Tour d’Europe : semaine 2

Bilan

Nombre de kilomètres : 210km (416km au total)

Vitesse moyenne : 12,3 km/h (ça ne bouge pas !)

Où sommes-nous ? Un peu après Dunkerque

Humeur : tout va bien mais il ne faut pas tirer sur la corde

Nourriture : on est au top, les enfants sont même plus curieux qu’à la maison

Enfant : les enfants parlent de moins en moins de la maison. L’aventure leur plait.

Vélos : les enfants sont étonnants, surtout quand ils décident d’innover par rapport à l’utilisation prévue au départ

Bivouac : RAS

Journal de bord

Jour 8 / 7 juillet 2022

Les enfants ont fait la grasse matinée ! Réveil à 9h, mais tranquille, vraiment tranquille. Pas de pain au camping, je fais quelques kilomètres pour trouver la boulangerie. 

On arrive à décoller à 11h mais on est motivé ce matin ! L’itinéraire est en rouge sur la première portion sur le site de la Velomaritime, on comprend rapidement pourquoi. Nous roulons sur une route départementale très passante. Chaque voiture qui nous dépasse nous fait frissonner. Je constate qu’il y aurait largement la place sur le bas-côté pour une piste cyclable… Les voitures ne respectent pas pour la plupart la limite de 70 km/h, ni les 1,5 mètres réglementaires pour dépasser des cyclistes hors agglomération. Je pense que bien au chaud et en sécurité dans leurs SUV ou leur camping-car, les conducteurs ne se rendent pas compte à quel point cela est désagréable et inquiétant pour nous. Je tire mon fils de 4,5 ans, à chaque fois qu’une voiture me double et se rabat très vite sur moi parce qu’une autre arrive en face, j’imagine le pire, je vois Arsène voler de l’autre côté de la route. Ces images morbides motivent au moins à garder un bon rythme, et les quelques kilomètres s’arrêtent assez vite. Malheureusement, ce ne sera pas la seule fois que la circulation nous usera le moral. 

Nous déjeunons sur la plage de Berck. Les enfants se régalent dur l’immense plage de sable fin balayée par le vent. Des cerfs-volants de toutes les couleurs et forment volent dans le ciel. Une certaine agitation règne en ville. Des personnes avec des badges déambulent dans la ville, et des animations ont été installées. Nous ne saurons pas pourquoi mais ça met une ambiance festive.

Après une longue pause, nous reprenons la route. À nouveau partagée avec les voitures. Cette fois-ci, juste une bande rouge peinte au sol nous sépare des 4 roues. C’est mieux que ce matin mais toujours aussi épuisant. Tellement qu’Arsène s’endort. Maxine se lasse vite de pédaler l’après-midi. Elle envie un peu son frère, mais on ne peut pas le réveiller pour échanger les places. On décide de chercher rapidement un camping pour le dodo. Le premier que nous contactons nous propose 58€ pour la nuit !!! Nous décidons d’aller vers le deuxième, au bord de la mer, au pied des dunes, mais qui nous coûtera tout de même 32€.

Les enfants jouent tranquillement pendant que nous nous battons avec le vent pour monter la tente. Le temps nuageux de la journée a laissé place à un soleil chaud et écrasant. Les pieds dans le sable, impossible de planter la moindre sardine. Le moindre geste nous épuise. J’emmène Maxine se doucher. C’est l’avantage des campings, on a accès à des sanitaires plus ou moins bien. Le bivouac nous manque mais la côte est tellement urbanisée que les spots sur la route manquent un peu à l’appel. 

Après un bon dîner et même une glace en guise de dessert, direction les dunes et la plage. Les enfants sont ravis ! Ils courent, grimpent, se roulent dans les dunes, avant de mettre les pieds dans l’eau. Ils finissent nus sur la plage à sauter dans les vagues.

Le soleil a commencé sa lente course vers la mer. Le sable doux n’est plus si chaud sous nos doigts de pied, il est temps de se coucher. Nos voisins écoutent une série de merde beaucoup trop fort et nous cassent les couilles alors qu’il est 22h45… Bande de petits cons !! Heureusement, Clem leur dit rapidement de cesser de nous importuner.

