Tour d’Europe : semaines 7 à 9

Bilan global

Nombre de kilomètres : 1600 km

Où sommes-nous ? Neuf-Brisach, en France !

Nourriture : les petites incursions en France sont plaisantes et permettent de retrouver des yaourts qui plaisent à toute la famille (merci La laitière)

Vélos : on a rééquipé les enfants à Strasbourg, sans pneu Schwalbe Marathon, les premières crevaisons ne devraient pas tarder…

Bivouac : depuis que nous sommes en Allemagne, nous enchainons les nuits en camping sauvage et c’est vraiment le kif !

Journal de bord

Jour 40 / 8 août 2022

Le réveil se fait à l’ombre. Nous avons presque froid, et aucun de nous n’est motivé pour sortir de son duvet. 

Nous roulons sans problème jusqu’à Bingen, où nous faisons un gros plein de course. Nous commençons à réfléchir au menu de l’anniversaire de Maxine qui est dans 3 jours.

« Papa ! Il y a un truc de mal serré sur le Follow-Me ! »

Je ne prête pas une attention suffisante à l’alerte de Maxine. Cela fait quelques jours que nous constatons avec dépit que son vélo est trop petit pour elle et cela ne passe plus pour le follow-me non plus. Il faut dire que Max est spécialiste dans la croissance à grande vitesse ! 

Crac ! Le vélo accroché s’affaisse, Maxine tombe à moitié de son vélo complètement tordu derrière le mien. L’axe de sa roue avant s’est brisée. Nous nous installons à proximité pour évaluer les dégâts. Le soleil tape déjà fort. Le vélo ne peut plus rouler ni derrière moi, ni seul. Dans notre malheur, nous avons de la chance. Nous sommes dans une ville de grande taille, nous devrions donc trouver un magasin de cycles. Je tente d’abord la chance à pied à l’Intersport à 300 mètres de là. Que dalle. Nada. Rien. Ils ne vendent que des fringues. Le plus proche magasin est à 5 bornes. Je me motive et file avec mon vélo, laissant Clem et les enfants dans une jolie parc arboré avec une chouette aire de jeux en bois et parcours d’eau. Y’a pas à dire, les Allemands s’y connaissent en aire de jeux !

Au magasin, ils n’ont pas exactement la même pièce qui est une pièce spécifique pour le Follow-Me, mais ils ont un axe. Le vélo de Maxine pourra rouler mais elle ne pourra plus s’accrocher à moi, et Arsène devra se contenter de la carriole. Nous en discutons avec Clem à mon retour, et réfléchissons comment modifier l’organisation matérielle du voyage. On va cogiter et observer comment se passent les prochains jours.

Nous avons pris une longue pause, les enfants se sont amusés et nous repartons de Bingen vers 17h. Il fait encore très chaud mais ça commence doucement à se calmer. Je pousse Maxine avec ma main pour l’encourager. Au bout de quelques kilomètres, c’est la chute. Le vélo de Maxine vient percuter ma sacoche avant, je suis déséquilibré, et je la repousse. Nous tombons tous les deux chacun d’un côté du chemin. Quelques égratignures, plus de peur que de mal, mais voilà que Maxine est toute choquée. Nous prenons le temps de la réconforter. Malheureusement, le lieu n’est pas idéal pour s’attarder car peu d’ombre. De plus, nous roulons dans une réserve naturelle, impossible de bivouaquer. 

Nous avançons. Maxine arrive à se motiver grâce à la musique. Elle nous réclame d’écouter Brassens et la chanson du gorille… 

Nous arrivons à un camping vers 19h. Nous sommes un peu déçus de devoir à nouveau planter la tente au milieu des caravanes. Clem tente de trouver un spot bivouac quelques kilomètres plus loin mais revient bredouille.

Nous sommes un peu tendus. Entre la chaleur, la fatigue, les émotions de la journée, le moral a un peu baissé en cette fin de journée. Nous le remontons en offrant aux enfants un peu en avance un petit cadeau lego à chacun d’eux et en commandant de bonnes pizzas. Nous passons une chouette soirée à construire les Lego et les enfants se couchent en ayant hâte d’y jouer demain matin. Ils s’endorment après un nouveau chapitre d’Alice au pays des merveilles (version originale).

Bonne nuit les petits !

