En principe, on devrait déjà avoir 6600€ sur les 50k€ nécessaires à notre voyage.
En pratique, on doit 2000€ à ma sœur. L’année 2018 a été rouge en terme de pognon. Plusieurs raisons, le remboursement de notre emprunt coûte plus cher que la location de notre maison, environ 450€ de plus. Clem bosse à 80% depuis la naissance d’Arsène, environ 150€ de perte de revenu mensuel. Le prix de la crèche est passé de 300€ à 600€ car nos revenus ont significativement augmenté entre 2015 et 2016. Et on a eu la bonne idée de faire des travaux. Résultat, aujourd’hui on est dans le rouge jusqu’au cou. Pour le moment, on se maintient à la surface grâce au prêt de ma sœur, par contre en principe on doit encore recevoir une facture du plombier de 2500€, et je sais pas du tout comment je la paierais quand elle arrivera. Nos travaux ne sont pas finis en plus, il reste encore des broutilles à faire, telles qu’une porte entre le garage et l’entrée, un sol dans les toilettes et refaire tout notre jardin qui est franchement pas terrible. Je me plains, mais je sais que notre situation est plus enviable que celle de nombreux français. Du coup, en ce moment, je me dis que la seule chose qui pourrait financer notre voyage c’est la vente de la maison. Et encore, il faudrait une grosse plus-value qui est pour le moment plus qu’hypothétique.
Heureusement, on a encore un peu de temps pour redresser la barre. Et puis, j’ai été augmenté de 200€ net par mois. Clem va sans doute changer de travail cette année, on croise les doigts pour que le changement de salaire soit significatif et nous permette de respirer enfin. Je n’espère même pas mettre de l’argent de côté pour notre voyage, j’espère juste pouvoir souffler un peu. Et puis, une bonne nouvelle dans tout cela, 2018 nous a permis de confirmer que nous aimons voyager à vélo. Après nos vacances au bord de la Loire, nous n’espérons qu’une chose, repartir dés que possible. Pour notre projet cela concrétise notre envie de le faire à vélo. Je réalise bien que ce serait un sacré challenge, mais aussi un beau défi (et beaucoup moins cher!). Conscients qu’on ne peut pas faire un an à vélo en Afrique (trop de complication au niveau du logement – même si c’est faisable, je ne pense pas qu’on ait les reins assez solides). On pourrait en faire une partie à vélo en Europe, et l’autre en sac-à-dos en Afrique (et en train en Afrique !).
L’année 2019 se présente bien, mais j’ai hâte de ne plus serrer les fesses à chaque fin de mois.
« La Loire à Vélo » traverse les régions Centre et Pays de La Loire. C’est un itinéraire sans grande difficulté prévu pour une pratique familiale et pour découvrir les paysages ligériens et ses fameux châteaux.
Après notre premier voyage à vélo dans le Sussex en Angleterre, nous décidons de partir pour trois semaines d’itinérance à vélo le long de la Loire. L’occasion de découvrir un patrimoine exceptionnel au fil de l’eau, de vivre des moments forts en famille, de s’engueuler un peu à cause de la fatigue et s’aimer beaucoup sur plus de 400 kilomètres.
Jour 1 : Rouen – Paris – Orléans – Beaugency
Nous partons à l’aube le dimanche 5 août de la maison pour prendre le train vers Paris. Après une courte nuit occupée à boucler nos sacoches, nous tirons les enfants de leur sommeil pour les installer en pyjama dans la carriole, encore tout endormis. Le trajet en train se passe sans encombre. Les enfants petit-déjeunent dans le train, puis nous pédalons à travers les rues de Paris encore déserte en direction de la gare d’Austerlitz où nous attend un train pour Orléans. Nous avons réfléchi à un itinéraire en train qui ne nous contraint pas à devoir démonter nos vélos. Nous sommes bien chargés. Hé oui, en bon débutant que nous sommes, nous avons rempli nos sacoches à ras-bord de nombreuses tenues différentes au lieu de s’en contenter d’une chaude et d’une plus fraîche…
La carriole est bien chargée aussi, avec couches et plusieurs repas d’avance pour Arsène qui a tout juste 11 mois et pour Maxine (bientôt 3 ans au moment du départ). La logistique pour monter les vélos dans les trains se passent bien. Les enfants sont calmes. C’est toujours un moment de stress, mais, pour le moment, le personnel SNCF est aimable. Pourvu que ça dure ! (spoiler alerte : ça va pas durer). Après un premier pique-nique à l’ombre à Orléans, les enfants commencent leur sieste dans la carriole et nous on commence à pédaler sur les pistes réservées aux vélos le long de la Loire. Le soleil tape fort ! On prend beaucoup de plaisir dès les premiers coups de pédale. Première étape courte et on s’installe dans notre premier camping à Beaugency.
Jour 2 : Beaugency – Muide-sur-Loire
Deuxième jour. Très courte étape de 17 kilomètres sous un soleil caniculaire. On s’arrête dans un camping 4* avec piscine et nombreux hollandais en tong-chaussette. Parfait pour se rafraîchir. La Loire est vraiment belle, sauvage. Les chemins empruntés sont agréables, pas beaucoup de voiture quand on n’est pas en voie 100% cyclables. On kiffe grave !
Jour 3 : Muide-sur-Loire – Chambord – Blois
Superbe étape jusqu’à Chambord, où on ne s’attarde pas trop, la chaleur étant trop écrasante. On repart par un chemin ombragé sous les arbres, mais nous ne sommes pas seuls. En effet, une horde taons s’y repose également et compte faire de nous leur prochain repas. Une nuée de ces saletés nous attaque, et nous devons notre salut qu’à notre rythme soutenu. Il parait que les arbres se souviennent encore des cris de Clem… On arrive en fin de journée à notre camping près de Blois, en bord de Loire. Comme d’habitude le coucher de nos enfants est quelque peu chaotique. Ils ont encore du mal à s’adapter à ce nouveau rythme.