C’est chouette tout ce sable partout. Tout doux quand on marche, le pied qui se fait délicatement envelopper dans un écrin de viscosité. Cependant, dans une tente, c’est la galère bon sang ! Ça attire les puces de sable, ça s’invite partout, du bout de melon à la banane, des chaussettes au duvets. Demain, il faudra retourner la tente pour espérer s’en débarrasser.

Jour 9 / 8 juillet 2022

Au milieu de la nuit, je sors pour soulager une envie pressante. Joie du camping, il faut se rhabiller, ouvrir la tente délicatement pour ne pas réveiller Clem, les enfants ou les voisins. Puis il faut marcher dans la fraîche obscurité, jusqu’au bloc des sanitaires, faiblement éclairé. Ces instants désagréables ont deux récompenses inestimables cette nuit : 

  1. La voûte étoilée est magnifique, aucune pollution visuelle, et une Grande Ourse qui s’offre à mon regard sans aucune pudeur. 
  2. Un dialogue avec Arsène à moitié endormi : 

« Tu es gentil papa.

-Merci mon chaton, rendors-toi.

-Parfois tu nous disputes, alors en fait tu es un papa moyen gentil. »

Il referme les yeux, et Morphée le rembarque aussitôt avec lui. 

Réveil matinal, et en pleine forme. On s’active dès le réveil pour ranger la tente. Les enfants filent rapidement dans leur monde et nous arrivons à replier la tente et ranger toutes nos sacoches avant 10h et prenons un bon petit déjeuner sur les tables du bar. Le tenancier est déjà à l’œuvre pour installer sa sono, prêt à inonder nos oreilles au doux son de la Lambada comme hier à notre arrivée.

Le grand café fait du bien et nous avons bien réparti les temps des enfants sur le vélo/carriole en fonction de leurs coups de barre respectif. Maxine commence sur le vélo, puis après le dej ira sur la carriole, et finira la journée sur son vélo. Nous n’avions vraiment pas imaginé que Maxine aurait temps envie d’être dans la carriole. Heureusement, il suffit de mettre de la musique et ses jambes peuvent pédaler de nombreux kilomètres. Elle choisit l’artiste et accroche l’enceinte offerte par les copains sur son guidon, et c’est parti ! On a écouté aujourd’hui Clara Luciani, Juliette Armanet et Julien Doré. Sur une chanson de ce dernier, le refrain dit « Elle est pas belle la vie ». Arsène me demande : 

« Pourquoi il dit qu’elle n’est pas belle la vie ? Elle est belle la vie !! »

C’est bien, pour le moment, les enfants partagent les mêmes goûts musicaux que nous (Wejdene mis à part). C’était à peu près la chose sympa du jour car la route était loin d’être une partie de plaisir, vallonée et sur une piste cyclable au bord d’une départementale très (trop) passante. Pas de possibilité de halte, de pause sympa ou de bivouac à notre grand regret. On arrive à faire une bonne pause à Etaples, mais après c’est soleil qui tape fort et routes interminables. Les enfants s’endorment aujourd’hui quand ils sont dans la carriole Weehoo! c’est une bonne chose. Quand Arsène roupille, il vaut mieux que Clem soit derrière moi et fasse la voiture balai, le petit garçon a une certaine tendance à laisser tomber ses doudous. On en a perdu un hier qu’il avait depuis sa naissance. Coup dur (surtout pour Clem).

Pendant une pause Maxine adopte un nouvel escargot. Le quatrième depuis notre départ, espérons que « Coquille peureuse » reste avec nous plus longtemps que ses malheureux prédécesseurs disparus à Saint Val ou tombé de vélo près du Biocoop.

Nous nous arrêtons au château de Hardelot, avec un joli petit jardin qui plairait à ma maman. Une fontaine nous permet de nous raffraichir. Maxine aurait aimé cueillir toutes les fleurs… 

Nous décidons de nous arrêter au camping plus proche même s’il est un peu tôt (16h30), nous avons roule plus de 30 kilomètres et les enfants montrent quelques signes d’ennui. Le camping du Château est joli, même si l’accueil est un peu froid de prime abord. 

