Tour d’Europe : semaines 10 à 12, de Neuf-Brisach (France) à Vohburg sur le Danube (Allemagne)

Bilan global

Tout va bien !

Journal de bord

Jour 53 & 54 / 21 & 22 août 2022

Arrêt à Neuf-Brisach.

Nous prenons le temps. Le temps, c’est le luxe dont nous abusons trop peu souvent et pourtant nous en avons. Nous avons travaillé pour cela. Nous avons fait des choix pour se permettre de vivre cette année exceptionnelle. Le besoin se fait sentir et l’endroit nous plait. Nous décidons donc de rester trois nuits dans ce simple et chouette camping. L’aménagement des lieux est vraiment au poil pour les cyclos. Nous sommes à l’écart des caravanes et autres camping-cars, il y a des bosquets de jeunes arbres qui apportent fraicheur et intimité, des tables, et le graal : une pièce réservée dans laquelle on peut laisser sans crainte nos appareils à recharger et frigo.

Jour 55 / 23 août 2022

Back on the road !

Nous pédalons avec les Vosges (ou d’autres montagnes ?) en toile de fonds. Ces monts qui se confondent avec l’horizon égayent notre route de champs de maïs. 

Aux alentours de Fessenheim, nous croisons à plusieurs reprises des lignes à hautes tension. Les fils chargés d’électrons grésillent lorsque nous passons en-dessous. 

Encore une journée chaude. Très chaude. Trop chaude. Heureusement, nous pédalons côté français et les arbres sont plus nombreux. Et surtout, le revêtement est plus efficace. Finis les graviers, bienvenue l’asphalte qui avalent les kilomètres.

Ottmarsheim – Hombourg = 3,1 km, l’enfer ! Les voitures ne savent pas qu’il faut 1,5 m pour doubler. Je finis par imiter Clem, je roule au milieu de la route, ce qui force les automobilistes à se déporter complétement à gauche lorsqu’ils nous doublent.

« Papa ? Pourquoi c’est toujours les mêmes voitures les tocards ?

-Ah ! Très bonne question Maxine ! »

Une pause et un bain dans une fontaine nous fait beaucoup de bien.

Grande joie, nous rattrapons pour la première fois l’Eurovélo 6.

Nous arrivons dans un camping avec piscine. Avant d’y plonger, nous profitons tous les 4 ensemble d’une glace pour nous récompenser de cette belle journée de reprise de 45 km.

« Et vous allez jusqu’où ? me demande le réceptionniste au moment de le régler.

-Constanta, en Roumanie, et après on verra !

-Ah ! Vous êtes mes premiers fêlés de l’été ! »

Jour 56 / 24 août 2022

Anniversaire d’Arsène ! Il se réveille impatient d’ouvrir ses cadeaux. Nous replions tranquillement la tente et nos affaires et partons à 9h50. Punaise, quelle efficacité !

Nous rejoignons le canal d’Huningue que nous longeons jusqu’à la ville du même nom. Depuis que nous avons retrouvé l’EV6, nous croisons beaucoup plus de cyclos, cela fait plaisir. La route est tantôt ombragée quand nous sommes à gauche, tantôt ensoleillée quand nous sommes à droite (rien à voir avec la politique). 

Il est temps de faire une pause, nous stoppons au Parc des Eaux Vives d’Huningue. Les jeux sont sympas, il y a une table, le lieu nous parait bien pour célébrer l’anniversaire d’Arsène qui commençait à s’impatienter. Les Lego policiers le comblent. Je passe à la Poste de Saint Louis où un chargeur d’appareil photo devait arriver. Il n’y est pas. Merde ! Il faudra trouver une autre solution pour en récupérer un. 

Quelques kilomètres plus tard, nous quittons définitivement la France, et nous voilà en Suisse ! Si tout va bien, nous ne remettrons plus les roues en France avant 1 an !

L’arrivée à Bâle est très agréable mais ensuite la circulation dans dans la ville nous divise. L’absence de voiture et les nombreux vélos rassurent Clem, le passage en continu de tramways a plutôt tendance à me stresser. La ville est très jolie, le soleil brille, nous décidons de nous poser au bord du Rhin. Je laisse les enfants se baigner avec Clem et je me mets à la recherche d’un sac étanche pouvant servir de bouée, afin de m’adonner au loisir local, à savoir la descente du Rhin avec une bouée. C’est assez drôle de voir toutes ces personnes flotter et se laisser porter par le courant. Le sac trouvé est mignon mais coûte tout de même 39CHF ! 

