Bilan global : On en a pris plein les yeux et plein les mollets ! Nous avons pris la décision de faire notre trève hivernal de bicyclette. Une décision difficile à prendre mais bien persuadés que c’est la bonne.

Journal de bord
Jour 107 / 13 octobre 2022
Dès le réveil, je file me renseigner sur les possibilités de rejoindre la prochaine île, Pag. Le ferry qui peut embarquer les vélos part demain à 12h. Nous devons donc rester une journée et une nuit de plus ici. Ce n’est vraiment pas le pire endroit pour patienter. Cette petite ville est très jolie, pleine de caché et calme. Pas de souci pour rester dans le Airbnb qui nous fait même une ristourne. En buvant mon café sous le doux soleil de la terrasse, après une bonne session d’école, j’avoue me projeter assez facilement à une vie ici !
Après le déjeuner, nous partons en direction de la mer. Au pieds de la vieille ville, nous posons nos serviettes sur de beaux et gros rochers blanc. L’eau est absolument transparente et pas trop fraîche. Clem ne résiste pas longtemps à la tentation du bain. J’attends encore un peu que le soleil me chauffe. Des petits poissons nagent au bord de l’eau. Des bernard l’ermite habitent les coquillages de bigorneaux. Les enfants se mettent à la recherche de petits trésors pour agrandir la collection du « musée des petites choses » dont Maxine en est la directrice. Morceaux de verres polis par l’eau et coquillage brillants. Nous passons une belle après-midi.

Après un belle session farniente, un bobo d’Arsène à la main en pratiquant de l’escalade donne le top départ de l’endroit idyllique. Nous repartons par entre les arbres dans le grand parc de la ville. Pendant que les enfants jouent dans un bac à sable, nous repérons un couple de cyclo qui a l’air en difficulté sur leur itinéraire. Sans nos vélos, on n’est pas reconnaissable, c’est frustrant. Nous allons a eu car devinons que comme nous, ils se demandent comment quitter l’île. Ils veulent se rendre sur la même île que nous, nous leur indiquons la solution et discutons. Ils viennent d’Espagne, ont traversé la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et sont ensuite allés à Vienne via Berlin. C’est chouette de partager nos aventures. Sans enfants, ce n’est pas la même, on en est presque envieux ! Quelle facilité de pédaler de longues et éprouvantes étapes, planter sa tente dès qu’on veut. On en serait presque jaloux !
Nous rentrons un peu à l’appartement avant de ressortir pour un bon petit resto. La bonne humeur est bien présente, la soirée est douce, c’est chouette. Les enfants courent dans la rue en rentrant. L’ambiance de cette vieille ville est vraiment sympa. Toutes ces rues piétonnes partout, c’est top ! Une petite partie de carte et au dodo.
Avant de se coucher, Clem et moi étudions le parcours jusqu’à Zadar. L’île de Pag s’annonce difficile à son tour, il faut s’y préparer, ça devrait le faire. Pas de montées d’une dizaine de kilomètres comme à Cres en tour cas. Après Zadar, c’est une autre histoire. Au moment de construire notre itinéraire, Maxine devait pouvoir s’accrocher à nous avec le follow-me, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Nous remettons en question la direction immédiate de la Grèce, les montagnes du Monténégro, d’Albanie et de Grèce ne sont plus envisageables.
L’idée serait de prendre un train pour Zagreb, de Salit peut-être puis un autre vers Belgrade en Serbie. Et de là, et bah on verra ! Vélo ? Sac-à-dos ?
Jour 108 / 14 octobre 2022
Le bateau pour Pag est minuscule. C’est assez intéressant car celui qui ne prend pas les vélos est bien plus grand. Allez comprendre ! Un peu angoissant mais à la tête du capitaine cela n’a pas l’air de poser problème.
Nous retrouvons les cyclos espagnols croisés la veille, et c’est cool de s’entraider pour monter les vélos et les bagages à bord. La traversée est agréable, les paysages splendides. Derrière l’île de Rab se dessinent les hautes montagnes de la côte croate dans une brume claire. Elles sont imposantes et nous sommes bien heureux de ne pas pédaler dessus.
« C’est rigolo, ça tangue ! sourit Maxine. J’aime bien quand ça bouge. »

Le débarquement dans le port se fait par l’avant du bateau, c’est un poil plus périlleux mais personne ne tombe à l’eau, ni aucun bagage. Ça reste tout de même plus facile qu’en train !