Jour 4 : Blois – Chaumont-sur-Loire
Très joli découverte de la ville de Blois, il fait un peu moins chaud que la veille. Les enfants sont toujours bien dans leur carriole et se bagarrent moins qu’en Angleterre.
Jour 5 : Chaumont – Amboise – Montlouis-sur-Loire
Il y a vraiment beaucoup de villes qui terminent par « sur-Loire » ici, c’est dingue ! Nous quittons un peu les bords de Loire, et avons le plaisir de pédaler dans les vignes et les champs de tournesol. Le temps se dégrade un peu mais ça fait du bien !
Jour 6&7 : Montlouis-sur-Loire – Tour – Savonnière
Bonne pause à tour avant de rejoindre le camping de Savonnière. Nous nous arrêtons pendant deux nuits et trois jours ici, où nous fêterons les 3 ans de Maxine. C’est l’occasion de souffler un peu, de ne pas devoir démonter la tente après seulement une nuit. Nous sommes dans un camping très simple, notre emplacement fait face aux jeux où nous pouvons laisser Maxine. Le camping est aussi doté d’un château gonflable qui est particulièrement apprécié par Maxine. Elle se fait une copine, Thaïs que nous retrouverons à plusieurs reprises. C’est aussi le point de rencontre avec les Beauvais qui viennent passer deux soirées avec nous.
Jour 8 : Savonnière – Villandry – Langeais – Bréhémont
Nous visitons les jolis jardins du château de Villandry, plus que magnifiques et le château de Langeais qui propose spectacle de rapaces et mise en scène en costume que les enfants aiment beaucoup.
Jour 9 : Bréhémont – Savigny-en-Véron – Montsoreau
Très jolies routes entre maisons troglodytes et bord de Loire. Le camping de Montsoreau est super chouette. Nous y retrouvons la famille de la copine de Maxine Thaïs avec qui nous nous liions d’amitié, et partageons un apéro très sympathique.
Jour 10 : Montsoreau – Saumur – Gennes
Les châteaux de la Loire disparaissent peu à peu. Nous décidons de nous arrêter à nouveau pour deux nuits dans la jolie petite ville de Gennes. Nous y retrouvons avec surprise et plaisir la famille de Thaïs, avec qui nous partageons nos repas et apéros ! Maxine et Thaïs sont très contentes de jouer ensemble. Maxine parle de Thaïs comme étant sa sœur. C’est très plaisant d’échanger avec d’autres voyageurs à vélo.
Les nuits se sont bien rafraîchies et Maxine a plusieurs accidents nocturnes qui nous font prendre conscience qu’elle doit avoir bien froid la nuit.
Jour 11 : Gennes – Les Ponts de Cé
C’est dur de partir de Gennes et de laisser nos nouveaux amis. Maxine est très triste de quitter sa copine. Nous sommes heureux de rouler à nouveau, mais il y a moins de point d’intérêt sur la route, et donc moins d’arrêt pour les enfants, qui nous le font payer. Mais alors bien payer !
Nous trouvons un Decathlon près d’Angers pour acheter un duvet bien chaud pour Maxine.
Jour 12 : Les Ponts de Cé – Oudon
Nous nous arrêtons dans un jardin animalier où des Wallabys (petits kangourous) vivent en liberté pour se faire une chouette sortie avec les enfants. Nous déambulons au milieu des animaux qui viennent manger dans nos mains du pain dur et que nous pouvons caresser. Arsène semble lui aussi vouloir participer mais ne comprends pas vraiment le principe du partage avec le kangourou. Il finit par se faire mordre profondément par l’un d’eux. Marc retourne à l’accueil avec son petit garçon qui pleure comme jamais pour s’assurer qu’il ne faut pas filer à l’hôpital pour une injection contre la rage !
Jour 13 : Oudon – Nantes – Oudon
Nos nerfs continuent d’être mis à rude épreuve, mais nous sommes heureux de continuer à avancer, surtout que notre progression est impressionnante. Nous sommes très proches de Nantes. Nous oublions malheureusement que nous avons tous besoin de repos…
Résultat, à l’approche de Nantes, Clem et moi nous disputons comme jamais, finissant par nous hurler dessus. Heureusement, nous finirons par réaliser notre stupidité et nous décidons de ne pas s’installer à Nantes et de retourner en arrière à Oudon pour quelques jours. Nous décidons de nous y rendre en train en fin de journée. Nous arrivons à la gare alors que le train est sur le point de partir. Nous découvrons toute la stupidité dont peuvent faire preuve les agents SNCF de temps en temps. Au lieu de nous aiguiller et de nous aider à monter le plus vite possible dans le train, ceux-ci nous rembarrent ! Mauvaise idée. Il n’en fallait pas plus pour nous faire exploser. Nous retenant d’insulter le personnel resté sur le quai, nous passons nos nerfs sur eux. Et franchement, c’est pas souvent que ça arrive, mais leur connerie était tellement flagrante. Comment peut-on préférer rembarrer des parents avec de jeunes enfants plutôt que de les aider ? Comment peut-on râler de voir des vélos monter dans un train en 2018 ? Les contrôleurs ont le toupet de nous dire que si on est pas content, on a qu’à prendre notre voiture ! Nous leur rétorquons que nous n’en avons pas, et que nous utilisons exclusivement nos vélos ou les transports en commun. Merde ! Le monde se meurt à cause de notre bilan carbone catastrophique et au lieu d’encourager les vacanciers à vélo, la SNCF préfèrent leur mettre de bâtons dans les roues (et c’est pas possible de rouler en vélo avec des bâtons dans les roues).