Jour 41 / 9 août 2022

Ce matin, nous tardons à sortir du sommeil. Morphée nous retient enfermés dans une merveilleuse prison. Nous avons habilement choisi notre emplacement, nous sommes à l’ombre d’un abricotier. 

Nous prenons une douche matinale, c’est fou comme cela fait du bien. Le jet chasse les dernières traces de sommeil et de transpiration. Nous en ressortons prêts à suer et à affronter une nouvelle journée de chaleur. Les enfants vont à l’aire de jeux après le petit-déjeuner. J’aime ces moments d’autonomie. Nous pouvons les laisser vaquer à leurs occupations, sans surveillance et nous savons qu’ils seront raisonnables (ou presque!).

Nous partons à 11h45 du camping. C’est tard mais les enfants ont eu le temps de jouer avec leurs Lego et de profiter des jeux. Maxine est en forme pour pédaler les 15 kilomètres qui nous séparent de la gare de Mayence. 

Nous roulons au rythme de Maxine. Arsène est attaché à moi. Cela me fait plaisir de le retrouver, de l’entendre à nouveau débiter ses nombreux mots, hachés par le vent. Nous écoutons des chansons Disney en roulant. La musique motive Maxine et l’aide à avancer. Nous sommes exposés au soleil. Ses rayons lacèrent nos nuques, nos bras, nos mollets. Il nous assomme, et nous oblige à mobiliser deux fois plus d’énergie. Si au moins j’étais en train de pédaler dans le Kalahari en Namibie (ici pour les nuls en géographie), je ne m’en plaindrais pas de la chaleur. Les températures, comme partout en Europe, sont supérieures à la normale. Nous vivons le dérèglement climatique, nous constatons en direct des effets néfastes, mais il est toujours question de laisser des sportifs s’affronter dans des stades climatisés construit dans des conditions déplorables au Qatar. Comme cela se fait-il qu’aucun des membres de l’équipe de France ne s’en émeuve ? Ça cogite beaucoup quand on roule…

Nous atteignons finalement la gare de Mayence, nous y pique-niquons. Nous achetons les fameux billets à 9€ qui permettent de voyager dans toute l’Allemagne en illimité pendant 1 mois : cette initiative est géniale. Vivement que la France prenne exemple sur ses voisins. Toujours un peu de galère et de frissons au moment de monter dans le train mais quand on y est préparé, ça aide. On n’a pas le droit de monter dans le premier train, il semble y avoir trop de monde et nous ne sommes pas les seuls cyclos à rester à quais. La petite heure de train est agréable, par la fenêtre nous pouvons admirer le paysage que nous aurions eu à vélo. 

L’arrivée à Ludwigshafen est un peu chaotique. Arsène est fatigué et aurait bien besoin d’une sieste. Il aimerait que nous le portions mais nous devons descendre les vélos. Heureusement un Allemand nous apporte son aide. La sortie de la ville est vraiment agréable. C’est rare qu’une sortie de grande ville soit aussi douce. Nous sommes exclusivement sur des pistes cyclables, souvent éloignés des axes routiers, et nous finissons dans une forêt fraîche. Nous roulons une petite dizaine de kilomètres. Nous faisons le plein d’eau et nous nous mettons en quête d’un spot pour dormir à proximité d’Altrip. Clem va prospecter pendant que je patiente avec les enfants. Elle revient satisfaite. Elle a demandé à une Allemande qui nous indique un chouette spot au bord du Rhin. Un peu plus loin, une autre personne nous indique de continuer pour y trouver tranquillité. Nous y pédalons et installons la tente à l’écart, face à une grande centrale électrique à charbon ! Nous apprendrons plus tard par une promeneuse très sympathique qu’elle devait s’arrêter en 2023 mais qu’en raison de la guerre en Ukraine, cette date est remise en question. Ça paraît pas top comme ça mais il y a en ce lieu quelque chose de spectaculaire : d’un côté, le bord du Rhin sauvage, arboré, sable fin et de l’autre, la big centrale qui impressionne et interroge à la fois. Tout cela sous un soleil couchant aux couleurs chatoyantes.

Les enfants explorent les environs, jouent dans le sable, les cailloux avec leurs bâtons. Ils sont cracra et mériteront une bonne toilette avant le dodo. Dormir en bivouac n’est pas une raison pour oublier l’hygiène de base !

Coucher un peu long, mais les enfants se calment en regardant les étoiles s’allumer une à une, en même temps que s’illumine la centrale électrique. 

