous rejoignons l’auberge de jeunesse et devons porter les vélos et les descendre au sous-sol, puis monter et amener toutes les sacoches à travers le dédale de couloirs jusqu’à la destination finale. La tente est bien plus simple à coté de cela. Nous nous posons enfin dans notre chambre. C’était un sacré marathon et il faudra remettre ça à notre départ dans trois jours…

Jour 89 / 25 septembre 2022

Comme à chaque dodo en dur, les enfants sont matinaux. Dés 7h, ils s’éveillent et sont en formes, prêts à chahuter ! Ils se sont bien remis des émotions de la veille et des tracas du voyage en train avec les vélos. 

Nous nous habillons et prenons un frugal petit-déjeuner. Nous avons hâte d’explorer la ville. Au programme ce matin : déambulation viennoise, spectacle de l’école équestre espagnole et serre au papillon. Tout cela est réjouissant et fatigant mais l’émerveillement est bien présent, malgré un épuisement sous-jacent. 

Nous rentrons à l’auberge de jeunesse, qu’on pourrait également appeler usine de jeunesse tant il y a des jeunes à la chaîne. En même temps, 6 étages, une cinquantaine de chambre par étage, des dortoirs, à mon humble avis, on est vite 1000 là-dedans ! (Estimation réalisée au doigt mouillé). 

Nous arrivons à grappiller un peu de repos et de calme avant de nous mettre en route vers la Prater, une fête foraine qui existe depuis plus de 300 ans. Comme ce matin, nous nous y rendons en utilisant les transports en commun. C’est toujours un plaisir renouvelé d’emprunter le réseau de transport d’une ville. C’est immersif. Nous sommes plongés dans le quotidien viennois, j’adore ! 

L’ambiance est au rendez-vous. Nous faisons plusieurs tours de manège : auto tamponneuse, immense toboggan, rivière sauvage qui tourne, maison de rire, et encore auto tamponneuse. Sans oublier, l’inévitable barbe à papa qui colle aux doigts. 

Un bon gros dodo en rentrant. Enfin surtout pour les enfants, c’est bien les auberges de jeunesse mais la jeunesse est un peu bruyante hein !

Jour 90 / 26 septembre 2022

Visite du château de Schonnbronn.

Nous prenons notre temps pour décoller. J’en profite pour aller faire un tour à la gare pour repérer le train que nous prendrons le lendemain et checker la plus ou moins grande facilité à y mettre des vélos… Hourra ! Le train dispose d’un wagon avec un grand espace vélo ! Le rêve de tous les bikepackers ! J’ai envie de pleurer de joie, de serrer le contrôleur dans mes bras ! Un peu de stress en moins pour demain matin (ou pas ?).

Métro ligne U1, direction Lelpoldau, à Keplerplatz, changement à Karlsplatz, ligne U4, direction Hütteldorf. Le ciel bleu est au rendez-vous. Visite du musée des enfants, le parc et jardins du chateau. Les enfants peuvent se déguiser et nous aussi avec des costumes du 18ème siècle. Après trois mois sans déguisement, on en a bien profité ! 

Retour à la chambre en fin d’aprem. Lessive, rangement des sacoches, vérification des billets et courses pour occuper les 8 heures de train…

Les enfants s’endorment tranquillement, bien heureux de la journée au château. Pour nous, c’est une autre histoire.  Impossible de fermer l’œil avant 2h du matin tant il y a des adolescents turbulents dans les couloirs. 

« Et comme par hasard, c’est que des mecs ! »

Même s’il est tard pour avoir une discussion sur le patriarcat, force est de constater que le bruit est uniquement généré par de jeunes hommes, nullement des jeunes filles. Allez, plus que 4 petites heures de sommeil. Wouhou !

Jour 91 / 27 septembre 2022

« Le train des nuages »

Réveil, vraiment hard, à 6h10. Clem reste avec les enfants pour essayer de les réveiller en douceur, je me charge de sortir les vélos dans la rue et d’acheminer les sacoches à l’extérieur. Heureusement personne ne squatte l’ascenseur à cette heure matinale, et j’enchaîne les aller-retours entre le rez-de-chaussée et le cinquième étage. A 7h08 exactement, nous quittons l’auberge, nous sommes à la gare à 7h10. Le train est dans 48 minutes. Les chemins de fer autrichiens sont sympas et en mesure d’annoncer la voie de départ près d’une heure avant le départ ! Madame SNCF, prends-en de la graine bon sang ! Deux demandeurs d’asile tunisiens attendent le même train. Nous arrivons à communiquer en français. Ils vont en Italie, peut-être pas la meilleure destination avec la récente victoire de l’extrême-droite aux législatives…

Le train entre en gare, et punaise, on est pile poil au bon endroit, juste devant le wagon vélo. Le contrôleur ne fait pas que nous ouvrir la porte, il nous aide à hisser les vélos et à bien les installer. Nous prenons toutes les sacoches et youpi ! C’est parti pour 8 heures de train ! 

Il faut savoir que depuis que nous avons décidé de prendre la direction du sud, le moyen pour y arriver a fait l’objet de nombreuses recherches et simulations. Au départ de Vienne, les trains de nuit sont complets rapidement à priori, et cette option est malheureusement vite mise de côté. J’espère qu’on aura l’occasion d’en emprunter un, car c’est vraiment un plaisir incroyable de s’endormir dans un train et de se réveiller à plusieurs centaines de kilomètres. La bonne surprise c’est que nous sommes dans des compartiments bien confortables.

Il est 14h, nous sommes en Slovénie. Depuis ce matin, le paysage est magnifique. Forêts et montagnes baignées d’une brume blanche opaque. Nous avons l’impression de rouler dans les pages d’un roman fantastique. Pourtant Frankenstein ou Dracula sont derrières nous ! 

Les enfants sont vraiment au top sur ce voyage. Jusqu’à Ljubljana, nous partageons notre compartiment avec un couple, et aucun cri ni pleur à déclarer. Nous sommes contents de nos petits loups. 

Dorénavant seuls dans notre compartiment, nous allongeons au maximum les sièges, cela nous fait trois lits. J’essaie de grappiller une sieste. Plaisir infini que d’être bercé par le train. Le temps file. Nous sommes nostalgiques du moment passé et voudrions prolonger le plaisir en y passant la nuit. 

Nous arrivons à Trieste à 17h10. Petit retard de 15 minutes dû à l’intervention de la police slovène pour des immigrés clandestins. A leur arrivée, j’ai cru à un contrôle des passeports et nous nous sommes empressés de récupérer les nôtres, mais nous avons vite compris que nous n’avions pas le profil des personnes contrôlées. Un moment bien difficile à voir et on pense à eux qui le vivent. A l’arrivée, la Méditerranée s’offre à nos yeux. C’est émouvant de revoir la mer après plus de 2 mois sans l’admirer. 

A Trieste, nous découvrons un nouveau style de circulation. Un peu plus sportif et moins maniéré qu’en Allemagne ou en Autriche. Les Italiens sont fidèles à leur réputation mais on ne sent pas en danger pour autant. Ce n’est pas évident de se repérer mais nous rejoignons notre Airbnb.

Nous nous baladons en début de soirée sur les hauteurs de la ville près du château. Nous avons une belle vue, c’est vraiment agréable de revoir la mer et d’être baigner dans un nouveau décor. Nous allons nous régaler ces prochains jours sur la côte Adriatique.

Jour 92 / 28 septembre 2022

Nous quittons Trieste par une belle piste cyclable mais après ce n’est pas de la tarte ! Fini les jolis panneaux Eurovélo d’Allemagne ou d’Autriche, ici il va falloir se débrouiller. La zone industrielle à la sortie de la ville est un labyrinthe, heureusement des petits autocollants de cyclo pallient régulièrement le manque d’indication officielle.

Nous faisons une pause au bord de la mer à Muggia. Le soleil n’est pas assez présent pour tenter une baignade, et puis…

« Venez voir les enfants! 

-Qu’est-ce que c’est?

-Une méduse ! »

A 14h, nous pénétrons en Slovénie ! Nous aurons passé moins de 24h en Italie et on ne devrait pas rester très longtemps non plus dans ce nouveau pays. Ici, nous retrouvons des panneaux impeccables pour les directions et le signe de l’EV8. 

« C’est bien pistecyclé la Slovénie! Me lance Clem.

-Pistecyclé ?

-Oui, je trouve le trouve bien ce mot, ça sonne juste ! »

Nous quittons l’itinéraire pour prendre une glace sur le port d’Isola (c’est rigolo car en France à Isola2000 il y a aussi de la glace ! Ha ! Ha ! Ha !). Un coup de fil de mes parents m’annonce une nouvelle moins drôle au sujet de mon grand-père de presque 99 ans. Cela me sort un peu du voyage et de l’orga. Nous décidons de nous arrêter au camping le plus proche. C’est aussi le plus cher. Le plus cher depuis notre départ. Plus cher que le club de Kayak de Passau. Plus cher que la ferme des vaches des Pays-Bas. 56€ la nuit. Punaise ! Pour 15 mètres carrés de terre et des chiottes ! Au moins la vue est belle. 

Ah oui ! J’oubliais, Maxine a super bien pédalé aujourd’hui. Sérieuse à Trieste et sa zone industrielle et courageuse dans les quelques montées.

Jour 93 / 29 septembre 2022

Départ à 10h40. Nous avons pris une douche et on en a profité pour faire une lessive. Comme d’habitude, nous avons fière allure avec nos slips et culottes qui sèchent sur les sacoches. 

Nous commençons la journée par une longue descente qui serpente vers la vallée. Nous sommes sur un chemin goudronné très agréable, composé de petits tournants et d’un relief tout à fait raisonnable. La nature est typiquement méditerranéenne. Les cyprès et autres arbres qui reste vert toute l’année.

Après une petite côte qui chauffe les muscles, nous arrivons à l’entrée du tunnel de 550 mètres. Percé entre 1900 et 1902 sous l’Empire Austro-Hongrois, il servait pour les trains. Les enfants sont ravis de pédaler dedans. Il y fait frais. Maxine ne se rend même pas compte qu’il s’agit d’un faux plat montant ! 

Nous faisons une pause juste avant la frontière croate. Un parcours « pumptrack » occupe bien les enfants qui enchaînent les tours de piste. Il y a aussi un mur  d’escalade qui n’intéresse que moi aujourd’hui. 

Nous repartons, sortons de Slovénie et sortons de la zone Euro, place aux Kuna. Après un court contrôle douane, le chemin commence tranquille, un peu caillouteux mais plat. Au bout de 500 mètres, une longue côte commence. C’est parti pour 5 kilomètres de montée. C’est dur pour Maxine. On y va tranquille. On marche, on écoute des histoires, je la pousse en pédalant à l’hollandaise. C’est long, c’est dur, mais on essaie de garder une bonne humeur général malgré la difficulté. 

« Allez ! Après une montée, il y a toujours une descente ! »

Nous retrouvons l’asphalte et ses usagers plutôt pressés dis-donc ! Nous filons sur les 7 kilomètres qui nous séparent du bord de mer. Nous alternons longues descente et plat jusqu’à Savudrija. Le camping Lighthouse est full, mais le gérant sympa nous trouve un grand carré d’herbe rien que pour nous, derrière le camping. 

Nous nous promenons le soir au bord de la mer. La vue est magnifique. Le ciel est chargé de nuages anthracite qui annoncent un orage. Maxine retrouve sa passion pour la pêche. Avec Arsène, nous admirons des éclairs qui zèbrent l’horizon. Le vent souffle. Arsène et moi rentrons à la tente jouer aux Lego, tandis que Clem et Maxine font des prolongations près de l’eau.

Un bon dîner à l’abri de la pluie et au dodo en écoutant ce soir l’histoire de Peau d’Âne. Je suis content de lire ce conte que je ne connais pas du tout. J’ai des lacunes !

Jour 94 / 30 septembre 2022

Camping désert et champ d’olivier. 

Nous commençons la journée par une chouette session d’école au bord de la mer. Les enfants ont bien pris l’habitude, et l’école commence à être un vrai plaisir pour tout le monde. Arsène a très souvent envie de continuer à faire des exercices même quand nous avons dépassé l’heure de travail. 

Nous repartons et découvrons que pour suivre l’Eurovelo 8, le plus simple reste de suivre les petites flèches sur les autocollants semés par des particuliers sur les poteaux pour pallier le manque d’indication officiel. C’est pratique, plus besoin d’allumer le téléphone à chaque croisement. Nous nous éloignons un peu du bord de mer, roulons sur la route 75, puis retrouvons les petits sentiers cyclo-pédestres. Certaines pistes sont neuves et au ras de la plage. Nous avançons dans un décor splendide. Les plages croates sont belles, quand elles ne sont pas complètement urbanisée par des immenses complexes d’hôtellerie. Nous longeons tantôt des champs d’oliviers chargés de leurs fruits, tantôt des campings aux dimensions hors normes. Pourvu que nous n’ayons jamais à dormir dans de tels endroits. Tous ces lieux sont vides. Et avec la météo mitigée du jour, il y a comme un air de village fantôme. Nous côtoyons également de belles demeures qui donneraient presque envie d’investir ici. Des tuiles rouges, des murs blancs, de l’espace, une vue sur la Méditerranée, une végétation luxuriante…

« C’est beau les statues de lion, hein dit papa? questionne Arsène.

-Heu… oui oui.

-On pourrait en mettre sur les poteaux de la maison, mais avec des lumières, comme ça si des voleurs viennent, ils vont avoir peur et croire que c’est des vrais lions ! »

Tout simplement ! Les gens qui dépensent des fortunes dans des alarmes sophistiquées n’ont rien compris, Arsène et son imagination suffisent.

En milieu d’après-midi, nous quittons ces chouettes pistes pour retrouver la route 75 et ses usagers pressés. Nous serrons les dents. Nous stoppons à Umag pour un bon goûter acheté à la boulangerie. C’est l’averse. Maxine choisi le pain-saucisse, Arsène et moi un beignet au chocolat, Clem fait l’impasse sur le goûter. 

Nous repartons et arrivons dans un nouveau camping désert. Il est presque 18h. Nous hésitons à y planter la tente. Le camping sauvage étant strictement interdit ici, nous sommes un peu frileux du bivouac. Mais un bivouac dans un camping désert, c’est pas vraiment du camping sauvage, non? Malheureusement, il s’agit en fait d’une partie de camping fermé, et la partie ouverte est juste à côté. De nombreux baladeurs achèvent de me décourager. Nous nous installons un peu amer au camping au milieu des caravanes.

Jour 95 / 1er Octobre 2022

Réveil motivé par l’envie de partir vite d’ici ! Pas une prise de courant accessible, nous allons devoir être économe aujourd’hui sur les appareils électroniques. 

Satisfaction de ne rien payer pour la nuit. Oui, l’accueil était fermé hier soir, et ce matin, nous sommes passés devant en oubliant de payer sans presque faire exprès.