Jour 14, 15 &16 : Oudon
Nous profitons du calme du camping et prenons le temps de nous reposer. Nous visitons le château, nous nous baignons au lac, nous faisons une balade en bateau sur la Loire. C’est chouette la sédentarité !
Jour 17 & 18 : Nantes
Nous squattons chez des amis absents et découvrons la ville. Nous apprécions particulièrement l’île des Machines.
Jour 19 : Nantes – Rennes
Nous rentrons en train. L’occasion de profiter de nouvelles aberrations de la SNCF, comme cette correspondance de 10 minutes entre deux trains. Pas de problème en théorie mais dans une gare où il faut passer d’un quai à un autre en empruntant des escaliers, c’est mission impossible avec des vélos. Malgré toute la bonne volonté et la force de Marc, nous loupons le train à quelques secondes près. Nous laissons Maxine à Rennes avec sa marraine.
Jour 20 : Rennes – Caen
Nous passons la nuit chez le frère de Clem.
Jour 21 : Caen – Rouen
Enfin à la maison ! Wouhou ! On l’a fait ! Nos premières vacances à vélo qui entérinent définitivement l’envie de faire notre année sabbatique à vélo !
Ça y est nous sommes enfin en vacances ! Demain on part pour l’Angleterre à vélo ! Enfin, on partira si on arrive à boucler nos sacoches. Rien n’est prêt, si on sait à peu près ce qu’on doit emmener, on a pas encore rassemblé les affaires. Et puis, histoire de se compliquer un peu la vie, on a loué une voiture sur Drivy pour 24h et il faudra la rendre à la gare le dimanche matin (et donc descendre au moins un vélo auparavant…). Et puis, pourquoi passer notre journée à préparer notre voyage alors qu’on pourrait emmener Maxine à la piscine de Dieppe le matin ? Et le soir, pourquoi passer une soirée peinards à faire nos sacoches alors qu’on peut aller chez Capu ? Bah oui, il nous reste toute la nuit pour faire nos sacs !
Dimanche 6 mai : Rouen – Serqueux – Dieppe
On s’est couché tard, mais au réveil, il ne restait plus qu’à mettre la trousse de toilette dans une sacoche et on était bon. Je suis descendu une première fois à la gare juste avec mon vélo pour pouvoir rendre la voiture ensuite, tandis que Clem est partie de son côté avec les enfants dans la carriole.
A 9h, nous sommes dans le train en direction de Serqueux. Les vélos ne bougent pas, les sacoches non-plus. Pas de problèmes avec le contrôleur pour la remorque. Tout va bien. L’arrivée à Serqueux se fait tranquillement. Il fait super beau. Les gens posent des regards bienveillants sur nous et notre expédition. On trouve rapidement l’Avenue Verte, et c’est parti pour près de 50 km jusqu’à Dieppe ! Immédiatement, on se rend compte qu’on va prendre beaucoup de plaisir sur ce chemin. Une légère pente. Un silence et une ambiance bucolique très appréciable. On s’arrête rapidement pour le déjeuner à Nesle-sur-Saire, dans un restaurant aménagé dans une ancienne gare. On y restera 2,5h le temps de faire manger Arsène, de permettre à Maxine de se défouler un peu et de nous restaurer également. C’est le début d’un relâchement total sur l’équilibre des repas de Max…
On reprend la route, on avance vraiment bien. Je suis rapidement agacé par le fait de devoir dire bonjour à tous les cyclistes qu’on croise. Parce qu’on est sur des vélos, on devient des copains ? Est-ce que lorsque je suis en voiture, je salue tous les automobilistes ? En vrai, c’est agréable ! On roule à bonne allure. Clem est devant moi. On discute, on apprécie le paysage. Les enfants font la sieste, bercée le roulis de la carriole. On espère être à Dieppe en fin d’aprèm.
On fait une petite pause pas loin de la fin de la voie Verte. Arsène nous confirme qu’il a bien la gastro en vomissant son biberon du goûter… A partir de d’Arc-la-Bataille, la voie verte laisse place à la route et à ses usagers à 4 roues. On retrouve un peu de dénivelé qu’on avait complétement zappé. Soudain, le poids de la remorque et des sacoches double. Heureusement, Clem est d’une humeur et d’une force incroyable. Elle nous guide et m’encourage en même temps. L’arrivée dans les rues de Dieppe que nous reconnaissons est salvatrice, de même que l’idée de profiter d’un bon bain dans notre Airbnb. Celui-ci se trouve en centre-ville pas loin du port, et au rez-de-chaussée avec une petite cour. Petit moment de frayeur car sur la porte, il est clairement indiqué que les deux roues sont interdits… Mais au final, un grand sourire et la vue des enfants nous permettront de poser nos vélos dans la cour. La soirée sera sportive. Si Arsène s’endort bien après avoir vomis son diner, Max est toute excitée et semble hésiter sur le lieu où s’endormir. Elle finira par s’endormir à la tombée de la nuit après beaucoup d’énervement de chacun. A peine le temps de s’endormir qu’Arsène se réveille une première fois. C’est un véritable cauchemar. La nuit précédente, nous avions peu dormi à cause de la préparation des valises, nous espérions pouvoir récupérer un peu, ce n’est pas le cas.
