Tour d’Europe : semaines 46 à 48 : de Bratislava (Slovaquie) à Prague (Tchéquie) en passant par l’Autriche

Jour 278 / 1 avril 2023

Le jour des bonnes blagues ! 

Superbe journée découverte avec Hedvige de la ville de Bratislava. Nous prenons le bus ce qui nous plaît forcément. 

La rive sud du Danube déborde de barres d’immeubles colorées et en bon état qui fêtent leurs 50 ans aujourd’hui. En approchant du cœur de la ville, nous ne pouvons pas manquer le château entièrement reconstruit à la même période que les barres d’immeubles, dans un style baroque qui manque un peu de charme tout de même mais reste majestueux comme on l’attend d’un tel château. La terrasse autour du château offre une vue assez particulière sur tous ces immeubles d’habitation au sud, et à l’est, derrière la vieille ville, on ne peut louper les gratte-ciels du quartier d’affaire. A l’horizon, une ribambelle impressionnante d’éoliennes qui se trouvent toutes en Autriche. 

Nous descendons ensuite dans le vieux centre, et c’est à ce moment que le charme opère ! De belles rues piétonnes, des couleurs au ton pastel, c’est chouette tout ça ! Bon, les enfants fatiguent un peu, ils ont faim, et ils veulent à tout prix dépenser leurs quelques euros dans des boutiques de souvenirs…

Grâce à l’adresse d’Alix de Neoen Zagreb, on trouve des chouettes petites choses à grignoter avant de rentrer pour un vrai déjeuner d’adulte préparé par Hedvige. Plat national slovaque super bon, qu’est-ce que nous sommes bien reçus !

Après un bon repos d’après-midi, les enfants sortent se défouler dans le parc tout proche, puis la fin de journée arrive déjà. Une chouette journée qui est passé bien vite. 

Avant de nous coucher, nous étudions un peu le trajet de nos prochains jours et la météo. Les températures redescendent en-dessous de zéro mardi et mercredi et les contacts Warmshowers ne répondent pas pour le moment…

Jour 280 / 3 avril 2023

Hier nous avons eu une super journée avec Hedvige. C’était le marathon de Bratislava (le même jour que celui de Paris !), et elle nous a emmenés loin du tumulte de la ville, d’abord à une aire de jeux dans une forêt où nous avons pu faire du feu à l’abri de la pluie, puis au château de Devin. Une très belle ruine, digne des meilleurs châteaux écossais. Le temps était moyen, mais quelques éclaircies ont illuminé la vallée du Danube que domine le château. Hedvige nous a expliqué que pendant l’ère communiste, le Danube servait de frontière avec l’ouest et qu’elle était farouchement gardée par des militaires. Toute personne qui tentait de traverser était abattue ! Les enfants nous ont suivis moyennement puis avec entrain. 

Nous avons ensuite passé le reste de la journée chez Hedvige et fait une petite sortie pour défouler les enfants avant le dodo. 

Ce matin, après avoir rangé, nous avons pu faire une bonne session d’école sur la table de la cuisine. Maxine continue de travailler sur le présent de l’indicatif des verbes du 1er groupe, et Arsène continue d’apprendre les lettres en écriture cursive. 

Hedvige nous a accompagnés ensuite jusqu’à la digue pour nous mettre sur la bonne route. Elle nous aura bien gâtés jusqu’au bout ! Nous avons été accueillis royalement et avec simplicité, elle a été super avec les enfants, elle nous a fait visiter la ville et les alentours et n’a pas arrêté de cuisiner des bons petits plats ! Elle nous a livrés un beau témoignage sur la période du communisme, les évolutions de la société et sur l’amour. C’était dur de partir ! Heureusement, elle vient régulièrement à Rouen rendre visite à ses amis, nous aurons donc le plaisir de la revoir.

Aujourd’hui, nous savions que le vent allait nous compliquer la vie, et il l’a bien fait ! Le soleil était présent, et parvenait à nous chauffer un peu. Nous avons pédalé le long du Danube, admiré la rive nord de Bratislava, le château blanc. Nous sommes passés sous le pont surmonté de sa soucoupe volante, puis nous avons longuement longé une autoroute. Entre le bruit des voitures et le vent du nord, difficile de se parler ! 

« J’ai faim ! Quand est-ce qu’on mange ?