« Vous avez réservé ? Non ? Ah la la. Bon là ça va, on va trouver de la place, mais bon, la prochaine fois réservez ! »

On a un peu l’impression de se faire disputer par ce vieux monsieur. Deux secondes plus tard, sa femme surgit de nulle part. 

« Il faut bouger les vélos, ça gêne ! »

Un peu rude, tout ça pour un SUV qui craint pour sa carrosserie. Si t’arrives pas à te faufiler partout, fallait prendre le modèle d’en-dessous ! La femme invective Clem à travers sa baie vitrée pour lui intimer de ne pas remettre les vélos à la même place. Pas franchement bienveillant pour son plus grand plaisir. Le gardien nous accompagne à notre emplacement avec un hooverboard électrique, alors que le camping est minuscule… Celui-ci dispose de frigo en libre-service et ça c’est cool ! 

Les enfants sautent dans le trampoline, Clem lessive et moi je monte le campement. Les enfants font un long moment calme de dessin sur leur carnet. 

Comme tous les soirs, on prend le temps de faire le point et d’évoquer nos pépites et nos cailloux (pratique instaurée par Clem qu’elle a découvert en rejoignant XR).

Pépites : 

  • Arsène : trampoline, chat et musique et avoir aidé maman dans les montées 
  • Maxine : trampoline et le chat
  • Clem : avoir bien roulé avant de perdre le moral et découvrir le château et son jardin
  • Marco : le dîner (pdt sautées, saucisse et champignon)

Cailloux :

  • Arsène : les parents qui se fâchent le soir
  • Maxine : les montées
  • Clem : se tromper de route
  • Marco : les détritus 

Jour 10 / 9 juillet 2022

La journée commence fort avec des bonnes côtes mais sans descente. Un peu dur pour Maxine qui était motivée pour rouler toute seule.

« C’est nul les montées !!! »

On monte, on monte, et on monte encore ! Quand je pense avoir lu un commentaire de ma cousine Hortense qui trouvait l’Eurovélo 4 trop plate…

Maxine est impressionnante ce matin, elle pédale terriblement bien malgré la présence des voitures en voie partagée. Elle est contente, elle écoute Wejdene. Moi, telle un boomer, j’essaie de la devancer pour m’éviter la voix trafiquée de la chanteuse. Alors que je marche dans une montée, je la vois derrière avancer à bonne allure ! Obligé de remonter sur mon vélo ! 

Nous arrivons dans la ville de Portel. Une descente, puis aussitôt une montée. Malheureusement un bus nous bloque dans la montée, interrompant notre élan. 

« C’est le bordel à Portel! s’écrie Clem, hilare. »

C’est agréable d’avoir trouvé une moitié qui sache me faire rire. 

Nous passons la journée avec le vent contre nous. Une sorte d’ennemi invisible qui cherche à tout prix à nous ralentir. 

« Vent de merde ! »

Crier dans les montées permet de se redonner un peu d’énergie. J’essaie de rester courtois la plupart du temps, mais je ne peux m’empêcher de laisser échapper quelques mots plus courants.

Max est super courageuse et monte les côtes comme une cheffe. Arsène est toujours aussi bavard dans sa carriole. Ce n’est pas toujours facile de le suivre en ce moment car toutes nos routes sont partagées avec les motorisés, ce qui hache ses phrases. 

Nous nous arrêtons à l’aquarium de Boulogne-sur-Mer, le plus grand d’Europe. N’étant pas vraiment fan des zoos, nous y allons pour faire plaisir aux enfants et dans l’espoir que le lieu soit pensé pour le bien-être des animaux marins. C’est plutôt le cas, mis à part le spectacle avec les otaries qui a un arrière-goût désagréable de cirque, delphinarium et autres cochonneries du même acabit. Les enfants sont fascinés et émerveillés par tous ces poissons. La grande raie Manta nous survole à plusieurs reprises, c’est impressionnant. La visite est un peu longue pour Arsène qui finit dans mes bras les derniers tableaux. 