Lundi 7 mai : Dieppe – New-Haven – Brighton
Malgré plusieurs réveils nocturnes et un réveil final assez matinal, notre corps semble malgré accepter de faire ce que le cerveau lui ordonne de faire. On reprendra un bain chacun notre tour pour essayer de récupérer un peu d’énergie. On refait les sacoches. On réorganise la répartition des charges sur le vélo et dans le coffre de la carriole. Déjà, je commence à comprendre qu’un voyage itinérant nécessite de connaitre avec exactitude le contenu de chaque sacoche, et une organisation intelligente pour éviter de tout défaire pour un caleçon propre…
Après des petites courses de dernière minute, on file vers le port. Nos passeports sont prêts. Les enfants pas hyper contents d’être dans la carriole de bon matin, et on se rapproche de l’heure du déjeuner pour Arsène sans possibilité de réchauffer son petit plat. En plus, petite surprise, au moment du contrôle des billets, il semblerait que je ne sois pas enregistré ! Obligé d’aller à l’accueil pour modifier cela et de refaire la queue pour le check-in. Les enfants râlent. On reste serein malgré tout. Le soleil tape fort. La mer a l’air calme. Clem a déjà pris son médoc contre le mal de mer. Arsène patient relativement bien pour son déjeuner. Petite émotion en embarquant sur le bateau, cela fait plusieurs années qu’on est pas allé en Angleterre. Et puis, quitter son pays, ça fait un peu plus « vacances » que quand on reste dans son pays. Bah oui ! C’est plus dépaysant !
Mais bon pas vraiment le temps de s’épancher là-dessus, Maxine veut sortir de la carriole, il faut qu’on réchauffe rapidement le déjeuner d’Arsène. On file s’installer à une table de quatre personnes. Max ne tient pas en place. La fatigue et son humeur nous donneront du fil à retordre pendant toute la traversée. Arsène nourris, Max se balade. Rapidement un message sonore nous avertit que les enfants n’ont pas le droit de courir, ni de crier. Bref, de faire ce que font des enfants. Il faut le dire si vous ne vouliez pas d’enfants à bord !
La traversée semble durer des heures. Nous partons à 12h. Pile-poil pendant le temps dédié aux siestes, donc il était inévitable que les enfants nous le fassent payer. Il nous aura fallu beaucoup de patience. Max est passionnée par les jeux vidéo, et pas trop par les dessins-animés. Arsène s’endort dans mes bras après un nombre incalculable de tour de bateau, et de nombreux petits vomitos. Avec Clem, on est exténué, et on sait qu’en arrivant on va devoir pédaler jusqu’à Brighton… Maigre consolation, en théorie puisque les enfants n’ont pas dormi de la journée, ils devraient être plus calmes quand on pédale et ce soir… Ou pas.
(SPOILER ALERT : ce sera « ou pas »)
Le débarquement se fait également dans la douleur. Il faut gérer le manque de sommeil de chacun et l’attente pour débarquer, puis l’attente pour passer la frontière. Les enfants ont beaucoup pleuré, ce qui nous a permis de doubler tout le monde. Une fois qu’on roule, on se sent mieux. Même s’il faut faire très attention, ici on roule à gauche ! Je ne sais pas comment c’est en voiture, mais en vélo, c’est galère ! Les quelques anglais avec qui on a discuté nous ont prévenu, on va souffrir pour arriver jusque Brighton ! Mais c’est rigolo, sur le chemin, on croise des cyclistes qui étaient avec nous sur le bateau. Après quelques centaines de mètres, on arrive au pied d’une immense côte. Malgré notre courage et notre détermination, on descend vite de nos vélos pour les pousser. Pour le moment, les enfants dorment toujours, tout va bien. Ensuite, on se tape un chemin en très mauvais état pendant plusieurs centaines de mètres. Les enfants ne râlent toujours pas alors qu’ils sont secoués dans tous les sens. On continue à pédaler dans des rues désertes, mais loin de la route idyllique que je m’imaginais en bord de mer. On monte, on descend, on remonte, on redescend. Clem nous guide à la perfection. Je manque de me payer une bagnole parce que j’oublie que les voitures roulent à gauche dans les deux sens… Au final, on finit par arriver enfin sur un front de mer, et je revis. Il fait un temps magnifique, il y a un monde fou sur la plage. Mais c’est enfin le décor idyllique dont je rêvais. On est frappé par le nombre de barbecues jetables qui dégagent une odeur de saucisses et de d’allume-feu bien chimique. Une véritable catastrophe écologique ces barbecues jetables, et ils sont apparemment très appréciés…
Le plaisir est de courte durée, nous voilà maintenant loin de la mer, sur le trottoir qui longe la route principale sur laquelle les voitures filent à vive allure. Les enfants sont maintenant réveillés. Déception, la sieste n’aura pas duré si longtemps. Max s’ennuie, et embête son frère en lui serrant très fort la main. Je m’en rends compte quand j’entends Arsène pleurer de douleur. On s’arrête pour la disputer, encore, un pipi et un goûter au bord de cette route nationale. On en peut plus, et c’est vraiment dur. Je suis un peu déçu par cette première étape. La fatigue et les enfants nous empêchent de prendre du plaisir. On se remet en selle malgré tout, heureux de ne plus être très loin de la ville. La route redescend au bord de la mer. On aperçoit la fête foraine sur la jetée, cela nous redonne le sourire et de l’énergie. On ne galère pas trop pour trouver l’hôtel qui est plutôt bien placé et cosy. Le temps que je discute avec le réceptionniste, j’entends Clem m’appelait en catastrophe dehors. La couche d’Arsène a débordé. Il baigne dans une mare d’excréments liquides dans son hamac dans la carriole… Bon appétit ! On nettoie comme on peut, on garde notre sang froid. On monte dans notre chambre. On souffle un peu. Petite douche pour moi et Max. On décide de sortir assez vite. Je descends avec Max le temps qu’Arsène finisse son biberon. Clem tarde à nous rejoindre. Je remonte en laissant Max à l’accueil. Je découvre des traces de vomi dans l’escalier, et en remontant une Clem en pleure. Nos polaires sont recouvertes de vomi d’Arsène. Encore une fois, on garde notre calme, on gère comme on peut. On utilise les serviettes de l’hôtel et on décide de sortir. On est en teeshirt, et les températures estivales disparaissent en même temps que le soleil. On déguste un fish’n chips pendant qu’Arsène mange une compote et boit de l’eau à la cuillère. Il faut en effet qu’on le garde bien hydraté, sinon ce sera retour direct en France… La balade est fraiche mais très agréable, on s’offre deux sweats de touristes identiques, puis on rentre tranquillement à l’hôtel, où l’enfer commence.