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La fraîcheur tombe, le relief est léger mais présent. La Suisse est riche en fontaine d’eau fraiche et potable.

Le premier camping croisé est noyé dans la préparation d’un événement sportif de grande ampleur, nous devons faire 5 km de plus alors qu’il est 19h. Les enfants sont de bonne composition malgré la situation. Ils se motivent grâce à la perspective d’un dessin animé pour l’anniv d’Arsène. 

Le camping est chouette. Au bord du Rhin et d’une grande piscine. Les enfants seront heureux d’y faire un plouf demain matin avant de partir. Nous offrons les derniers cadeaux Lego à Arsène avant le dodo. Une moto Batman qui le ravit ! J’ai hâte de construire une grande ville Lego à la maison dans laquelle Batman vivra des aventures extraordinaires dans les mains de mon petit garçon.

Jour 57 / 25 août 2022

Au réveil, mes doigts sont douloureux. Depuis quelques jours, j’ai atteint un nouveau stade de ma maladie bien aimée le psoriasis. J’ai des rhumatismes. Mes doigts se retrouvent coincés tous les matins. C’est moyennement agréable. J’en parlerais à mon équipe médicale bientôt. 

Nous commençons la journée par une session de construction de Lego en même temps que le petit-déjeuner. En attendant que la piscine soit praticable, les enfants jouent au sable. Ils utilisent la petite boîte à insecte pour observer fourmi et araignée. 

Nous plions tranquillement les affaires. Les enfants se baignent. Je plonge dans le Rhin, décidément très attirant et agréable. 

Au moment de repartir, c’est dur pour Maxine. Elle manque d’énergie et il fait chaud. Nous faisons un stop à Rheinfelden pour reprendre du poil de la bête. 

Nous ne pédalons pas beaucoup aujourd’hui. Nous faisons une longue pause dans un parc très agréable de la jolie vieille ville de Rheinfelden. Comme souvent, l’aire de jeux est extra et Clem et moi nous trouvons un coin pour se poser. L’heure tourne, Maxine et Clem restent un peu pour finir la journée par une baignade et Arsène et moi filons au camping. Je perds l’itinéraire et finit la route avec les voitures. Nous n’avons plus de batterie il est donc hors de question de se perdre sinon ce sera difficile de se retrouver. Je suis rassuré quand je vois les filles arriver. Nous jouons longtemps aux Lego avant de se coucher. Pas de nouveau livre disponible, j’improvise une histoire de Lucky Luke. Heureusement que j’ai lu un paquet de bande dessinées, j’ai toujours des histoires en tête !

Jour 58 / 26 août 2022

Les enfants continuent de jouer à fonds aux Lego. C’est vraiment le jouet parfait pour un voyage à vélo. Ils s’installent sur le tapis afin de ne pas éparpiller les petites briques partout, et leur imagination est bien stimulée. Batman côtoie les animaux de la forêt, les pompiers exercent plusieurs métiers. 

Nous partons à 10h15. Arsène est motivé pour pédaler seul. Le chemin forestier est agréable, à l’ombre. Les enfants nous font stopper un peu trop régulièrement alors qu’on vient de partir… C’est un peu énervant dis-donc ! Arsène commençant à fatiguer, il se rattache à Clem. Nous allons enfin pouvoir tracer un peu ! Clem et Arsène filent devant. Je motive Maxine, et m’aperçois que son pneu est dégonflé. Super les vélos Decathlon ! Vivement de trouver des pneus adaptés à notre voyage. 

Nous sortons de la forêt, nous retrouvons le Rhin mais une déviation nous en éloigne. Clem fait des petites courses et nous nous mettons en quête d’un spot de pique-nique. Malheureusement, on se retrouve à pédaler sur une route départementale très fréquentée. La faim et la fatigue sont là pour tout le monde, ce n’est pas hyper cool. Les voitures et les camions passent tout près de nous à vive allure. Au bout de plusieurs kilomètres, nous en sortons enfin ! Nous retrouvons la forêt et sa fraîcheur. Maxine nous dégote un superbe endroit pour déjeuner sous les arbres. 

Nous repartons après une longue pause revigorante. Clem et moi avons pu somnoler et les enfants ont bien joué. Nous faisons une halte à Laufenburg et nous nous baladons dans la vieille ville. Nous profitons des fontaines fraîches et potables, parfaites avant un bivouac ! 

Nous retrouvons une route au-dessus de la ligne de chemin de fer et des voitures, c’est agréable. La chaleur est bien tombée. 