La journée commence par 1 km de montée, dont la toute première portion est à 20% selon un panneau un poil décourageant. Une fois ce mur passé, nous alternerons entre courte montée et longues descentes douces. Maxine n’a pas beaucoup de motivation mais chaque descente illumine son visage. Nous sentons que la pause à Rab a bien plu à nos deux petits aventuriers et qu’ils auraient bien aimé faire durer un peu plus longtemps cette jolie parenthèse.
Le paysage de Pag est beau. Différent de Cres, Krk ou Rab. Ici, point de forêt. Le paysage est découpé en parcelle par des murs de pierres blanches qui délimitent les enclos des moutons. Je ne sais pas comment se nourrissent les bêtes, il n’y a que de la roche dans leurs prairies. La recherche d’un bivouac sur de l’herbe moelleuse va être compliquée !



Vers 16h, nous quittons la route principale pour essayer de trouver un bord de mer qui jouxte un camping. Impossible d’y accéder à moins de traverser le camping fermé et désert. Il est tentant de s’y installer pour la nuit. Deux personnes sont dans un mobile home proche du camping, nous leur demandons si nous pouvons y planter la tente pour la nuit. Une première réponse négative, puis une positive. Hourra ! Les enfants sont déjà dans les jeux du camping. Une nuit au camping gratos ! Le temps qu’on aille chercher les vélos, la dame qui nous a dit oui nous réclame 15€. Ce n’est pas cher payé mais ça ne nous met pas vraiment en confiance car on ne sait pas qui elle est. Nous préférons mettre les voiles. Nous avançons encore un peu. En haut d’une côte, nous stoppons près d’une chapelle et inspectons les alentours. Rien. Nada. Que des cailloux et des rochers. J’aperçois une maison avec une voiture dont le coffre est ouvert. Je m’approche avec Arsène sur les épaules. La présence d’un enfant amène généralement l’interlocuteur à accepter notre demande… Généralement… Dans le jardin, une femme et sans doute son père et son petit bébé cueille des olives.
« Hello ! Do you speak English ?
-Yes ! »
Je lui explique notre situation et notre recherche et, non, elle ne peut pas nous aider et en plus son mari n’est pas là, et c’est lui l’homme. Une cyclo croate plus âgée nous avait justement informé quelques heures auparavant que c’était assez macho en Croatie. Nous le constatons ! C’est de bonne guerre car apparemment nous, français, sommes arrogants !
Nous pédalons encore un peu. Nous nous rapprochons de Novalja, ville de taille moyenne. Pas le meilleur endroit pour trouver un bivouac. Un chemin sur la droite nous permet de nous arrêter pour regarder le soleil entamer sa course finale. J’explore immédiatement les alentours. Plusieurs maisons en chantier, certaines à l’abandon et un petit carré d’herbe pas vraiment caché mais qui pourrait très bien nous accueillir pour une nuit. Nous attendons que l’obscurité s’installe pour dresser la tente. Les enfants jouent aux ninjas (depuis legoland c’est leur grand jeu).
Une voiture passe et ne semble pas tiquer sur notre présence ou alors elle ne nous a pas aperçus. Nous faisons un campement ultra light et mettons un réveil pour plier à l’aube demain matin.

Jour 109 / 15 octobre 2022
Il est important de se souvenir ce que nous faisons ici. Ce que nous avons imaginé, les moyens mis en œuvre pour faire aboutir une idée qui a germé puis grandit pendant 5 ans. Cette idée, c’était à l’origine de passer plus de temps en famille, dans notre cocon. Nous ne sommes pas des professionnels du voyage, ni des baroudeurs de l’extrême. Nous avons nos années d’expérience aux Scouts de France, quelques voyages à notre actif, une petite année au Rwanda et notre motivation. Nous avons des convictions et des principes qui sont solidement attachés à nous. C’est avec tout ça que nous avons embarqué dans cette formidable aventure.
En partant, nous avons fait un pari, pris un risque. mesuré soit mais un risque quand même.
En choisissant de voyager à vélo avec de jeunes enfants. Un risque en dévoilant sur notre blog un itinéraire ambitieux que nous n’étions pas sûr de tenir. Un risque en partageant régulièrement nos coups de pédales, nos coups de mou, et nos éclats de joie. Nous avons pris le risque de devoir un jour renoncer.