En sortant, un soleil de plomb brille toujours. Les herbes sont sèches dans les parcs. Les arbres et leur ombre sont salvateurs. L’insolation n’est pas loin pour l’un de nous quatre, mais lequel ? On reprend la route. Encore une montée, une vraiment longue. Maxine est découragée, et on la comprend. Le vent n’aide pas, il est du genre vicieux. Vivement le plat pays… 

On voit qu’on est dans le Nord, les voitures s’arrêtent plus volontiers pour nous traverser aux passages piétons. 

Nous pédalons 4 km jusqu’au camping de Wimereux. Un total de 20km aujourd’hui. Pas énorme à notre échelle mais un super score pour Maxine ! 

Le camping est agréable et en plus, pour une fois, il ne coûte pas un bras. Arsène et moi montons le campement (surtout moi en vrai, Arsène joue avec la poche à eau). On rejoint ensuite Clem et Maxine, parties rouler encore un peu, sur la plage. Un vent chaud souffle sur la mer mais décourage le bain. Clem m’y encourage et je fais mon premier plouf du voyage. Les enfants jouent avec les vagues et rient comme s’ils découvraient la mer pour la première fois.

On finit la journée en douceur en regardant le début du « Monde de Nemo » pour coller au thème de la journée. 

Les enfants s’endorment, Clem me regarde.

« Tu crois qu’on va y arriver ? 

-Tu en doutes ? 

-Non ! s’exclame Clem avec un joli sourire qui laisse apparaître les reliefs de son visage et les yeux pétillants. »

Le soleil change les couleurs dans la tente. Il devient de plus en plus orange. Bientôt on pourra assister à un coucher du soleil complet au lieu d’être interrompu par la fatigue des enfants. 

Rectification : la lumière orangée est celle d’un lampadaire dehors…

Et sinon, l’insolation, c’était pour moi. Gros mal de crâne au dîner.

Jour 11 / 10 juillet 2022

On commence la matinée en traversant Wimereux qui est très jolie. Et après, c’est parti pour le festival de montées ! 

On a contacté un hôte Warmshowers proche de Calais qui doute un peu que nous arrivions jusque chez lui étant donné la route un peu ardue qui nous attends. Il nous recommande de stopper à Wissant. Maxine commence sur la carriole aujourd’hui. Arsène et Clem écoute les demoiselles de Rochefort. Je ne m’en lasse pas pour le moment. Nous pédalons bien jusqu’à Audinghen. Les paysages sont chouettes. On se fait une bonne pause boulangerie sandwich. Je suis étonné par le prix du sandwich : 5€ !!! Je le prends un café au comptoir du restaurant d’a cote, seulement 1,5€. On en profite pour utiliser leurs toilettes es avec Max et je subtilise un rouleau de pq. Ce n’est pas bien, ce n’est pas cool mais ce produit de première nécessité est indispensable dans les campings et il ne se vend que par paquet de 6 rouleaux minimum ! On ne peut pas se trimballer autant, même pour nos petites fesses. 

Après cela, on pédale bien jusqu’à Wissant. Il est très tentant de continuer, de filer droit devant. Nous sommes en forme, nous pouvons nous le permettre. Il est tôt. Cependant, notre Warmshowers nous ayant conseillé d’y passer, j’insiste.

On mange une très bonne glace dans cette jolie station balnéaire. Café pour Arsène, Caramel beurre salé pour Maxine, Melon pour Clem et barbe à papa pour moi. Nous marchons sur l’immense plage de sable. Il fait très chaud, l’eau fraîche stagnante de la marée sous nos pieds est délicieusement tiède. Pas de vent. C’est chouette. Les enfants ne peuvent s’empêcher de sauter dans les vagues. En l’absence de maillot, ils y vont nus comme des vers. 

Après ces réjouissances, il est 16h15. Trop tôt pour s’arrêter. Je pense que nous ne sommes qu’à 1h de Calais. C’est trop tentant de continuer. Nous remontons sur nos vélos et filons. Nous savons que nous avons une ou deux très grosse montées, mais nous sommes confiants. 