-Mais ! Tu viens de manger deux crêpes juste avant de partir et puis on va pas s’arrêter là ! »

Maxine boude déjà, la journée s’annonce bien dis-donc ! Nous arrivons à la frontière. Nous pédalons en combattant le vent qui arrive sur le côté et nous balaye littéralement. Clem en perd l’équilibre et tombe à vélo une fois. Les rafales à 54 km/h sont costaudes et rendent la progression laborieuse. Nous guettons un abri pour pique-niquer sans trop se refroidir. Nous le trouvons qu’après 16 km de notre départ, un peu avant 13h près de l’église de Wolfstahl. Nous repartons rapidement et trouvons une jolie piste cyclable à l’abri du vent. Dès que nous la quittons, le vent dans le dos nous propulse dans une montée. Nous faisons une bonne pause à Hainburg. Un message d’Hedvige nous apprend que nous avons oublié nos deux couvertures polaires, les boulets ! Purée ! Il fait -1 degré ce soir ! Heureusement, nous sommes à proximité d’un centre commercial. Je trouve deux nouveaux plaids en allant faire le ravitaillement. 

Nous continuons de rouler. L’itinéraire nous emmène dans un dédale de petites rues tranquilles avant de rejoindre une route partagée. Ça monte légèrement et ça descend peu. Le vent ne se fait pas trop sentir. Il nous pousse légèrement. Puis nous arrivons sur un chemin de gravier. Nous alternons les passages face au vent qui démoralise et vide notre énergie avec des moments où le vent nous fait avancer sans pédaler. Il fait tout de même froid. Nous sommes au milieu d’un immense champ d’éoliennes, peu de possibilités de bivouacs.

Maxine et moi apercevons une dizaine de chevreuils détaler devant nous. Leurs petites queues blanches hypnotisent alors qu’elles bondissent dans les champs. Nous arrivons dans le petit village de Scharndorf. Un grand bâtiment ressemblant à une ferme attire notre attention. Il s’agit d’un centre équestre. Maxine et moi trouvons la gérante dans le manège qui nous propose de camper dans un de ses près. Parfait ! Nous emmitouflons les enfants dans les nouvelles couvertures polaires le temps de monter la tente. Nous sommes tous frigorifiés. Les températures descendent rapidement avec la course du soleil vers l’horizon.

Nous avons parcouru 40 km aujourd’hui malgré ce terrible vent. Ce soir, la nuit s’annonce très fraîche. Les gourdes ont été remplies d’eau chaude, et je me prépare à les remplir de nouveau au milieu de la nuit si besoin.

Jour 281 / 4 avril 2023

La journée a commencé comme celle d’hier s’est fini dans le froid et sous le vent. Sous le vent ! Et si tu crois que j’ai eu peur, c’est faux. Je donne des vacances à mon cœur. Un peu de repos ! Et si tu crois que j’ai eu tort, attends. Respire un peu le souffle d’or qui me pousse en avant

Et fais comme si j’avais pris la mer, j’ai sorti la grande voile, et j’ai glissé sous le vent…

Ah Céline et Garou ! 

En vrai, ce n’était pas la nuit la plus froide. Dehors avec le vent, il faisait glacial, mais sous la tente c’était plus qu’acceptable. Les enfants s’étaient bien emmitouflés dans la couverture polaire dans le duvet. Vers 3h30, je ne dormais plus et je commençais à tourner en rond. Plutôt que de m’ennuyer avec mes pensées, je suis allé préparer des bouillottes pour tout le monde. La douce chaleur diffusée dans le duvet au moment de me recoucher m’a bien endormi ! 

Au réveil, il faisait 15 degrés dans la tente, 10 degrés dans l’abside et moins de 5 dehors. Difficile de se motiver à sortir. La session d’école s’est effectuée bien à l’abri du vent. 

Après le départ, nous avons rapidement retrouvé une piste de gravier comme la veille et face au vent. La piste a tourné, le vent nous balayait par la droite. Nous longions une voie de chemin de fer, la route semblait interminable. Le froid était mordant sur le visage et le bout des doigts, et je bouillais à l’intérieur. Après 8 km, nous avons retrouvé un peu de calme dans la ville de Haslau an der Donau et une belle descente vers le Danube. 10,56km au compteur, parfait timing pour une pause bien méritée ! 

« Marc, on a reçu un e-mail d’un Warmshowers !

-Yes ! Youpi ! »

Je saute déjà de joie de bonheur ! Nous vérifions la localisation. Il faudra pédaler 28 km de plus, jusqu’aux portes de Vienne. Un peu dur après la journée de 40 bornes d’hier mais à l’idée de dormir au chaud, je me sens invincible ! 