Nous pédalons jusqu’à la ville proche sur de jolis pistes cyclables en bord de mer. Nous hésitons sur l’itinéraire. Est-ce qu’on ne serait pas mieux à couper à travers l’Istrie pour regagner directement les îles ? Nous décidons de rester encore un peu sur l’EV8. Une longue descente nous amène à un pont au ras de l’eau. La mer est agitée mais le soleil brille au milieu d’un bleu azur. 

Nous continuons de suivre les autocollants et leurs flèches. Ils nous emmènent au pied d’une côte à plus de 10% de plus d’1 km. Nous poussons nos vélos, pestons contre le poids de ceux-ci, mais nous en venons à bout ! Hourra ! Nous avons bien mérité nos bonbons ! 

Nous retrouvons le littoral et ses chemins déserts après un long passage caillouteux et en proie aux moustiques. La Croatie est finalement bien pistecyclée, du moins en Istrie. Les enfants sont en pleine forme et motivés. Après un arrêt goûter, nous stoppons quelques minutes à une pumptrack comme en Slovénie. Ils sont ravis, mais il faut repartir. Il nous reste encore 6 kilomètres avant le camping que nous avons repéré. Le seul qui n’ait pas l’air d’un complexe de merde. Arsène et Maxine roule super bien ensemble, jouant et discutant tout en épousant parfaitement les petits reliefs. C’est un vrai régal pour toute la famille. Ils viennent même à bout d’une côte plus longue et sur route partagée. Avec Clem, la fierté se lit dans nos regards. 

La fin de journée est plus dure, enfin pour les parents. A notre grand regret, le camping repéré est fermé. Nous tentons de téléphoner à différents apartmenti, que dalle. Minimum 7 nuits ! L’heure tourne. Nous finissons au cœur d’un complexe d’hôtellerie de plein air. Dur dur. Nous avons l’impression de trahir nos principes mais la côte et l’urbanisation ne permet pas de bivouaquer tranquille et on a pas l’energie.

Jour 96 / 2 octobre 2022

Ce matin-là au réveil, j’enfilais mon petit short noir en simili cuir, je lissais ma fine moustache grise en m’admirant dans le miroir de ma petite mais ultra-fonctionnelle salle de douche. En sortant, je remis mon marche pied devant la porte de ma caravane double essieu. Je m’étirai en admirant la vue. Le camping-car de Gunther à ma droite m’empêchait de bien voir la mer, mais cette belle machine au format d’un bus valait bien le détour. La musique lounge des sanitaires se mêlait habilement au bruit des vagues. Seuls quelques enfants bruyants gâchaient mon plaisir. Les campings 5 étoiles devraient leur être interdit ! pensais-je. Je calmais le début de ma colère en observant ma télécommande. Ce joujou me permettait de déplacer ma caravane, comme une voiture télécommandée. Très pratique pour bien s’installer sur nos emplacements. Et classe aussi, piloter sa caravane à distance, ça claque ! J’avais hâte de me mettre sur la trottinette électrique pour rejoindre le troisième restaurant du resort. Voilà bientôt une semaine que j’avais posé les cales, et je n’étais toujours pas sorti d’ici ! En même temps, j’avais tout à portée de main, pourquoi explorer ce pays, dont la vue sur mer me suffit, pourquoi me confronter à vie et sa population qui pourrait ne pas me comprendre quand les gens de la réception parlent si bien anglais et même allemand ! 

Un crissement de gravier s’invite dans mes oreilles et me réveille. OUF ! Tout ça n’était qu’un affreux cauchemar ! Nous profitons de tout ce luxe pour prendre de longues douches. Nous quittons cet endroit maudit peu avant midi. Aujourd’hui nous suivons une longue embouchure puis nous quitterons la côte, écœurés par ces logements géants. A nous le dénivelé ! 

Nous rejoignons rapidement un long chemin caillouteux sous les arbres, qui nous laisse apercevoir la mer deux fois. Au début et à la fin. Le dénivelé est bien présent, mais il passe sans problème pour tout le monde et à la clef, un magnifique panorama méditerranéen. Des arbres qui commencent à se parer de leurs habits d’automne, une mer bleu, des montagnes de chaque côté. Une carte postale.

Nous repérons un camping dans les terres à 6 kilomètres de nous. Cela nous fera une petite étape de 20 kilomètres mais qui se passe dans la joie et la bonne humeur générale. Maxine ne souffre pas du relief et reste motivée et courageuse jusqu’au camping. Elle peut y continuer, une fois arrivée, sa broderie. Arsène a bien roupillé sur la fin et rattrapé de sa nuit trop courte. 

Nous n’avons pas pu faire de course, je pallie le manque de provision en confectionnant un pain sucré avec un sachet de porridge. Le résultat est top, reste à le cuire ! On sort le réchaud à bois pour ne pas finir tout le gaz et c’est parti ! Tout le monde se régale ! A refaire ! 

Nous profitons du réchaud à bois pour y rester tous les 4 et écouter des musiques douces. Nous passons un super moment de famille bien agréable.

Jour 97 / 3 octobre 2022

Que c’est agréable de retrouver des températures d’été. Nous remettons les shorts, les tee-shirts mérinos et les doudounes sont au fond de nos sacoches. Le ciel est bleu sans l’ombre d’un nuage, le soleil sèche la toile de la tente en quelques instants, plus de buée qui sort de notre bouche quand nous expirons ! Bon les moustiques et les guêpes sont de retour mais on ne peut pas tout avoir hein ! 

Départ de ce simple mais agréable camping dans les terres à 11h22. Aujourd’hui c’est Maxine qui porte le GPS !

« Aufwiedersehen ! »

Mon allemand commençait tout juste à me revenir quand on a quitté l’Autriche. Heureusement qu’il n’y a que des touristes allemands ou autrichiens ici, ça permet de continuer à exercer mes talents de polyglotte.

Nous commençons la journée par un chemin de cailloux qui énerve Arsène. Je l’aide, l’encourage et le pousse, mais les pierres ont raison de sa motivation. Il aura tout de même parcouru 3 kilomètres ! Maxine nous guide plus ou moins bien. 

Petit stress tout de même aujourd’hui. Nos réserves de nourritures sont au plus bas. Nous n’avons rien à nous mettre sous la dent autre que du popcorn, et le supermarché le plus proche sur notre itinéraire est à 12 bornes et plus de 300 mètres de dénivelé positif. Nous n’avons presque plus de kuna non plus. Mais on est serein ! Nous comptons les lézards. Nous rejoignons une route plus roulante, mais toujours de la piste.  Ça monte, ça descend, et ça suit sans aucun souci du côté de Maxine ! Nous sommes pendant un moment sous les arbres, puis rejoignons une route d’asphalte plus passante. Nous voyons de plus en plus de chiens, pas errants à priori pour le moment mais nous sommes vigilants et disons aux enfants de rester méfiants. Le paysage est de plus en plus impressionnant. Nous sommes au sommet de collines vertigineuses. Un château en ruine se tient sur le versant opposé, un immense pont traverse la vallée derrière nous, et des arbres partout. Une descente en lacet n’attend plus que nos roues sur 4 kilomètres. C’est un plaisir inouï. Ce sont des sensations que nous n’avions pas du tout expérimenté depuis le départ. C’est euphorisant. Nous nous élançons. Le vent siffle dans nos oreilles, le soleil chauffe nos mollets. J’adoooooore !!! Nous faisons une pause popcorn et cuillères de miel avant d’attaquer la montée qui s’annonce aussi dure que la descente était plaisante. Nous stoppons au niveau du château en ruine. Hourra ! Il y a un bistrot ! Et ils acceptent les euros ! Sauvés ! Des frites, et une visite plus tard, nous partons de « Moncastel » sous les regards sympathiques des touristes allemands. Arsène et moi sommes en tête, puisant notre courage en écoutant de la musique. Clem tente de tirer Maxine à l’aide d’une sangle mais cela est dure. Lorsqu’elles arrêtent, Maxine file comme une flèche et me rattrape. Nous faisons des pauses régulièrement mais avançons à un bon rythme. Maxine est surprenante aujourd’hui. Clem toujours aussi impressionnante. Et moi, je suis extraordinaire mais on le savait déjà (pfff). 

Vers 16h, nous appelons le camping repéré pour s’assurer de la disponibilité. Merde ! Il est fermé, la saison est déjà finie ! Saperlipopette ! Où allons-nous dormir ? Nous ne cédons pas à la panique et partons déjà trouver un ATM. Nous le trouvons dans jolie ville de Svetvincenat. Il est 17h. Je commence à être rincé, et je ne suis pas le seul. Nous décidons de rouler vers Foli (mais c’est une folie !), où nous retrouverons un chemin de campagne avec plus d’occasion de bivouac. 

A la sortie de la ville, nous apercevons une grande maison au jardin ouvert. Une femme tond la pelouse. 

« Marc ? On lui demande ? »

Nous prenons notre courage à deux mains (oui ce n’est pas chose aisé pour nous on l’avoue), et rentrons dans le jardin. Par chance, la dame parle un peu anglais. Elle accepte que nous plantions la tente. Elle nous montre les toilettes chez elle, puis nous propose de dormir sur son canapé ! Incroyable ! Inouï ! Inénarrable ! 

Nous passons une bonne soirée en compagnie d’Yvonna dans sa petite maison. Les enfants regardent des dessins animés, nous discutons. Elle est pâtissière et nous parle d’elle, de sa famille, de son pays. C’est trop cool. Elle part demain matin travailler tôt mais nous dit que nous pouvons rester aussi longtemps qu’on veut. 

Je m’endors dans la cuisine, Clem se partage le canapé avec les enfants. Nous sommes au chaud, nous sommes heureux.

Jour 98 / 4 octobre 2022

Réveil matinal après une bonne nuit au chaud. Trop chaud même. Il faut dire qu’à la suite d’une incompréhension, notre hôte a mis une bûche dans le poêle ce qui a bien chauffé la pièce ! 

Petit-déjeuner, école et départ. Après la ville de Foli, nous roulons sur une route pleine de relief. Le paysage est magnifique. Nous sommes seuls au monde. C’est grisant. C’est vraiment ce que nous recherchions. La nature, le dépaysement. 

Nous stoppons au sommet d’une côte pour pique-niquer. Aucune trace de la civilisation autour de nous hormis la route. Des arbres à perte de vue, des prairies sauvages où affleurent des roches blanches. Un léger vent frais nous rappelle que nous sommes en octobre. 

« On s’en fiche des petites bêtes ! »

Si seulement c’était vrai ! Les insectes sont tous plus gros en Croatie, les sauterelles, les fourmis, les araignées, les mantes religieuses. 

Nous arrivons rapidement à Braban. Une jolie église avec aire de jeux nous permet une pause agréable. À plusieurs reprises, des chiens plus ou moins errants nous ont aboyés dessus, ça surprend ! Maxine a dégoté un bâton pour Clem pour les éloigner, juste au cas où. Nous analysons le dénivelé qui nous attend. 212 mètres positif et pareil en négatif. Nous descendons dans la vallée, puis nous remontrons. Nous y allons avec la meilleure humeur possible. Celle-ci s’estompe un peu lorsque nous rejoignons la route 66. Hormis le petit air américain, cela n’annonce rien de bon. Il s’agit en effet d’une route nationale, fréquentée entre autre par des semi-remorques et de gros cars de touristes. Nous nous élançons et commençons les 5 kilomètres de descente. Des espaces nous permettent des pauses pour souffler et digérer les nombreuses voitures qui nous doublent. Quand je pense que j’ai rouspété contre les voitures en France qui me dépassaient à moins d’1,5 mètres, ici quand elles me doublent à plus 40 centimètres je suis hyper content. La carriole tangue dès que je prends de la vitesse. J’imagine la gomme de mes plaquettes de freins qui diminue de plus en plus. Un gros car me double, je m’accroche fermement à mon guidon, tout va bien. Plusieurs automobilistes nous adressent des signes d’encouragement en klaxonnant, ça fait chaud au cœur. Pas d’ironie, nous comprenons que ce petit coup de Klaxon est un salut ou le petit signal du dépassement. Arrivés en bas nous soufflons. 

La descente ne s’est pas trop mal passé, la bonne énergie est toujours présente. Est-ce que nous allons réussir à la conserver sur les 9 kilomètres que nous devons parcourir sur cette route ? Heureusement, pour les kilomètres les plus difficiles nous recevons l’aide d’automobilistes allemands.

A 17h30, nous arrivons au camping. Soulagement total. Clem chasse toutes ces émotions en plongeant dans la piscine gelée. Nous restons deux nuits ici, le temps de préparer la suite et de se reposer un peu.

Jour 99 / 5 octobre 2022

Farniente au bord de la piscine. L’eau est froide mais c’est très plaisant. La profondeur de 1,40 mètres empêche les enfants de se baigner seuls.

Jour 100 / 6 octobre 2022

100 jours de voyage purée !!!

Pour l’occasion, nous restons à nouveau dans notre petit havre de paix. Piscine, école, jeux.

Tout roule !

Jour 101 / 7 octobre 2022

101 jours de voyage et la tente présente une nouvelle fragilité. Après les zips, voilà que notre moustiquaire s’est trouée ! On a fait une jolie réparation au DuckTape, mais on songe de plus en plus à profiter du Decathlon de Zadar pour la remplacer. 

Réveil tardif à 8h16. Juste avant de partir, nous buvons un café au soleil avec les pieds dans la piscine. Il fait chaud aujourd’hui ! Nous quittons le petit camping de Kapelica, et pédalons 2,5 km jusqu’à Labin. Nous attachons nos vélos, et partons faire une randonnée. Le chemin escarpé descend le long d’une rivière presque asséchée à cette époque de l’année. Arsène manque un peu de motivation au départ mais il devient « Cactus », le dinosaure de compagnie de Maxine et les voilà qui dévalent les chemins. Nous pique-niquons dans une gorge au bord d’une piscine naturelle encore plus transparente que celle du camping, l’odeur de chlore en moins mais la température identique. Nous empruntons ensuite un chemin indiqué comme difficile qui relève plus de la varappe que de la randonnée. Quelques petites sueurs froides pour nous, beaucoup d’amusement pour les enfants. Arsène qui nous disait qu’il rêvait de grimper hier est ravi ! 

Nous remontons vers nos vélos. Dès que nous quittons l’ombre fraîche des arbres, la chaleur du soleil nous cueille et nous assomme. Si la descente était raide, eh bien la remontée l’est également ! Nous retrouvons nos vélos, aucune sacoche ne manque à l’appel. A chaque fois qu’on se fait une excursion ou des courses ou tout autre fois où nous laissons les vélos sans surveillance, je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter mais à chaque fois rien ne se passe. En même temps, il y a régulièrement nos slips et culottes qui sèchent dessus, ça doit repousser ! 