Bah bravo le blaireau Marco, c’était 1h en passant par la départementale, en suivant l’EV4, c’était beaucoup plus! 

Les galères commencent. Nous quittons la route départementale pour pédaler au milieu des champs de blé. Devant nous, la route serpente et monte au milieu des champs sans un seul arbre porteur d’une ombre idéale pour une pause. Ça monte sec. Maxine ne se sent pas de pédaler, Arsène roupille, et Clem n’a pas la force de traîner Maxine. Je mets le pied à terre et pousse mon vélo avec Maxine sur la selle. C’est un peu à cause de moi si on s’est arrêté en pleine course, du coup je prends sur moi. J’arrive à rester particulièrement patient avec les enfants et de bonne humeur.

Maxine voit avec émerveillement que les champs sont gorgés d’escargots. Elle commence une récolte dans sa main puis dans sa sacoche. Les longues descentes laissent enfin place à la montée qui nous aura bien usés. Clem souffre, elle a l’impression d’avoir le double de son poids à porter. Je vois bien que nous ne vivons pas la même intensité d’effort. 

Les côtes continuent, un nouveau mur à franchir. Il faut rester motivé et volontaire. Je me suis bien planté, on est encore loin. 

C’est dur mais c’est beau

Nous arrivons tant bien que mal chez notre hôte après des efforts inédits jusque-là pour Clem et Maxine en particulier. 

Nous dormons dans une petite chambre dans le garage chez Benoit et sa famille. Ils reviennent s’installer en France après plusieurs années d’expatriation en Afrique où ils étaient instituteurs.  Benoit me recommande le phare de Walde après Calais pour observer des phoques. C’est bien noté !

Arsène joue avec les nombreux véhicule Playmobil qui sont dans notre chambre, il est ravi ! Cela fait plaisir à voir. Maxine est un peu plus difficile à contenter. Elle dit non à tout. La fatigue a du raisin d’elle. Nous prenons le temps de nous doucher avant de nous coucher. Je suis particulièrement heureux ce soir, pas de tente à démonter demain matin !! Wouhou !!

Nous sommes arrivés à 19h20 à destination et avons parcouru 43 km.

Jour 12 / 11 juillet 2022

Que du plat ! 

Nous avons le plaisir de ne pas plier la tente ce matin, trop bien. J’ai l’impression que mon corps s’écrasait contre le matelas et mon oreiller tant la fatigue était intense. Nos hôtes ont de nombreuses occupations à gérer, nous rangeons assez rapidement nos affaires pendant que les enfants grappillent encore quelques instants de jeux avec les nombreux Playmobil de la pièce où nous avons dormi. Nous prenons le petit-déj sur la plage, le soleil tape fort, déjà. La journée s’annonce rude.

Maxine est a toujours eu un caractère bien à elle. Très sensible, émotive, déterminée voire têtue. A la maison, on gère cela comme on peut, en voyage à vélo c’est une autre paire de manche. De toute façon, clairement le plus dur dans ce voyage c’est la gestion des humeurs des enfants. Pas la route, les côtes ou la logistique, non ce sont les enfants. 

Nous nous arrêtons dans le centre-ville de Calais les enfants jouent avec les fontaines. Les portions de frites sont monstrueuses ici. 

Nous sortons de la ville par des routes en voie propre mais dans un environnement pas ouf. C’est triste, sans ombre. Il serait bien vu de planter quelques arbres en vue des nombreuses canicules qui vont nous tomber dessus… 

On décide de s’arrêter deux nuits au camping des Oya avec une grande piscine et proche de la plage, le temps que le pire du pic de chaleur passe. Les enfants mettent un temps infernal à accepter de calmer pour se coucher malgré la fatigue. C’est usant. 

Jour 13 / 12 juillet 2022

« Papa ? Est-ce qu’Arsène peut monter derrière moi ? »

La journée avait bien commencé. Une journée sans vélo, sans bouger, sans se presser. Ça s’est senti dès le réveil. Chacun de nous a pris tout son temps pour sortir de la torpeur dans laquelle la nuit nous avait plongés.