Aujourd’hui, c’était notre dernier jour de voyage à vélo avant la fin de l’hiver. Et c’était une journée riche en émotion, en paysage époustouflant, en fatigue, en nervosité, en larme, en bonheur. Un sacré final !
Depuis les premiers jours, nous avons questionné notre choix du vélo. C’est un mode de voyage extraordinaire. Il nous emmène dans des endroits inaccessibles en voiture et nous permet de parcourir beaucoup de kilomètres à un rythme raisonné. Il déclenche sympathie et curiosité autour de nous. Il permet de prendre le temps d’admirer et d’apprécier un paysage sans s’en lasser pour autant. Le vélo c’est la liberté, le vélo c’est l’avenir ! Dès les premiers jours, nous l’avons remis en question car nous ne voyageons pas entre adultes amoureux, sportifs et déterminés. Nous avons embarqué nos deux petits ninjas avec nous. Oui, nous avions imaginé rouler plus de kilomètres chaque jour, oui nous pensions qu’un peu de dénivelé serait possible sans épuiser le moral des troupes, oui nous nous sentions capable de côtoyer les motorisés sans paniquer. Tout cela sur le papier était de l’ordre du possible. Nous nous confrontons à la réalité qui est un peu plus compliqué. Voyager à vélo avec des enfants c’est possible et génial, mais un break après presque 4 mois de chemin parcouru va faire du bien. Pour notre bien être, on va lâcher nos deux roues chéris pour un temps.

La journée a commencé à l’aube (c’est logique), après une nuit (ça me semble cohérent) ponctuée de réveils inopinés en fonction des bruits environnants. Des bruits humains ou pas. A chaque fois, nous retenons notre souffle pour l’analyser, connaître son origine et sa distance. En sortant de la tente, j’aperçois d’abord la mer. Elle est calme et silencieuse et baigne encore dans une brume fantomatique. Nous plions rapidement. Une, puis deux voitures passent. Pas de soucis ! Deuxième bivouac vraiment sauvage de Croatie et on a toujours un peu peur que cela soit mal accueilli mais ça passe. Nous démarrons notre trajet par une longue descente jusqu’à Novalja. Nous y faisons un petit arrêt course et aire de jeux. Un peu de dénivelé nous attend, je fais le plein de fruits, barres de céréales et de friandise pour maintenir tout le monde au top. A la sortie de la ville, une longue montée de 1 kilomètres chasse la bonne humeur de Maxine. C’est le début d’une longue journée passée à la motiver, la pousser pour qu’elle daigne avancer. Même sur du plat, elle rechigne à pédaler et semble vouloir tout faire pour ralentir notre progression. Au bout de 5 km, nous quittons la route principale et les véhicules bruyants et effrayants et roulons sur une route secondaire qui se transforme bientôt en piste. Le paysage est magnifique et plus nous allons avancer sur cette piste, et plus le paysage sera époustouflant. Nous avons l’impression d’avoir été transporté sur une autre planète. Je pense à Arrakis en voyant ces monts secs et arides de l’autre côté de l’eau.
« Il faut combien de jours maman pour le traverser le désert là bas? »
La piste monte, descend, nous faisons de même. Nous enfourchons nos vélos et descendons de nos selles au même rythme. Le sable et les fins graviers nous font déraper. Que nous poussions ou pédalions, nous glissons. Les enfants profitent de chaque instant de pause pour se recouvrir de poussière. Nous suons à enchaîner les allers retours dans les côtes pour emmener en haut nos vélos, puis ceux des enfants, et enfin les enfants. Il n’y a rien autour de nous. Les seuls signes de la civilisation sont les déchets malheureusement très nombreux par endroit. Ils n’amoindrissent pas pour autant notre grand plaisir à évoluer ici. L’eau n’est pas loin et nous la devinons transparente et turquoise. Nous nous y rafraîchissons dans l’après-midi, sans même prendre le temps de chercher nos maillots dans les sacoches. C’est bien plus agréable de toute façon.
Nous arrivons à Pag, heureux et fier de nous. 38 kilomètres en deux jours, c’est vraiment pas mal vu la difficulté.