Nous prenons la route, une étape d’une vingtaine de kilomètres pour rejoindre Brestova où nous voulons prendre un ferry pour l’île de Cres. Après à peine quelques kilomètres, mon vélo se bloque. Mon dérailleur est en train de se coincer dans les rayons de ma roue arrière. Merde ! Il s’est dévissé et je le remets sans peine mais il s’est tordu dans l’affaire. Dès que je suis sur le plateau 2, un bruit de chaîne légèrement désaxé se fait entendre. Reloud. Je passe l’aprem en plateau 1. Nous pédalons une petite dizaine de kilomètres à enchaîner descentes et montées. Maxine pédale sans soucis, Arsène s’est endormi. Il est 16h45 quand nous faisons une courte pause. Le soleil est moins chaud. La circulation tranquille sur ces routes secondaires. Après Nedescina, nous avons plusieurs kilomètres de descentes, dont une longue partie sur une route fermée à la circulation déserte et avec un revêtement neuf. 

« Purée ! Quel kiffe ! s’exclame Clem en bas de celle-ci. »

Nous mettons nos manteaux pour continuer les descentes. Le vent est frais. Nous voilà maintenant sur la route 64, jusqu’à Vozilici. Pas trop de circulation et une route large qui permet de se faire doubler sans se faire tailler un short. Nous devons en principe continuer notre route sur la nationale 66, la même que celle de mardi quand nous avions bien flippé. Il est presque 18h, et cela ne nous enchante pas du tout. Clem part aux alentours à la recherche d’un coup de main éventuel, une camionnette qui voudrait bien nous embarquer. Je repère un chemin alternatif qui permettrait de sauter une partie de la nationale mais nous aurons un petit mur à pédaler. Nous optons pour cette solution en gardant en tête qu’il faut trouver un endroit pour dormir. Nous filons vers la vallée au creux de laquelle se trouve une magnifique centrale à charbon, avec une immense cheminée rayée blanche et rouge. Nous attaquons le mur, dépassons trois chiens errants. Je tiens la perche de la GoPro dépliée au cas où mais les chiens ne font pas preuve d’agressivité. La lumière rose de fin de journée sur la roche blanche de la montagne est hypnotisante. Nous poussons nos vélos. Seul Arsène a de l’énergie pour chahuter. Un champ d’oliviers sur notre droite. La récolte a commencé et une famille s’active à ramasser les précieux fruits. Je demande à l’un de ses membres si nous pouvons planter la tente ici. Discussion en Croate/Italien avec un autre membre. On capte des « no », ok. On est prêt à repartir mais en fait c’est good ! On peut planter la tente au milieu des oliviers ! Les champs est envahi de plantes aromatiques, l’odeur est enivrante. Vue sur la montagne derrière nous, vue sur la centrale devant. La famille nous invite à participer à la récolte des olives demain matin sur le ton de la blague, mais nous sommes super enthousiastes à cette idée ! Nous devrions gagner un petit déjeuner en échange d’un coup de main !

La lune presque pleine éclaire les arbres autour de nous. La centrale ne s’arrête jamais et notre nuit sera rythmée d’un bruit de fond, mais le lever du soleil s’annonce assez magique !

Jour 102 / 8 octobre 2022

Recherche Google avant le coucher : « scorpions Croatie ». 

Ce matin, après le petit déjeuner sous la tente (pour éviter le froid et la très forte humidité), nous retrouvons Patrizia et sa famille/amis dans le champ d’oliviers. La cueillette commence tôt ! Nous passons la matinée à dépouiller les arbres de leurs petits fruits verts. Les enfants participent à leur niveau. Maxine grimpe dans certains arbres pour attraper les olives les plus hautes. Arsène cueille celles des branches basses. Ils apprécient renverser les seaux de chacun dans les grandes caisses. Toni, un petit garçon de 6 ans, les emmène faire des tours de minis quads électriques et ils s’attèlent ensemble à la tache. Nous y passons toute la matinée. Nous sommes heureux de pouvoir participer et de remercier en filant un coup de main. Nous sommes invités à déjeuner avec tous les cueilleurs. Un bon repas où chacun se sert dans les plateaux de charcuterie, fromages ou d’omelettes aux asperges. 

A 13h30 c’est la reprise de la cueillette et l’heure du départ pour nous. Nous retrouvons le mur que nous avions laissé hier soir. Impossible de pédaler. Nous poussons. Les enfants suivent en marchant. Nous faisons des points relais et prenons notre temps. La pente est vraiment très raide. Je repense à la côte dû monumentale près de la maison. Je repense à ces fois où j’y ai poussé le vélo chargé de la carriole. Mes muscles brûlent. Purée ! Mais qu’est-ce qu’on est lourd ! A-t-on vraiment besoin de tout ce bordel ? La ville de Plomin est jolie et domine la mer et la vallée. C’est beau ! 

Juste avant de nous embarquer sur la route nationale (en principe moins fréquentée en ce moment), un cyclo ultra light arrive de notre mur. Il nous explique que c’est la côte la plus raide qu’il a jamais faite. Son vélo lui a indiqué que la portion la plus dure était à 26% ! 

La route nationale est en effet moins fréquentée, mais on reste concentrés et vigilants. La majorité des véhicules fait attention mais il y a toujours des chauffards. Nous sommes contents de quitter l’EV8 en allant sur les îles car celle-ci continue sur la nationale jusqu’à Zadar. Quand nous la quittons pour rejoindre le port de Brestova, la pente est de 14%, de quoi faire grincer les freins. Une longue descente serpentée jusqu’à l’embarcadère s’offre à nous. Le panorama est impressionnant. L’île de Cres se dresse de l’autre côté, une montagne qu’il faudra traverser demain.

La traversée sur le ferry est agréable. 

« Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pris le bateau dis-donc ! »

Il est 17h. L’île de Cres est belle certes, mais dépourvu en logement. Il est trop tard pour commencer la traversée, nous décidons de rester à Porozina, la ville du port pour y trouver un endroit où dormir. Aucune maison ne semble en mesure de nous accueillir, nous trouvons un petit coin sous les arbres près de La Chapelle et des ruines attenantes. Nous laissons les vélos plus loin et emmenons les sacoches sur notre terrasse. Je bouge les pierres à main nue pour préparer une large place pour la tente. Nous attendons avant de la monter. Après le dîner, en cherchant un coin pour jeter un petit reste de lentille, je retourne une pierre et distingue une drôle de bête. Noire, petite, plate, recroquevillée sur elle-même. Intrigué, je l’effleure du bout de la cuillère en bois. Ah ! Un scorpion ! Je n’en avais jamais vu en-dehors des terrariums. J’en parle à Clem mais pas aux enfants pour éviter de les inquiéter. Nous montons la tente, et y rentrons les sacoches, puis les enfants. Clem en aperçoit un nouveau sous l’abside. Merde ! Bon, pas de panique, dans la chambre nous serons tranquilles. Il faudra bien vérifier les chaussures avant de les enfiler demain matin hein !

La journée a été riche et dense. Il y a eu tellement de moments différents que c’est fou de se dire que tout ça est rentré dans une seule journée !

Jour 103 / 9 octobre 2022

Nuit bruyante. La nature ne s’est pas reposée. Pas de scorpion ce matin au moment de ranger ou de plier la tente, mais je ne faisais pas le malin. Déjà hier soir, au moment de s’endormir, des bruits d’animaux surprenant nous ont un peu maintenu éveillé. À plusieurs reprises dans la nuit, nous avons entendu fureter et renifler autour de nous. En sortant de la tente ce matin, j’ai aperçu sur le chemin en contrebas plusieurs petits sangliers…

Le dénivelé de l’île de Cres tient ses promesses. Nous commençons sur une côte à 8%. Je suis confiant, ça va le faire. Clem est moins optimiste, et plus réaliste que moi. C’est hard. Nous pédalons peu, et marchons beaucoup. En plus mon dérailleur s’est de nouveau dévissé, hyper rassurant. Il nous faut plus de 2h pour avancer de 6 km. J’ai mis une sangle entre la carriole et le vélo de Maxine, c’est pas mal. Cela fait un sacré convoi. C’est dur, et même si le paysage est magnifique, on galère tous. 

Nous jetons l’éponge. Nous laissons tomber. Nous ne pouvons et ne devons pas nous entêter. Ce n’est pas le but de ce voyage de nous faire détester le vélo.

Nous appelons un taxi. Les enfants s’amusent comme des fous dans les rochers en attendant. La voiture arrive et nous y chargeons le vélo de Maxine, celui de Clem et celui d’Arsène. Nous y chargeons également toutes les sacoches dont les miennes. Clem et les enfants partent et doivent se faire déposer à l’embarcadère de Merag. Je continue de pédaler, léger, le taxi viendra me récupérer après, dans 50 minutes environ. Cela me laisse le temps de pédaler et de kiffer en solitaire. Je rajoute une bonne grosse centaine de mètres de dénivelé aux 300 mètres gravis en famille. Et là, je me rends compte que nous avons bien fait de ne pas nous obstiner à vouloir grimper à vélo cette île. En plus du dénivelé, le vent est de face, et le ravin tout proche et pas toujours bien protégé. La route arrive sur une crête, et c’est ahurissant. Les flancs de la montagne de chaque côté plongent vers les eaux turquoises de la mer adriatique. Le vent hurle autour et tente de m’envoyer hors de la route. 

Le taxi me retrouve. Nous roulons sur plusieurs routes à plus de 8% en montée, et plusieurs à 10% en descente. Nous avons vraiment bien fait de prendre l’option taxi. 

Nous arrivons à Merag pile poil pour le départ du bateau. Contrairement à celui de la veille, il est plein à craquer ! La traversée est un peu mouvementée.

« Papa, on peut acheter des glaces ? 

-Oh oui, vous les avez bien méritées ! »

J’en prends pour Arsène aussi. Je retrouve Clem et Arsène s’écrie : 

« Ouiiii ! Encore une glace ! 

-Comment ça encore? »

Maxine a réussi à me faire acheter des glaces alors qu’ils en avaient eu pendant que je pédalais. La grosse coquine purée !

Débarqué à Krk (prononcer Kirk, comme le capitaine de l’USS Enterprise [Startrek]), il nous faut parcourir 3 km jusqu’au camping Sbrtici, mais avec une côte à 8% pendant 1 km… C’est compliqué. Nous y arrivons mais ce n’est pas une partie de plaisir. Pour la première fois depuis notre départ, nous ne voulons plus pédaler. Nous décidons de rester 2 nuits dans ce camping pour pouvoir nous faire une journée plage demain, la première depuis que nous sommes en Croatie.

Jour 104 / 10 octobre 2022

Purée ! Mais qu’est-ce qu’on va faire ? Où allons-nous ? Comment ? Ces questions reviennent se bousculer dans nos têtes. La Croatie est magnifique mais nous avons été un peu trop optimiste et ambitieux sur nos capacités physiques et mentales. L’île de Cres nous l’a bien rappelés. C’est une fissure dans notre projet qui laisse s’infiltrer au creux de nos ventres le doute. Ce doute terrible qui te fait regretter le confort de la routine, qui fait remonter que le positif de la vie superficielle d’avant. Le plaisir de se partager un café après avoir emmené les enfants à l’école et avant d’attaquer une journée de télétravail. La joie de se planifier une soirée au restau, au cinéma. Nous sommes dans le dur, dans l’impasse dont il faut repousser les limites. Nous allons la trouver l’issue dérobée qui permet aux héros en mauvaise posture de se sauver in extremis. 

Nous mettons cela de côté, et nous concentrons sur la session d’école des enfants. Puis, nous partons à pied pour la plage à 2 km du camping. A nos doutes vient s’ajouter l’incertitude de trouver un ferry pour l’île de Rab. Nous allons peut-être attendre quelques jours ici. La plage est magnifique. Un bar de plage complètement fermé assure une tranquillité royale sans doute inexistante en haute saison. Le soleil est un peu timide mais dès qu’il se montre il nous chauffe la peau. L’eau est transparente comme en Bretagne. Maxine pêche, Arsène vagabonde sur les rochers. Le temps est bon, la vie est douce au bord de la mer Adriatique. Face à nous se dresse l’île de Cres où nous avons tant souffert hier. Avec Clem, nous nous repassons le film des derniers jours. Nous avons du mérite et du courage mais des jeunes enfants que nous voulons préserver et rendre heureux pendant ce voyage. Petite partie de Uno au bord de l’eau, c’est carrément cool. 

Le retour est tranquille. Les enfants marchent doucement et jouent au bord de la route. Les très nombreux allemands ne conduisent pas terribles. Ils nous énervent un peu à s’adresser à nous systématiquement en allemand, comme si tous les touristes ici étaient comme eux natifs d’Allemagne. Les Croates font de même, donc on pourrait presque les comprendre. 

Fin de journée classique et agréable.

Jour 105 / 11 octobre 2022

Notre ferry pour l’île de Rab part à 18h20. Nous prenons notre temps pour ranger et faire l’école. Les enfants profitent bien de la piscine et des jeux. 

Nous partons à midi pour le port. L’idée est d’y laisser les vélos et de lézarder tout l’aprem à la proche plage. Malheureusement, en arrivant au port à 13h15 sous un soleil de plomb, on constate que le chemin pour la plage est inexistant. La côte à 8% nous empêche de sortir de là. Il va falloir y passer l’aprem… Nous nous posons d’abord sur le port au bord de l’eau. Pique-nique avec vue sur de nombreux poissons. Les enfants jettent des cailloux dans l’eau. On explore un peu les environs mais nous ne trouvons aucun endroit adéquate. Le soleil tape un peu même si on est le 11 octobre. Nous nous installons à l’ombre sur une terrasse de restaurant. Nous enchaînons les parties du jeu Bioviva sur les dinosaures. Les enfants ont chacun leur préféré. Le Spinosaure pour Arsène et le Galliminus pour Maxine. Le temps est long, mais les minutes continuent de s’enchaîner. Ouf, le temps ne s’est pas arrêté. Nous nous rapprochons de notre quai de départ. Les enfants sont un peu excités. Le soleil disparaît derrière des montagnes, l’atmosphère se rafraîchit. Des plots servent de poutre aux enfants. A l’approche du départ, l’attente est interminable alors que notre bateau est là. Enfin, à 18h on peut y monter. La chaleur de l’intérieur est réconfortante. Les roches blanches de la côte de Krk prennent une couleur rosée dans la lumière du coucher de soleil. Bizarrement, la traversée parait très mouvementé à Clem et à moi comme sur une mer d’huile.

En arrivant à Lopar, nous pédalons de nuit. Le froid tombé sur le port au moment de l’embarquement a laissé place à une douce chaleur du soir. Nous avons réservé un Airbnb à un peu plus de 2km. La ville est déserte. Vu le nombre de panneau indiquant des appartements à louer, on devine qu’il s’agit d’une ville fantôme dès que les touristes ne sont plus présents.

Nous passons notre soirée à discuter Clem et moi, de la suite, du projet. La Croatie et ses difficultés nous font douter. Nous pédalons moins, ce qui est frustrant, mais nous ne pouvons pas non plus faire beaucoup plus. Nous vidons notre sac, nous nous couchons le cœur plus léger mais avec des questions sans réponse plein la tête.