Il faut d’abord traverser le Danube. Un petit bateau qu’il faut appeler vient nous chercher. La traversée coûte 22€ (ouch), nous n’en avons que 14. 

« Problem ! »

Oui bah, c’est bon ! Tu pourrais prendre la cb purée ! Ou alors juste être sympa, m’indiquer le distributeur le plus proche, ou mieux encore me proposer de m’y emmener en voiture pour m’éviter 5 km pour le plaisir… bref. 

Nous retrouvons la digue du Danube ! Et un vent frais et fort. Mais vraiment fort. Tellement fort qu’il fera encore tomber Clem. Nous avançons, concentrés sur l’objectif et motivés par une nuit au chaud. Maxine entonne des comptines. Les rafales nous épuisent, nous freinent. Arsène encourage Clem. 

« Allez maman ! On est plus fort que le vent ! »

Purée ! Je préfère la pluie, la neige, la grêle au vent : le mur invisible. 

Nous approchons de Vienne, juste après les immenses réservoirs d’essence des raffineries. Un cycliste pédale vers nous, nous sommes heureux de voir arriver Kristian, notre Warmshowers, venu à notre rencontre. Il pédale avec nous jusque chez lui. Il est bavard, et c’est agréable de discuter avec lui. Juste avant d’arriver chez eux, Maxine fonce tout droit dans un poteau sur le trottoir. Heureusement, plus de peur que de mal. 

Plus de 35 km au compteur ! De bonnes crêpes nous attendent dans l’appartement cosy de Kristian et de sa famille. 

Une fois les enfants couchés, nous passons un chouette moment sur le canapé à échanger des souvenirs de voyage à vélo. Nous rigolons bien, c’est très agréable. Une journée dure qui se finit bien, c’est l’assurance d’une bonne nuit de sommeil pour tout le monde ! Kristian nous a concocté pour demain un itinéraire à travers Vienne adapté aux vélos, sur des pistes cyclables sécurisées, il est vraiment cool !

Jour 282 / 5 avril 2023

Nous nous réveillons alors que nos hôtes ont quitté leur appartement pour aller travailler. C’est tout de même merveilleux cette confiance envers nous alors que l’on ne se connaît pas. C’est admirable. 

Les enfants profitent des nombreux jouets et prennent une douche pendant que je fais le plein de course. Depuis notre reprise, les prix ne cessent de grimper dis-donc ! Mais pour le moment, grâce aux nombreux bivouacs et Warmshowers, nous dépensons environ 25 euros par jour.

Après le petit déjeuner, nous avons plaisir à faire l’école installés à une table plutôt que par terre dans la tente ! 

La traversée de Vienne est longue, 20 kilomètres de notre Warmshowers à la sortie de la ville. Nous avons le plaisir de découvrir par endroit la ville mais aussi de reconnaitre certains bâtiments déjà aperçus lors de notre venue en septembre. Cet air de déjà-vu est très chouette. La circulation à vélo est fluide et l’itinéraire de Kristian est parfait. A la sortie de la ville, il prend de nos nouvelles et nous propose de nous retrouver à la prochaine ville. En effet, nous avons oublié le beau casque Kask de Clem, ainsi que ses gants. Vraiment sympa Kristian ! 

Pas trop de vent aujourd’hui, cela fait vraiment du bien ! 

Nous trouvons un spot bivouac vers 18h sur une île boisée. Comme d’habitude, je ne suis pas trop rassuré mais les enfants sont contents de pouvoir jouer dans les bois et nous ne dérangeons personne sur notre petit carré d’herbe à l’orée de la forêt. 

Maxine se plaint à nouveau de douleur à l’estomac. Demain, un coup de fil à notre copain médecin sera nécessaire.

Jour 282 / 6 avril 2023

Nuit glaciale et mouvementée. Réveil en sursaut au milieu de la nuit.

« J’ai envie de vomir ! »

Clem a des réflexes de ninja et attrape la casserole mise près de Maxine par précaution et place la tête d’Arsène au-dessus en quelques secondes à peine. Car oui, c’est Maxine qui nous dit qu’elle a mal au ventre et c’est Arsène qui rend son repas… Moi j’ai galéré à sortir de mon sommeil où j’étais si bien, puis de mon duvet complètement hermétique. 

Ce matin au réveil, il faisait trois degrés dans la tente. Les enfants n’ont pas eu très faim pour le petit-déjeuner et avant la fin de celui-ci, Arsène s’est endormi dans mon duvet. Maxine a fait une leçon d’anglais sur Pâques avec Clem, pendant que je continuais de manger mes tartines. Le matin, j’ai beaucoup d’appétit, d’autant plus que Hedvige nous a donné un pot de confiture de cassis… Un véritable délice ! 