Jour 42 / 10 août 2022

Réveillés par le soleil et une envie pressante de Maxine. Nous sortons du sommeil alors que la centrale électrique en face ne l’a jamais trouvé. La pauvre fée électricité doit être bien fatiguée. 

Que c’est plaisant le réveil d’un bivouac. Pas de voisins bruyants, pas de concert de zip de tentes, pas de bruits de moteur dans les allées. 

Un photographe allemand matinal, sans doute amateur d’ornithologie, me salue alors que je prépare le café. Il m’informe que le camping sauvage est interdit en Allemagne. C’est le matin, je n’ai pas envie d’en discuter, mais d’après ce que nous avons lu avec Clem, le bivouac est toléré alors que le camping sauvage est interdit. La nuance est faible mais nous la connaissons. 

Nous partons un peu après 9h15, un arrêt au Lidl tout proche et nous sommes parés pour la journée. L’objectif est de rallier Spire, pour y passer une bonne partie de la journée, et éviter ainsi de pédaler sous le soleil. 

« Papa, Maxine c’est ma sœur, et elle chante bien. Toi, t’as une voix un peu moche, alors tu chantes pas. »

Ah ! Zut, je n’ai plus le droit de chanter le refrain des chansons de « La Reine des Neiges 2 ». Je suis dégoûté, j’adore ce dessin animé.

Nous commençons notre visite de la charmante ville par un petit tour proche de la cathédrale, puis nous allons au musée technique. Celui-ci rassemble une impressionnante collection de véhicules en tout genre et de toutes époques. Les enfants et nous sommes fascinés ! Les engins sont dans un très bon état. Nous pouvons admirer une série de véhicules de pompiers, des avions de la 1ere et de 2ème Guerre Mondiale. Nous pouvons monter dans un Boeing 747, et en descendre par un long toboggan. Nous escaladons dans de vieilles locomotives à vapeur, nous rêvons face à d’antiques voitures à manivelle, nous nous émerveillons en visitant un sous-marin, nous nous évadons en admirant une navette spatiale. Les enfants peuvent faire des petits jeux mais tous sont payants malheureusement. Ils en feront un chacun : Arsène choisit la petite voiture sur un circuit, et Maxine une sorte de balançoire tyrolienne. 

Nous filons ensuite nous rafraîchir à la piscine. Nous sommes un peu inquiets car nous savons que nous en sortirons tard et qu’il faudra pédaler une dizaine de kilomètres pour trouver un camping. Nous tentons plein d’espoir de voir si l’auberge de jeunesse toute proche a de la place. Aïe. Non. Il faudra pédaler. Maxine nous promet qu’elle gardera de l’énergie. Nous en aurions bien besoin d’énergie d’ailleurs ! Plus aucun de nos appareils électroniques n’a de batterie. Il s’agira de ne pas se perdre pour trouver le camping… 

La piscine est très grande, c’est chouette. Un toboggan ravit les enfants. Les bassins extérieurs sont attirants mais malgré la canicule, ils sont un peu frais. Nous préférons les bassins intérieurs à l’abri du soleil et profitons de la baignade.

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Nous repartons vers 18h. La chaleur commence doucement (mais vraiment doucement) à se calmer. La route est agréable, loin des voitures. Pas de paysage extraordinaire, nous avons des champs sur notre droite, à gauche une sorte de digue et derrière celle-ci des arbres. Très peu d’ombre. Le panneau solaire n’a pas suffisamment rechargé mon téléphone et nous n’avons pas de musique pour garder Maxine motivée. Elle pédale sans aucun problème pendant 8 km puis elle commence à montrer de sérieux signes de fatigue. Nous accusons le coup. Nous nous sentons irresponsables de lui infliger cela. Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’autres solution que d’avancer. Nous ne pouvons même pas nous rassurer en vérifiant le nombre de kilomètres restants. Nous avançons à l’aveugle. 

« Tout va bien, il fait bon, moins chaud, la route est agréable… »

Clem m’aide à relativiser et à ne pas céder à la panique. Maxine se fait une belle frayeur et des petits bobos. Un cycliste allemand nous indique que nous ne sommes plus très loin du camping. Quand nous arrivons, c’est la délivrance générale. Maxine aura bien mérité son anniversaire demain ! Nous décidons de passer deux nuits dans ce camping au bord d’un petit lac et à côté d’un petit bois.