Nous ne perdons pas de temps à Pag, il faut organiser la suite. Nous trouvons tant bien que mal un taxi pour nous emmener jusqu’à Zadar, et réservons dans la foulée un appartement. Le gros taxi n’étant pas dispo, c’est deux voitures qui arrivent. Nous démontons les roues avant et croisons les doigts pour que tout rentre… Oui ? Oui ! OUF ! Nous parcourons la cinquantaine de kilomètres en moins d’une heure alors qu’il nous aurait fallu sans doute trois jours à vélo. La route est très fréquentée, sacrément vallonnée avec une grosse côte à 9%, et absolument aucun aménagement cyclable. Nous ne regrettons absolument pas de ne pas pédaler ce tronçon. On a bien géré finalement.
Nous restons 3 nuits à Zadar. Pour découvrir cette ville, tenter de faire réparer et réviser nos vélos, et aussi pour préparer un peu la suite de notre voyage que nous ferons sans nos vélos à partir de maintenant. Maxine et Arsène n’en ont plus la volonté et nous ne pouvons pas obliger Maxine à pédaler. Nous craignons de la dégoûter. Ce voyage doit être une parenthèse de bonheur familial dans une vie pressée que nous ne voulions plus, pas une compétition. La sagesse du renoncement est une réussite en soi, hauts les coeurs !
Retour au vélo dans 4 mois et on a déjà hâte !
Jour 110 / 16 octobre 2022
A la découverte de Zadar ! Nous partons en fin de matinée découvrir la vieille ville de Zadar. Elle est charmante bien que touristique. Nous ne retrouvons pas le même charme que dans la vieille ville de Rab, mais la cité est agréable. Nous zigzaguons dans les rues piétonnes. Une boulangerie nous fournit un bon repas que nous avalons dans le parc. Une bonne glace italienne en dessert. Nous retournons à notre appartement. Nous essayons de nous reposer, les enfants jouent aux Lego.
Après le goûter, je pars au musée des illusions avec les enfants. Nous nous amusons bien à découvrir toutes les supercheries de l’esprit. Les enfants apprécient particulièrement les casse-têtes.
Nous profitons d’avoir une cuisine pour nous mitonner des bonnes pommes de terre sautées. Hummm ! Miam ! (et oui au réchaud, les pat, c’est non).
Les enfants écrivent une carte postale pour leur grands-parents paternels.
Jour 111 / 17 octobre 2022
La vie entre 4 murs est compliquée. Le retour de flamme est violent pour les vagabonds que nous sommes. Nous avons hâte de partir en vadrouille.
Jour 112 / 18 octobre 2022
Comme une impression de renoncer à moi-même. Au volant de notre voiture de location, je me sens un peu amer, comme si je me trahissais. C’est la réalité d’un voyage à vélo quand on arrête le vélo.
Nous avons pu laisser nos vélos chez Mare, notre hôte. Nous reviendrons vendredi les récupérer avant de prendre un flixbus pour Zagreb pour imaginer la suite de l’aventure.
La route n’est pas désagréable, la conduite des croates pas trop sportive mais c’est un peu trop comme chez nous. Nous sommes passés faire le plein de gaz chez Decathlon. Nous en avons assez pour au moins 6 semaines et d’avance pour le retour à vélo.
Nous roulons jusqu’à Kuterevo, un refuge pour ours. Nous sommes dans une jolie vallée ou les couleurs de l’automne ont gagné les feuilles des arbres, cela nous change de la côte et de ses palmiers et pins verts. L’endroit est agréable et accueille des scouts l’été. Nous aurions bien aimé faire un camp ici dis-donc ! Nous sommes accueillis par un volontaire français. Au moment de partir, nous demandons si nous pouvons planter la tente… Oui ! Bingo !




Après plusieurs nuits en dur, quel plaisir de retrouver notre habitat favori. Il fait beaucoup plus froid que sur la côte, cela nous rappelle nos nuits autrichiennes, mais avec le froid, pas de moustique!
Jour 113 / 19 octobre 2022
Réveil tout doux, largement après 8h. Vu qu’on s’est couché à 20h, ça fait une bonne nuit de 12h ! Hé oui ! Les dodos sous la tente, c’est vraiment bon pour le sommeil !
Après un bon petit déjeuner sous la tente, les enfants vont voir les ours avec Clem.
« Maman, je vais voir les ours avec les vieux ! »
Les « vieux » en question sont un couple de français qui comprennent très bien ce que tu dis Arsène…
Nous courons un peu après les enfants ce matin, entre Maxine qui veut voir les ours et les poneys, et Arsène qui veut présenter ses jouets à tous les Français qu’ils croisent.