Jour 106 / 12 octobre 2022

De nos longues discussions d’hier soir, nous avons gardé une solide envie d’avancer et de pédaler. Ça tombe bien, ce matin après les petites courses, nous retrouvons une belle piste cyclable. Cela faisait plusieurs jours que nous n’en avions pas vu. Arsène et Maxine ont pu rouler sereinement dessus et cela a bien motivé toute la famille malgré les 151 mètres de dénivelé à faire aujourd’hui.

Au bout de 3 km, nous avons un superbe panorama sur la mer et les îles parsemées dessus. Il fait un temps splendide, presque trop chaud. D’ailleurs, il ne faut pas longtemps avant que Maxine ne nous fasse part de ses impressions sur la météo.

« J’en ai marre, il fait trop chaud !”

Après un peu plus de 8 km, Arsène change de monture. Nous sommes très fiers de lui, il a bien pédalé. Il a super bien géré le relief et la cohabitation avec les voitures quand il était un peu sur la route. Maxine est également de très bonne composition aujourd’hui. Elle ne se plaint presque pas, hormis de la chaleur. Elle assure dans les montées aujourd’hui. La bonne humeur est bien présente chez chacun de nous, cela met du baume au cœur.

A 15h, nous dépassons la ville de Rab et pédalons encore deux petits kilomètres pour rejoindre le ranch Soline où Maxine va enfin pouvoir monter à cheval. Elle nous en parle depuis le jour du départ de son envie de remonter sur un cheval. Nous lui avions promis pour son anniversaire, mais la promesse n’avait pas pu être tenue faute de club équestre. Elle était fière et ravie, perchée sur son immense Bosco noir. Le moniteur nous a dit qu’elle se débrouillait bien mais qu’elle avait besoin de s’entrainer. 

Nous avons ensuite rejoint la vieille ville de Rab où nous nous sommes trouvé un Airbnb sous les toits avec une très belle vue. Après le diner, nous avons fait une longue marche dans les ruelles désertes. C’est surprenant de s’imaginer qu’au plus fort de l’été, ces mêmes ruelles doivent être bondées de touristes. Ravis de découvrir cette jolie vieille ville et de se perdre dans ses petites ruelles. Ça change, on en profite.

Demain, nous restons dans les parages et devons trouver un moyen de rejoindre l’île de Pag. Apparemment, le ferry n’embarque pas les vélos…

Tour d’Europe : semaines 13 à 14, de Vohburg am Donau (Allemagne) à Linz (Autriche)

Bilan global

Points positifs : La pluie puis le froid ont mis nos nerfs et notre équipement à rude épreuve. Le tout a tenu le coup !

Points négatifs : les zips de la tente sont devenus compliqués à fermer sans y passer plusieurs minutes avec minutie.

Journal de bord

Jour 73 / 10 septembre 2022

Argh ! On est samedi ! Pas vendredi ! Oups on s’est planté d’un jour ! Du coup, on respecte le rythme, pas d’école. Nous nous réveillons sous la pluie alors qu’on a laissé les fringues sécher dehors. Raté ! 

Nous ne perdons pas de vue l’objectif de la journée : rouler.

Les enfants jouent aux Lego (encore et toujours). Nous affrontons vaillamment la pluie pour commencer le rangement. Nous désespérons de voir notre linge sécher un jour. 

La pluie s’adoucissant, Clem organise la chasse aux trésors à laquelle elle avait réfléchie la veille. Je finis de plier la tente. Arsène comme à chaque départ est super motivé pour pédaler. Nous commençons à sentir l’été qui s’enfuit, et l’automne qui s’invite parmi nous. Le ciel est chargé, ça sent la journée pluvieuse. En principe c’est une petite étape de 16 km qui nous attend aujourd’hui, jusqu’à Neustadt.

Les kilomètres défilent. Nous sommes loin du Danube et traversons de jolis villages. Les agriculteurs utilisent de sacrées machines pour s’occuper du houblon fraîchement récolté. Leurs champs sont impressionnants, grimpants à plusieurs mètres de hauteur. 

A 14h21 précisément, nous arrivons au camping. L’accueil est fermé et n’ouvre pas avant 15h. Environ 5 caravanes/camping-cars attendent à la queuleuleu de pouvoir s’installer. Une averse s’annonce. Nous nous réfugions près des sanitaires. Nous y sommes accueillis par une personne qui semble être la gérante. En Allemand et sèchement elle nous indique que la réception n’ouvre pas avant 15h. Le ton est trop inamical à notre goût. 

« Yes we know! But it’s raining and we are with our bikes! réplique Clem. »

La dame referme la porte en grimaçant. Nous ne nous sentons pas les bienvenus. 

« Marco, on se casse? 

-Grave ! 

-Maxine, la dame n’est pas très gentille, tu veux bien rouler encore? 

-Euh… D’accord ! »

Et nous voilà parti pour 22km supplémentaires pour rejoindre le camping suivant à Kelheim. La route est vraiment belle. Le ciel est majestueux, encombré d’immense nuages violets qui descendent comme d’immenses méduses aériennes et lâchent de ses tentacules électriques des millions de gouttes d’eau. Au cours d’une belle et longue montée, nous constatons que nous sommes suivis. La bête est sur nos traces et va bientôt nous rattraper. L’orage fond sur nous alors que nous pénétrons dans une épaisse forêt. Nous laissons passer l’averse qui succède au concert de tonnerre, et repartons, armés de pantalon kway et d’une bonne humeur quasi générale. 

« J’en ai marre ! bougonne Maxine. »

Son manque de motivation disparaît alors qu’une longue descente s’amorcent sous nos roues. Nous filons comme le vent. Nos mains humides ressentent toute la fraîcheur de la journée, mais c’est grisant de rouler autant sans effort. Je dois juste faire attention à la carriole dans laquelle Arsène s’est endormi et qui peut fortement tanguer à tout moment. 

En bas, nous retrouvons le Danube, encaissé dans des falaises impressionnantes dignes du Seigneur des Anneaux (dans la Communauté de l’Anneaux quand ils sont dans les barques et qu’ils voient les immenses statues, juste avant que Boromir ne se fasse tuer par une flèche d’Uruk Haï… Repose en paix Boromir ! Je te vengerais !!!)

Les panneaux indiquent deux possibilités pour rejoindre notre destination. L’une avec un avertissement sur le dénivelé et l’autre « per Schiff »

« Ça veut dire quoi per Schiff? 

-Par bateau ! s’exclame Clem en regardant son téléphone. »

Ravi par cette idée, nous choisissons l’option fluviale et embarquons sur un bateau avec nos vélos. Les enfants se réjouissent un peu moins que nous du magnifique paysage et des falaises qui nous entourent. Clem et moi nous régalons à la vue de ces roches qui plongent abruptement dans l’eau verte du Danube. 

Une fois repartis de Kelheim, il nous reste 6km que Maxine surkiffe grâce aux très nombreuses flaques d’eau du chemin de halage. Il est presque 18h. La fatigue arrive pour tout le monde et pourtant une dernière épreuve va nous achever. une sacré côte pour accéder au camping ! Nous ne pouvons pas la monter autrement qu’en poussant nos vélos…

Nous sommes bien installés pour regarder « La Belle et la Bête ». Et hop au dodo !

Jour 74 / 11 septembre 2022

En tant que Normand, et plus précisément en tant que Seinomarin, j’en connais un rayon dès lors qu’il s’agit de pluie. Il y a la fine bruine qui semble être vaporisée d’on ne sait où qui hydrate, le crachin qui refroidit, l’averse furtive qui disparaît aussi vite qu’elle apparaît, et puis il y a la grossssse pluie, celle avec des grosses gouttes lourdes. Ce matin, au réveil, c’est celle-ci qui attaque la toile de notre maison nomade avec férocité. 

Le temps d’une longue douche chaude et réconfortante, la pluie s’est transformée en un crachin incessant. Nous ne sécherons donc plus jamais ? 

« Merci de m’avoir donné des flaques d’eau la pluie ! s’exclame Arsène très naturellement en s’élançant dedans. »

Nous avons quitté le camping à la ferme à 13h après un petit pique-nique. Les enfants ont pu passer la matinée à s’amuser sur le trampoline, les balançoires et cordes au-dessus du foin, sans se lasser une seule fois en près de 2h. Cela nous a laissé le temps d’essayer de faire sécher et resécher la tente, de recharger nos appareils et ranger correctement les sacoches. 

Arsène vient rapidement se réfugier dans la carriole, impatient d’écouter de nouvelles odyssées. Sur les trois histoires de la journée, celles des évadés d’Alcatraz remporte le prix du public. 

Au moment de partir, nous hésitions avec Clem sur la destination. Souhaitant faire un saut de puce, nous avons réservé des billets de bus pour Passau au départ de Ratisbonne. Il nous reste à savoir quand nous y allons. C’est à 38 km mais y rester 3 nuits jusqu’à mercredi serait hors budget, le camping étant au prix exorbitant de 56€ par nuit. Heureusement, nos voisins cyclo de la nuit nous indiquent la présence d’un club de Kayak où il est possible de planter la tente pour 8€ par adulte, c’est parfait ! 

Nous roulons à un bon rythme. Un joli pont piéton nous permet de traverser le Danube. Celui-ci est encore surplombé de quelques falaises abruptes et d’arbres feuillus. Les nuances de vert et de blanc sont impeccables et nous régalent.

Alors que nous roulons, un cycliste (un vrai en combinaison et sur un vélo de course en carbone dont les roulements à billes sont bruyants en roue libre) nous interpelle et nous conseille de ne pas suivre l’itinéraire officiel pour rester sur une route plus agréable pour les enfants et plus courte. Cette attention surprise nous réjouit et nous permettra de gagner une dizaine de kilomètres ! 

Nous roulons à un bon rythme, nous avalons les bornes. Une petite pause au bout de 16km, puis une autre dans un joli parc de Ratisbonne alors qu’il ne nous reste plus que deux kilomètres. Toboggan, parcours d’eau, toile d’araignée, poteau de pompier, c’est le paradis ! 

Nous arrivons au club de kayak, nous reconnaissons la tente de nos voisins cyclo du matin, et du jeune cyclo allemand de Neubourg sur le Danube. Nous nous installons, les enfants se délectent du bac à sable et des tracteurs à pédales. C’est simple, tranquille et sous les arbres où l’on y voit les écureuils.

Une fois couchés, les enfants se racontent des histoires chacun leur tour dans la tente, c’est plutôt très adorable. Sur une échelle de 1 à 5, je leur mets 5 !

Jour 75 & 76 / 12 & 13 septembre 2022

Posés pour trois nuits Ratisbonne, nous y sommes bien. Nous pouvons faire de bonnes petites sessions d’école. 

Si dimanche au moment de notre arrivée il y avait 3 tentes, lundi soir et mardi, nous sommes complètement seuls !

Lundi, nous avons passé 3 heures à la piscine. Très pratique, il y avait un resto dans la piscine. Pas sûr que ce soit terrible niveau hygiène et que tout le monde se lave les mains après avoir mangé des frites et avant de retourner à l’eau mais bon ça nous va bien ! En fin de journée, nous partons nous promener dans le centre-ville. Il est beau et chaleureux. Une grande fresque représente David et Goliath.

Arsène accuse un peu le coup mais Maxine est ravie de se balader et prends de jolies photos avec le téléphone de Clem. Ce soir c’est pizza et gaufres délicieuses. Nous rentrons alors qu’il fait nuit. 

« Rouler la nuit en vélo, c’était mon rêve ! s’exclame Maxine. »

Les étoiles et les planètes intéressent les enfants, je vais leur préparer un cours sur le sujet (et je vais réviser un peu !).

Mardi, nous avons à nouveau fait une bonne session d’école. L’énervement des enfants et la météo incertaine a transformé le plan pique-nique au parc en déjeuner à la tente. Les enfants se sont ensuite tranquillement installés dans le hamac.

Ce soir, pour le dessert, j’ai préparé une crème chocolat blanc avec du lait et de la poudre Dr. Oetker, je suis content du résultat et du succès. J’en ai trouvé pas mal au Rewe, hâte d’en refaire ! 

Demain, mercredi, nous prenons un bus à 10h pour rejoindre directement Passau. Il faut donc que nous soyons prêts tôt !

Jour 77 / 14 septembre 2022

Il y a des signes qui trompent, et d’autres qui ne trompent pas. Il y a des signes. Il suffira d’un signe. Un matin. Un matin tout tranquille et serein. Quelque chose d’infime, c’est certain. Ce matin, réveil sous la tente arrosée par une pluie ininterrompue. Il faut tenir un timing serré. Les enfants sont de plus ou moins bonne volonté. Nous prenons le petit-déjeuner sous l’abri du camping. Je plie une tente complètement trempée. 

Nous roulons sous les grosses gouttes jusqu’à la gare. Une fois arrivés, une longue attente commence. Les enfants sont calmes et écoutent « Le Soldat Rose », puis ne tardent pas à s’impatienter. Nous jouons ensemble a 1,2,3 soleil. Les vélos, les sacoches sont prêtes. Le bus arrive. Le préposé aux bagages tique devant le vélo d’Arsène et la carriole. 

« Problem ! Gross problem ! But first ticket ! »

Clem présente nos billets. Le bip de la machine sonne faux. Incrédules, nous découvrons que nos billets sont erronés. La date indique 21 septembre. Nous nous sommes plantés. Le bus repart sous les pleurs de déception. C’est dur, vraiment. Nous étions impatients, nous sommes levés tôt, nous sommes pressés sous la pluie, nous avons patienté longtemps dans le froid et que dalle ! Nous faisons un gros câlin familial pour nous remettre de nos émotions. Les enfants sont déçus, nous également. La motivation va être dure à puiser. Tant pis pour le petit saut de puce, nous irons à Passau à la force de nos guiboles ! En plus, la météo est avec nous, le soleil revient. 

Rapidement, Maxine : « J’en ai marre ! »

C’est un peu dur à entendre. Nous venons de stopper pendant deux jours mais la déception du matin joue son rôle et on le comprend bien. Nous faisons rapidement une pause et commençons à reprendre le fil de nos interrogations, de nos doutes. 

« Qu’est-ce qu’on fait ? »

Les épreuves sont toujours l’occasion de remises en question et en général, ça cogite et ça nous boost. La positive attitude revient et Maxine retrouve la motivation. Nous atteignons le Walhalla, un immense bâtiment de marbre blanc ressemblant à un temple grec. Plus de 300 marches à gravir pour atteindre le sommet. Les enfants les gravissent à leur rythme mais ils y vont sans râler, ce qui nous remplit de fierté. Nous y passons un agréable moment, ponctué de frayeurs dès que les enfants sont un peu trop proches du vide ! Nous jouons à cache-cache derrière les colonnes. 