Nous avons profité de l’ombre de la haie sur notre emplacement pour prendre le petit déjeuner. La température montait tranquillement vers la canicule annoncée. Nous nous sommes dirigés vers la plage. Sur celle-ci, la mer était fort éloignée. Une certaine impression de néant. Sans la dune derrière moi et Clem et Maxine en maillot de bain devant moi, j’aurais pu m’imaginer sur une autre planète (bon c’est sans doute lié au fait que je relise « La planète des singes » dans l’édition poche pareil que celle de mon papa et que j’avais découvert adolescent ; merci les boîtes à livres !). Après quasiment 1h45 de marche (en ressenti, en vrai c’était plutôt moins d’une dizaine de minutes), nous étions au bord de l’eau. Les enfants ont rapidement fait leur jeu préféré, à savoir sauter dans les vagues, puis nous nous sommes attelés à l’édification d’un fort pour résister à la marée en famille. Arsène et Clem étaient concentrés sur la décoration, Maxine et moi sur la construction. Du fait de la très faible déclivité de la plage (c’est complètement plat !), la mer montait à vue d’œil. Nous nous sommes laissés entourée avant de quitter la plage sous un soleil de plomb, voire de titane. 

Un dej a l’ombre qui rétrécit de plus en plus, un temps calme pour les enfants et une lessive à la main pour moi. Les enfants retrouvent vite le chemin des jeux tout proches. Clem et moi prenons le temps de lire. C’est aussi important pour nous de recharger les batteries, de profiter du moment présent sans avoir la tête dans le guidon. 

« Papa !! »

Maxine insiste et me sort de ma lecture. Ulysse Mérou était pourtant sur le point de découvrir l’origine de la civilisation simienne ! 

« Oui ma puce ? 

-Est-ce que Arsène peut monter derrière moi ? Sur mon vélo ? »

L’idée est ingénieuse mais n’est-elle pas dangereuse ? Arsène est plus que partant, Max a l’air sûre d’elle, on prend le risque d’accéder à sa requête. Et les voilà parti tous les deux à travers le camping l’un derrière l’autre sur la bicyclette de Maxine. Ils reviennent victorieux une dizaine de minutes plus tard. 

« On n’est pas tombé papa, je te jure ! »

Je pars faire des courses, Clem emmène les enfants à la piscine. 

Après le dîner, je pratique mon anglais en discutant de notre projet à notre voisin allemand. Je suis un peu rouillé mais ça commence à être de plus en plus fluide. Il le faut car dans quelques jours on va en avoir besoin avec la Belgique, puis les Pays-Bas, puis tous les autres pays ! 

Un dodo bien mérité après cette journée posés. Petite chasse aux moustiques sous la tente avant de fermer les yeux. C’est plus facile dans un espace restreint avec une lampe de poche, qu’à la maison dans une chambre de 12 m2 et avec un plafond de 2,5 mètres !

Jour 14 / 13 juillet 2022

Journée galère ! Mais alors vraiment galère ! Ça commençait bien. Malgré une nuit un peu agitée pour tout le monde. Moi j’avais trop chaud aux pieds, Maxine dormait entre son matelas et le sien, Arsène glissait sans cesse de son matelas et l’oreiller de Clem n’avait pas envie d’être confortable. Un réveil sous la chaleur malgré l’ombre. Les enfants aux jeux pendant qu’on range les affaires. Environ deux heures tout de même pour tout replier. Deux heures toujours un peu longues qui semblent interminables. L’impression qu’on n’arrivera jamais à tout faire rentrer dans nos sacoches. 

Petite nouveauté du jour, Maxine a maintenant son vélo accroché à moi et Clem tracte la carriole Weehoo!. La route se passe normalement jusqu’à la jolie ville de Gravelines. On s’arrête pour un pique-nique près des remparts. Malgré le pic de chaleur, un léger vent nous fait oublier les folies du mercure. 

Nous repartons. Et c’est là que les problèmes ont commencé. Nous cafouillons pour sortir de la ville. Il n’y a absolument aucune indication. On jongle entre les téléphones pour retrouver l’itinéraire. Cela occasionne quelques tensions entre Clem et moi. Le soleil tape nos nuques et nos nerfs. 