En effet, il est tard, les enfants et les parents sont exténués. Mais seules les parents semblent décidés à dormir. Arsène a un rhume en plus de la gastro qui l’empêche de respirer. Maxine change de lit toute les deux secondes, s’énerve, tape sa maman, son papa, son petit frère… Dispute, menace. On finira par s’endormir vers minuit, et on sera régulièrement réveillé.
Mardi 8 mai : Brighton – Polegate – Heathfield/Horam
Le réveil est dur encore une fois. Nos voisins de chambre doivent nous haïr. Nos enfants pleurent chacun leur tour, ou ensemble. Il est 6h du matin, merci le décalage horaire de nous ajouter une difficulté. On sort de notre chambre prendre l’air après un nouveau biberon vomi par Arsène. Le pauvre est blanc comme un linge et a un peu de fièvre. Cela fait du bien à tous de sortir. Max se défoule, et nous sommes heureux de marcher un peu. L’objectif de la matinée est de faire une lessive et des courses avant l’English Breakfast à l’hôtel. Après s’être requinqué, il faut à nouveau refaire les sacoches et la répartition des poids et des affaires sur nos vélos. Je commence à me débrouiller. On quitte l’hôtel à 11h, direction la gare de Brighton. On ne pédale pas longtemps en ville sous l’œil amusé de nombreux passants. Nouvelles courses à la gare, un peu trop longues, car en sortant, on se rend compte que le départ de notre train est dans 4 minutes. On court, on demande notre chemin à un employé avec un accent horrible qui nous envoie sans trop d’indication vers l’avant du train. On trouve le compartiment pour les vélos. Il est minuscule. Le train est sur le départ, plus personne sur le quai. Je suis tenté de prendre le suivant pour pouvoir monter dans un train calmement. Mais le prochain est dans plus d’une heure. Hors de question d’attendre si longtemps. Alors on grimpe dans le train de façon très chaotique. La carriole, et les vélos prennent toute la place sur la plateforme et empêche toute circulation. Une contrôleuse arrive, nous engueule pour notre bordel. Clem lui rétorque avec force :
« We have two children, maybe you can help us ! Putain ! Fait chier ! »
Un peu violent, mais ça a le mérite de changer l’attitude de la contrôleuse, qui nous aide à mettre les vélos et la carriole comme il faut. Elle nous aidera également à descendre.
A Polegate, on s’arrête pour le déjeuner dans un chouette salon de thé « Cherry tree and cake ». Des gens adorables qui nous ont bien aimés je crois. Max réclame une glace, elle choisit le parfum Bubble Gum qu’elle ne touchera même pas, mais dont elle appréciait la couleur, avant de se rabattre sur la vanille qu’elle ne touchera pas non plus. Au final, je mange tout, ce qui me va bien aussi. Arsène a repris des couleurs et n’a pas vomi depuis longtemps. On ne s’emballe pas, mais je suis rassuré. Je change un beau caca débordant sur un carré sur le bord de la route. Aucune gêne, rien à foutre ! On est de bonne humeur, car le train s’est plutôt bien passé au final, alors que j’appréhendais carrément, la route qui nous attend est censée être la plus sympa du parcours. On quitte le salon en leur promettant de repasser à notre retour. Max nous fait bien rire car elle commence à faire des petits « Yes ! Yes ! » ou encore « Bye ! ». Les cours d’anglais de la crèche sont utiles !
On remonte sur nos vélos, direction le Cuckcoo trail, ancienne voie ferrée. Les enfants dorment, on est dans la campagne anglaise. Tout va bien !
On pédale, on pédale, mais très vite, je me rends compte que ce n’est pas aussi facile que l’Avenue Verte jusqu’à Dieppe. Le dénivelé est léger, mais on a l’impression d’un faux plat qui ne s’arrête jamais. La route est vraiment chouette, on traverse un peu de ville, mais pas énorme. Le guide fait état de ponts remarquables… Mouais.
Alors qu’on est plus qu’à quelques miles de Heathfield, et donc de notre camping selon ma mémoire infaillible. Je check le lieu exact de la ferme, et on se rend compte, qu’on doit faire demi-tour. Cela n’affecte pas trop notre moral, car cela faisait un bout de temps que la route montait et nous épuisait… On suit notre ami Google qui nous envoie dans un chemin qui descend très fort, puis remonte très fort, puis nous passons près d’une ferme dans laquelle un homme avec un accent à couper au couteau nous indique qu’on fait fausse route. On refait demi-tour. A nouveau grosse descente, puis grosse montée. Je fais les montées sur le vélo en pédalant, car même si c’est dur, c’est moins reloud que de pousser le vélo. Arrivés près d’une grosse route, je re-check Google, je me dis qu’il faut lui faire confiance… Grosse erreur. Demi-tour à nouveau, grosse descente, grosse montée. Clem me rappelle qu’il y a une barrière et que Google pense que nous sommes à vélo, et pas à vélo avec une carriole.