Jour 43 / 11 août 2022

C’est l’anniversaire de Maxine ! A cette occasion, on ne pédale pas. Nous restons dans ce camping au bord du lac. Grasse matinée. Je sors vers 8h pour pédaler 4 km jusqu’à la ville la plus proche pour le petit dej. Farniente au bord du lac le matin et quelques corvées. Puis nous migrons vers les bois où Clem a préparé un chouette endroit pour célébrer l’anniversaire. Hamac, balançoire nomade, tapis, ballon, guirlande et un bon déjeuner de crudités. En dessert, une bougie et un gâteau marbré, et des bonbons bien sûr !

Après-midi dans l’eau rafraîchissante du lac. On est vraiment pas mal. 

Après-demain, nous serons en France. Nous avons hâte de retrouver yaourt et fromage !

Jour 44 / 12 août 2022

Nous quittons le camping vers 10h45. Au moment de payer, ce n’est pas 23€ mais 15€ ! Du jamais vu pour deux nuits ! Il n’avait pas l’air très réveillé en même temps le monsieur…

La route commence par une bonne petite côte pour se mettre en jambe. Nous longeons le Rhin depuis plusieurs jours sur la carte mais nous ne le voyons pas. Il est caché par une digue et des arbres. Nous le retrouvons à Gemersheim. Nous espérons qu’il pourra nous apporter ombre et fraîcheur… Face à nous, un long chemin en bordure du fleuve et presque pas d’ombre. 

« C’est cruel ce manque d’ombre ! me dit Clem alors qu’on cherche un coin où pique-niquer. »

La route est très ensoleillée. Pas d’ombre, pas d’arbre, pas d’abris. Au moindre arrêt, des guêpes nous envahissent. Les feuilles des arbres tombent à cause de la sécheresse, on se croirait en automne lorsque nous traversons des tourbillons de feuilles sèches et orange.

Ce n’est pas facile aujourd’hui. Les nerfs flanchent un peu. La fatigue, le soleil, le manque d’énergie qui en découle. 

Nous nous arrêtons entre un centre aéré et un restaurant sous des arbres, sur un parterre de feuilles mortes. Nous nous reposons. J’arrive à m’endormir un peu. Les enfants jouent. Nous hésitons sur la suite. Nous patientons. La chaleur ne tombe pas. Les minutes défilent, et le soleil reste inlassablement si haut et si chaud. 

Nous partons un peu avant 16h. Maxine s’égratigne le genou au moment de partir. Le nettoyage de la plaie en ajoute une épreuve dont tout le monde se passerait bien et surtout Maxine.

Nous reprenons la route, encouragés par les podcasts « Bestioles » de France-Inter. Clem et moi apprécions particulièrement celle de la taupe. 

Nous avisons un premier lieu de potentiel bivouac, une large saignée dans la forêt vers le Rhin. Nous hésitons, il est encore tôt, et repartons. Quelques centaines de mètres plus loin, nous repérons une aire de bivouac aménagée à l’ombre de grands arbres. Il y a deux voitures de promeneurs et un van. Cela nous convient parfaitement ! Nous sortons le hamac et la balançoire, les Lego et les jouets. Ce réconfort de fin de journée n’a pas de prix !

Après le dîner, j’emmène Arsène grimper sur les troncs d’arbres coupés. Il grimpe comme un chef. 

« Elle serait fier de moi si elle me voyait Camille, hein papa ? »

Je prends une photo en me promettant de l’envoyer à sa monitrice d’escalade. 

Arsène se couche avec Clem. Maxine veut partir à l’aventure et voir des animaux. La nuit tombe doucement. Nous nous aventurons dans la forêt. Rapidement, nous sommes entourés des bruits des sous-bois qui se réveillent avec la relative fraîcheur du crépuscule. Nous observons un couple de cigognes, de nombreuses chauves-souris et un beau coucher de soleil sur le Rhin. Sur le retour, le désir d’aventure a laissé place à une certaine appréhension. Les arbres la nuit c’est un peu inquiétant pour Maxine. Nous croisons le chemin d’un animal. 

« Max ! T’as vu le chevreuil ?

-Non, mais c’est un renard papa ! »

Nous prenons une tisane avec Clem à la tente. Arsène est déjà parti rejoindre ses rêves. La nuit est calme.