Nous avons attendu qu’il fasse 6 degrés pour habiller les enfants et les sortir afin de finaliser le rangement. Départ à 11h30 après un coup de fil au meilleur médecin que je connaisse qui m’a rassuré sur l’état des enfants. Vu le froid, c’est normal que la digestion soit un peu houleuse, donc pas de panique.

Nous quittons notre bivouac. Au bout de 500 mètres, Maxine constate qu’elle n’a plus ses gants enlevés 300 mètres plus tôt. Retour en arrière. Les gants se sont volatilisés, sans doute ramassés par un promeneur. Nous allons les ajouter à la liste des pertes. 

Nous roulons quelques temps sur des petites routes paisibles puis nous retrouvons la digue du Danube et son vent du nord. Il est 13h, pas de magasin et pas grand-chose à manger dans les sacoches et nous sommes en train de combattre le vent. Je ne vais pas m’éterniser sur ce passage qui nous a causé souffrance, démoralisation, et énervement. Le pique-nique après ravitaillement n’a pas été satisfaisant pour les adultes. Nous étions à nouveau à une aire de jeux et on commence sérieusement à saturer. En plus les enfants ne prennent pas la peine de se reposer ou de s’apaiser lors des pauses : ils s’excitent ! Résultat au moment de repartir, ils font la moue et n’ont pas beaucoup de motivation, en particulier Maxine. Nous arrivons à Tulln après de nouveaux kilomètres face au vent. Je me sens vide. Je n’en peux plus de tirer Maxine. 

Nous trouvons de l’eau, ce qui ramène une certaine bonne humeur générale mais fragile. Clem analyse le trajet, de potentiels bons spots de bivouac à 17 km de là, alors que nous en avons déjà 23 dans les guiboles et qu’il est 16h45. La bonne idée motivation vient de Maxine qui demande à écouter Céline Dion. La voix de la star québécoise nous porte et nous emporte. L’itinéraire s’écarte du Danube et du vent, enfin ! Enfin ! Enfin, nous reprenons plaisir à rouler ! 

Nous retrouvons le Danube dans une réserve naturelle, loin de la civilisation. Au bout quelques minutes, nous dégotons un chouette endroit pour déplier la tente au bord du Danube, au-dessus d’une jolie petite plage de galet. Il y a une cabane à moitié construite, les enfants sont ravis et revivent ! 

Une bonne journée de 40 km au final mais en grande partie dans le froid et la douleur. 

Jour 283 / 7 avril 2023 

Grasse matinée aujourd’hui ! Réveil à 8h ! Wouhou ! Nuit vraiment pas fraîche, à la limite de la chaleur, mais un petit 7 degrés au réveil. 

Nous faisons l’école au bord du Danube. Le décor est merveilleux. Le vent est absent ce matin. La journée s’annonce agréable. Un bateau de police passe sur le fleuve… La tente est déjà démontée, ouf ! 

Nous partons vers 12h15. Nous retrouvons le bord du Danube et un vent de face bien plus léger qu’hier et avant-hier. Maxine est bien motivée pour rouler et joue avec son petit frère. Au loin, nous devinons que le fleuve s’engouffre entre les montagnes, ça va être grandiose ! 

Nous déjeunons rapidement sur la digue. Petit sandwich, gaufres et fruits en dessert !

Après cela, Maxine prend longuement son petit frère derrière elle sur son vélo. Nous approchons de plus en plus des montagnes. Elles sont magnifiques. 

« Oui, c’est vrai qu’elles sont belles, me dit Maxine. 

-Ah bon ! Tu les trouves jolies ? demandais-je surpris.

-Moi je m’en fiche mais je sais que vous trouvez ça joli ! »

Nous trouvons un chouette coin de bivouac, sur une petite île, discret et loin de la route.

Nous entendons de nombreux ploufs dans la nuit. Sans doute des castors à en croire les nombreux troncs taillés à coups de dent.

Jour 284 / 8 avril 2023

Nous prenons le temps ce matin. Le temps est pluvieux. Nous entendons des cavaliers passer sur le chemin derrière, puis une voiture. Les enfants tournent en rond dans la tente et sortent malgré la météo. Nous les envoyons en autonomie avec leurs vélos aux jeux plus loin. 