« Oups ! Désolé ! »
On se pose, on goûte. Les enfants se dégourdissent les pattes. Et on repart en décidant de prendre la grosse artère avec les voitures qui roulent vite. Ces anglais roulent vraiment vite ! Grosse descente, grosse montée, puis grosse montée, plat, grosse montée. Je ne descends plus de mon vélo et seul le nombre de mile qui diminue sur mon GPS me motive. Clem est à bout également. On mouline, mouline, mouline. On arrive à Vines Cross, on est plus qu’à quelques centaines de mètres de notre ferme. On termine par une pente douce et on arrive enfin chez Mark Wimble !
Ce dernier nous accueille avec une exclamation de surprise. Il ne s’attendait pas à ce que nous soyons à vélo ! Il nous emmène chaleureusement à notre emplacement. Il parle un anglais impeccable et est super cool. Nous traversons la petite ferme, puis arrivons dans une immense prairie de deux hectares où nous serons seuls pendant les 4 jours suivants. Pas le temps de souffler, Clem s’occupe d’Arsène. Maxine court partout. Rien ne craint, on sait qu’elle est en sécurité et qu’elle peut courir dans tous les sens. Seuls les petites bêtes semblent l’incommoder, mais il va falloir qu’elle s’y habitue, on risque d’en voir un paquet ! Moi je monte la tente, on installe notre couchage et on va faire le tour du propriétaire :
table en bois
coin feu pour la cuisine
bassine sur une petite table en bois en guise de lave-vaisselle
toilettes sèches doubles : un pour le pipi, un pour le popo
douche solaire
robinet avec eau potable à environ 100 mètres
et de la verdure à perte de vue !
On sent qu’on n’est pas loin de Londres, de nombreux avions passent au-dessus de nous. On se sent apaisé par la nature. En allant chercher de l’eau, j’observe Maxine courir dans tous les sens avec un énorme sourire sur le visage. Du coup, je me dis qu’on en a bien chié pour arriver jusque-là, mais voir un tel sourire mérite largement tous nos sacrifices.
Le coucher d’Arsène se passe pas trop mal compte-tenu de la nouveauté. Il a besoin que je le berce, mais cela ne me gêne pas le moins du monde. C’est bien plus drôle de tourner autour de la tente que dans le salon à Rouen. Diner frugale et dodo tôt. Max se couche sans trop de difficulté en comparaison aux deux précédentes nuits. Par contre, on se très vite compte, qu’il fait froid la nuit… Une chouette fait un boucan d’enfer juste au-dessus de nous. On sent qu’il y a une vie nocturne dehors.
Au milieu de la nuit, Max se réveille en hurlant. Complétement perdue, elle a mis un peu de temps avant de se rappeler qu’on n’était pas à la maison, mais elle s’est vite rendormi. Et son hurlement n’a même pas réveillé Arsène. Il s’est réveillé un peu plus tard. Aucune idée de l’heure, on n’a pas plus de batterie sur nos téléphones !
Mercredi 9 mai : Horam
Aujourd’hui, pas de vélo ! Ou presque pas ! Je fais juste un aller-retour à Horam avec Maxine pour faire quelques courses, mais notre ambition est de rester sur notre lieu de camp pour profiter. Il fait un temps magnifique, et on profite. On fait bronzette pendant que les enfants roupillent. Max nous fera une très belle sieste dehors à l’ombre sous les arbres.
Maxine est drôle. On la sent très à l’aise dans cet élément, même si on entend régulièrement des petits « J’ai peur, il y a une bête ». Arsène a l’air d’aller un peu mieux, mais continue de vomir régulièrement, il faut faire très attention. On continue de le nourrir de compote, cela à l’air de mieux passer que le reste. On lui donne un bain pendant la sieste de Max dans un grand seau d’eau.
Mark notre hôte est passé nous donner des œufs frais (dont un énorme œuf d’oie), des asperges et des épinards. Il nous faut un peu de temps pour nous habituer à la cuisine au feu de bois. D’ailleurs, n’ayant pas d’allumette le matin et ne voulant pas aller en réclamer, j’allume le premier feu avec le réchaud ! Je pose des branches de bois dessus, et ensuite je les mets dans le feu. Ça marche super bien !
Cette journée off nous fait beaucoup de bien. On le sent aussi pour les enfants. Le coucher d’Arsène est très serein, monsieur s’endort tranquillement dans son petit lit sans avoir besoin d’être bercé. Meilleur adaptation ! Pour Maxine, on la garde avec nous jusqu’à notre propre coucher. C’est un peu long pour elle, mais impossible de la coucher toute seule. De toute façon, on est tellement claqué, qu’on n’a pas trop envie de trainer ! Le lendemain, on décide de se faire une excursion à 10 miles de là.
Jeudi 10 mai : Horam – Michelham Priory
On se lève à l’aube, sans avoir aucune idée de l’heure qu’il est. Est-ce qu’il est 5 heures ? 6 heures ? On ne sait pas, on commence la journée quand les enfants sont réveillés. On se fait un petit déjeuner dans la tente au chaud et au sec. Pas qu’il pleuve, mais les matins sont très humides ! En tout cas, on est très content de la tente. Spacieuse, pratique. Un bon achat.