Nous prenons la route dans notre voiture de location, pas nos vélos pour ceux du fond qui ne suivent pas, en direction de Plitvice. Nous y arrivons à 14h30, et c’est parti pour une randonnée de 3 – 4 h. Nous embarquons dans un bateau pour rejoindre le début de la balade. Les arbres ont revêtu leurs parures d’automne. Leurs feuilles oscillent entre le jaune doré et le rouge. Les lacs sont limpides et leur couleur d’un bleu éclatant. Les roches karstiques sont blanches et légèrement tachées de gris. Le tout s’entremêle et se reflète dans les eaux. Nous marchons sur de petits sentiers au bord du lac. Ici, les arbres poussent penchés en direction de l’eau. Le site est propre. La basse-saison permet à plusieurs reprises de se sentir seuls au monde dans ce décor paradisiaque. Nous imaginons sans mal la foule de la haute saison piétiner les uns derrière les autres pour prendre leur selfie pour Instagram… Alors que nous, on peut le faire peinard ! Les enfants suivent de bon cœur, appréciant la majestueuse dernière chute d’eau haute de plusieurs dizaines de mètres.

Nous sommes de retour à la voiture à 18h. Nous avisons un petit camping au milieu de la forêt de logement de tourisme de masse, le « Camp Vivi ». Vivi est une mamie qui nous accueille un peu surprise d’avoir des clients en tente. Elle nous propose alors de dormir dans la salle commune, où nous installons nos duvets et matelas. Nous y sommes bien pour dîner, les enfants dessinent. Le dodo s’annonce plutôt confortable !

Jour 114 / 20 octobre 2022
Réveil frais dans la grande pièce à vivre qui a un peu effrayé Maxine dans la nuit. Au petit matin, les campeurs en van se succèdent pour venir utiliser les toilettes. Ils ont tous le même regard gêné quand ils comprennent qu’on dort ici. Nous profitons de la pièce pour une bonne session d’école : maths pour Maxine avec maman et lecture pour Arsène avec papa. Les progrès d’Arsène sont impressionnants en lecture.
Nous prenons la route en direction du parc de Paklenica. Nous roulons comme hier dans de beaux paysages, même s’ils défilent trop vite et qu’il est compliqué de les admirer tout en étant concentrés sur la route. Vraiment, le vélo c’est mieux !
« Oui, mais tout ça on n’aurait pas pu le faire à vélo ! »
Oui ! Mais quand même !
Nous quittons les forêts feuillues et retrouvons les montagnes désertiques de la côte et son soleil. Nous pique-niquons au pied des voies d’escalade à Starigrad.
« Papa ! Ça me donne envie de grimper !
-Moi aussi mon Arsène ! On reviendra ici avec tonton Sylvain ! »



Nous commençons notre randonnée de 2h qui doit nous emmener jusqu’à un refuge, nous redescendrons demain matin. Nous sommes entourés de hautes falaises blanches et grises. Un lit de rivière asséché longe notre chemin. De nombreux figuiers sauvages poussent autour de nous. Le chemin n’est pas trop exigeant mais pas non plus ennuyeux pour nous. Nous portons sur nous pas mal d’affaires et ne sommes pas bien équipés pour les porter. Clem a sur elle deux tote bag avec la nourriture, la glacière et son appareil photo. Elle est impressionnante. Les sacs doivent lui scier les épaules mais elle n’en montre rien. Elle avance, toujours en tête, toujours le pas léger. Je porte de mon côté le sac-à-dos, le rackpack dans lequel nous avons mis tous les duvets. Les enfants sont tout heureux au départ de grimper sur tous les rochers qui le leur permettent. La fin de la randonnée est un poil plus dur. C’est un peu long pour nos enfants qui commencent à traîner des pieds. Heureusement, ils se transforment en ninja, et les voilà reparti pour les derniers kilomètres. Nous arrivons vers 16h45 au refuge. L’hôte nous informe qu’un refuge 5 minutes plus loin permet d’avoir une chambre privative pour le même prix. Clem va voir. Il y a une très belle vue mais la chambre est à 120€ la nuit, contre 7€/nuit/pers au premier refuge. Et puis, les lits y sont faits la-bas, on a porté nos duvets, on veut dormir dedans !

« If you understand what I mean ? »
Bah oui, je comprends ce que tu dis, il faut arrêter de me parler comme si j’étais complètement teubé purée ! Il est gentil l’hôte, mais un peu lourd. J’ai l’impression qu’il aurait préféré qu’on dorme ailleurs. Pourtant les enfants sont plutôt calmes. Ils jouent au Uno avec Clem pendant que je cuisine. La pièce à vivre est bien chaude, chauffée par un poêle à bois.