« Quand est-ce qu’il pleut ? JE VEUX DE LA PLUIE ! » 

Maxine a chaud. Elle rêve de baignade, de piscine, de plage ou de plouf dans le Rhin. 

« Ou une fontaine ! »

Nous retrouvons de nouveau une grosse route départementale désagréable. Si certains Suisses se donnent la peine de décaler leur véhicule pour éviter de nous frôler, la majorité s’en tape. Nous serrons les dents, les poings et les fesses. Se rendent-elle compte du frisson qu’ils génèrent en nous et pire qu’ils peuvent nous ôter la vie. Je m’efforce de chasser les images mortifères de mes enfants percutés par un chauffard. Maxine est exemplaire, elle roule super bien malgré les conditions moyennes. Il faut juste l’empêcher de faire du « sans-main » !

« Route de MERDE !  Je vais péter un câble !»

J’ai autorisé Arsène à dire un gros mot, il s’en donne à cœur joie. 

Nous trouvons un bon spot de bivouac le long de l’EV6. Les enfants jouent bien. Clem et Maxine se lancent dans la confection d’un bracelet brésilien. Comme d’habitude, les promeneurs nous adressent des sourires, des regards amusés ou des regards méprisants. Ça dépend. Nous répondons toujours avec notre plus beau sourire, « Hallo ! ».

Jour 59 / 27 août 2022

Soudain, au milieu de la nuit, la tente est illuminée. Quelques instants plus tard, un bruit assourdissant déchire la quiétude de la nuit. Clem sursaute. Arsène se redresse dans l’obscurité de la tente, tel un diable qui surgit hors de sa boîte. Je le recouche, il ne dit pas un mot. Maxine n’a pas bougé d’un poil. L’orage se déchaîne non loin de nous. La chambre est éclairée par une vive lumière l’espace d’un bref instant, et le tonnerre gronde plus ou moins loin de nous. J’aimerais sortir de la tente pour admirer le ciel lézardé d’éclairs, mais la pluie me retient bien au chaud dans mon duvet. 

Nous nous réveillons vers 7h30. Maxine dort toujours alors qu’Arsène s’agite dans tous les sens alors que nous commençons à ranger. La nuit a été très bonne malgré la pause orageuse. 

Nous partons vers 10h après que Maxine a créé un nouvel élevage d’escargots. La route est très agréable. Il y a un peu de relief et nous enchaînons les petites montées raides et les longues et douces descentes. Arsène demande à être détaché juste avant une grande descente qu’il dévale comme une flèche ! Comme sa grande sœur d’ailleurs !

Nous nous arrêtons à Bad Zurzacht pour le déjeuner dans un grand parc. La reprise est un peu dure pour moi. Ça monte et ça descend régulièrement. Cela fait plusieurs semaines que nous roulons sans aucun dénivelé, il faut réapprendre à l’apprivoiser, l’accepter et se dépasser. 

Nous décidons d’aller camper en Allemagne au bord du Rhin, le long de l’EV15. Nous retrouverons l’EV6 aux chutes de Schaffhausen. Nous avons une longue descente au milieu du charmant village de Kaiserstuhl, nous traversons le pont et nous voilà en Allemagne ! C’est tellement facile de traverser les frontières en Europe… Le camping n’est pas très loin, à peine 2 km, mais une belle montée nous attend. J’y arrive avec Arsène derrière mais dans la douleur. Clem grimpe sans soucis (elle est trop forte ma Clem, elle m’impressionne tous les jours <3). Maxine pousse son vélo mais arrive au bout de ses forces avant d’arriver au bout de la montée. Les derniers mètres sont longs et durs, mais elle l’achève (qui est achevée ? Maxine ou la montée ? Heu… Les deux !).

Au camping, ascenseur émotionnel : il y a une piscine, youpi ! Elle est fermée, bouh ! Les enfants barbotent un peu dans le Rhin, puis direction la douche !

Nous sommes à proximité de l’aéroport de Zurich. Les avions s’enchaînent sans discontinuer depuis notre arrivée. Le trafic aérien est effarant quand on pense à l’urgence climatique (oui, j’en ai déjà parlé ici et ici, mais c’est tellement navrant). Le sujet est d’actualité, du coup petit rappel : 50% de la pollution aérienne est causée par 1% des personnes prenant l’avion (autrement dit les plus riches et leurs jets privés). 

Nous essayons ce soir pour la première fois notre réchaud à bois. C’est un super succès ! Nous avons cuit nos épis de maïs, réchauffé les lentilles, cuisiné les courgettes, et fait sauter du pop-corn ! Quelques brindilles suffisent à alimenter le petit foyer. C’est trop cool ! Ça nous permettra de faire face aux pénuries de gaz.