Jour 45 / 13 août 2022

Nous nous levons dans la nuit et avons la chance d’admirer une super lune qui illumine la forêt comme un immense réverbère. 

Au petit matin, Arsène et moi jouons aux Lego sur le tapis devant la tente pendant que les filles restent encore un peu au lit. Le plaisir de le voir empiler les petites briques multicolores me rappelle les longues heures à construire moi-même des villes entières quelques dizaines d’années plus tôt (deux dizaines, je ne suis pas si vieux). C’est décidé, à notre retour, j’investis dans les Lego. Je veux pouvoir reconstruire des cités, des temples, des châteaux avec mes enfants. Pour Noel ou mon anniversaire, je ne veux que cela et rien d’autre ! (Papa, maman, beau-papa et belle-maman, j’espère que vous prenez des notes).

Nous décollons de notre bivouac forestier après avoir pris notre temps pour plier bagage ou plutôt plier sacoches. Comme les jours précédents, la chaleur monte rapidement. Encore une fois, nous sommes proches du Rhin mais pas au bord. Nous roulons toujours entre des champs à droite, et digue + forêt à gauche. Ce n’est pas moche mais c’est un peu monotone. Un champ de citrouille casse la monotonie mais rien d’extasiant.Nous changeons de pays en fin d’aprèm. Nous sommes de retour en France. Nous avons hâte de retrouver des yaourts (oui ça nous manque!). Nous arrêtons au premier camping, après une journée à 34 km. Les enfants se mettent en pyjama après la douche et s’installent devant Aladin pour le désormais traditionnel dessin-animé du samedi.

Jour 46 / 14 août 2022

Nous profitons d’être en France pour aller chercher du pain à la boulangerie avec Arsène. 3 petits kilomètres pour acheter un petit bonheur croustillant : la baguette française (et des pains aux chocolat). Sur le chemin, nous surprenons une biche et un faon dans un champs. L’animal bondit sous nos yeux, tandis que son petit essaie maladroitement de se cacher derrière des herbes. 

Encore trop chaud, trop vite, trop tôt. 

A 11h15, nous faisons le point :

« Le supermarché le plus proche est à 5 kilomètres, il ferme dans 45 minutes, et demain, c’est le 15 août, tout sera sûrement fermé… 

-Ok, je file devant avec Arsène, on se retrouve là-bas ! »

Je pars, je fonce avec Arsène. La course contre la montre est enclenchée. La route commence par un chemin caillouteux sur lequel je sens la carriole tanguer à chaque coup de pédale. Nous apercevons trois belles cigognes dans un champ sur la droite. J’espère qu’elles seront encore là pour que Maxine et Clem puissent prendre le temps de les admirer. Un œil sur le GPS, un autre sur les usagers à pied ou à vélo que nous croisons, et qu’il faut éviter. Je tiens un bon rythme et ne le lâche pas. Arsène essaie de discuter avec moi, mais trop concentré, je perds le fil. Je crois qu’il m’annonçait son envie de s’assoupir car je sens sa monture fortement pencher sur la gauche. Je m’agrippe à mon guidon papillon, et maintiens mon cap. Je constate avec plaisir que je reste sur l’EV15, ce sera aisé pour Clem de nous retrouver. J’entre dans la ville de Beinheim. Je ne suis pas tombé, je n’ai renversé personne. J’aperçois le supermarché, mission accomplie ! OUF !

Nous faisons notre plein de course. Je suis tout content de retrouver des produits français dont j’ai l’habitude. Arsène aussi. Il est tout excité et veut tout acheter.

« Papa ! T’as vu les Frosties? Et les compotes comme celles de l’école ! »

Clem nous retrouve à la sortie du magasin. Nous déjeunons à l’ombre devant le supermarché. La chaleur est trop forte pour tenter de trouver une aire dans le coin. 

Nous pédalons. La température est élevée. Maxine se motive en écoutant des podcasts de France-Inter : Les Odyssés. Les contes des 1001 nuits nous accompagnent et nous font un peu oublier le soleil, mais les champs de maïs asséchés nous le rappellent régulièrement. 

Nous faisons une pause à l’ombre, dans une forêt pour un goûter gourmand. Clem et moi nous relayons pour occuper les enfants et permettre à l’autre de se reposer un peu. Maxine et Arsène sont deux tigres : Rajah pour l’une et Griffe pour l’autre. Il faut les promener et les divertir dans la forêt. Ils gardent une énergie impressionnante pour leurs jeux !