Quand nous retrouvons les enfants après avoir tout plié, ceux-ci ont eu la bonne idée de mouiller leurs gants. Il fait un froid de canard, et leurs moufles sont trempées. Bravo, super idée. Résultat, au bout de quelques kilomètres, Arsène gémit, puis pleure tellement il a froid aux mains. Nous nous arrêtons, il colle ses mains glacées contre mon cou bien chaud sous mon tour de cou mérinos Ogarun. Un gros câlin plus tard, et mes sous gants trop grands aux mains et le voilà bien mieux. Nous pédalons au milieu d’un bien joli décor encore. Le temps est gris, anthracite mais les collines sont belles. Sculptées en terrasse par la main de l’homme pour accueillir des vignobles, où recouvertes d’arbres feuillus ou épineux aux feuilles sombres. Notre rive est plus sauvage que l’autre, nous n’y trouvons aucun supermarché pour un ravitaillement avant Pâque. 

Vers 13h, après avoir passé une station essence sans boutique et constaté que les restos sont hors budget, nous stoppons. Je sors le réchaud et prépare une bonne purée bien assaisonnée. C’est un peu chiche mais c’est chaud et cela fait du bien au corps. 

Nous faisons une petite halte pour admirer le château de Schloss Schönbühel. Quelques photos de groupe et nous voilà prêts à remonter en selle, quand la sagacité d’Arsène parle : « Vous avez vu les animaux là-haut ? ». Au pied du château, sur les rochers verticaux se baladent des chèvres. Intrigant ! 

Nous avons un peu de relief dis donc aujourd’hui ! Nous montons même une petite côte a 10% ! Nous arrivons en vue de Melk. Jolie petite ville. J’abandonne Clem et les enfants dans un salon de thé et file faire des courses. Nous sommes samedi et avec le lundi de Pâque, il nous faut trois jours de complets de provisions.

Clem a repéré à proximité de la ville des coins de verdure. Nous partons les explorer à la fermeture du salon de thé, il est 18h. Nous sentons que les enfants sont bien fatigués. Maxine a super bien roulé aujourd’hui et n’a jamais réclamé la sangle. Elle a gardé une bonne humeur qui fait plaisir, et j’étais content de parler de tous les cadeaux de Noel et d’Anniversaire qu’elle veut. 

Après quelques hésitations sur notre spot dodo, nous découvrons une grande plaine au milieu des arbres et bien cachée de la piste, parfait ! Nous y plantons la tente sereinement, prêts à affronter la nuit pluvieuse annoncée.

Jour 285 / 9 avril 2023

Le plic-ploc de la pluie a bien accompagné mon insomnie. Reloud. Au moins, personne n’a eu froid cette nuit. Les températures sont légèrement remontées par rapport au froid glacial du début de semaine.

Des centaines de limaces de toutes les tailles ont trouvé refuge sur la toile de la tente. Maxine se réjouit de la météo. 

« Je vais trouver des escargots ! Arsène ! Tu viens chercher des escargots ? »

C’est rare que les enfants soient autant motivés. La pluie s’est arrêtée, nous avons même un peu de lumière. 

Nous quittons Melk et cette petite région réputée pour son vin blanc. Il fait froid. Le vent souffle. Je tire Maxine. 

Nous stoppons pour le dej et en profitons pour faire une petite chasse aux œufs. Malgré ces réjouissances, la reprise est un peu dure. Toujours aussi froid et humide. J’ai clairement un bon coup de mou, alors que Clem carbure devant. Je lance une playlist de musique à notre gout pour changer un peu des chansons Disney entêtantes. Cela me motive et me réveille petit à petit. Wouhou !

Nous arrivons à Ybbs, sous la pluie. Tout est fermé sauf… le musée des vélos ! PARFAIT ! Le musée est trop chouette. Nous revivons la folle histoire de la petite reine. Les enfants peuvent monter, ou plutôt escalader un vélo avec l’immense roue devant et minuscule derrière ! Après cette bonne pause, nous pédalons 4 km en arrière pour trouver notre Warmshowers. Alors la shower est certes warm, mais la salle de bain est très froide ! Je serai le seul à me laver ce soir, les enfants et Clem attendront le prochain Warmshowers après-demain !

Jour 286 / 10 avril 2023

Objectif de la journée : 50 km ! En effet, nous sommes à 83 km de Linz, et la météo des prochains jours est vraiment bof. Plus vite nous rallions notre dernière ville autrichienne, mieux ce sera ! Est-ce que nous allons réussir ? Suspense…

Le Danube est calme, limpide ce matin, semblable à une mer d’huile. Signe d’absence totale de vent, youpi. Il fait frisquet mais en principe pas de pluie. Le haut des collines baigne dans la brume.