Après le dessin animée du samedi soir, je finis la journée aux toilettes pour faire du montage de film. C’est trop le kif d’être un digital nomad !

Jour 60 / 28 août 2022

Grosse fatigue ce matin. On finit de tout ranger à 11h. Je me sens vidé de mon énergie et Clem accuse un peu le coup également. Les enfants ont la pêche, pour eux tout roule !

« Je peux avoir une barre de céréale au chocolat » x 10

Les enfants réclament à manger, alors que le petit déjeuner n’est pas très loin. Depuis quelques temps, ils se nourrissent moins bien le matin, il faut y remédier. 

Nous pédalons dans une nature très agréable. C’est calme. Le dénivelé est doux mais bien présent. Je sens que mes cuisses tirent encore un peu. La mémoire du muscle tarde à revenir. Nous cherchons un endroit pour déjeuner, en vain. Au bout de 3/4 d’heure, nous jetons notre dévolue sur des petites marches.

« Hé ! Papa ! C’est la journée des descentes aujourd’hui ! lance Maxine en filant à côté de moi. »

J’ai surtout l’impression que c’est la journée des montées mais bon, c’est beau l’optimisme. Il faut avouer que certaines descentes sont un vrai régal. Nous accélérons, l’aire se faufile entre nos vêtements, c’est rafraichissant. Arsène fait encore une belle descente tout seul sur son vélo. Effrayés mais fiers de notre petit bonhomme.

L’objectif du jour est de rallier Schaffhausen, et les fameuses Rheinfall, les plus grandes chutes d’eau d’Europe ! Il s’avère que c’est aussi un amas de touristes des 4 coins du monde. Nous qui avons évité les zones de tourisme de masse jusqu’à maintenant, nous y voilà projetés comme les eaux tumultueuses du Rhin face à nous. On reste focus sur les chutes d’eau qui sont magnifiques et ne nous éternisons pas trop.

Pour repartir, nous remontons grâce à des ascenseurs, bien pratiques mais beaucoup de logistique ! 

Maxine est en proie à la fatigue, et la reprise après la pause va être compliqué dès que les descentes vont cesser. Malheureusement, nous suivons le GPS pour atteindre le camping au plus vite et j’ai oublié de regardé laquelle des deux options avait le moins de dénivelé. Résultat sur les 4 km jusqu’au camping, nous en faisons presque 2 en grosses montées. Trop hard pour nous. Nous aidons les enfants à pousser les vélos. Nous sommes récompensés par un camping au top. Onéreux mais au bord du Rhin, belle vue et des supers jeux pour les enfants qui y restent jusqu’à la tombée de la nuit. 

Avant le dodo, je continue les aventures de Jonathan Livingstone le Goéland. C’est super, mais certain mot sont un peu compliqués pour les enfants. 

« Papa, ça veut dire quoi sustentation ? »

Jour 61 / 29 août 2022

Long départ, mais cela permet aux enfants de profiter du lieu. Nous nous offrons un petit dej. Grand luxe. Les prix suisses sont vraiment exorbitants.

Nous décidons d’aller nous balader dans la ville de Schaffhausen. Nous profitons des nombreuses fontaines pour nous rafraîchir et admirons les façades très colorées et décorées comme des toiles de grands maîtres. 

Nous nous arrêtons à une plage un peu trop aménagée et fréquentée au goût de Clem. Les enfants sont certes ravis, mais ce n’est pas vraiment reposant pour nous. 

Après un joli chemin au milieu des arbres, et constatant que la motivation de Maxine est au plus bas aujourd’hui, nous décidons de stopper pour bivouaquer. Seulement 15 km aujourd’hui. Un poil frustrant pour nous. Nous nous questionnons sur la faisabilité du voyage et de l’itinéraire. Nous avons hâte de sortir de la Suisse pour retrouver la possibilité de consommer des data et motiver Maxine à coup de chansons ou d’histoire. La nuit est agréable. Le lieu de bivouac magnifique. La forêt derrière nous qui se réveille au fur et à mesure que le soleil décline. La vallée offerte à nous, verdoyante et accueillante.

Jour 62 / 30 août 2022

Nouvelle remise en question de l’itinéraire. 

Très bel éclairage au réveil. Une douce lumière blanche illumine la vallée sous nos pieds. 

« C’est notre plus beau bivouac depuis le départ ! »

La journée commence par une longue descente au bout de laquelle nous croisons des cavaliers sur d’étonnantes montures. 