Nous reprenons la route. Nous aimerions bien nous faire une nuit en bivouac mais l’envie ne dépasse pas celle de rester sur l’itinéraire, et comme celui-ci est partagé avec les voitures, il n’y a pas beaucoup de possibilités. Nous visons donc le camping que nous atteignons après un total de 43 kilomètres. Nous sommes au bord d’un lac et nous payons 11€. 

Un bon dîner, du chahut dans la tente, quelques chapitres d’Alice au pays des merveilles, et nous voilà tous endormi sous la tente (en vrai, il y a eu encore un peu de négociations pour essayer de reculer l’inéluctable dodo).

Jour 47 / 15 août 2022

Dur dur l’arrivée à Strasbourg ! Les 20 km sont sur route partagées, ça craint ! C’est avec plaisir que nous dormirons dans une auberge de jeunesse ce soir, ça motive. Plus nous approchons de Strasbourg, plus nous profitons des beaux aménagement vélo de la ville. Arrivée à l’auberge en début d’après-midi, nous nous installons dans la chambre, une gros orage éclate suivi d’une belle heure d’averse. Les enfants s’amusent bien avec leurs Lego puis tourne en rond, ils trouvent une bonne occupation devant « Là-haut », et nous un moment de répit pour une bonne douche. 

Nous passons la fin de journée à nous balader dans le jardin des deux rives. Clem va faire des petites courses dans la seule épicerie ouverte du coin, 15 août oblige. Le dîner de pâte bolognaise connaît une catastrophe au moment où Clem apporte les assiettes sur la terrasse de l’Auberge. Arsène tombe la tête la première dans l’assiette de Maxine qui se renverse sur elle et par terre. Là, tu te dis qu’ils ont du niveau parfois ! C’est toujours un vrai plaisir de ne pas passer inaperçu. Nous finissons le dîner en cuisine. Je recuis une portion pour moi pendant que Clem remonte avec les enfants. À mon retour, les enfants sont endormis.

Jour 48 / 16 août 2022

Gros petit déjeuner à volonté à l’auberge. Du beurre ! Wouhou !

Visite de Strasbourg et course. Nous achetons deux vélos chez Decathlon (Cyclable n’avait plus de vélo enfant). Ils nous reprennent celui de Maxine à un bon prix. Il ne manque plus que des vis Follow-Me pour le vélo d’Arsène et ce sera parfait ! En effet, le nouveau vélo de Maxine est trop grand être attaché à nous avec le Follow-Me. Arsène a également un vélo maintenant. Son vélo pouvant s’accrocher au follow-me, il pourra changer entre carriole, pédaler en autonomie ou pédaler accroché à moi. Bientôt des photos pour que ce soit plus clair ! 

Notre cousine Anne qui vit à Strasbourg nous retrouve et nous partageons ensemble un chouette moment avant qu’elle retourne au travail. Nous passons à une boutique Lego pour compléter les cadeaux d’anniversaire d’Arsène, et encore quelques petites courses à assurer, c’est barbant mais necessaire.

Jour 49 / 17 août 2022

Nuit longue et reposante (mis à part un petit réveil d’Arsène). Je me motive et file chez Cyclable pour l’ouverture. Il me faut récupérer des vis Follow-Me pour pouvoir tracter le nouveau vélo d’Arsène. Je ne sais pas si le diamètre des deux vis de dispo correspondent au diamètre de l’axe de la roue. J’espère que oui mais rien de certain. Si ça ne convient pas, nous aurons un vélo de trop sur les bras ! Le vendeur mécano est sympathique et aidant, mais il ne sait pas où son collègue vu la veille a rangé les vis. Il se met à les chercher. Mon cœur bat à cent à l’heure. Les 4 kilomètres pédalés à fond et le stress de ne pas trouver ce qu’il nous faut. Le vendeur les trouve finalement, je les essaie sur la roue que j’avais embarqué avec moi… HOURRA ! C’est parfait ! En revanche, pas de pneu Schwalbe marathon en 24 pouces pour Maxine, ni en 16 pouces pour Arsène. Dommage, je prends donc de quoi réparer des pneus crevés, car avec les pneus basiques, c’est malheureusement certain d’arriver. Espérons qu’il soit plus facile d’en trouver en Allemagne.