Soudain, au détour d’un méandre, nous réalisons que nous apercevons enfin le sommet des collines. Le ciel se dégage, des espaces se créent. La lumière du soleil devient plus chaleureuse. Le bleu arrive et nous éblouit. La journée commence vraiment. 

Nous quittons la piste cyclable et sommes sur une route partagée au bord du Danube. Plus de digue ici, le Danube est à quelques mètres de nous. Les grosses berlines allemandes qui foncent aussi. C’est fou, encore une fois, plus la voiture coûte cher, plus son conducteur se sent obligé de foncer. Résultat, grimace et nous nous installons au milieu de notre voie pour les forcer à ralentir. On doit l’avouer, on supporte mal ces comportements et on ne se prive pas de le montrer, ça défoule !

Pique-nique au soleil. Purée ! Ça fait du bien ! Au pied des collines qui ont souvent de jolies formations rocheuses qui donnent envie de grimper. Avec ce ciel sans nuage, le Danube devient enfin bleu. Le voilà le beau Danube bleu !

Petite pause au milieu des bois à escalader dans les feuilles mortes près d’un ruisseau à la recherche d’une curiosité repérée sur Google Map. Nous ne la trouverons pas, mais on s’offre quelques émotions et on admire une belle salamandre noire à tâche orange. 

Vent dans le dos à partir de 14h, c’est ouf !  Nous filons ! Déjà plus de 25 km au compteur. Nous sommes éloignés du Danube et sillonnons la campagne autrichienne.

La journée est douce et bonne. Les enfants de bonne humeur. Maxine est de nouveau dans un trip d’élevage d’escargots et reprend ses acrobaties à nous faire frissonner sur le vélo. Arsène est un peu plus dur à gérer par moment. Il roule moins seul en ce moment, il y a peut-être de ça.

Vers 17h, bingo ! Nous atteignons les 50 km ! Wouhou ! Il nous reste plus qu’à trouver un endroit où dormir. Nous nous mettons aux aguets. Nous observons les maisons autour de nous. Je demande à une première personne, je reçois un « Nein » (ce qui veut dire non en allemand). Pourtant, sa maison était entourée de prairies… Un deuxième non plus tard, on se dit qu’on va arrêter de demander et se poser dans un coin discret. Nous retrouvons la digue et le Danube. Au pied de celui-ci, un terrain de foot à moitié abandonné. Ça nous donne bien envie mais nous ne sommes pas très à l’aise. Une maison pas loin, des habitants qui nous confirment qu’on peut se poser, et hourra ! Dernier bivouac autrichien ! (Si notre Warmshowers est toujours ok pour nous accueillir demain soir à Linz…)

Résultat de la journée : 59,54 km, record absolu !

Jour 287 / 11 avril 2023

Émotion aujourd’hui : notre dernier jour à pédaler en Autriche ! Si tout va bien, demain nous prendrons le train pour Prague et nous saluerons une dernière fois le Danube ! 

Pour le petit-déjeuner, je fais cuire les petits pains préparés hier soir. Grâce à mon super niveau d’allemand acquis au fil de mes 9 années d’apprentissage de la langue de Goethe, j’ai acheté de la farine complète au lieu de la farine toute simple… Mais, on se régale tout de même avec ces petits pains à la poêle. 

Il n’a pas plu de la nuit, il se met à pleuvoir juste avant le rangement. ALUMINIUM ! (C’est comme nickel mais avec un autre métal) (j’ai hésité avec cuivre, étain ou encore bronze, mais aluminium sonnait mieux). Nous arrivons à gérer une session d’école sous la tente avant de sortir les sacoches et les enfants. En sortant prendre l’air, j’aperçois un paysage majestueux au loin qui ne se devinait pas le moins du monde hier soir : les Alpes se dressent au sud. Recouvertes d’un magnifique manteau blanc aux reflets légèrement rosés grâce aux premiers rayons du soleil qui s’estompent déjà. Les pics s’élancent vers le ciel comme des flèches tirées depuis le centre de la terre. C’est beau ! Des étoiles dans les yeux, je cours à la tente et Clem sors à son tour immortaliser la scène.

Pendant son absence, un tracteur avec une herse arrive sur le terrain de foot où nous avons planté la tente. Il ne tique absolument pas devant elle et se met à ratisser le terrain sous les yeux enchantés d’Arsène. Au bout de deux tours à se faire épier par un petit garçon, le chauffeur propose à Arsène et Clem de monter dans la cabine. Un rêve de réaliser pour Arsène ! Bon Maxine a une petite crise de jalousie, mais elle passe. 