« Non mais t’as vu ça ? Ils sont sur des vaches ! DES VACHES ! Moi aussi je veux en faire !

-Tu sais que Granny, elle montait sur des vaches plus jeune ?

– Je veux faire pareil que Granny ! Je veux faire du cheval sur une vache ! »

Nous faisons des petites courses à Stein am Rhein. La ville est très belle. Toutes les façades sont riches en décoration. Un car de touristes arrive, la ville est inondée par la masse avide de photos. La ville perd en charme, nous la quittons. 

Le Rhin s’élargit largement, nous prenons plaisir à le découvrir se méler au lac Constance. Nous arrivons à la ville en fin de journée. Nous quittons définitivement la Suisse après l’avoir quittée puis retrouvée à plusieurs reprises ces derniers jours. Nous sommes plongés dans de grandes routes réservées aux cyclistes et fréquentées. Un dernier effort nous mène à l’écart de la frénésie du centre jusqu’au camping en bord de Rhin. Celui-ci est complet mais nous trouvons une place au milieu des campings car, super !

Les enfants sont ravis car la journée de demain sera pauvre en vélo et riche en bateau et train. Nous bouclons soigneusement les sacoches avant le dodo car de la pluie est prévue pour la nuit.

Jour 63 / 31 août 2022

Nous sommes réveillés au milieu de la nuit par une forte averse. Le flot incessant nous inquiète et à raison. L’eau s’infiltre sur le tapis de sol de l’abside. 

« Il faut tout mettre au milieu Marc ! »

Nous organisons le bazar pour éviter la rivière dans la tente. Nous sacrifions une serviette pour éponger les dégâts. Nous sentons l’eau couler sous tapis de sol alors que nous retournons nous coucher. Flic floc… Trouver le sommeil est un peu dur. Nous sommes à l’affût de la moindre infiltration. 

Au réveil, nous prenons notre temps pour ranger. Les enfants jouent sous la tente. Je recharge nos différents appareils. 

Nous partons en direction du ferry pour Meersburg. Nous arrivons pile poil pour le départ ! Arsène a bien roulé dans la ville et monte sur le bateau en pédalant à côté de sa sœur. C’est sûr, il grandit le petit garçon ! 

Pause agréable à Meersburg, nous décidons d’enchaîner sur un autre bateau jusqu’à Friedrichshafen. En effet, j’avais mal regardé et il n’y a pas de train entre les deux villes. Cela nous permet de faire une mini-croisière sur le lac. Ses eaux calmes ne donnent pas trop le mal de mer à Clem ou aux enfants. 

Nous enchaînons rapidement en arrivant avec un train après une pause à une petite aire de jeux en forme de Zeppelin devant le musée du même nom. Je prends les billets, le train part dans 20 minutes. On est large ! Oui, mais non. Il n’y a pas d’ascenseur ni de rampe d’accès. Nous voilà obligés d’affronter l’épreuve des marches avec tout notre bazar, et en moins de 15 minutes maintenant. Tout cyclo qui a déjà pris le train connaît cette galère au moins une fois. Tout seul, ça passe. Avec des enfants, on est sur un autre niveau. Malgré tout, nous nous en sortons, et je monte mon vélo chargé quelques minutes avant l’arrivée du train. Le wagon spécial vélo est plein mais pas de problème. Les Allemands sont d’un calme olympien et nous arrivons à nous faufiler. Les vélos qui gênent un peu, ne gênent personne. C’est fou ! Nous serons jusqu’à 15 vélos ! Quand je pense qu’en France, la présence de deux vélos est parfois problématique, ici pas de problème ! La contrôleuse est agréable et souriante. Les vélos ne la font pas râler comme de nombreux contrôleurs croisés en France (on en a parlé ici !). 

Arrivés à Ulm, nous découvrons le Danube et sommes séduis par la ville. Nous nous installons au Kanu-club qui accueille voyageurs à vélo et canoë. Une option minimaliste et idéale pour nous. A partir d’ici, nous avons le plaisir de suivre notre itinéraire à l’aide d’un guide en complément.

Jour 64 / 1 septembre 2022

Aujourd’hui c’est la Rentrée ! Clem s’en charge pendant que je file acheter du gaz à Décathlon.

Lors de notre pause déjeuner, nous évoquons le programme des prochains jours. 

« J’espère que vous êtes en forme aujourd’hui les enfants, parce que ce soir… commence Clem.

-Quoi ce soir ? 