On se prépare pendant la sieste d’Arsène pour notre expédition, et on part à son réveil. Son état s’améliore un peu. On croise Mark qui nous indique qu’il est 10h. J’ai l’impression qu’on est levé depuis 4 heures. On roule tranquille jusqu’à Horam, puis on récupère le Cuckoo Trail, le chemin est vraiment agréable, moins de piéton avec leur chien que l’autre jour. On n’arrête pas de croiser de petits écureuils gris tout mignons. A Hillingly, on quitte la voie verte anglaise, on se perd un peu mais on retrouve vite la route. Sur le guide, il s’agit d’une route blanche jusqu’au prieuré. En pratique, il s’agit d’une rue au début et à la fin c’est carrément un chemin plus pour les VTT dans les bois, avec au milieu, la petite surprise flippante : la traversée d’une 2×2 voies sans passage piéton (mais avec un terre-plein central relativement sécurisé). On a un peu serré les fesses mais ça s’est bien passé. Par contre, quand on a commencé à rouler dans la boue, on a un peu douté de notre sens de l’orientation. Les sous-bois étaient colorés par les violettes en fleur, la lumière du soleil perçait entre les arbres, les enfants étaient calmes depuis notre départ, un bon kif ce matin ! Arrivés au Prieuré, on est réjoui à la vue de l’immense jardin et des vieux bâtiments impeccablement restaurés.
On y a passé une journée vraiment agréable. Le salon de thé faisait de très bons gâteaux. Il y avait une aire de jeux pour enfants tout en bois super chouette pour Max et un grand jardin. Arsène a testé le toboggan pour la première fois. Au moment du goûter, on était entouré de canards, ce qui plaisait et faisait peur en même temps à Maxine. Avant de partir, on réserve notre Airbnb à Brighton pour le samedi. Les prix sont faramineux. Je me rabats sur une guest-house, sans même savoir où est-ce qu’elle est, à 130€ la nuit, c’est ce qu’il y a de moins cher. Le retour se fait sans encombre, le chemin nous parait plus court dans l’autre sens. J’en ai un peu marre du Cuckoo Trail dans le sens de la montée, et pourtant je n’ai pas de sacoches !
De retour sur notre lieu de camp vers 16h/17h, notre objectif est de prendre tous des douches ! L’eau chauffée par le panneau solaire fait maison de Mark est étonnamment chaude, et en plus de ça on a une casserole d’eau chauffée par le feu. La douche avec Max se passe bien, on arrive même à lui laver les cheveux. La douche en pleine nature est vraiment très agréable, mais la sortie un peu fraîche !
Le soir, Arsène se couche tranquillement comme la veille. On le pose au bon moment après son biberon et hop gros dodo ! La nuit est encore fraîche. Arsène se réveille plusieurs fois. Max aussi. Sortir pour faire pipi est un calvaire. Je suis un peu stressé, car j’ai peur que Max ait froid. Arsène est bien emmitouflé dans sa turbulette et son gros pull en laine, mais Maxine a juste un sac à viande, un duvet ultra-fin et une petite couverture polaire. Dès qu’elle bouge (et elle bouge souvent), elle se retrouve sans rien sur le dos. Je finis par lui mettre en plus ma polaire en couverture supplémentaire. La température est vraiment glaciale. Il doit faire moins de 10°C.
Vendredi 11 mai : Horam
Aujourd’hui, nouvelle journée sans bouger. Cela va nous faire du bien, nous permettre de préparer nos affaires et de laisser les enfants bien se reposer. Max fera une sieste de presque 4 heures dans l’après-midi sous les arbres. Le grand air fatigue et fait du bien. Mark nous conseille de remplir des bouteilles d’eau bouillante et de les mettre dans nos duvets avant de se coucher. Excellente idée !
On finit les derniers restes de bouffe. On aura tout de même conservé des produits frais sans frigo, uniquement grâce à la fraîcheur de l’herbe à l’ombre. Sans doute pas au top pour la chaîne du froid, mais on n’est pas tombé malade ! Je suis déjà nostalgique à l’idée de quitter cet endroit, mais il le faut bien. De toute façon, demain, il pleut, donc ce sera beaucoup moins idyllique !
La dernière nuit commence vraiment bien. On se couche tous sans encombre et sans trop d’histoires. Et surtout on a chaud grâce aux bouteille d’eau bouillante dans nos duvets ! Nous aurions dû y penser plus tôt ! Je me couche aussi l’esprit léger car le camping nous coûte 26£ de moins que ce qu’on avait prévu. Je ne sais pas comment Mark a fait ses calculs, mais je vais pas m’en plaindre !
Samedi 12 mai : Horam – Polegate – Brighton
Départ dans les temps avec quelques tensions liées au rangement final. Une dernière photo pour Mark, et on décolle. On connait bien la route maintenant, même si la faire en étant chargé comme une mule est un peu plus dure. J’arrive à ne pas m’arrêter dans les côtes, pas Clem. Elle m’expliquera qu’elle manque d’énergie dans les côtes mais que sinon ça va dans les descentes… On pédale sous la pluie avec nos pantalon kway. Les enfants sont bien à l’abri dans la remorque.
A Polegate, on s’arrête à nouveau dans le salon de thé de l’aller. Les enfants sont un peu plus durs à tenir, en plus il pleut, on ne peut pas les défouler dehors. Maxine refuse de manger, et se plaint d’avoir mal au ventre depuis quelques jours. La pauvre petite puce est un peu constipée, forcément quand on refuse de manger des légumes toute la semaine…
En attendant le train qui nous ramène, Max est prise d’une envie pressante. Clem quitte le quai avec elle, je reste avec Arsène. Elles reviennent au moment où le train arrive. On va encore se faire un embarquement chaotique. Au final, je commence à bien le gérer l’embarquement. Sauf que dans la précipitation, on oublie le petit sac-à-dos noir de Clem.