Je retrouve Clem et nous allons prendre le petit-déjeuner. Arsène est quelque peu dissipé. Maxine a bien compris le principe du buffet et se régale de 4 Kiri, 2 yaourts nature avec montagne de sucre, 2 verres de jus d’orange, et 1 tartine. Moi je profite de ces derniers instants partagés avec ce qui me manque le plus depuis le départ : le beurre. Purée ! Je pensais que ce serait le vin, le fromage ou autres, mais non, c’est bien le beurre qui me manque le plus. Je suis un vrai Normand (oui, je le préfère doux !). Sans frigo, c’est impossible d’en conserver. Peut-être qu’en automne, ce sera plus aisé. 

Le temps d’installer les attaches du follow-Me sur le nouveau vélo d’Arsène et c’est parti ! Nous roulons bien au départ malgré la pluie. En fait, ça fait plutôt du bien de sortir les kway ! Nous décidons de pédaler en Allemagne de peur d’avoir trop de routes partagées en France, c’est un peu pile ou face donc on préfère suivre notre instinct. Et nous avons bien raison car Arsène pédale 6 kilomètres sur des chemins forestiers avant de nous demander la carriole où il s’endort en quelques instants. Le soleil revient. La chaleur aussi mais beaucoup plus supportable que les jours précédents. Nous stoppons pour déjeuner au bord d’une rivière. Les guêpes sont de la partie et nous ne restons pas trop autour de la table. Maxine se découvre une passion pour la pêche. Nous confectionnons une épuisette avec le filet de linge sale. Pendant qu’elle essaie plus ou moins patiemment d’attraper de petits poissons, nous trempons nos pieds dans l’eau fraîche. 

Nous repartons, et nous nous mettons rapidement en quête d’un endroit où dormir. Il y a quelques lieux pas trop mal, mais nous sommes très proches de la Véloroute. Google nous indique le « Kanucamp » qui ressemble d’après les commentaires à une aire de bivouac aménagée. Nous pédalons les 3 km qui nous en séparent et découvrons un bel endroit au milieu des arbres et non loin d’un étang pour éponger la soif de pêche de Maxine. 

Nous dînons des spaghettis au beurre (en petite dose récupérée au petit-déjeuner à l’auberge de jeunesse), et œuf dur pour Maxine. Pendant le dîner, la lumière rose-orangée des derniers rayons du soleil nous inonde et nous ravit. Clem continue les aventures d’Alice au pays des merveilles. Les enfants sont calmes pendant la séance de lecture, attentifs aux péripéties loufoques de la jeune fille. Nous nous endormons tranquillement, dans un calme paradisiaque.

Jour 50 / 18 août 2022

Nous nous réveillons sous la pluie. Toujours le même plaisir d’être sorti de ses rêves par ce son. Ce matin nous traînons un peu pour le pliage de la tente et le rangement des sacoches. Les enfants en profitent pour aller pêcher au lac tout proche. J’en profite pour appeler mon frère Guillaume.

Nous décollons vers 11h39 après que Maxine soit revenue victorieuse de sa pêche avec un mini poisson tout mignon. Ne vous inquiétez pas, la petite bête a survécu et est retournée dans le lac. 

Nous pédalons 28 km en Allemagne aujourd’hui. Vers 16h30, nous faisons une pause au bord du Rhin. Le soleil est revenu et Clem ne résiste pas à l’envie d’un plouf dans l’eau rafraîchissante. Maxine se remet à pécher. Bredouille. Nous prenons un bac pour dormir dans un camping en France. Petite piscine avec les enfants. Fraîche mais on y va tout de même. Arsène saute avec joie dans le bassin, Maxine est plus timorée !

Nous essuyons une grosse averse orageuse. Notre toute première pluie diluvienne. J’ai tout juste le temps de tout rentrer à l’abri avant les premières gouttes. Nous dînons au sec et nous couchons rapidement. Maxine s’endort en un clin d’œil.

Jour 51 / 19 août 2022

Les enfants font un mini-golf pendant que nous rangeons. Ils adorent ça et espèrent que leurs deux grands-pères les emmèneront y jouer à leur retour. 

Nous retournons pédaler en Allemagne aujourd’hui. Changement de décor : forêt et marais. Fraîcheur et humidité 

Nous cueillons des mirabelles, trop hâte de les dévorer !