-Non mais laisse Clem, je pense qu’ils n’ont pas envie. Ce n’est pas leur truc les endroits où on s’amuse…

-Oui, c’est vrai qu’ils n’aiment pas les parcs d’attraction

-Mais si on adore !

-Et ils n’aiment pas les Lego…

-Ouiiii ! On va à Disneyland !! »

Presque ! Mais pas tout à fait. Cette perspective découpe la motivation de toute la troupe, même si les 4 derniers kilomètres sont un peu durs. L’arrivée au Parc nous ravit. Nous avons des billets pour deux jours, nous pouvons donc en profiter une petite heure aujourd’hui avant d’y passer la journée demain. Nous dormons même au camping Lego !

Nous sommes marqués par les soirées qui commencent à être bien fraiches.

Jour 65 / 2 septembre 2022

Legoland !

Nous profitons bien du parc ! Arrivés à l’ouverture et un jour de semaine, il n’y a pas grand monde. Cela nous permet d’enchaîner les manèges sans soucis. Maxine et Arsène se régalent, et nous aussi. Une journée bien différente de ce que nous faisons habituellement et cela fait du bien à tout le monde ! Pas de dispute, pas de mésentente, ni autres éclats entre nous quatre, rien que de la joie et de la bonne humeur. Nous apprécions particulièrement le dernier manège de Ninja, que nous faisons deux fois de suite. Un passage à la boutique Lego obligatoire. Nous prenons note de ce dont rêve les enfants (Granny & Mamie, n’hésitez pas à me contacter sur ce sujet ou ). Pareil pour Clem et moi ! Heureusement que nous sommes en vélo, cela nous force à être raisonnable… 

La bonne humeur accumulée à Legoland nous permet de faire sans souci la dizaine de kilomètres jusqu’au camping. Nous sommes très bien accueillis. Nous tentons une session d’école en fin de journée. Trop dure pour Maxine, Arsène sans souci. Nous compléterons demain matin.

Jour 66 / 3 septembre 2022

Nous partons à midi du camping. Nous avons eu le temps de jouer, et de faire une bonne session d’école. L’exercice que Maxine rechignait à faire hier en fin de journée a été fait sans problème ce matin. Arsène a bien travaillé également. Même si cela nous prend un temps supplémentaire, c’est un moment sympa avec les enfants. 

Nous pédalons environ 5 kilomètres jusqu’à Offingen pour faire notre ravitaillement, puis rejoindre l’Eurovelo6. Nous stoppons au bord du Danube sur l’herbe pour le déjeunons. A la fin du repas, les prévisions météo semblent exactes. Le vent se lève. Le ciel s’obscurcit. Nous rangeons le reste du déjeuner. Les enfants chahutent sans réaliser ce qui risque de nous tomber dessus. Clem et moi le savons. Nous allons faire la course avec l’orage qui fonce droit sur nous. Nous pédalons. Le vent nous pousse mais annonce l’arrivée imminente de notre poursuivant. Le grognement du tonnerre s’amplifie. L’appréhension s’installe chez certains d’entre nous. Le ciel est traversé d’éclat. L’orage n’est pas trop proche mais il reste impressionnant. La pluie s’abat sur nous. Nous nous abritons sous les arbres avant de retrouver une météo apaisée. 

Nous poursuivons notre route jusqu’à Dillingen où nous campons. Les enfants sont ravis, des cochons d’Inde vivent ici ! 

Demain c’est dimanche. Il nous manque un peu de vivres pour le déjeuner, espérons que la station-service toute proche pourra compléter cela.

Jour 67 / 4 septembre 2022

Plongée dans la nature ! A droite ? La forêt ! A gauche ? La forêt ! Et au milieu ? Le Danube qui coule tranquillement. 

Le rythme est vraiment, mais alors vraiment tranquille aujourd’hui. Entre Arsène qui demande à pédaler puis s’arrête au bout de 5 minutes et les nombreux arrêts dédiés à la recherche d’escargots de Maxine, nous avançons doucement. 

Nous roulons en deux équipes à tour de rôle. Les escargots à la traîne, et Arsène devant. Cela demande une grande patience de rouler avec Maxine. Lorsque vient mon tour de rouler avec Arsène, celui-ci s’endort dans la carriole. J’ai alors pendant une dizaine de kilomètres la sensation de voyager seul. Je me perds dans mes pensées. Je laisse les Allemands, cyclistes du dimanche, me doubler avec leurs vélos électriques et savoure la campagne. Entouré de champs de maïs, je fredonne les chansons qui sortent de mon enceinte. Je profite de ce répit solitaire car je sais qu’il sera de courte durée. La réalité familiale avec ses joies et ses contraintes me rattrapera. 