Arrivés à Brighton, on comprend vite qu’on est tombé en plein festival ou autre connerie du genre. Les enfants sont bien énervés en arrivant, je décide de rouler sans savoir où je vais. Il fait un temps de merde. Nous sommes tendus. Quand j’allume mon gps, je me rends compte qu’on a roulé dans la mauvaise direction, on fait donc demi-tour. Clem réalise qu’elle ne pourra pas vraiment flâner dans les rues comme elle se l’imaginait. On ne pourra pas non plus aller à l’aquarium. La déception est cruelle et dure, et les enfants énervés. On arrive dans la guesthouse, une jolie petite chambre. Maxine est intenable. Elle a passé la journée dans la carriole et n’a pas encore fait de sieste. On décide de sortir se balader avec la carriole en poussette pour la sieste. On a alors un instant de répit. Malgré le froid et la pluie, on est content de découvrir la ville. Arsène nous rappelle rapidement l’heure qu’il est et qu’avec de jeunes enfants, on n’improvise pas une longue balade en ville.
Au final une courte soirée et une courte nuit bien éprouvante.
Enfin le retour à la maison ! Je me réveille un peu stressé à l’idée qu’on loupe le train pour Newhaven, ce qui nous ferait louper le bateau. On arrive en avance à la gare. Ce qui nous permet de faire un embarquement plus que serein. Le contrôleur a l’air d’être en souffrance. On devine aisément qu’il s’est mis la pire la veille. Pas de souci à Newhaven, l’embarquement est assez rapide, même si pour conserver Arsène endormi, je fais des tours sur le parking.
La traversée se passe beaucoup mieux que l’aller. On déjeune à la cafeteria. Arsène arrive à faire une sieste sur deux fauteuils transformés en un petit lit et attendrit tous les passagers qui passent à proximité. La mer est un peu plus agitée, un peu dur pour Clem, d’autant plus que ses médocs sont dans le sac-à-dos oublié à Polegate. Max passera la majeure partie de son temps devant les dessins animés dans le carré pour enfant. Elle est plus calme, et nous réclame même d’aller faire dodo alors qu’on s’approche des côtes, mais bon pas vraiment pratique !
A Dieppe, les enfants font dodo, on en profite pour pédaler sur le front de mer puis pour se faire une bonne crêpe au nutella en amoureux.
Arrivé à Rouen, il nous reste la toute dernière épreuve de la journée, rentrer à la maison en vélo ! Pour cela, il faut se taper la montée du Chemin de Clères. Un véritable défi. Si je l’ai fait une fois sans trop de difficulté, c’était sans les sacoches et sans une semaine de vélo dans les pattes. J’y arrive en alternant les moments de marche et ceux de moulinette. En arrivant à la maison, on se pose dans le jardin. Soulagés, mais très fiers de nous. Nous avions un projet, partir en Angleterre en vacances à vélo, nous l’avons fait. On a souffert, on a eu envie de pleurer souvent, mais on a aussi pris beaucoup de plaisir, et on a adoré ces moments privilégiés avec les enfants. On est donc gonflé à bloc pour la Loire à vélo cet été !
Suite à notre séjour en Norvège, nous avons pris LA décision : partir en voyage pendant un an ! Mais qu’est-ce qui nous pousse inexorablement vers d’étranges contrées ? Soyons honnêtes, on rêve tous (ou presque) de tout quitter et de voyager, mais pourquoi ?
La soif d’aventure
Aujourd’hui, j’ai 31 ans. J’ai une femme merveilleuse, et deux enfants magnifiques. Un boulot sympa qui me permet de bien gagner ma vie. Un emprunt de 25 ans sur le dos pour rembourser la maison qu’on vient de s’acheter et dans laquelle on va faire des gros travaux. La vie, ma vie, si on se laisse couler par le quotidien, ne va presque pas bouger d’un poil. Les seules excitations en perspectives se résumeront alors à des vacances frustrantes car trop courtes, à des week-ends cool mais qui passent beaucoup trop vite, et à voir grandir les enfants à une vitesse ahurissante. Les enfants d’ailleurs, parlons-en ! Est-ce vraiment une bonne idée de grandir dans notre société actuelle ? Au milieu de cette course à la consommation en tout genre, dans cet univers hyper-connecté où tout est superficiel et bref, comment des enfants peuvent apprendre de bonnes valeurs ? Comment en tant que parents, peut-on leur transmettre de bonnes valeurs ? Comment les éloigner de la violence (pas forcément physique) de notre société ? Comment leur donner cette petite étincelle ? Le goût de l’aventure ?
A toutes ces interrogations, c’est toujours le voyage et ses imprévus exquis qui trouvent réponse à mes yeux. C’est cette soif d’aventure humaine qui me motive et que j’ai envie de transmettre à mes enfants pour les aider à appréhender le monde de demain.
Le défi de l’inconnu
La vie peut rapidement devenir monotone. Même si les enfants viennent mettre un peu de piment, même si les déménagements, les changements de boulot rythment une vie, les grands bouleversements viennent rapidement à manquer, et l’entreprise d’un voyage au long cour pimente une existence. Pendant les cinq prochaines années, je vais y penser tous les jours. Chaque euros que je mettrais de côté me permettra de me projeter dans un avenir excitant et totalement inédit.
Et la peur dans tout ça ?
Je suis terrifié, mais c’est ça qui me donne le plus envie de partir. J’ai envie de d’avoir peur, car j’ai envie de ressentir des émotions fortes. J’ai envie de vivre.
J’ai peur de ne pas réussir à partir. J’ai peur de mettre en danger ma famille, mes enfants avec mes envies d’aventures. J’ai peur mais ce n’est pas ça qui m’arrêtera.