En redescendant, Clem et Maxine partent à la recherche d’un trésor Geocatching. Puis nous reprenons la route. Arsène s’endort bientôt sous le roulis de sa carriole. Je pédale seul en tête. Je profite pleinement de ce moment agréable et solitaire. 

Après une pause qui occasionne de nouvelles discussions sur la suite du voyage, nous retrouvons la route. Nous sommes en approche de Wort an der Donau quand un cycliste nous indique un spot de camping sauvage toléré dans la ville. Il est 17h cela nous semble opportun. Il s’agit en fait d’un parking pas terrible. Les enfants jouent dans le sable, Clem part checker les alentours. Un autre endroit semble plus adapté et beaucoup plus sympa. Nous nous arrêtons sous les arbres d’une jolie prairie bien verte. L’endroit est impeccable ! Un beau bivouac en perspective au pied de la forêt. Alors que le tonnerre commence doucement à gronder, et que je m’apprête à filer faire un ravitaillement, je me fais piquer par une guêpe sur la main. Je détale de là où je me trouve. Le rackpack en est envahi ! Il est sans doute posé sur un nid ! Aïe aïe aïe, quelle journée ! Nous nous éloignons prestement. Le tonnerre redouble. Le vent se lève. La pluie arrive alors que je viens de récupérer le sac à l’aide d’un grand morceau de bois. Nous nous réfugions sous les arbres. Nous sommes trempés jusqu’aux os. Pas le temps d’enfiler les pantalons kway. Il est plus de 18h. L’endroit idyllique est finalement maudit. Nous affrontons la terrible averse pour nous abriter sous le préau d’un club de tennis. Nous y arrivons trempés et frigorifiés.

Nous envisageons de camper là. Alors que je commence à monter la tente, je m’arrête. Paralysé. Ce n’est pas possible, pas ça ! Les galères s’arrêteront-elles ? Je constate avec effroi que je n’ai pas de sardines. Aucune. Je me revois alors les poser ce matin par terre et ne pas les ranger. Pas de sardine, pas de tente. Pas de tente, pas de dodo. Pas de dodo, pas de dodo!

Il y a des signes qui ne trompent pas. Il faut écouter ces signaux. Clem et moi nous regardons, un regard suffit, il est temps d’arrêter les frais. L’énergie pour chercher ailleurs où demander de l’aide n’est pas là. Nous appelons un hôtel, nous dormirons au sec.

Jour 78 / 15 septembre 2022

Après la baisse de motivation d’hier, nous nous réveillons bien au chaud sous une couette immaculée. Les enfants sont plus matinaux à l’hôtel, ça craint. On est certain de ne pas en faire une habitude ! Clem a veillé longuement hier, réfléchissant à la suite. Et oui, ce n’est pas des vacances. Un projet ça se prépare, ça se questionne, ça évolue, c’est du boulot quoi.

Les idées fusent, ça va le faire.

Après un bon petit déjeuner buffet dans une ambiance typique bavaroise, nous remontons dans la chambre. Clem récupère de sa courte nuit, je m’occupe de l’école dans la chambre des enfants. Cela se passe super bien, c’est trop agréable. Soit les enfants étaient dans de bonnes dispositions ce matin, soit ma patience s’est améliorée mais cela me ravit. Je me sers ensuite du sèche-cheveux pour essayer de chasser l’humidité de nos chaussures, chaussettes, manteaux et compagnie. Les galères d’hier me reviennent. 

Nous décollons à 11h, et rejoignons l’itinéraire. La découverte de Toutankhamôn accompagne nos premiers kilomètres. Le temps est couvert et quelques ondées nous embêtent mais nous sommes partis bien équipés. L’immense forêt bavaroise sur notre gauche dégage des colonnes de nuages par endroit, ce qui lui confère une aura sublime et mystérieuse.  Le Danube est caché par la digue, nous ne le verrons presque pas de la journée. 

A la pause déjeuner, Arsène joue avec des insectes noirs et rouges qu’il prend sur sa main. Il leur construit un abri avec des feuilles mortes. 

« C’est la maison des gendarmes, c’est la gendarmerie ! »

Une cyclo canadienne s’arrête pour une pause à côté de nous. Une bonne occasion de parler anglais. Elle est partie de Strasbourg, a suivi le Rhin et suit dorénavant le Danube jusqu’à Budapest. Comme nous ! Nous lui racontons nos mésaventures de la veille, elle nous offre quatre sardines et de bonne qualité en plus ! La solidarité entre cyclos me fait chaud au cœur.

En roulant, pour motiver Maxine, nous jouons aux chevaux. Nos vélos deviennent de terribles mustangs. Le mien s’appelle Tornado, il adore les pommes et les navets mais pas les carottes. Celui de Maxine est le plus rapide et se nomme Fleur. Pour Clem, il s’agit de Carotte, et Arsène monte Toudou. 

Arrivés à Straubing après une étape de 25 km, nous nous rendons d’abord au club de kayak qui fait camping. Cela nous réussis plutôt bien depuis quelques jours. En général, ils accueillent des voyageurs à vélo, à pied ou en kayak. Ils sont bon marché, et simples. Celui de Straubing n’est franchement pas séduisant. Trois grosses caravanes y sont installées de façon un peu trop sédentaire. Une des occupantes se rend aux toilettes en fumant sa clope. La route à proximité est passante. Nous changeons et optons pour le camping municipal plus cher mais agréable et adéquate pour la session d’école d’après-midi et de demain matin. Au moment de planter la tente, nous trouvons trois sardines de plus !

La bonne étoile is back !

Jour 79 / 16 septembre 2022

Brrr… Il fait froid !

Après une nuit à l’hôtel, nous sommes tous les quatre heureux de retrouver notre cocon cosy. Oui on l’adore notre tente, notre refuge. A 7h50, je me motive pour préparer une pâte à crêpe dans la petite cuisine du camping. Les enfants roupillent toujours à mon retour avec mes crêpes. Il est 9h passé quand ils se réveillent. 

« Quoi ! Les crêpes sont froides ! J’aime pas quand elles sont froides !

-Oui mais vous avez fait une grasse matinée ! »

Les enfants filent à l’école avec Clem pendant que je range. Il n’a pas plu de la nuit. La tente n’est pas tout à fait sèche mais c’est de mieux en mieux. Les zips ne sont toujours pas terrible malgré les bons tutos de Decathlon. Il y a des jours où je me dis qu’on serait mieux à en racheter une nouvelle à Passau, mais ce serait un peu dommage, car mis à part les fermetures éclair, elle est impeccable et on y tient. Elle nous accompagne depuis nos premiers périples à vélo en 2018.

Le soleil se couvre. Je suis en mouvement depuis tout à l’heure, je ne me suis pas rendu compte que les 14 degré du thermomètre sont un peu frais. Je le découvre en voyant revenir Clem et les enfants frigorifiés de leur session d’école. Nous sortons les gants, les tout de cou et les doudounes. Nous voilà tous bien au chaud ! 

Nous décollons, parcourons deux kilomètres dans la mauvaise direction puis retrouvons le bon chemin. La route est agréable, tranquille. Maxine est motivée, Arsène se décourage au bout de deux kilomètres. Il préfère le confort de la carriole aujourd’hui. Un chemin de déviation très caillouteux arrive. 

« Papa, je comprends pas, mon guidon il a du mal à tourner ! 

-Oh punaise ! s’exclame Clem. Tu as crevé ! »

Pneu avant à plat. Je ne m’embête pas trop. J’ai une chambre à air sous la main, je la remplace illico. Je retire le petit bout de verre sans doute responsable. Le vent est frais. Très frais. 

Nous avons quelque peu manqué de prévisions sur la gestion des provisions. Résultat, nous grignotons plus que nous ne déjeunons. On se rattrape à 17h au réveil d’Arsène. L’après-midi file. Nous avons un bon rythme qui nous permet de viser Deggendorf comme destination. 

Le froid est ennuyeux. Il apparaît et disparaît. Un véritable courant d’air qui nous oblige à nous habiller et nous déshabiller. 

Nous arrivons à 19h au bout d’une étape de 46 km. Je suis très fier de la famille. Maxine n’a pas eu de coups de mou et gère vraiment bien son rythme. Clem, malgré sa charge et ses sacs suspendus aux sacoches pleines, n’a pas de difficulté dans les petits mais rudes reliefs. Bref, une journée au top pour une famille au top (mais sous la pluie) !

Il y a de superbes aires de jeux pour ravir et occuper les enfants demain matin, c’est nickel !

Jour 80 / 17 septembre 2022

A 13h30 :
température ressenti : 7 degrés
taux d’humidité : 86%
vent : 14 km/h

Nous nous réveillons tranquillement alors que les nombreuses tentes de cyclos autour de nous se rangent. Ils se dépêchent car leurs vacances sont bientôt finies, mais pas nous ! Ha ! Ha !

La météo laisse encore à désirer aujourd’hui. Nous finissons de plier avant les premières gouttes. Nous n’aurons pas pris le temps de voir la ville où l’on s’est arreté. La pluie nous pousse à avancer. Nos vêtements lavés précédemment sont humides et froids, il faut qu’on arrive à les sécher si nous voulons porter des sous-vêtements propres demain. Les enfants ont eu la bonne idée de jouer au parcours d’eau avant le départ. Résultat Arsène est à moitié trempé alors qu’il fait à peine 10 degrés. C’est impressionnant comme un enfants craint peu le mauvais temps. Un exemple à suivre.

La progression est lente. Malgré notre équipement, le froid et l’humidité s’invitent partout. La pluie est incessante, alternant les averses et les longues et légères ondées. Nous serrons les dents. Clem sacrifie ses gants pour Maxine qui a les siens de trempés. Une pause sous un grand abri de bus nous permet de nous réchauffer un peu. Nous enlevons les chaussettes, et réchauffons les pieds des enfants dans la couverture polaire. 

Nous roulons une vingtaine de kilomètres. La pluie s’est arrêtée, laissant place à un timide soleil. Nous nous arrêtons à un camping. Il est petit et pourrait être charmant mais encombré de camping-car, il en est moins accueillant. Une route très passante bourdonne en continue. L’absence de sèche-linge nous convainc de quitter les lieux car nous n’y voyons plus d’utilité. Quelques coups de pédales plus tard, Maxine nous annonce : 

« Il y a une grande prairie pour camper ici ! »

Il est 16h, le lieu est derrière la digue, loin des bruits de moteur. Je prends mon courage à deux mains et vais demander à la ferme juste à côté si on peut planter la tente dans leur champ. Malgré des difficultés à dialoguer en anglais mes restes d’allemand et Google Maps nous permettent de nous comprendre, pas de soucis. Nous avons un immense jardin a l’abri des regards au bord du Danube pour nous tout seul. L’herbe a été coupée récemment, parfait pour camper. Les enfants jouent et profite de l’espace. Nous profitons du peu de soleil et du léger vent pour tenter de faire sécher nos slips et nos culottes. 

Je prépare le dîner sur le réchaud à bois. C’est un peu laborieux au démarrage mais assez plaisant ! J’essuie quelques averses, et pourtant, je suis trop content de faire mon petit feu. Tiens ? C’est quoi ça ? Aïe ! La pluie est toute dure ! Purée de la grêle ! 

Le dîner bien chaud est suivi d’une séance de ciné en famille avant un dodo calme. Une seule angoisse au moment de s’endormir : pourvu qu’on ai pas envie de faire pipi au milieu de la nuit, il fait trop froid ! 6 degrés en ressenti au moment où j’écris ces lignes. Winter is coming !

Jour 81 / 18 septembre 2022

La nuit en bivouac était très bonne. Nos duvets sont vraiment efficaces contre le froid et nous y étions bien tous les quatre. Pas comme en Angleterre ! La tranquillité du réveil a rapidement été perturbée par la pluie. Le chahut des enfants additionné au plic-ploc incessant de la pluie tapait un peu sur le système. Compte tenu de la météo, nous préférons éviter l’étape de 38 km grâce au train. 

Départ contre le vent, dur dur ! Surtout quand on se dit que nous aurions pu l’avoir dans le dos si nous nous étions motivés à pédaler l’étape…

A la gare, c’est cool, nous sommes directement sur la bonne voie, pas besoin de changer. Ah oui ? Vraiment ? Oui oui ! Il y a un panneau « Richtung Passau » sur notre voie et le bandeau d’information confirme que le train de 12h14 part de la voie 1. Il est 12h05. Le panneau d’information change, le train partira de la voie 2. Pas le temps de prendre le souterrain. Un Allemand nous aide et nous entraîne sur le passage pour traverser les deux voies. Un peu effrayés mais pressés nous traversons promptement. Une petite voix robotique annonce un nouveau changement de voie. Il est 12h10, il faut retourner sur la voie 1. Nouvelle traversée, nouvelles sueurs froides. 

Nous montons dans le train, c’est toujours un peu chaotique avec tout notre bazar mais cela ne dur pas longtemps puisqu’on est obligé de speeder. Le trajet se passe bien. Arrivées à Passau, nous nous sommes cru un instant dans le Rouen-Paris où les gens sur le quais s’agglutinent et se pressent pour entrer dans le train sans te laisser sortir. Sauf que là, on a quatre vélos chargés et une carriole, pas le choix on a bouriné. Ils avaient pourtant le temps le temps et plein d’autres portes pour remplir ce train complètement vide. On rouspète de la bêtise humaine et on passe à autre chose.

Nous pédalons dans cette jolie ville où se retrouvent trois fleuves. A la confluence, le mélange des eaux est saisissant car les couleurs des trois rivières sont différentes. Nous posons nos sacoches au club de kayak, et parfait, il y a un sèche linge ! Hourra ! Nous allons pouvoir remettre des slips ! Par contre le prix est moins raisonnable qu’a l’accoutumé, dommage. Il y a 2/3 tentes au bord de la rivière, c’est calme.

Il pleut des cordes. C’est un après-midi tranquille à jouer au Lego, à bouquiner, et à cuisiner. Je tente de faire des brioches plates à la poêle. Le résultat est ma foi assez intéressant !

Jour 82 / 19 septembre 2022

Réveil après la nuit la plus froide depuis le début de l’aventure. Nous avons tous fini en polaire et chaussette dans nos duvets.

J’ai du mal à accepter de sortir de mon duvet pour aller faire des courses. Pendant mon absence, Clem fait l’école avec Arsène. A mon retour, le temps d’avaler un bon petit dej et Arsène et moi partons pour 6 km à vélo pour Decathlon. Déception, pas de gaz. Clem fait l’école avec Maxine pendant notre petite course. 

Après une bonne sieste et le retour du ciel bleu, nous partons explorer la ville de Passau (et acheter du gaz). La ville est très belle. Les maisons sont colorées dans des tons pastel qui me rappellent les couleurs de notre mariage (9 ans de mariage après-demain). Ces couleurs inspirent Clem, elle réfléchit à la future couleur de notre façade ! La cathédrale, sublime dame blanche de l’extérieur et décorée de centaines de sculptures, de fresques pastels et d’anges à l’intérieur.