Faute de bivouac possible au bord de cette route départementale, nous espérons pousser jusqu’à Donauworth pour dormir Kanu-club (club de kayac) du coin.

Jour 68 / 5 septembre 2022

Réveil matinal après une nuit agitée et ponctuée d’insomnie pour Clem. Pendant qu’elle file au ravitaillement, je commence le pliage des matelas, duvets et oreillers. Les enfants jouent avec leur Lego. 

Nous faisons environ 45 minutes d’école. Je me rends compte à quel point les enseignants ont un métier incroyable et sont méritants de s’occuper de l’instruction de nos enfants.

Nous arrivons à partir à 11h45. Nous nous arrêtons quelques centaines de mètres plus loin à une aire de jeux pour que les enfants se défoulent, et Clem part explorer le centre-ville. 

L’itinéraire s’éloigne du Danube et s’aventure dans la campagne vallonnée. Nous alternons les côtes, et les descentes le long de la « Romantisch strasse ». Sans doute romantique en voiture. En vélo, le bruit incessant de la route gâche un peu le paysage… J’exagère un peu hein ! La campagne allemande est très jolie ici. Il fait beau, un poil chaud mais rien à voir avec les températures caniculaires du mois d’août. Un souffle d’air nous rafraîchit dans les descentes. 

Nous stoppons après une grande côte près d’une fontaine. Les enfants baignent leurs pieds et nous prenons le goûter. Les kilomètres ne s’enchaînent pas beaucoup, la progression est lente mais nous dépassons le cap des 2000 kilomètres parcourus depuis notre départ ! Ce sera l’occasion pour nous de boire notre deuxième bière. En effet, pour le moment, nous ne buvons jamais d’alcool sauf pour fêter le passage des milliers de kilomètres. A ce rythme-là, dans un an nous aurons bu 10 bières chacun !

Nous rejoignons le Danube après Marxein. Nous sommes encore à plus de 15 kilomètres de Neubourg et de son camping. Trop loin pour Maxine qui a déjà été bien courageuse dans les montées aujourd’hui. Nous stoppons près d’un club nautique. Il y a une étendue d’herbe, une table de pique-nique, un ponton sur une petite rivière, et plein de moustiques. Le paradis quoi !

Jour 69 / 6 septembre 2022

Beaucoup trop de moustiques ici ! Heureusement aucun n’a réussi à pénétrer dans la chambre, et nous avons pu dormir tranquillement. La fraîcheur nocturne est très agréable, nous commençons à vraiment profiter de nos duvets prévus pour les basses températures. 

Réveil à 7h. Nous replions nos duvets et tapis de sol pendant que les enfants grattent un peu de sommeil. Le premier à nous rejoindre pour le petit-déjeuner est Arsène, de bonne humeur comme à son habitude. Maxine ronchonne un peu dans son sac de couchage. Nous nous attelons à l’école. Cet exercice demande encore de l’application et de l’implication pour être mené dans de bonnes conditions. 

Nous arrivons à partir à 10h30, notre meilleur horaire depuis de nombreux jours.

Nous tardons à trouver le ravitaillement, et malgré les Smarties, les enfants sont un peu à la peine ce matin. Nous faisons un déjeuner frugal mais satisfaisant avec les fonds de sacoches. Nous décidons de stopper après une courte étape de 18 km et de s’arrêter deux nuits au camping Kanu-club de Neubourg sur le Danube.

Nous profitons que les enfants soient aux jeux pour discuter longuement avec Clem de notre itinéraire, du nouveau rythme avec l’école et de la motivation des enfants. Tout en buvant la bière célébrant nos 2000 km (deuxième fois que nous buvons de l’alcool depuis le départ), les idées fusent dans tous les sens ! On finit par trouver ce qui nous semble une bonne solution, tester de ne rouler que les jours sans école (samedi, dimanche et mercredi) et de se poser les jours d’école. Cela nous contraindra à faire moins de bivouac mais nous permettra de favoriser les temps d’enseignement, de loisirs et de repos.

Jour 70 / 7 septembre 2022

Journée à Neubourg. École le matin, balade dans la ville ensuite. Déjeuner, temps calme : sieste/jeux/lecture et balade.

Glace pour le goûter :

Clem : Café 

Marco : Snickers

Maxine : Schtroumpfs 

Arsène : Cookies

La nuit s’annonce pluvieuse, nous prenons garde à bien fermer les sacoches et à tout rentrer bien comme il faut dans la tente. 