Notre Warmshowers de ce soir nous confirme qu’il peut nous accueillir et nous conseille d’éviter la zone industrielle en allant sur la rive nord. OK ! 

Nous partons et suivons les indications pour Linz. Le moral des troupes est bon malgré le froid et la pluie. Rien à voir avec hier. Heureusement que nous n’avons que 29 km. Après un ravitaillement, nous arrivons à Enss. Et là, on se demande pourquoi nous sommes toujours sur la rive sud… Quelques vérifications plus tard, nous réalisons que nous avons loupé le pont pour traverser le Danube ! Il faut repartir en arrière sur 5 km, soit au total 10 km de plus que prévu. Grrr. Toujours sous la pluie. Les vêtements dégoulinent. Les gants sont froids et humides. Le moral est un peu attaqué. Heureusement qu’une belle éclaircie s’installe dans le ciel. 

Nous trouvons le fameux pont et traversons, pédalons plusieurs kilomètres éloignés du Danube, puis le retrouvons vers 15h30. Plus que 14 km nous séparent de Linz. Nous retrouvons alors celui que nous avions rencontré lors de notre premier jour en Autriche : le vent de face. Il ne nous avait pas vraiment manqué. C’était une journée qui s’annonçait simple mais comme quoi, rien n’est couru d’avance.

Nous arrivons à notre Warmshowers vers 17h45. Presque 40 km, nous sommes bien vannés et arrosés. Daniel nous accueille très chaleureusement, sa gentillesse nous fait beaucoup de bien. Nous discutons de voyage et d’accueil de voyageur autour d’un excellent thé et milkshake. Son appartement est spacieux, nous disposons d’une chambre pour Clem et moi et les enfants dormiront dans le salon. C’est chouette. Il doit nous quitter pour une soirée karaté avec des amis, nous le recroiserons peut-être demain matin même s’il prévoit de partir tôt… 

Au final, une bonne dernière journée à vélo en Autriche, même si on aimerait bien revenir voir ce pays quand il fait beau plus d’une journée !

Jour 288 / 12 avril 2023

Nous commençons la matinée au calme chez Daniel, notre Warmshowers autrichien. Il est parti travailler à 7h15 en nous laissant une clef pour profiter de son appartement comme si c’était le nôtre. Encore une fois une belle preuve de confiance, en toute simplicité ! Nous essayons d’en profiter pour une bonne session d’école mais les enfants, surtout Maxine, ont un peu de mal à se concentrer ce matin. Heureusement que nous serons bien posés dans les prochains jours pour rattraper ça ! 

Nous prenons un bus pour une petite excursion dans le centre ville. Le temps d’une petite marche dans les jolies rues piétonnes pavées de Linz, au pieds de ces nombreuses façades colorées de douces couleurs pâles. Un sandwich et une glace plus tard, nous voilà dans le bus du retour. Clem et Maxine partent à la découverte de grandes oeuvres de street art au port non loin de l’appartement. Je rentre avec Arsène qui rechigne à marcher.

Nous préparons les sacoches, les enfants dessinent et partons direction la gare !  En arrivant, tout se passe très bien. La gare est équipé d’ascenseur, le train est déjà sur sa voie. Un vrai wagon vélo nous attend, bonheur. Nous avons juste à enlever toutes nos sacoches et à nous installer. Il est 15h54 quand le train part, dans 4h nous serons à Prague ! C’est la première fois qu’un trajet en train ou en transport en commun est si simple, si apaisé. Les enfants jouent tranquillement puis regarde un dessin animé. Nous dévorons le paysage : collines et forêts au programme.  

Nous entrons en Tchéquie. Wouhou un nouveau pays. Ce trajet est vraiment top. Un peu trop parfait dis-donc… Est-ce que ce n’est pas quand c’est trop bien quand il arrive des merdouilles dans les films ou les livres? Si, si… Oh purée !

Le train stoppe. Le contrôleur nous avertit qu’un arbre est sur la voie et qu’il nous empêche d’avancer, mais pas d’inquiétude, il nous tient au courant. Hum, ok ! 20 minutes plus tard, nous voyons des gens descendre précipitamment du train. Ça sent pas bon… Le contrôleur revient : « Guys, you have to leave the train, a bus will be there in 5 minutes. »

MERDE ! Tu pouvais pas le dire plus tôt ?