C’est chargé mais assez époustouflant. Elle abrite les plus grandes orgues du monde (dans une église), aux dimensions forcément impressionnantes.

Nous continuons vers les rues commerçantes, achetons du gaz et une glace pour chacun malgré le retour de la pluie (qui a pris quoi comme parfum selon vous ??). Nous descendons vers le deuxième fleuve de la ville (après le Danube), le « Inn ». Les enfants profitent d’une aire de jeux de type accrobranche. Nous aussi on s’y essaie. Une courte averse laisse place à un arc-en-ciel impressionnant au-dessus de l’Inn. Il se déploie sur tout le fleuve et la ville. Ses couleurs sont resplendissantes.

Nous continuons nos déambulations vers une abbaye perchée sur une colline par un petit chemin passant par des ruelles grimpantes et petit bois. C’est une bonne surprise là-haut et nous redescendons par un escalier couvert et décoré avec des offrandes de remerciement à la vierge Marie. Les enfants sont curieux, suivent bien, c’est agréable.

Nous traînons et faisons le tour de la presqu’île. Maxine se rend compte qu’elle a égaré sa poupée. Arsène fatigue. Il est temps de rentrer à la tente. Un bon dîner et au dodo ! Même si on a eu quelques éclaircies et que d’autres sont prévues demain, les températures restent fraîches. Et encore, ce sera pire dans les prochains jours où des températures minimales de 3 degrés sont prévues la nuit… Wouhou !

Jour 83 / 20 septembre 2022

Nous prenons notre temps au réveil. Il fait froid mais le soleil se montre de temps en temps avec du ciel bleu. 

Les enfants sont sérieux et appliqués pendant l’école. Il est ensuite temps de ranger la tente. Une famille de cygne s’approche un peu de trop de notre tente. Un cyclo nous a racontés la veille qu’il avait retrouvé sa tente trouée au moment de se coucher et qu’il soupçonnait fortement l’animal blanc d’en être responsable. 

Nous déjeunons au camping, le temps de faire sécher la tente. Nous décollons de là à 15h15, notre record ! 

À partir de Passau, l’Eurovélo 6 peut se poursuivre sur la rive nord ou la rive sud. Nous choisissons le Nord. Nous sommes sur une piste cyclable à côté d’une route passante. Nous pédalons tous les quatre à un bon rythme poussés par le vent dans le dos. Il fait froid mais le soleil réchauffe nos dos et nos cœurs dès que nous sortons de l’ombre des arbres au bord de la route. Arsène joue en pédalant. Un peu trop. Beaucoup trop. Et voilà une grosse frayeur ! Suite à cela, il monte derrière moi dans la carriole et s’endort aussitôt. Le paysage est magnifique. Nous sommes cernés par la forêt qui habille les collines autour de nous. Le Danube est immense, large. Alors qu’il nous avait semblés minuscule à Ulm, il est ici large de plusieurs centaines de mètres. 

Maxine pédale sans se plaindre une seule fois. Elle est de bonne humeur et rigole de tout. Nous avons roulé 25 km quand nous décidons de planter la tente derrière un champ de maïs au bord du Danube. Le soleil disparaît derrière les collines, la fraîcheur et l’humidité arrivent. 

Quelques coloriages et des pâtes plus tard, nous voilà tous bien emmitouflés dans nos duvets, chaussettes aux pieds et têtes dans les capuches. Il fait 8 degrés, et le mercure baissera jusqu’à 4 degrés cette nuit. Aglagla!

Jour 84 / 21 septembre 2022

Réveil frisquet mais tellement tranquille. C’est vraiment le privilège du bivouac dissimulé, prendre son temps pour profiter de la nature qui se réveille. Hormis les péniches et quelques voitures au loin, nous étions bien enveloppés dans le silence de la nuit. 

En nous levant, un spectacle vaporeux se joue devant nous : les nuages cachent le sommet des collines autour de nous, et de la vapeur se dégage du Danube. Nous espérons tout de même que tous ces nuages vont laisser place au grand soleil annoncé. Nous prenons le petit-déjeuner bien au chaud dans la tente, et même dans nos duvets pour certains. 

Nous tardons un peu à décoller, les enfants jouent au bord du Danube et sans mouiller leurs chaussures, c’est une victoire ! 

Nous partons sur un bon rythme, dans la joie et la bonne humeur.

Nous changeons de rive et faisons une pause déjeuner après quelques reliefs bien plaisants pour moi, un peu moins pour Maxine qui peine un peu dans la montée mais s’éclate et file dans les descentes comme l’éclair ! Nous célébrons nos 9 ans de mariage en déjeunant au restaurant à Schlogen. Et ouais, carrément ! 

Nous attaquons pour la digestion une petite randonnée jusqu’au sommet de la colline de Schlogen, permettant d’avoir un panorama exceptionnel sur le double méandre du fleuve. Nous sommes fiers des enfants qui marchent avec plaisir et à un bon rythme malgré la pente un peu raide. Maxine apprécie d’observer les nombreux champignons et Arsène est content de marcher à l’aide des bâtons qu’il a ramassés. Au sommet, la vue est vraiment époustouflante. La forêt est partout, et au milieu coule le Danube. 

La descente se passe bien jusqu’à la chute de Maxine sur les derniers mètres qui rajoute deux nouveaux bobos à sa collection. 

« J’en ai marre de tomber !!! »

Nous repartons vers 16h30 et continuons sur le chemin de halage de la rive sud. Le décor est toujours aussi agréable. Nous sommes un peu seuls au monde sur notre piste, avançons tous les 4 au fil de l’eau. Quelques péniches de croisières passent. Les collines laissent apparaître des falaises abruptes qui me donnent envie d’enfiler une paire de chausson et grimper. 

La fin de journée s’annonce et nous nous mettons en quête d’un lieu propice pour la nuit. Le premier repéré est spongieux et imbibé d’eau, nous avançons de quelques kilomètres avant de jeter notre dévolue sur une petite aire de pique-nique au creux d’un méandre. Le chemin semble très peu fréquenté ce qui annonce une nuit tranquille, encore une fois. La fraîcheur est toujours présente, et c’est un réel réconfort de se mettre dans la tente. C’est notre refuge cosy, notre salon tout confort et notre fabrique de rêves. Deux parties de Uno plus tard, et nous sommes prêts à dormir.

Jour 85 / 22 septembre 2022

Encore une nuit très froide. Nous dormons bien couvert pour affronter les températures proches de zéro. T-shirt en laine mérinos et polaires pour les enfants, bonnets pour les parents. La petite envie pressante nocturne devient une expédition polaire. Le sommeil est un peu haché dans ces conditions.

Nous nous réveillons vers 8h alors qu’il fait presque toujours aussi frais dehors. Nous commençons par ranger un peu avant de sortir. Un pêcheur vient s’installer juste à côté de nous. Clem joue au petit bac avec les enfants pendant que je fini de plier la tente. Nous quittons notre bivouac au bord du Danube vers 10h15. Nous sommes bien contents d’avoir réussi à enchaîner deux bivouacs d’affilée et en plus dans des conditions assez froides. Nous continuons de rouler au bord du Danube sur la rive sud sur les chemins de halage. Très peu de circulation motorisée ce qui permet à Arsène de bien rouler tout seul. Nous discutons et essayons de faire des jeux pédagogiques en roulant. Ce n’est qu’au bout de 9 km qu’Arsène demande à se reposer dans la carriole. Bravo mon petit gars ! Le paysage est toujours aussi magnifique et envoûtant que la veille. Le Danube est bordé de forêts et nous évoluons au pied des collines où sont perchés de temps en temps de jolis édifices. Ce paysage est un véritable régal pour les yeux et le moral. 

Nous faisons une pause déjeuner alors qu’il ne reste plus que 28 km avant Linz. Nous décidons de nous arrêter deux nuits au petit camping à la ferme dans 15 km. Les collines laissent place à de grandes prairies. Le fleuve semble immensément large. Nous roulons sur une large piste cyclable. Le soleil est de la partie même si les températures restent basses. Les rayons nous réchauffent, on se croirait en novembre. 

« Maman, je peux rester derrière ? J’aime bien me parler avec ma tête. »

Maxine roule sans aucun problème aujourd’hui. Elle est en t-shirt quand nous sommes en kway et doudoune…

Le camping est chouette et dispose d’un joli préau aménagé avec charme, d’une cuisine toute équipée et même d’une pièce chaude pour un repas, l’école et les jeux. Nous serons heureux de s’y reposer pendant deux jours. 

Jour 87 / 23 septembre 2022

Journée tranquille au camping. Maxine sympathise avec la fille des proprios, elle est sociable ! Nous l’avons entendu se présenter en anglais impeccablement, grosse fierté de parents. Elle profite des lapins et Arsène des jeux à disposition. Hier, nous avons discuté avec deux jeunes étudiants français en route pour Athènes en voiture où ils allaient faire leur année Erasmus. Nous aurons peut-être l’occasion de les revoir en Grèce. 

L’école se passe tranquillement, le matin dans la salle de jeu de la maison où il fait bon, et l’après-midi sous le auvent avec le soleil qui chauffe agréablement nos dos. Les enfants travaillent en autonomie sur les drapeaux des pays parcourus.  

En fin d’après-midi, arrive un couple de français à vélo. Ils arrivent de Constanta ! C’est très intéressant de discuter avec eux. Ils nous renseignent sur l’état de la veloroute, sur les étapes de l’est. Apparemment, la partie roumaine laisse franchement à désirer et serait même dangereuse par endroit. Ils nous recommandent vivement de pédaler en Serbie, un véritable coup de cœur. Bon à savoir !

Samedi, nous ferons nos deniers coups de pédales en Autriche pour rejoindre Linz, puis nous prendrons un train pour Vienne et de là, à nous l’Europe du sud ! Ces quelques jours auront été vraiment agréables et au cœur de la nature.

Tour d’Europe : semaines 10 à 12, de Neuf-Brisach (France) à Vohburg sur le Danube (Allemagne)

Bilan global

Tout va bien !

Journal de bord

Jour 53 & 54 / 21 & 22 août 2022

Arrêt à Neuf-Brisach.

Nous prenons le temps. Le temps, c’est le luxe dont nous abusons trop peu souvent et pourtant nous en avons. Nous avons travaillé pour cela. Nous avons fait des choix pour se permettre de vivre cette année exceptionnelle. Le besoin se fait sentir et l’endroit nous plait. Nous décidons donc de rester trois nuits dans ce simple et chouette camping. L’aménagement des lieux est vraiment au poil pour les cyclos. Nous sommes à l’écart des caravanes et autres camping-cars, il y a des bosquets de jeunes arbres qui apportent fraicheur et intimité, des tables, et le graal : une pièce réservée dans laquelle on peut laisser sans crainte nos appareils à recharger et frigo.

Jour 55 / 23 août 2022

Back on the road !

Nous pédalons avec les Vosges (ou d’autres montagnes ?) en toile de fonds. Ces monts qui se confondent avec l’horizon égayent notre route de champs de maïs. 

Aux alentours de Fessenheim, nous croisons à plusieurs reprises des lignes à hautes tension. Les fils chargés d’électrons grésillent lorsque nous passons en-dessous. 

Encore une journée chaude. Très chaude. Trop chaude. Heureusement, nous pédalons côté français et les arbres sont plus nombreux. Et surtout, le revêtement est plus efficace. Finis les graviers, bienvenue l’asphalte qui avalent les kilomètres.

Ottmarsheim – Hombourg = 3,1 km, l’enfer ! Les voitures ne savent pas qu’il faut 1,5 m pour doubler. Je finis par imiter Clem, je roule au milieu de la route, ce qui force les automobilistes à se déporter complétement à gauche lorsqu’ils nous doublent.

« Papa ? Pourquoi c’est toujours les mêmes voitures les tocards ?

-Ah ! Très bonne question Maxine ! »

Une pause et un bain dans une fontaine nous fait beaucoup de bien.

Grande joie, nous rattrapons pour la première fois l’Eurovélo 6.

Nous arrivons dans un camping avec piscine. Avant d’y plonger, nous profitons tous les 4 ensemble d’une glace pour nous récompenser de cette belle journée de reprise de 45 km.

« Et vous allez jusqu’où ? me demande le réceptionniste au moment de le régler.

-Constanta, en Roumanie, et après on verra !

-Ah ! Vous êtes mes premiers fêlés de l’été ! »

Jour 56 / 24 août 2022

Anniversaire d’Arsène ! Il se réveille impatient d’ouvrir ses cadeaux. Nous replions tranquillement la tente et nos affaires et partons à 9h50. Punaise, quelle efficacité !

Nous rejoignons le canal d’Huningue que nous longeons jusqu’à la ville du même nom. Depuis que nous avons retrouvé l’EV6, nous croisons beaucoup plus de cyclos, cela fait plaisir. La route est tantôt ombragée quand nous sommes à gauche, tantôt ensoleillée quand nous sommes à droite (rien à voir avec la politique). 

Il est temps de faire une pause, nous stoppons au Parc des Eaux Vives d’Huningue. Les jeux sont sympas, il y a une table, le lieu nous parait bien pour célébrer l’anniversaire d’Arsène qui commençait à s’impatienter. Les Lego policiers le comblent. Je passe à la Poste de Saint Louis où un chargeur d’appareil photo devait arriver. Il n’y est pas. Merde ! Il faudra trouver une autre solution pour en récupérer un. 

Quelques kilomètres plus tard, nous quittons définitivement la France, et nous voilà en Suisse ! Si tout va bien, nous ne remettrons plus les roues en France avant 1 an !

L’arrivée à Bâle est très agréable mais ensuite la circulation dans dans la ville nous divise. L’absence de voiture et les nombreux vélos rassurent Clem, le passage en continu de tramways a plutôt tendance à me stresser. La ville est très jolie, le soleil brille, nous décidons de nous poser au bord du Rhin. Je laisse les enfants se baigner avec Clem et je me mets à la recherche d’un sac étanche pouvant servir de bouée, afin de m’adonner au loisir local, à savoir la descente du Rhin avec une bouée. C’est assez drôle de voir toutes ces personnes flotter et se laisser porter par le courant. Le sac trouvé est mignon mais coûte tout de même 39CHF ! 

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La fraîcheur tombe, le relief est léger mais présent. La Suisse est riche en fontaine d’eau fraiche et potable.

Le premier camping croisé est noyé dans la préparation d’un événement sportif de grande ampleur, nous devons faire 5 km de plus alors qu’il est 19h. Les enfants sont de bonne composition malgré la situation. Ils se motivent grâce à la perspective d’un dessin animé pour l’anniv d’Arsène. 

Le camping est chouette. Au bord du Rhin et d’une grande piscine. Les enfants seront heureux d’y faire un plouf demain matin avant de partir. Nous offrons les derniers cadeaux Lego à Arsène avant le dodo. Une moto Batman qui le ravit ! J’ai hâte de construire une grande ville Lego à la maison dans laquelle Batman vivra des aventures extraordinaires dans les mains de mon petit garçon.