Il est 19h45, Clem lit un conte aux enfants, et pour le moment nous sommes seuls dans notre dortoir de 8 personnes. Ce serait assez surprenant que d’autres randonneurs arrivent maintenant, il fait nuit noire.
Une bonne nuit s’annonce !
Jour 115 / 21 octobre 2022
C’est l’anniversaire de mon papa ! 70 ans punaise !
Après la bonne nuit au refuge et un bon petit-déjeuner, nous reprenons le même chemin de randonnée qu’hier. Il est tôt, nous avançons tranquillement, sans la pression de devoir arriver au refuge avant la nuit et le froid ! Parcourir le sentier en sens inverse permet de s’enrichir du paysage auquel nous tournions le dos hier. Et c’est pas mal du tout dans ce sens-là aussi. Les montagnes sont impressionnantes, de part et d’autre de notre chemin, elles sont remplies de grimpeurs dont nous entendons les éclats de voix.
Nous faisons de petites haltes sur le bord de la rivière. Clem et moi profitons d’une cascade pour une douche fraîche et rafraîchissante, mais vraiment très rafraîchissante.
Le retour à Zadar ressemble à un retour à la maison. Nous retrouvons le même appartement. Nos vélos sont toujours là, tout roule. Je file rendre la voiture de location, et ensuite douche pour tout le monde et repos.
Mon frère Guillaume me donne le contact d’un collègue vivant à Zagreb. Je l’appelle, et trop cool, il nous propose de garder nos vélos chez lui, de déjeuner ensemble et même de dormir chez lui demain soir ! Ça fait un paquet de bonnes nouvelles ! Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’embarquement des vélos dans le flixbus demain se passe sans accroc, et vu notre dernière expérience (racontée ici), ce n’est pas gagné…
Jour 116 / 22 octobre 2022
Bus de Zadar à Zagreb.
Nous mettons sans aucun problème tous nos vélos et bagages dans le bus pour 300 kuna.
Le trajet se passe très bien. Les enfants écoutent des histoires. Nous somnolons et dormons un peu.
A l’arrivée, après avoir remonté nos vélos, nous roulons nos derniers kilomètres à vélo de 2022. Nous avons droit à un peu de piste cyclable, un peu de trottoir, un peu de connards sur la route. Heureusement que la fin, dans le parc, est plus roulante que les boulevards flippants du centre-ville.
Zagreb est une ville pleine de tramway !
Nous retrouvons Hugo à la sortie de la ville. Il habite en haut d’une côte bien costaud. Nous poussons nos vélos. C’est en arrivant en haut que je réalise que je n’ai pas mon téléphone. Il est resté sur le banc des jeux ou nous l’attendions en bas. Hugo y retourne rapidement en voiture en vain. Il a eu le temps de se volatiliser…
Nous finissons de mettre nos sacoches et les vélos à l’abri dans l’appartement d’ami juste avant la pluie.
Soirée agréable et ma foi bien alcoolisée !
Jour 123 / 29 octobre 2022
Après Zagreb et Belgrade, nous voilà à Sofia ! 3 capitales en une semaine c’est impressionnant et ça nous change. Nous prenons du plaisir à les découvrir.
A Sofia, nous passons nos deux premières nuits dans une chouette et grande chambre de l’auberge de jeunesse Hostel Mostel. Une vraie auberge de jeunesse, pas une usine de jeunesse comme à Vienne. Le premier jour nous a permis de bien exploré cette belle capitale. Le deuxième jour, nous nous sommes évadés dans la nature avec une bonne randonnée sur la montagne Vitosha toute proche de la ville. C’est la seule capitale au monde avec une montagne si proche, il est même possible d’y faire du ski l’hiver. Nous avons marché sous les arbres et leurs habits orange, jaune et rouge. Les enfants étaient heureux de voir toutes les feuilles tomber des branches.
“Maman, il neige des feuilles !” s’écrie Maxine avec enthousiasme.
La montée est longue et dure. Plusieurs passages nécessitent d’utiliser ses mains. Certains sont vertigineux si on regarde un peu trop sur la droite. Nous rejoignons puis suivons une cascade.