Nous pédalons en suivant la route et comme à notre habitude : « Pas de panneau = tout droit ». Ce théorème a toujours été vérifié et n’a jamais été mis en échec jusqu’à aujourd’hui. Alors que nous pédalons sur une piste que jouxte l’autoroute A16, nous prenons vers la droite et entrons dans le village de Bourbourg. Si la bonne humeur ne m’avait pas déjà quitté à ce moment, j’aurais eu plein d’idée de jeux de mots mais pas là. Il fait chaud. Les enfants commencent à râler (enfin surtout Maxine qui a du mal à comprendre qu’on ne peut pas ramasser tous les escargots de la route). Après un rapide check, on comprend qu’on suit depuis plusieurs kilomètres la mauvaise route… On ne va pas dans le mauvais sens mais on n’est pas sur l’itinéraire. Nous retournons un peu en arrière en se demandant comment nous avions pu louper le panneau indiquant la bonne direction (spoiler : il n’y en avait pas). Nous pédalons maintenant dans une sorte de no man’s land avec le vent face à nous. Cela me rappelle une partie de mon week-end vélo en solo (à lire ici). Nous croisons des tracteurs qui ne ralentissent pas d’un iota en nous voyant. Le premier a le droit à un regard noir, le dixième à des cris de rage et de colère. Nous avançons à faible allure. Nous sommes obligés d’opérer un demi-tour car encore une fois, aucune indication. Ça commence à nous saouler. L’itinéraire est supposé terminé et balisé entièrement sur la partie française au moins. Nous commençons à pédaler avec un œil sur le téléphone, à ralentir à chaque intersection pour vérifier encore et encore notre route.

Nous faisons une halte à Loon-Plage. Il y a une foire et un peu trop de monde pour y envisager un bivouac. Il est 16h30. Nous n’avons pas d’autres choix que de continuer pendant au minimum 17km pour espérer trouver un endroit où dormir à la sortie de Dunkerque. Nous sommes conscients de tirer sur la corde et que les enfants vont être fatigués (et fatiguant par conséquent). 

Nous arrivons à Grande Synthe. Nous croisons de nombreux caddies abandonnés alors que nous longeons sur une piste cyclable une départementale fortement empruntée. Des migrants en quête d’une terre plus accueillante marche et nous salue. Je frémis en repensant aux barricades de Calais et au courage de ces hommes qui tentent à tout prix de passer chez nos voisins anglais. 

Après un nouveau cafouillage dû à une absence total d’indication, et à la vue des enfants en proie à une fatigue extrême, nous décidons de laisser tomber la Velomaritime et de rejoindre le camping le plus vite possible. Nous ne verrons pas le centre de Dunkerque mais nous empruntons une jolie Véloroute qui devrait partir de l’itinéraire officiel. Nous y apercevons d’ailleurs la toute première indication de l’EV4 depuis une trentaine de kilomètres. 

Le camping est affiché complet mais nous u trouvons une place. Aussitôt les enfants partent pédaler à la découverte de ce nouveau domaine, Maxine aux commandes et d’Arsène sur le porte bagage. 

Les enfants se couchent après plusieurs parties de Uno. La bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes plus qu’à 16km de la Belgique ! Nous avons pédalé près de 50 km aujourd’hui. En partant à 11h ce matin, c’est clairement trop. Nous n’avions pas vraiment le choix. Nous avons hâte de retrouver un peu de nature et d’occasions de bivouaquer car là ça nous manque et le budget logement en prend un coup. 

6 commentaires sur « Tour d’Europe : semaine 2 »

  1. Hello les courageux ! Merci pour toutes ces nouvelles, c’est chouette de vous suivre ainsi. Comme il a été dit dans un célèbre film « que la force soit avec vous » !! Gros bisous à tout les 4 !

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  2. Maxine et Arsène, je vous reconnais là, comme dans votre vie, téméraires, courageux, toujours des défis en poche👍👏👏👏.
    Comme musique à leur faire connaître et à écouter sur selle « le plat pays» de Jacques Brel.
    Bon courage Clem et Marc💪(faute de mollets).
    Bises

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