Jour 57 / 25 août 2022

Au réveil, mes doigts sont douloureux. Depuis quelques jours, j’ai atteint un nouveau stade de ma maladie bien aimée le psoriasis. J’ai des rhumatismes. Mes doigts se retrouvent coincés tous les matins. C’est moyennement agréable. J’en parlerais à mon équipe médicale bientôt. 

Nous commençons la journée par une session de construction de Lego en même temps que le petit-déjeuner. En attendant que la piscine soit praticable, les enfants jouent au sable. Ils utilisent la petite boîte à insecte pour observer fourmi et araignée. 

Nous plions tranquillement les affaires. Les enfants se baignent. Je plonge dans le Rhin, décidément très attirant et agréable. 

Au moment de repartir, c’est dur pour Maxine. Elle manque d’énergie et il fait chaud. Nous faisons un stop à Rheinfelden pour reprendre du poil de la bête. 

Nous ne pédalons pas beaucoup aujourd’hui. Nous faisons une longue pause dans un parc très agréable de la jolie vieille ville de Rheinfelden. Comme souvent, l’aire de jeux est extra et Clem et moi nous trouvons un coin pour se poser. L’heure tourne, Maxine et Clem restent un peu pour finir la journée par une baignade et Arsène et moi filons au camping. Je perds l’itinéraire et finit la route avec les voitures. Nous n’avons plus de batterie il est donc hors de question de se perdre sinon ce sera difficile de se retrouver. Je suis rassuré quand je vois les filles arriver. Nous jouons longtemps aux Lego avant de se coucher. Pas de nouveau livre disponible, j’improvise une histoire de Lucky Luke. Heureusement que j’ai lu un paquet de bande dessinées, j’ai toujours des histoires en tête !

Jour 58 / 26 août 2022

Les enfants continuent de jouer à fonds aux Lego. C’est vraiment le jouet parfait pour un voyage à vélo. Ils s’installent sur le tapis afin de ne pas éparpiller les petites briques partout, et leur imagination est bien stimulée. Batman côtoie les animaux de la forêt, les pompiers exercent plusieurs métiers. 

Nous partons à 10h15. Arsène est motivé pour pédaler seul. Le chemin forestier est agréable, à l’ombre. Les enfants nous font stopper un peu trop régulièrement alors qu’on vient de partir… C’est un peu énervant dis-donc ! Arsène commençant à fatiguer, il se rattache à Clem. Nous allons enfin pouvoir tracer un peu ! Clem et Arsène filent devant. Je motive Maxine, et m’aperçois que son pneu est dégonflé. Super les vélos Decathlon ! Vivement de trouver des pneus adaptés à notre voyage. 

Nous sortons de la forêt, nous retrouvons le Rhin mais une déviation nous en éloigne. Clem fait des petites courses et nous nous mettons en quête d’un spot de pique-nique. Malheureusement, on se retrouve à pédaler sur une route départementale très fréquentée. La faim et la fatigue sont là pour tout le monde, ce n’est pas hyper cool. Les voitures et les camions passent tout près de nous à vive allure. Au bout de plusieurs kilomètres, nous en sortons enfin ! Nous retrouvons la forêt et sa fraîcheur. Maxine nous dégote un superbe endroit pour déjeuner sous les arbres. 

Nous repartons après une longue pause revigorante. Clem et moi avons pu somnoler et les enfants ont bien joué. Nous faisons une halte à Laufenburg et nous nous baladons dans la vieille ville. Nous profitons des fontaines fraîches et potables, parfaites avant un bivouac ! 

Nous retrouvons une route au-dessus de la ligne de chemin de fer et des voitures, c’est agréable. La chaleur est bien tombée. 

« Quand est-ce qu’il pleut ? JE VEUX DE LA PLUIE ! » 

Maxine a chaud. Elle rêve de baignade, de piscine, de plage ou de plouf dans le Rhin. 

« Ou une fontaine ! »

Nous retrouvons de nouveau une grosse route départementale désagréable. Si certains Suisses se donnent la peine de décaler leur véhicule pour éviter de nous frôler, la majorité s’en tape. Nous serrons les dents, les poings et les fesses. Se rendent-elle compte du frisson qu’ils génèrent en nous et pire qu’ils peuvent nous ôter la vie. Je m’efforce de chasser les images mortifères de mes enfants percutés par un chauffard. Maxine est exemplaire, elle roule super bien malgré les conditions moyennes. Il faut juste l’empêcher de faire du « sans-main » !

« Route de MERDE !  Je vais péter un câble !»

J’ai autorisé Arsène à dire un gros mot, il s’en donne à cœur joie. 

Nous trouvons un bon spot de bivouac le long de l’EV6. Les enfants jouent bien. Clem et Maxine se lancent dans la confection d’un bracelet brésilien. Comme d’habitude, les promeneurs nous adressent des sourires, des regards amusés ou des regards méprisants. Ça dépend. Nous répondons toujours avec notre plus beau sourire, « Hallo ! ».

Jour 59 / 27 août 2022

Soudain, au milieu de la nuit, la tente est illuminée. Quelques instants plus tard, un bruit assourdissant déchire la quiétude de la nuit. Clem sursaute. Arsène se redresse dans l’obscurité de la tente, tel un diable qui surgit hors de sa boîte. Je le recouche, il ne dit pas un mot. Maxine n’a pas bougé d’un poil. L’orage se déchaîne non loin de nous. La chambre est éclairée par une vive lumière l’espace d’un bref instant, et le tonnerre gronde plus ou moins loin de nous. J’aimerais sortir de la tente pour admirer le ciel lézardé d’éclairs, mais la pluie me retient bien au chaud dans mon duvet. 

Nous nous réveillons vers 7h30. Maxine dort toujours alors qu’Arsène s’agite dans tous les sens alors que nous commençons à ranger. La nuit a été très bonne malgré la pause orageuse. 

Nous partons vers 10h après que Maxine a créé un nouvel élevage d’escargots. La route est très agréable. Il y a un peu de relief et nous enchaînons les petites montées raides et les longues et douces descentes. Arsène demande à être détaché juste avant une grande descente qu’il dévale comme une flèche ! Comme sa grande sœur d’ailleurs !

Nous nous arrêtons à Bad Zurzacht pour le déjeuner dans un grand parc. La reprise est un peu dure pour moi. Ça monte et ça descend régulièrement. Cela fait plusieurs semaines que nous roulons sans aucun dénivelé, il faut réapprendre à l’apprivoiser, l’accepter et se dépasser. 

Nous décidons d’aller camper en Allemagne au bord du Rhin, le long de l’EV15. Nous retrouverons l’EV6 aux chutes de Schaffhausen. Nous avons une longue descente au milieu du charmant village de Kaiserstuhl, nous traversons le pont et nous voilà en Allemagne ! C’est tellement facile de traverser les frontières en Europe… Le camping n’est pas très loin, à peine 2 km, mais une belle montée nous attend. J’y arrive avec Arsène derrière mais dans la douleur. Clem grimpe sans soucis (elle est trop forte ma Clem, elle m’impressionne tous les jours <3). Maxine pousse son vélo mais arrive au bout de ses forces avant d’arriver au bout de la montée. Les derniers mètres sont longs et durs, mais elle l’achève (qui est achevée ? Maxine ou la montée ? Heu… Les deux !).

Au camping, ascenseur émotionnel : il y a une piscine, youpi ! Elle est fermée, bouh ! Les enfants barbotent un peu dans le Rhin, puis direction la douche !

Nous sommes à proximité de l’aéroport de Zurich. Les avions s’enchaînent sans discontinuer depuis notre arrivée. Le trafic aérien est effarant quand on pense à l’urgence climatique (oui, j’en ai déjà parlé ici et ici, mais c’est tellement navrant). Le sujet est d’actualité, du coup petit rappel : 50% de la pollution aérienne est causée par 1% des personnes prenant l’avion (autrement dit les plus riches et leurs jets privés). 

Nous essayons ce soir pour la première fois notre réchaud à bois. C’est un super succès ! Nous avons cuit nos épis de maïs, réchauffé les lentilles, cuisiné les courgettes, et fait sauter du pop-corn ! Quelques brindilles suffisent à alimenter le petit foyer. C’est trop cool ! Ça nous permettra de faire face aux pénuries de gaz.

Après le dessin animée du samedi soir, je finis la journée aux toilettes pour faire du montage de film. C’est trop le kif d’être un digital nomad !

Jour 60 / 28 août 2022

Grosse fatigue ce matin. On finit de tout ranger à 11h. Je me sens vidé de mon énergie et Clem accuse un peu le coup également. Les enfants ont la pêche, pour eux tout roule !

« Je peux avoir une barre de céréale au chocolat » x 10

Les enfants réclament à manger, alors que le petit déjeuner n’est pas très loin. Depuis quelques temps, ils se nourrissent moins bien le matin, il faut y remédier. 

Nous pédalons dans une nature très agréable. C’est calme. Le dénivelé est doux mais bien présent. Je sens que mes cuisses tirent encore un peu. La mémoire du muscle tarde à revenir. Nous cherchons un endroit pour déjeuner, en vain. Au bout de 3/4 d’heure, nous jetons notre dévolue sur des petites marches.

« Hé ! Papa ! C’est la journée des descentes aujourd’hui ! lance Maxine en filant à côté de moi. »

J’ai surtout l’impression que c’est la journée des montées mais bon, c’est beau l’optimisme. Il faut avouer que certaines descentes sont un vrai régal. Nous accélérons, l’aire se faufile entre nos vêtements, c’est rafraichissant. Arsène fait encore une belle descente tout seul sur son vélo. Effrayés mais fiers de notre petit bonhomme.

L’objectif du jour est de rallier Schaffhausen, et les fameuses Rheinfall, les plus grandes chutes d’eau d’Europe ! Il s’avère que c’est aussi un amas de touristes des 4 coins du monde. Nous qui avons évité les zones de tourisme de masse jusqu’à maintenant, nous y voilà projetés comme les eaux tumultueuses du Rhin face à nous. On reste focus sur les chutes d’eau qui sont magnifiques et ne nous éternisons pas trop.

Pour repartir, nous remontons grâce à des ascenseurs, bien pratiques mais beaucoup de logistique ! 

Maxine est en proie à la fatigue, et la reprise après la pause va être compliqué dès que les descentes vont cesser. Malheureusement, nous suivons le GPS pour atteindre le camping au plus vite et j’ai oublié de regardé laquelle des deux options avait le moins de dénivelé. Résultat sur les 4 km jusqu’au camping, nous en faisons presque 2 en grosses montées. Trop hard pour nous. Nous aidons les enfants à pousser les vélos. Nous sommes récompensés par un camping au top. Onéreux mais au bord du Rhin, belle vue et des supers jeux pour les enfants qui y restent jusqu’à la tombée de la nuit. 

Avant le dodo, je continue les aventures de Jonathan Livingstone le Goéland. C’est super, mais certain mot sont un peu compliqués pour les enfants. 

« Papa, ça veut dire quoi sustentation ? »

Jour 61 / 29 août 2022

Long départ, mais cela permet aux enfants de profiter du lieu. Nous nous offrons un petit dej. Grand luxe. Les prix suisses sont vraiment exorbitants.

Nous décidons d’aller nous balader dans la ville de Schaffhausen. Nous profitons des nombreuses fontaines pour nous rafraîchir et admirons les façades très colorées et décorées comme des toiles de grands maîtres. 

Nous nous arrêtons à une plage un peu trop aménagée et fréquentée au goût de Clem. Les enfants sont certes ravis, mais ce n’est pas vraiment reposant pour nous. 

Après un joli chemin au milieu des arbres, et constatant que la motivation de Maxine est au plus bas aujourd’hui, nous décidons de stopper pour bivouaquer. Seulement 15 km aujourd’hui. Un poil frustrant pour nous. Nous nous questionnons sur la faisabilité du voyage et de l’itinéraire. Nous avons hâte de sortir de la Suisse pour retrouver la possibilité de consommer des data et motiver Maxine à coup de chansons ou d’histoire. La nuit est agréable. Le lieu de bivouac magnifique. La forêt derrière nous qui se réveille au fur et à mesure que le soleil décline. La vallée offerte à nous, verdoyante et accueillante.

Jour 62 / 30 août 2022

Nouvelle remise en question de l’itinéraire. 

Très bel éclairage au réveil. Une douce lumière blanche illumine la vallée sous nos pieds. 

« C’est notre plus beau bivouac depuis le départ ! »

La journée commence par une longue descente au bout de laquelle nous croisons des cavaliers sur d’étonnantes montures. 

« Non mais t’as vu ça ? Ils sont sur des vaches ! DES VACHES ! Moi aussi je veux en faire !

-Tu sais que Granny, elle montait sur des vaches plus jeune ?

– Je veux faire pareil que Granny ! Je veux faire du cheval sur une vache ! »

Nous faisons des petites courses à Stein am Rhein. La ville est très belle. Toutes les façades sont riches en décoration. Un car de touristes arrive, la ville est inondée par la masse avide de photos. La ville perd en charme, nous la quittons. 

Le Rhin s’élargit largement, nous prenons plaisir à le découvrir se méler au lac Constance. Nous arrivons à la ville en fin de journée. Nous quittons définitivement la Suisse après l’avoir quittée puis retrouvée à plusieurs reprises ces derniers jours. Nous sommes plongés dans de grandes routes réservées aux cyclistes et fréquentées. Un dernier effort nous mène à l’écart de la frénésie du centre jusqu’au camping en bord de Rhin. Celui-ci est complet mais nous trouvons une place au milieu des campings car, super !

Les enfants sont ravis car la journée de demain sera pauvre en vélo et riche en bateau et train. Nous bouclons soigneusement les sacoches avant le dodo car de la pluie est prévue pour la nuit.

Jour 63 / 31 août 2022

Nous sommes réveillés au milieu de la nuit par une forte averse. Le flot incessant nous inquiète et à raison. L’eau s’infiltre sur le tapis de sol de l’abside. 

« Il faut tout mettre au milieu Marc ! »

Nous organisons le bazar pour éviter la rivière dans la tente. Nous sacrifions une serviette pour éponger les dégâts. Nous sentons l’eau couler sous tapis de sol alors que nous retournons nous coucher. Flic floc… Trouver le sommeil est un peu dur. Nous sommes à l’affût de la moindre infiltration. 

Au réveil, nous prenons notre temps pour ranger. Les enfants jouent sous la tente. Je recharge nos différents appareils. 

Nous partons en direction du ferry pour Meersburg. Nous arrivons pile poil pour le départ ! Arsène a bien roulé dans la ville et monte sur le bateau en pédalant à côté de sa sœur. C’est sûr, il grandit le petit garçon ! 