Branle-bas de combat ! Nous rangeons les nombreuses affaires éparpillées nécessaires à tenir nos enfants occupés pendant un trajet de 4 h. Nous sortons les vélos, les bagages et les enfants. Il est plus de 18h. Un jeune papa nous file un coup de main, et nous rejoignons, en bon dernier, la file qui attend le bus. Celui-ci arrive rapidement. Tout le monde s’engouffre dedans. Tout le monde ? Hé hé ! Non ! Un petit groupe d’irréductibles français cyclo-voyageurs ne peut embarquer ! Pas de place pour nous et nos vélos. Nous restons seuls, et un peu dans l’incompréhension. Cela est-il si évident de laisser une famille avec de jeunes enfants sur le bord de la route ? Bah apparemment oui. Heureusement, nous nous laissons pas abattre. Un autre bus sera là dans 20 minutes. J’installe les enfants sur un rackpack et il regarde un dessin animé. Il fait froid. Nous sommes déboussolés par l’enchaînement des événements. 

« Mon cœur, dans le pire des cas, on s’en fout ! On plante la tente juste là et on attrape le premier train pour Prague demain ! »

Le bus arrive. Il est vide. Personne ne parle  anglais, mais nous arrivons à comprendre. Les vélos des enfants et nos sacoches vont en soute, nos vélos sont chargés direct dans le bus. 

Un trajet d’une trentaine de minutes et nous arrivons à České Budėjovice. Il est 19h10. Le train que nous devons prendre part à 20h09 et arrive à Prague à 22h12. Sachant que pour se rendre chez notre ami Dan, il faudra pédaler 6 km, ça va être sport. Bien sûr, pour faciliter les opérations, pas d’ascenseur dans la gare. Nous montons sur le quai les vélos un par un avec leurs chargements. C’est lourd. Le train est déjà là, et toujours avec son wagon spécial vélo. Nous enlevons à nouveau les sacoches des vélos pour la quatrième fois de la journée… Et nous nous installons. Un peu saoulés mais soulagés. Mis à part une contrôleuse hautement désagréable, le trajet se passe bien. Arsène s’endort vers 21h, Maxine 21h30. Dan m’envoie un texto, il nous rejoint après sa soirée ciné à sa librairie. OUF ! Merci Dan ! 

Le train arrive en gare. Rebelote. Nous rangeons notre bazar, nous sortons les sacoches, les enfants et les vélos, puis nous raccrochons les sacoches aux vélos, et quittons la gare. Dans le hall, un barbu de bonne allure et grisonnant nous adresse un signe amical, c’est Dan ! Dan est un ami américain de la famille depuis de nombreuses années. Il a vécu chez moi à Rouen pendant 1 an alors qu’il était étudiant quand j’avais 7 ans. Il a épousé Pavlina, une tchèque rencontrée cette année là en France et ils vivent à Prague. La dernière fois que je l’ai vu, c’était 10 ans plus tôt au mariage de mon frère Guillaume. Il nous propose d’emprunter le métro plutôt que de pédaler. Cela nous convient parfaitement ! Même si descendre puis remonter nos vélos chargés dans les escalators nous provoque quelques frissons.

Nous arrivons chez Dan à 23h passé. Sa femme et son fils sont toujours réveillés et nous profitons d’une soupe et d’une bonne heure de discussion avant de nous coucher, éreintés par toutes ces émotions mais rassurés d’être ici et entourés.

7 commentaires sur « Tour d’Europe : semaines 46 à 48 : de Bratislava (Slovaquie) à Prague (Tchéquie) en passant par l’Autriche »

  1. Que d’emotions mais vous voilà à Prague qui est une très jolie ville où nous sommes allés passer 4 jours avec 10 amis il y a 20 ans en partant de Boos en avion plus facile 😂😂😂😂
    Bonne visite à vous .

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  2. Ecoutez mes loulous, je vous trouve extra. Le récit très imagé et passionnant. malgré qq petites défaillances devinées ici et là, bravo pour votre optimisme et soif de découverte.
    Prague une ville que je n’ai pas pu voir ayant réservé avec Brigitte le voyage et ayant du l’annuler qq jours avant cause boulot. Brigitte y est allé quand même !
    Profitez bien de vos rencontres.

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  3. On sent un grand engagement, une belle dose de ténacité et une forte
    détermination👏👏👏👏
    Le principal est que ce soit 
    « chouette » et que vous mangiez de la purée….
    Courage à vous petits et grands🥰🥰😍😍

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