Nous ne nous attardons pas trop au point culminant de la randonnée. Il faut redescendre. L’énergie d’Arsène diminue malgré les bananes et les gâteaux. “Papa, là, je suis vraiment crevé hein !”. Il marchera néanmoins comme un grand jusqu’à la fin. La nuit tombe déjà doucement. Nous sommes de retour en ville, nous passons prendre nos sac-à-dos à la réception de l’auberge de jeunesse et reprenons un tramway pour l’appartement de notre dernière nuit bulgare. En effet, notre bus ne circulant pas le vendredi, nous restons une journée de plus ici et plus de place dans l’auberge de jeunesse. Nous sommes proches du centre-ville, mais dans un quartier plus populaire. Les rues mal éclairées s’ajoutent à la saleté des halles d’un marché et nous voilà pas trop rassuré. Nous sommes un peu perdus au niveau de l’heure, car nous avons découvert ce matin qu’il y avait un décalage horaire d’une heure ici.
L’appartement est spacieux, mais glacial.
Notre dernière journée à Sofia est enrichissante. Nous déposons nos sacs dans un casier et filons au musée archéologique. Les enfants se montrent curieux face à tous ces trésors du passé. La première salle expose les vestiges des premières années de l’humanité. Impressionnant de contempler tous ces objets qui ont traversé les millénaires. Arsène est enthousiaste, il s’approche d’un vase…
“Don’t touch ! You just look !”
Une gardienne qui devait nous suivre depuis notre arrivée dans la salle lui est tombé dessus. Sa voix trop autoritaire pour un petit garçon qui n’a rien fait me gonfle.
“He didn’t touch hein ! We know. Don’t worry.”
Je lui lance des regards noirs. Sérieusement, s’ils ne veulent pas d’enfant dans les musées, il faut le dire avant. Punaise, nous sommes avec des enfants curieux, heureux d’être là, ce n’est pas en le engueulant (injustement, j’insiste) que ça va les aider.
Dans une salle dédiée aux guerriers Trace (comme Spartacus !), nous avons un avant-goût de la Grèce. Casques, boucliers, lances, torques, jambières, c’est très intéressant. Nous apprenons un mot anglais “spurs” qui désigne les éperons. Un gentils gardien cette fois vient nous expliqué plein de choses intéressantes en plus.
Après ce musée, un petit restaurant stylé, puis nous marchons vers la cathédrale. Moins belle que celle de Belgrade. Plus sombre à l’intérieur.
Nous enchainons avec le musée d’histoire naturel. Une collection impressionnante d’animaux empaillés qui plait aux enfants, et un paquet de pierres plus ou moins précieuses. Je retiens l’invraisemblable bismuth, Arsène l’or des fous et Maxine à peu près tout ce qui brille.
Nous prenons la direction de la gare routière. La nuit tombe. Nous marchons avec nos sacs récupérés. En montant dans le bus, nous disons aurevoir à cette capitale attachante. Et nous voilà en route pour 14h de bus ! Demain à 11h nous serons à Patras.
Il est 23h25, nous sommes en Grèce !
Le renoncement n’est pas un échec mais une preuve de grande sagesse
Bravo et profitez de ce grand répit pour vivre pleins d’aventures tout aussi riches .. merci de nous faire rêver!
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On attendait avec impatience ce nouveau récit. Vous savez vous adapter, revoir votre projet pour qu’il reste une belle aventure familiale faite de découvertes et d’émerveillements…encore bravo et merci ! 😘😘😘😘
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Bravo les enfants, avec ces récits, on devine bien vos interrogations, prises de décisions, que vos petits sans le demander, vous incitent à faire. Bravo pour l’apprentissage de la lecture pour Arsène et la bonne tenue de son « musée des petites choses ».
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Bien contents de vous retrouver ! nous étions impatients de connaître la suite de vos aventures , dont nous apprécions le récit . En ce qui me concerne (AM) j’ai retrouvé dans vos descriptions des lieux visités il y a très longtemps en Yougoslavie !!!! et cela m’a fait très plaisir. Nous attendons les récits de votre belle parenthèse au soleil !!
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Bien contents de vous retrouver! nous étions impatients de connaitre la suite de vos aventures, dont nous apprécions le récit. En ce qui me concerne (AM) j’ai retrouvé dans vos descriptions des lieux visités , il y a très longtemps en Yougoslavie!!!! et cela m’a fait très plaisir. Nous attendons les récits de votre belle parenthèse au soleil!!
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