Pause agréable à Meersburg, nous décidons d’enchaîner sur un autre bateau jusqu’à Friedrichshafen. En effet, j’avais mal regardé et il n’y a pas de train entre les deux villes. Cela nous permet de faire une mini-croisière sur le lac. Ses eaux calmes ne donnent pas trop le mal de mer à Clem ou aux enfants. 

Nous enchaînons rapidement en arrivant avec un train après une pause à une petite aire de jeux en forme de Zeppelin devant le musée du même nom. Je prends les billets, le train part dans 20 minutes. On est large ! Oui, mais non. Il n’y a pas d’ascenseur ni de rampe d’accès. Nous voilà obligés d’affronter l’épreuve des marches avec tout notre bazar, et en moins de 15 minutes maintenant. Tout cyclo qui a déjà pris le train connaît cette galère au moins une fois. Tout seul, ça passe. Avec des enfants, on est sur un autre niveau. Malgré tout, nous nous en sortons, et je monte mon vélo chargé quelques minutes avant l’arrivée du train. Le wagon spécial vélo est plein mais pas de problème. Les Allemands sont d’un calme olympien et nous arrivons à nous faufiler. Les vélos qui gênent un peu, ne gênent personne. C’est fou ! Nous serons jusqu’à 15 vélos ! Quand je pense qu’en France, la présence de deux vélos est parfois problématique, ici pas de problème ! La contrôleuse est agréable et souriante. Les vélos ne la font pas râler comme de nombreux contrôleurs croisés en France (on en a parlé ici !). 

Arrivés à Ulm, nous découvrons le Danube et sommes séduis par la ville. Nous nous installons au Kanu-club qui accueille voyageurs à vélo et canoë. Une option minimaliste et idéale pour nous. A partir d’ici, nous avons le plaisir de suivre notre itinéraire à l’aide d’un guide en complément.

Jour 64 / 1 septembre 2022

Aujourd’hui c’est la Rentrée ! Clem s’en charge pendant que je file acheter du gaz à Décathlon.

Lors de notre pause déjeuner, nous évoquons le programme des prochains jours. 

« J’espère que vous êtes en forme aujourd’hui les enfants, parce que ce soir… commence Clem.

-Quoi ce soir ? 

-Non mais laisse Clem, je pense qu’ils n’ont pas envie. Ce n’est pas leur truc les endroits où on s’amuse…

-Oui, c’est vrai qu’ils n’aiment pas les parcs d’attraction

-Mais si on adore !

-Et ils n’aiment pas les Lego…

-Ouiiii ! On va à Disneyland !! »

Presque ! Mais pas tout à fait. Cette perspective découpe la motivation de toute la troupe, même si les 4 derniers kilomètres sont un peu durs. L’arrivée au Parc nous ravit. Nous avons des billets pour deux jours, nous pouvons donc en profiter une petite heure aujourd’hui avant d’y passer la journée demain. Nous dormons même au camping Lego !

Nous sommes marqués par les soirées qui commencent à être bien fraiches.

Jour 65 / 2 septembre 2022

Legoland !

Nous profitons bien du parc ! Arrivés à l’ouverture et un jour de semaine, il n’y a pas grand monde. Cela nous permet d’enchaîner les manèges sans soucis. Maxine et Arsène se régalent, et nous aussi. Une journée bien différente de ce que nous faisons habituellement et cela fait du bien à tout le monde ! Pas de dispute, pas de mésentente, ni autres éclats entre nous quatre, rien que de la joie et de la bonne humeur. Nous apprécions particulièrement le dernier manège de Ninja, que nous faisons deux fois de suite. Un passage à la boutique Lego obligatoire. Nous prenons note de ce dont rêve les enfants (Granny & Mamie, n’hésitez pas à me contacter sur ce sujet ou ). Pareil pour Clem et moi ! Heureusement que nous sommes en vélo, cela nous force à être raisonnable… 

La bonne humeur accumulée à Legoland nous permet de faire sans souci la dizaine de kilomètres jusqu’au camping. Nous sommes très bien accueillis. Nous tentons une session d’école en fin de journée. Trop dure pour Maxine, Arsène sans souci. Nous compléterons demain matin.

Jour 66 / 3 septembre 2022

Nous partons à midi du camping. Nous avons eu le temps de jouer, et de faire une bonne session d’école. L’exercice que Maxine rechignait à faire hier en fin de journée a été fait sans problème ce matin. Arsène a bien travaillé également. Même si cela nous prend un temps supplémentaire, c’est un moment sympa avec les enfants. 

Nous pédalons environ 5 kilomètres jusqu’à Offingen pour faire notre ravitaillement, puis rejoindre l’Eurovelo6. Nous stoppons au bord du Danube sur l’herbe pour le déjeunons. A la fin du repas, les prévisions météo semblent exactes. Le vent se lève. Le ciel s’obscurcit. Nous rangeons le reste du déjeuner. Les enfants chahutent sans réaliser ce qui risque de nous tomber dessus. Clem et moi le savons. Nous allons faire la course avec l’orage qui fonce droit sur nous. Nous pédalons. Le vent nous pousse mais annonce l’arrivée imminente de notre poursuivant. Le grognement du tonnerre s’amplifie. L’appréhension s’installe chez certains d’entre nous. Le ciel est traversé d’éclat. L’orage n’est pas trop proche mais il reste impressionnant. La pluie s’abat sur nous. Nous nous abritons sous les arbres avant de retrouver une météo apaisée. 

Nous poursuivons notre route jusqu’à Dillingen où nous campons. Les enfants sont ravis, des cochons d’Inde vivent ici ! 

Demain c’est dimanche. Il nous manque un peu de vivres pour le déjeuner, espérons que la station-service toute proche pourra compléter cela.

Jour 67 / 4 septembre 2022

Plongée dans la nature ! A droite ? La forêt ! A gauche ? La forêt ! Et au milieu ? Le Danube qui coule tranquillement. 

Le rythme est vraiment, mais alors vraiment tranquille aujourd’hui. Entre Arsène qui demande à pédaler puis s’arrête au bout de 5 minutes et les nombreux arrêts dédiés à la recherche d’escargots de Maxine, nous avançons doucement. 

Nous roulons en deux équipes à tour de rôle. Les escargots à la traîne, et Arsène devant. Cela demande une grande patience de rouler avec Maxine. Lorsque vient mon tour de rouler avec Arsène, celui-ci s’endort dans la carriole. J’ai alors pendant une dizaine de kilomètres la sensation de voyager seul. Je me perds dans mes pensées. Je laisse les Allemands, cyclistes du dimanche, me doubler avec leurs vélos électriques et savoure la campagne. Entouré de champs de maïs, je fredonne les chansons qui sortent de mon enceinte. Je profite de ce répit solitaire car je sais qu’il sera de courte durée. La réalité familiale avec ses joies et ses contraintes me rattrapera. 

Faute de bivouac possible au bord de cette route départementale, nous espérons pousser jusqu’à Donauworth pour dormir Kanu-club (club de kayac) du coin.

Jour 68 / 5 septembre 2022

Réveil matinal après une nuit agitée et ponctuée d’insomnie pour Clem. Pendant qu’elle file au ravitaillement, je commence le pliage des matelas, duvets et oreillers. Les enfants jouent avec leur Lego. 

Nous faisons environ 45 minutes d’école. Je me rends compte à quel point les enseignants ont un métier incroyable et sont méritants de s’occuper de l’instruction de nos enfants.

Nous arrivons à partir à 11h45. Nous nous arrêtons quelques centaines de mètres plus loin à une aire de jeux pour que les enfants se défoulent, et Clem part explorer le centre-ville. 

L’itinéraire s’éloigne du Danube et s’aventure dans la campagne vallonnée. Nous alternons les côtes, et les descentes le long de la « Romantisch strasse ». Sans doute romantique en voiture. En vélo, le bruit incessant de la route gâche un peu le paysage… J’exagère un peu hein ! La campagne allemande est très jolie ici. Il fait beau, un poil chaud mais rien à voir avec les températures caniculaires du mois d’août. Un souffle d’air nous rafraîchit dans les descentes. 

Nous stoppons après une grande côte près d’une fontaine. Les enfants baignent leurs pieds et nous prenons le goûter. Les kilomètres ne s’enchaînent pas beaucoup, la progression est lente mais nous dépassons le cap des 2000 kilomètres parcourus depuis notre départ ! Ce sera l’occasion pour nous de boire notre deuxième bière. En effet, pour le moment, nous ne buvons jamais d’alcool sauf pour fêter le passage des milliers de kilomètres. A ce rythme-là, dans un an nous aurons bu 10 bières chacun !

Nous rejoignons le Danube après Marxein. Nous sommes encore à plus de 15 kilomètres de Neubourg et de son camping. Trop loin pour Maxine qui a déjà été bien courageuse dans les montées aujourd’hui. Nous stoppons près d’un club nautique. Il y a une étendue d’herbe, une table de pique-nique, un ponton sur une petite rivière, et plein de moustiques. Le paradis quoi !

Jour 69 / 6 septembre 2022

Beaucoup trop de moustiques ici ! Heureusement aucun n’a réussi à pénétrer dans la chambre, et nous avons pu dormir tranquillement. La fraîcheur nocturne est très agréable, nous commençons à vraiment profiter de nos duvets prévus pour les basses températures. 

Réveil à 7h. Nous replions nos duvets et tapis de sol pendant que les enfants grattent un peu de sommeil. Le premier à nous rejoindre pour le petit-déjeuner est Arsène, de bonne humeur comme à son habitude. Maxine ronchonne un peu dans son sac de couchage. Nous nous attelons à l’école. Cet exercice demande encore de l’application et de l’implication pour être mené dans de bonnes conditions. 

Nous arrivons à partir à 10h30, notre meilleur horaire depuis de nombreux jours.

Nous tardons à trouver le ravitaillement, et malgré les Smarties, les enfants sont un peu à la peine ce matin. Nous faisons un déjeuner frugal mais satisfaisant avec les fonds de sacoches. Nous décidons de stopper après une courte étape de 18 km et de s’arrêter deux nuits au camping Kanu-club de Neubourg sur le Danube.

Nous profitons que les enfants soient aux jeux pour discuter longuement avec Clem de notre itinéraire, du nouveau rythme avec l’école et de la motivation des enfants. Tout en buvant la bière célébrant nos 2000 km (deuxième fois que nous buvons de l’alcool depuis le départ), les idées fusent dans tous les sens ! On finit par trouver ce qui nous semble une bonne solution, tester de ne rouler que les jours sans école (samedi, dimanche et mercredi) et de se poser les jours d’école. Cela nous contraindra à faire moins de bivouac mais nous permettra de favoriser les temps d’enseignement, de loisirs et de repos.

Jour 70 / 7 septembre 2022

Journée à Neubourg. École le matin, balade dans la ville ensuite. Déjeuner, temps calme : sieste/jeux/lecture et balade.

Glace pour le goûter :

Clem : Café 

Marco : Snickers

Maxine : Schtroumpfs 

Arsène : Cookies

La nuit s’annonce pluvieuse, nous prenons garde à bien fermer les sacoches et à tout rentrer bien comme il faut dans la tente. 

Au dîner, nous partageons notre table avec un jeune cycliste allemand et discutons. C’est un plaisir de travailler notre anglais et cela nous permet d’échanger nos points de vue sur l’itinéraire. Lui aussi ne trouve pas toujours facilement des aires de bivouac sur l’EV6 et au delà de ça, nous sommes d’accord sur le fait qu’il n’est pas toujours évident d’oser. Les enfants grimpent dans l’arbre au-dessus de la table ce qui me fait vraiment plaisir. J’ai passé tellement de temps à grimper dans les arbres plus petits dans le bois de ma Grand-Mère avec ma sœur que les voir apprécier l’exercice sylvestre me ravit. 

Une étape de 36 km nous attend demain pour atteindre une aire de bivouac aménagée.

Jour 71 / 8 septembre 2022

Insomnie sous la pluie. A 2h, l’orage éclate. Le tonnerre gronde. Le ciel craque. La tente est illuminée par les éclairs. Les enfants ne bougent pas un orteil. Nous ne fermons plus les yeux.

Le réveil est un peu dur et vraiment humide. On prend le petit déjeuner sous le préau du camping. On y est bien ! 

Nous laissons les enfants jouer aux Lego sous la tente pendant que nous rangeons les sacoches. 

Nous partons alors que le ciel s’éclaircit. Les enfants sont ravis de pédaler dans les flaques d’eau. Nous écoutons les aventures d’Apollo 13, puis de Yassuké le premier samouraï noir et de Robinson Crusoé grâce aux Odyssées de France-Inter, superbe ! Avec ça, les kilomètres s’enchaînent sous nos roues malgré le fin gravier humide qui s’accrochent aux pneus. 

Un stop rapide pour le dej après avoir dépassé un joli château blanc et rouge. Nous rejoignons la ville d’Ingolstadt, théâtre des aventures de Frankenstein. Une glace, une pause dans les jardins du musée de la guerre et nous repartons. Une averse se déverse des nuages noirs au-dessus de nos casques. Nous l’évitons protégés par un pont. A la grand joie des enfants, un magnifique et multicolore effet d’optique se crée. Nous roulons droit vers l’arc-en-ciel. Il est 17h30, il nous reste une quinzaine de kilomètres. La route est agréable, très peu partagée. Nous rejoignons le Danube, immense. Nous le longeons au son du Soldat Rose pour garder la motivation de tous intact jusqu’à destination. 

Nous avons roulé 45 km. C’est chouette d’avancer autant, mais éreintant ! Le camping n’en est pas vraiment un. Il s’agit d’une grande aire d’herbe où des cyclos ont planté leurs tentes, et quelques camping-cars. Un container permet d’avoir de l’eau, des toilettes, une douche et de l’électricité. Et c’est gratuit ! Parfait pour nous qui souhaitons nous arrêter deux nuits.

Jour 72 / 9 septembre 2022

Journée tranquille à Vohburg. Réveil sous la pluie, petit-déjeuner et école sous la tente. Un peu laborieux avec Maxine. La patience à déployer est immense et cela pour à peine 1h d’école. Nous devons nous améliorer enfants et parents. 

L’après-midi, les enfants sont longuement autonomes ce qui est très plaisant ! Arsène joue au Lego dans la terre sèche. Maxine ramasse des escargots et jouent toute seule dans sa tête avec eux. Nous pouvons lire, écouter de la musique. 

« Marco ! Et si demain on leur organisait une chasse au trésor ? »

Clem prépare tout cela impeccablement. Une vraie carte des lieux, des indices à trouver, ça va être sacrément chouette ! 

La fin de journée arrive, nous préparons de quoi faire un grand feu dans l’espace spécialement prévu pour. Les enfants se plaisent à jeter des bouts de bois dans les flammes. Je suggère à Clem de partager une story de moi devant le foyer sur l’air de « Allumer le feu » de Johnny, elle n’est pas hyper emballée par l’idée… Une averse nous surprend pendant le dîner. Des éclairs fusent ici-et-la. Les enfants s’endorment en écoutant les aventures du Petit Poucet lues par Clem.