Au dîner, nous partageons notre table avec un jeune cycliste allemand et discutons. C’est un plaisir de travailler notre anglais et cela nous permet d’échanger nos points de vue sur l’itinéraire. Lui aussi ne trouve pas toujours facilement des aires de bivouac sur l’EV6 et au delà de ça, nous sommes d’accord sur le fait qu’il n’est pas toujours évident d’oser. Les enfants grimpent dans l’arbre au-dessus de la table ce qui me fait vraiment plaisir. J’ai passé tellement de temps à grimper dans les arbres plus petits dans le bois de ma Grand-Mère avec ma sœur que les voir apprécier l’exercice sylvestre me ravit. 

Une étape de 36 km nous attend demain pour atteindre une aire de bivouac aménagée.

Jour 71 / 8 septembre 2022

Insomnie sous la pluie. A 2h, l’orage éclate. Le tonnerre gronde. Le ciel craque. La tente est illuminée par les éclairs. Les enfants ne bougent pas un orteil. Nous ne fermons plus les yeux.

Le réveil est un peu dur et vraiment humide. On prend le petit déjeuner sous le préau du camping. On y est bien ! 

Nous laissons les enfants jouer aux Lego sous la tente pendant que nous rangeons les sacoches. 

Nous partons alors que le ciel s’éclaircit. Les enfants sont ravis de pédaler dans les flaques d’eau. Nous écoutons les aventures d’Apollo 13, puis de Yassuké le premier samouraï noir et de Robinson Crusoé grâce aux Odyssées de France-Inter, superbe ! Avec ça, les kilomètres s’enchaînent sous nos roues malgré le fin gravier humide qui s’accrochent aux pneus. 

Un stop rapide pour le dej après avoir dépassé un joli château blanc et rouge. Nous rejoignons la ville d’Ingolstadt, théâtre des aventures de Frankenstein. Une glace, une pause dans les jardins du musée de la guerre et nous repartons. Une averse se déverse des nuages noirs au-dessus de nos casques. Nous l’évitons protégés par un pont. A la grand joie des enfants, un magnifique et multicolore effet d’optique se crée. Nous roulons droit vers l’arc-en-ciel. Il est 17h30, il nous reste une quinzaine de kilomètres. La route est agréable, très peu partagée. Nous rejoignons le Danube, immense. Nous le longeons au son du Soldat Rose pour garder la motivation de tous intact jusqu’à destination. 

Nous avons roulé 45 km. C’est chouette d’avancer autant, mais éreintant ! Le camping n’en est pas vraiment un. Il s’agit d’une grande aire d’herbe où des cyclos ont planté leurs tentes, et quelques camping-cars. Un container permet d’avoir de l’eau, des toilettes, une douche et de l’électricité. Et c’est gratuit ! Parfait pour nous qui souhaitons nous arrêter deux nuits.

Jour 72 / 9 septembre 2022

Journée tranquille à Vohburg. Réveil sous la pluie, petit-déjeuner et école sous la tente. Un peu laborieux avec Maxine. La patience à déployer est immense et cela pour à peine 1h d’école. Nous devons nous améliorer enfants et parents. 

L’après-midi, les enfants sont longuement autonomes ce qui est très plaisant ! Arsène joue au Lego dans la terre sèche. Maxine ramasse des escargots et jouent toute seule dans sa tête avec eux. Nous pouvons lire, écouter de la musique. 

« Marco ! Et si demain on leur organisait une chasse au trésor ? »

Clem prépare tout cela impeccablement. Une vraie carte des lieux, des indices à trouver, ça va être sacrément chouette ! 

La fin de journée arrive, nous préparons de quoi faire un grand feu dans l’espace spécialement prévu pour. Les enfants se plaisent à jeter des bouts de bois dans les flammes. Je suggère à Clem de partager une story de moi devant le foyer sur l’air de « Allumer le feu » de Johnny, elle n’est pas hyper emballée par l’idée… Une averse nous surprend pendant le dîner. Des éclairs fusent ici-et-la. Les enfants s’endorment en écoutant les aventures du Petit Poucet lues par Clem.

Un avis sur « Tour d’Europe : semaines 10 à 12, de Neuf-Brisach (France) à Vohburg sur le Danube (Allemagne) »

  1. C’est aussi le temps de l’école pour vous 4 . Bon courage et bonne suite à votre aventure.
    Vacances bretonnes pour nous avec Laurence .
    Venons de visiter Oceanopolis à Brest vu avec toi Marc quand tu étais petit !

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