Nous admirons de nombreux hérons tout au long de la route. Gracieux et majestueux quand ils s’envolent. Pêcheur patient et impassible lorsqu’ils guettent un poisson, tout le contraire de Maxine. 

Nous retrouvons le Rhin. Il coule paisiblement à notre droite. De l’autre côté, c’est la France. A notre gauche les arbres nous offrent des dégradés de vert incroyables. Chaque essence possède sa nuance. Le Rhin reflète ces lumières et y ajoute sa touche de verdure, tout comme le petit canal au pied de la digue réfléchit les feuilles des arbres. C’est magnifique !

Nous stoppons pour prendre un bon goûter. Maxine en profite pour essayer de pêcher à nouveau, en vain pour son plus grand malheur. 

C’est la fin de l’après-midi, le coup de barre arrive. Le camping le plus proche est à plus de 15 kilomètres, beaucoup trop pour les enfants. Nous nous mettons en quête d’un bon spot bivouac. Nous mettons quelques kilomètres à trouver notre bonheur sur une presqu’île. Le Rhin d’un côté, les arbres de l’autre, et au milieu l’Eurovélo 15. 

Nous montons la tente mais sommes vite entourés de guêpes. Nous déplaçons la tente de quelques mètres, c’est un peu mieux. Clem a repéré un club de voile fermé un peu plus loin. Nous y préparons le dîner pendant que les enfants jouent dans l’aire de jeux. Au menu courgettes râpées, riz, et boîte de sardines. Un œuf dur en complément pour Maxine. Au dessert kiwi jaune, un peu de céréales, et un carré de chocolat pour féliciter ces enfants qui ont fini leurs assiettes. 

Après le coucher des guêpes, c’est le réveil des moustiques. Ils sont sacrément voraces et chaque centimètres carré exposé fait office de festin pour le satané insecte volant. 

Clem finit les aventures d’Alice, ce sera mon tour demain de lire un grand livre aux enfants. J’hésite entre le petit prince ou Jonathan Livingstone le Goéland.

Jour 52 / 20 août 2022

Plus long que Jésus dans le désert, plus de jours que les aventuriers de Koh-Lanta ! 52 JOURS ! Et pile poil 1600km ! Nous sommes tellement fiers du chemin déjà parcouru, et avons hâte de continuer. 

Hier soir, au moment de s’endormir, j’entends un bourdonnement beaucoup trop familier me frôler l’oreille. 

« Purée! Un moustique ! »

J’allume la lumière de mon téléphone. Je le vois ce satané animal. Je l’écrase sans pitié ni remord. Je constate avec dépit que la porte de la chambre est mal fermée. 

ZIP !

Clem et moi partons à la chasse. Les victimes sont nombreuses. Une dizaine de moustiques écrabouillés. Maxine se réveille le lendemain avec une vingtaine de piqures, dont 4 sur le visage. Elle s’est certainement fait piquer également pendant ses sessions de pêche, mais le résultat est impressionnant. Nous replions la tente sous la pluie, et quittons notre bivouac vers 10h. Nous pédalons une quinzaine de kilomètres au bord du Rhin avant le déjeuner dans la jolie ville allemande Brissac. Nous décidons de retraverser vers la France et trouvons un parfait camping avec espace cycles ombragé et calme. On s’y arrête 3 nuits pour se reposer, découvrir la jolie ville Neuf-Brisach (cité Vauban) et passer une belle journée avec notre cousine Juliette et ses enfants, qui habitent dans le coin.

7 commentaires sur « Tour d’Europe : semaines 7 à 9 »

  1. Bonjour à vous 4

    Vraiment bien tout ce « road text », très vivant, précis et bien imagé pour que l’on partage avec vous ce road trip

    Bon courage pour la suite

    Et je pense que Benoit doit déjà être en train de chercher un golf miniature dans la région de Mont Saint Aignan.

    Bises à vous et bon courage aux enfants

    JM

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  2. Ludwigshaffen où avec Denis Vallet Ns allions à la patinoire en pleine air. Gemersheim où nous avons rencontré des étudiantes en interprétariat grâce à une amie normande de Broglie qui était à cette école. Des noms évocateurs pour moi ayant passé une année en 72/73. En particulier Speyer, j’avais vu de ma chambrée sur la piscine municipale.
    Texte toujours passionnant. Bien du courage pour votre périple mais belle aventure.

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